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Full text of "Histoire de Béarn et Navarre"

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HISTOIRE 



DE 



BÉARN ET NAVARRE 



IMPRIMERIE DE A. GOUVERNEUR 

A XOGENT-LE-ROTROU. 



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HISTOIRE 



DE 



BÉARN ET NAVARRE 

Par Nicolas DE BORDENAVE 

(1517 à 1572) 

HISTORIOORAPHE DE LA MAISON DE NAVARRE 

PUBLIÉE, POUR LA PREMIÈRE FOIS, SUR LE MANUSCRIT ORIGINAL 

POUR LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANGE 

Par Paul RAYMOND 





3^. 



A PARIS 

CHEZ M''^ V= JULES RENOUARD 

LIBRAIRE DE LA SOCIÉTÉ DE l'hISTOIRE DE FRANCE 
RUE DE TOCRNON, N** 6 

M DCCC LXXllI 






«<SlSS'( ^ 



EXTRAIT DU REGLEMENT. 

Art. iÂ. — Le Conseil désigne les ouvrages à publier, et 
choisit les personnes les plus capables d'en préparer et d'en 
suivre la publication. 

Il nomme, par chaque ouvrage à publier, un Commissaire 
responsable, chargé d'en surveiller l'exécution. 

Le nom de l'éditeur sera placé en tête de chaque volume. 

Aucun volume ne pourra paraître sous le nom de la Société 
sans l'autorisation du Conseil, et s'il n'est accompagné d^une 
déclaration du Commissaire responsable, portant que le travail 
lui a paru mériter d'être publié. • 



Le Commissaire responsable soussigné déclare que l'édition 
de l'Histoibe de Béàrn et Navarre, préparée par M. Paul 
Raymond , lui a paru digne d'être publiée par la Société de 
l'Histoire de France. 

Fait à Paris ^ le 4 août 4873. 

Signé BORDIER. 

Certifié, 

Le Secrétaire de la Société de l'Histoire de France, 
J. DESNOYERS. 



Digitized by the Internet Archive 

in 2009 witii funding from 

University of Ottawa 



http://www.archive.org/details/histoiredebarnOOborduoft 



PREFACE. 



Aucun recueil biographique n'a consacré à Nicolas 
de Bordenave une notice spéciale. Le seul renseigne- 
ment que l'on ait sur lui se trouve dans la France 
Protestante, qui le mentionne à l'article de Pierre 
Merlin, pasteur de La Rochelle, comme député, avec 
Le Gay, par les éghses de Navarre au synode de 
Sainte-f'oi en 1578. 

Bordenave naquit probablement en Béarn ou en 
Bigorre (départements des Basses et Hautes-Pyrénées) 
vers 1530, mais je n'ai pu retrouver ni le lieu de sa 
naissance ni sa famille. Le nom de Bordenave, en français 
Grange-Neuve, est un des plus répandus dans ces 
régions, c'est ce qui me fait supposer qu^il y naquit. 

Je dis qu'il vint au monde vers 1530, parce qu'il a 
écrit lui-même dans son « Histoire » qu'il était écolier 
à Bordeaux en 1548^ On perd de vue Bordenave 
jusqu'en 1 565, époque à laquelle il est ministre de la 
parole de Dieu à Nay (Basses-Pyrénées), et le 21 août, 
sert de caution à un certain Guillaume de Saint-Lezer, 
de Nay, qui s'engageait comme apprenti chez maître 
Jean d'Espoey, apothicaire ^ 

Les comptes municipaux de Nay font connaître 

1 . Voyez page 48. 

2. Archives des Basses-Pyrénées, E. 4735, f» 166. 



ij PRÉFACE. 

qu'en 1567 et 1568, Bordenave était logé, aux frais 
de cette ville, chez Pierre de Baas, l'un des jurats, et 
que ce logement coûtait 18 francs par an'. 

En 1 569 , Bordenave fut fait prisonnier par les 
troupes catholiques qui envahirent le Béarn^. 

Le 21 avril 1570, il fut l'un des témoins signataires 
du contrat de mariage de W Jean de Lafont, de Tarbes, 
avec Marie de Vidau, de Lézignan en Bigorre^. 

Le rôle de Bordenave paraît avoir été assez impor- 
tant après les troubles; en 1572, il faisait partie du 
conseil de la ville de Nay, et on le voit appeler des sol- 
dats de Coarraze, village voisin, pour garder la ville 
un jour de marché ^ 

Dans le compte du trésorier général de Navarre de 
1 572, je trouve cette mention : 

« A Nicolas de Bordenave, ministre de la parolle 
de Dieu à Nay, la somme de cinquantes escuz sol, à 
LVi sols tournois par escu, dont le Roy luy a faict don 
pour aucunement le récompenser de partye de poenes, 
vacations et despence par luy souffertes à dresser, 
faire et rédiger par escript l'histoire de ce présent pays 
de Béarn, preste pour estre mise à l'impression, par 
mandement du xxii® de may an m v*" lxxu et qui- 
tance^. » 

« Honorable homme maître » Nicolas de Bordenave, 
ministre de l'église de Nay, est témoin de l'acte de 
vente d'un cheval de 422 livres par Jean du Bordiu, 

\. Arch. de Nay, GG. il. 

2. Voyez page 311. 

3. Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1736, f" 44. 

4. Arch. de Nay, GC. 11. 

5. Arch. des Basses-Pyrénées, B. 148, f" 21. 



PRÉFACE. llj 

dit le capitaine Poqueron, à Pierre de La Torte, sei- 
gneur de Caussade (Nay, 27 juin 1577)'. 

Le 1 septembre 1 577, à Nay, Nicolas de Bordenave 
est témoin du contrat d'apprentissage de Jacob, fils de 
Guillaume Rodier, ministre de Laruns, qui s'engageait 
avec M* Arnaud Places, tailleur de Nay*. 

Le synode national choisit, en 1578, Bordenave 
pour l'un des députés qu'il chargea d'aller faire des 
remontrances, de la part de l'Eglise Réformée, au roi 
de Navarre alors à Nérac^. 

Pour cette même année 1578, j'ai recueilli deux 
autres indications ; la première fait connaître que les 
gages de Bordenave, comme ministre à Nay, étaient de 
300 livres tournois par an^; la seconde, plus intéres- 
sante, le désigne comme historiographe officiel de 
Béarn et Navarre ; c'est ainsi qu'il est qualifié dans un 
mandement du roi de Navarre du 30 septembre 1 577. 
Il reçut 2iOO livres de gages à cet effet, à dater du 
1*' janvier 1 578^. Je crois qu'il conserva les fonctions 
d'historiographe jusqu'en 1599, époque à laquelle ce 
titre est porté par Claude de Lagrange dans une tran- 
saction relative aux gages attachés à cet office ^ 

Nicolas de Bordenave signe, le 28 octobre 1587, à 
Nay, un contrat de mariage, comme témoin, avec le 
capitaine Poqueron, gouverneur de la ville'. 

i. Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1742, f" 123. 



2. 


id. 


id. 


E. 1742, fo 143. 


3. 


id. 


id. 


B. 2368, fo 403. 


4. 


id. 


id. 


B. 2368, f 311. 


5. 


id. 


id. 


B. 2368, f° 321. 


6. 


id. 


id. 


E. 2018, fo 110. 


7. 


id. 


id. 


E. 1745, supplément, f« 40 
a 



iv PRÉFACE. 

Bordenave assiste le 15 avril 1589, à Nay, et signe 
comme témoin, avec le sénéchal de Bigorre et d'autres 
gentilshommes de cette province, au contrat de ma- 
riage conclu par Pierre de Sivord, fils du procureur 
du Roi à Maubourguet, avec Marguerite de Lestrem, 
de Nay^ 

Dans un fragment de compte d'Arnaud de Pabine, 
trésorier des pauvres de Nay, de 1592, se trouve la 
meption suivante : 

« Item fait dépense de cincq sols et miey per très 
pintes de bin tremetudes (envoyées) au lotgisde Mons. 
de Bordanabe, lou detz deu mes de jun passât, per lo 
disna de Mos. de Carrère, menistre de la parolle de 
Diu, quant viengo far la vesite a l'église de Nay ^. » 

Le 8 mars 1 595, Bordenave fut cité par les jurats de 
Nay, à la requête de la veuve de Bertrand du Frexou, 
jurât de Nay, pour assister à l'ouverture du testament 
de ce dernier. Sa signature est au bas de l'acte de 
dépôt, à la date du 1 5 janvier 1 595 ^ 

Enfin Nicolas de Bordenave, toujours ministre à 
Nay, parrain de Jean de Pérer, de Nay, vient assister 
à Pau, le 13 janvier 1599, au contrat de mariage de 
son filleul avec Anne, fille de Robert Remy, valet de 
chambre de Henri IV et concierge garde-meubles du 
château de Pau \ 

Les registres des délibérations des jurats de Nay 
m'ont fourni la date de la mort de l'auteur : 

Le 28 juillet 1603, ces magistrats demandèrent au 

1. Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1747, f" 40. 

2. id. id.' E. 1750. 

3. id. id. E. 1750. 

4. id. id. E. 2018, f» 58. 



PRÉFACE. V 

synode de leur envoyer pour ministre Abbadie, alors 
ministre à Serres-Castet, en remplacement de Borde- 
nave mort depuis plus de deux ans^ Il termina donc 
sa vie dans les sept premiers mois de l'année 1 601 , 
âgé d'environ soixante et onze ans. 

Les renseignements qui précèdent forment tout ce 
que j'ai pu recueillir sur Nicolas de Bordenave. On y 
trouverait difficilement les éléments d'une biographie. 

Ce fut Jeanne d'Albret elle-même qui commanda le 
travail de Bordenave et qui peut-être en fut l'inspira- 
trice. On pouvait le supposer d'après le compte de 
1 5721 cité plus haut, mais lui-même le dit dans son épître 
dédicatoire% et un passage d'Olhagaray, que je vais 
citer bientôt, ne laisse aucun doute sur ce point. 

L'auteur mit plusieurs années à composer son ou- 
vrage : en 1 59 1 , il n'était arrivé qu'aux trois quarts de 
sa tâche. En effet à la page 357 du manuscrit, on lit 
après la généalogie de la maison de Bourbon : 

< C'est le commencement et le progrès de la 
maison de Bourbon, laquelle encores aujourdhuy a 
six princes vivans, outre la personne du roy Henri IV 
par qui ce tige, sorty de la souche royale de France 
l'an 1246, y est rentré l'an 1589, ayant cette famille 
duré, jusques aujourdhuy 1591, trois-cent-quarante- 
cinq ans. p 

Mon intention n'est pas de faire un éloge exagéré de 
l'œuvre de Bordenave, mais on ne saurait refuser 
à son langage une fermeté et une honnêteté dignes 
de remarque. J'ajoute que, vu les circonstances où il 



1. Arch. deNay. BB. 2,^70. 

2. Voyez page 2. 



yj PRÉFACE. 

écrivait, il est modéré et ne se laisse pas aveugler par 
l'esprit de parti. On peut ajouter à cela une grande 
sûreté d'informations. Il pouvait dire : «j'étais là, telle 
chose m'advint », tantôt c'est la Reine qui lui rapporte 
tel ou tel fait, ou bien ses renseignements sont tirés 
de sources officielles ^ 

En ce qui touche les persécutions religieuses dont 
les protestants eurent à souffrir en Béarn, Y Histoire 
des Martyrs, par Jean Grespin (édit. de 1619, folios 
847 et suivants), contient des détails qui semblent 
puisés aux mêmes sources que le récit de Nicolas de 
Bordenave. 

Celui-ci mort , son œuvre fut utilisée par les 
auteurs qui se sont occupés de l'histoire du Béarn et 
de la Navarre. Olhagaray* s'exprime ainsi : 

« Au lecteur. — Les lecteurs seront advertis qu'en 
l'histoire de Béarn, je me suis servi du recueil que 
feu maistre Nicolas de Bordenave avoit fait, par long 
travail, par commandement de Madame Jeanne, royne 
de Navarre, souveraine de Béarn et comtesse de Foix, 
des archifs et registres anciens de la Maison. » Le 
même auteur cite (p. 600) les « recherches nompa- 
reilles que le feu sieur de Bordenabe a fait de la 
maison de Navarre, Béarn et Foix. » 

Marca a fait également usage des travaux de Bor- 
denave^. 

Enfin de nos jours , il a paru quelques fragments 

1. Voyez p. 39, 48, 122 et 311. 

2. Histoire des comptes de Foix, Béarn et Navarre, par Pierre 
Olhagaray, in-4', Paris, 1629; page 200. 

3. Histoire de Béarn par Pierre de Marca, in-folio, Paris, 1640, 
p. 581. 



PRÉFACE. vij 

de r « Histoire de Béarn et Navarre > dans la Revue 
des Sociétés Savantes^ et dans le tome II de la Chro- 
nique d'Oloron par M. l'abbé Menjoulet*. 

Néanmoins, si l'on a plus ou moins tiré parti de 
l'ouvrage, le manuscrit original de Bordenave est 
demeuré inédit. Après avoir servi à Olhagaray, il tomba 
entre les mains d'un catholique ardent qui prit soin de 
le façonner et de l'adapter à sa croyance, en raturant 
de nombreux passages qu'il remplaça par d'autres. 
Les mots rayés sont placés dans cette édition entre [ ] 
et les additions mises en note comme variantes. On a 
ainsi les deux textes. 

Le manuscrit forme un volume sur papier in-folio 
dont la dernière page porte le n° 487. Les pages 388 
à 395, 404 à 41 5 ont été mutilées et coupées à dessein. 
L'écriture est de la fin du xvi® siècle. La dédicace est 
de la main même de Bordenave, ainsi qu'un assez grand 
nombre de corrections dans le corps du texte. 

L'ouvrage est divisé en sept livres : 

Le premier (pages 1 à 66 du manuscrit) va du com- 
mencement du monde à l'an 1 063. 

Le second (p. 66 à 145) de 1063 à 1274. 
Le troisième (p. 145 à 225) de 1274 à 1425. 
Le quatrième (p. 225 à 282) de 1425 à 1483. 
Le cinquième (p. 282 à 353) de 1 483 à 1 555. 
Le sixième (p. 353 à 429) de 1555 à 1568. 
Le septième (p. 429 à 487) de 1 568 à 1 572. 

Quoique la Société de l'Histoire de France se soit 



1. 4« série, tome VIII, 1868, î» semestre, p. 285. 

2. In-S», 1869, Oloron, imp. Marque. 



viij PRÉFACE. 

surtout appliquée à donner des éditions faites avec 
tout le soin possible de nos Chroniques et de nos 
Mémoires classiques, elle a aussi montré le prix qu'elle 
attache à mettre en lumière des documents inédits. 
Elle a saisi avec empressement l'occasion que lui 
offrait Bordenave d'ajouter le Béarn et la Navarre à 
la liste déjà longue des provinces qui figurent sur la 
liste de ses études. Toutefois , sans méconnaître le 
mérite qu'offre le reste de 1' « Histoire de Béarn et 
Navarre », il a paru convenable à la Société de ne 
publier que la partie de l'œuvre de Bordenave où 
il a raconté les événements dont il a été le témoin ou 
le contemporain (fin du cinquième livre, sixième et 
septième), parce qu'alors son travail a la valeur et 
l'intérêt d'un Journal ou de Mémoires. 

Il est cependant utile de faire connaître, en quelques 
mots, l'esprit qui a présidé à l'ouvrage de Bordenave. 

Imbu des principes d'une éducation toute classique, 
l'auteur procède à la manière de Tite-Live et met dans 
la bouche de ses personnages des discours appropriés 
aux circonstances. Voici un exemple de ces harangues ; 
c'est une allocution adressée par Eneco , roi de 
Navarre, à ses soldats qui assiégeaient Pampelune au 
pouvoir des Sarrasins. La scène se passe dans la 
seconde moitié du ix* siècle. 

« L'armée navarroise, faschée et lasse de la lon- 
geur de ce siège, le vouloit quitter et s'en retour- 
ner en ses montagnes. Mais ce brave Roi les retint, 
leur remonstrant « que les précipices, cavernes, bari- 
> caves et brossailles des montagnes estoient faites 
» pour le repaire des ours, loups, daims, chamois et 
» sangliers, non pas pour l'habitation des honunes 



PREFACE. IX 

» magnanimes et vaillans, tels qu'ils estoient. Que le 
» temps leur offroil le moyen de se loger commode- 
» ment, par la voye de la vertu et au pris de leur 
> travail, et leur présentoit une asseurée revanche des 
» grands maux, injures attroces et barbares cruautez 

» qu'ils avoient receues de cette gent infidelle 

» Que dedans cette ville, ils trouveroient les riches 
» bagues et précieux joyaux que leurs mères souloient 
» porter jadis , avec un trésor infini que cette gent 
» pillarde y avoit transporté d'ailleurs ; et tout cela 
» seroit infaliblement à eux, s'ils avoient seulement la 
» volonté de les aller prendre. » (Ms. p. 39.) 

Il me serait facile de multiplier les citations- et de 
montrer ainsi que l'auteur a su trouver le ton con- 
venable pour animer sa longue « Histoire » . Mais je 
veux me borner seulement à deux autres extraits. 

Dans le premier, il s'agit de la Jacquerie. J'appelle 
l'attention du lecteur sur ce court morceau qui touche 
de près notre histoire nationale et m'a paru bien 
traité. 

« La guerre victorieuse des Anglois, les factions du 
roy de Navarre et la prise du Roy, de son fils et de 
tant de noblesse, avoient réduit la France en si misé- 
rable estât, qu'on pouvoit dire que sa vie ne tenoitplus 
qu'à un bien petit filet ; lequel encor la cruellement 
séditieuse Jaquerie , comme une funeste Atropos , 
vouloit couper pour la faire du tout mourir. Car l'en- 
ragée populasse, s'estant séditieusement eslevée en 
Beauvoisin, Brie, Laonois et Soysonois, conduite du 
commencement par un garnement, nommé Jaques 
Colet (dont toute cette sédition fut appelée Jaquerie) , 
couroit par tout le pais ; et, irritée contre la noblesse 



X. PRÉFACE. 

(la superbe de laquelle elle disoit estre cause de toutes 
les misères du Royaume, et sa cruauté de la ruine du 
peuple, qui estoit traitté par les nobles comme serfs 
ou esclaves, sans nulle discrétion d'aage ni de sexe), 
qu'elle massacroit inhumainement, autant qu'elle pou- 
voit attraper des nobles, forçoit leurs maisons, pilloit 
leurs biens, brusloit les édifices. Les premiers, qui 
commencèrent cette exécrable conjuration, n'estoient 
du commencement plus haut que cent hommes ; mais, 
tout ainsi qu'une pelote de neige s'agrandit et grossit 
où plus on la roule, pareillement ces séditieux creu- 
rent si bien, qu'en peu de jours ils furent plus de 
cent mille. Car les artisans quittans les bouttiques et 
les paisans la charrue, y accoururent de tous costés. » 

« Cette désolation fut la plus grande qu'on eut 
encores jamais veue en France ; et, si elle eust duré 
guère plus long tems, le Royaume estoit infaliblement 
du tout ruiné et perdu. Mais Dieu eust pitié de lui et 
donna courage à la noblesse de s'opposer à cette sédi- 
tieuse confusion, et l'osta à cette canaille. Et, comme 
cent mille brebis tremblent et fuyent devant un seul 
loup, aussi toute cette séditieuse multitude s'effraya et 
fuit à la seule ouye de l'arrivée de quelque petite com- 
pagnie de nobles. » (Ms. p. 194.) 

Au XI® siècle les Béarnais, mécontents de leur sei^ 
gneur, le tuèrent. Aussitôt l'anarchie régna parmi 
eux, les seigneurs particuliers se disputant les lam- 
beaux du pouvoir. « Et estoit, dit Bordenave, le pais 
en voye de tomber en une grande confusion, si quel- 
ques-uns des plus modestes et plus sages, prévoyans 
la prochaine ruine que cette confuse arnachie ourdis- 
soit peu à peu, n'y eussent pourveu, persuadans par 



PRÉFACE. XJ 

beaucoup de bonnes raisons à tout le peuple ( les- 
quels les uns estoient jà demy las de mal faire et les 
autres d'endurer) de revenir à l'élection d'un souve- 
rain qui entretint tout le cors en paix et union, et 
contint un chascun en office et debvoir, reprenant 
l'insolent et conservant le paisible. Estans donc les 

Estas ensemble, l'un d'eux parla ainsi : « 

> Ceux que nous avons meurtris n'estoient pas 
» entrez en ceste nostre seigneurie par la force des 
» armes, ni par la secrette ruse des brigues, ni par la 
» corruption des présens, mais par les francs suffrages 
» de tous les Béarnois, qui les avoient recerchez avec 
V beaucoup de prières et non pas eux le Béarnois par 
» présent ou promesses. Il falloit donc, lorsqu'on les 
» avoit veus forligner du devoir des justes seigneurs, 
» non pas recourir séditieusement aux armes, mais 

» paisiblement aux loix car le fer est un remède 

» trop extrême et ne peut être mis en usage sans 
» grande violence et quelque espèse de cruauté. 
» Aussi le chirurgien ne l'applique jamais (encore 
x> qu'il fasse quelquefois de petites incisions) que la 
» malice de la gangrène n'ait monstre l'abcision d'un 
» membre estre très nécessaire pour la conservation 
» de tout le corps. Et combien que quelquefois il 
» vienne à l'extirpation de quelque membre, la teste 
» néantmoins demeure tousjours exempte de telle 
» opération, bien que souvent elle sente la démenga- 
» çon du caustique, l'ardeur du cautère, le trenchant 
> du rasoir, la pointe de la lancète et la roue du trai- 
» pan. C'est certainement l'office d'un bourreau d'ar- 
» racher la teste. Or un estât est un corps duquel le 
» souverain est le chef, les sujets les membres, les 



Xlj PREFACE. 

» Estas le médecin, et les loix la médecine propre à 
» la curation de toutes les maladies que le désordre, 
» l'injustice, la violence et la tyrannie lui pourroient 
» causer. Il failoit donc réprimer la superbe, l'inso- 
» lence et la ruplure des fors et libertés de noz sei- 
» gneurs, mais non pas espandre leur sang, appelant 
» sur tout le pays l'ire de Dieu et la haine des 
» hommes, et laisser à la postérité une telle marque 
» de cruelle perfidie qu'elle ne sera jamais effacée de 
» leurfront » (Ms. p. 266.) 

Ce que je viens d'extraire suffit pour que l'on puisse 
se rendre compte du style de l'écrivain, lorsqu'il 
raconte des faits passés depuis longues années. Si 
toutefois ces fragments ne font pas regretter une 
publication plus étendue du manuscrit, du moins on 
jugera, je l'espère, que l'auteur n'a rien perdu de ses 
qualités quand il écrit l'histoire de son temps. 

Bordenave a arrêté son récit en 1 572, à la mort de 
Jeanne d'Albret. Je crois que c'est à dessein, et qu'il 
n'a pas voulu, bien qu'historiographe officiel, tracer 
une suite d'événements qui l'aurait conduit à faire 
l'histoire de la réaction catholique qui se prépara bien- 
tôt, sous la protection occulte de Henri IV, grand roi 
auquel je ne retire rien de sa gloire, en disant qu'il 
subordonna toujours la religion à la politique. 

Je me suis efforcé d'éclaircir le texte par des notes, 
et mon attention s' étant appliquée aux noms de per- 
sonnes qui ne sont pas citées dans les travaux publiés 
jusqu'à ce jour, le dépôt des archives départementales 
des Basses-Pyrénées m'a été d'un grand secours, et 
surtout la collection des registres de notaires qu'il 
renferme. 



PRÉFACE. xiij 

Le manuscrit original de Bordenave entra, avant 
1 789, dans la bibliothèque d'un savant avocat au parle- 
ment de Navarre, Jean-François-Régis de Mourot, qui 
fut élu par la province de Béarn premier député du 
Tiers aux États-Généraux. Il est resté depuis dans la 
bibliothèque de sa famille devenue la mienne, et c'est 
de là que je l'ai tiré. 

J'ajoute à titre de renseignement que Mourot possé- 
dait à Nay (où Bordenave exerça le ministère évangé- 
lique pendant plus de trente-cinq ans) le domaine 
patrimonial de Gère, et qu'il est possible que ce docte 
professeur de droit, grand ami des livres, ait recueilli 
le manuscrit à Nay même. 

Gère, juin 1873. 



SOMMAIRES ' 



LIVRE CINQUIÈME (fin). 

Henri H, roi de Navarre, nourri en France (1517), page 3. — 
Charles, roi d'Espagne, est élu empereur (1519), p. 4. — Maux 
qui adviennent quand les princes préfèrent les étrangers aux 
naturels sujets, p. 5. — Esparros envoyé en Navarre (1521), p. 6. 

— Prise de Saint-Jean-Pied-de-Port, ihid. — Reddition du fort du 
Pignon, p. 7. — Pampelune se rend à Esparros, p. 8. — Le 
comte de Lérin et autres se retirent en Espagne, p. 10. — Siège 
de Logrono, p. 12. — Les Castillans entrent dans Logrono, p. 13. 

— Les Espagnols suivent Esparros, p. 14. — Défaite et prise 
d'Esparros, p. 15. — Bonnivet dépêché pour aller en Navarre 
(1521), p. 17. — Brave passage de rivière, p. 19. — Siège de Font- 
arrabie par l'Espagnol, p. 22. — Le maréchal de Ghcâtillon meurt 
à Dax et La Palice lui est substitué, ibid. — Ravitaillement de 
Fontarrabie, p. 23. — Rayonne assaillie par l'Espagnol et 
défendue par Lautrec (1523), p. 24. — Fontarrabie rendue par 
Franget, p. 25. — Franget dégradé de noblesse, p. 26. — Le 
prince d'Orange entre en Béarn, p. 27. — Déroute des Oloronais, 
p. 29. — Retraite du prince d'Orange, ihid. — Le roi Henri de 
Navarre fait prisonnier à la bataille de Pavie (1524), p. 29. — Il 
se sauve par une fenêtre, p. 30.— Il épouse Marguerite, sœur de 
François I", p. 31. — Il demande avis aux États de Béarn sur le 
mariage de la princesse, sa fille, avec le duc de Clèves, p. 32. — 
Réponse des États, p. 33. — Célébration du mariage avec le duc 
de Clèves, p. 38. — Annulation dudit mariage par le Pape, p. 39. 

— La reine Jeanne mariée à Antoine (1548), ibid. — Mort de 
Marguerite, reine de Navarre (1549), p. 40. — Décès du roi 
Henri de Navarre (1555), ibid. — Ses vertus, p. 41. — Milices 
de Béarn, p. 44. — Naissance de Henri le Grand (1553), p. 45. — 
Feu de Nay (1543), ibid. — Émeute à Bordeaux (1548), p. 46. 

1. Ces sommaires sont de Bordenave, le lecteur s'en apercevra 
au style archaïque. 



I 



SOMMAIRES . XV 

LIVRE SIXIÈME. 

Les États de Béarn, voulant faire le serment de fidélité et 
l'hommage à la reine Jeanne seulement, refusent de le faire au 
roi Antoine, p. 52. — Albret érigé en duché (1557), p. 53. — 
Commencement de l'exercice de la religion réformée en la maison 
de Navarre, p. 54. — Le roi de Navarre diffamé d'être luthérien, 
p. 55.— Le cardinal d'Armagnac légat en Béarn, ibid. — Propos 
de l'archidiacre du Mas d'Aire au ministre Henri, p. 58. — 
Réponse dudit Henri, p. 59. — Le roi de France ne voulut faire 
comprendre celui de Navarre en la paix qu'il fit avec l'Espagnol 
l'an 1559, p. 62. — Sédition des soldats béarnais contre leurs 
capitaines, p. 63. — Le roi Antoine reprend l'exécution faillie, 
p. 64. — Il est trompé par ceux qui menaient l'intelligence, ibid. 

— Exécution de Gamboa, p. 66. — Les princes punissent sur 
autrui les fautes qu'eux-mêmes ont faites, ibid. — Mort de Henri H, 
roi de France (1559), p. 67. — Prétentions et brigues de la régence 
de France, ibid. — Raisons de ceux de Guise pour rendre suspect 
le roi de Navarre à celui de France, p. 68. — La surintendance 
de toutes les affaires de France est donnée au duc de Guise et au 
cardinal de Lorraine, p. 69. — La Reine-mère est de leur côté. p. 70. 

— Remontrance du connétable au roi de Navarre, ibid. — Elle 
est rejetée par le dit Roi, p. 71. — Faveur de cour est inconstante, 
p. 72. — Autorité des États de France, ibid. — Le roi de Navarre 
sollicité de faire tenir les États de France, p. 73. — Déloyauté 
de ses conseillers, p. 74. — L'ambition ennemie de concorde, 
p. 76. — Intention de l'entreprise d'Amboise (1560), p. 77. — 
Prise et exécution de quelques-uns des entrepreneurs, p 79. — 
Le prince de Gondé déçoit les Guises et se sauve en Gascogne, 
p. 80. — Le maréchal Saint-André visite le roi de Navarre au 
Mas d'Agenais, p. 81. — Voyage du cardinal d'Armagnac vers le 
dit Roi et sa remontrance, p. 84. — Bouchard, chancelier du roi 
de Navarre, avertit le cardinal de Lorraine des déportements du 
dit Roi, p. 87. — Remontrance du cardinal de Bourbon au roi de 
Navarre, p. 88. — Remontrance des députés au roi de Navarre, 
p. 90. — Généalogie de la maison de Lorraine et de Guise, p. 91. 

— Le roi Antoine renvoie Bèze, ministre de Genève, p. 104. — 
Il arrive à Orléans, ibid. — Le prince de Gondé prisonnier et 
condamné à mort, p. 105. — Pratiques contre la vie du roi An- 
toine, ibid. — Mort de François H (1560), p. 107. — Le roi de 



XV] 



SOMMAIRES. 



Navarre se réconcilie avec ceux de Guise, ibid, — On l'abuse par 
des promesses de lui faire rendre le royaume de Navarre, p. 110. 

— Il poursuit de répudier sa femme pour hérésie, ibid. — Retour 
de la reine en Béarn, ibid. — L'Espagnol veut donner au roi de 
Navarre la Sardaigne en récompense de la Navarre, p. 112. — 
Mort du roi Antoine, p. 114. — Beauvais et La Gaze, gouver- 
neurs du prince Henri, p. 115. — Le sieur d'Audaux, sénéchal 
de Béarn, p. 116. — Tumulte de Sainte-Marie-d'Oloron, p. 119. 

— Gramont, lieutenant-général en Béarn, p. 120. — La Reine 
citée devant l'Inquisition, p. 121. — Le roi de France prend la 
reine de Navarre en sa protection, ibid. — Complot contre ceux 
de la religion réformée, p. 126. — Découverte du dit complot, 
p. 128. — Commencement du tumulte d'Oloron, p. 129. — Gar- 
nison à Oloron, p. 130. — Le peuple se fâche aussitôt de son profit 
que de son dommage, p. 131. — États à Pau et leurs demandes, 
p. 133. — La diversité d'avis et l'irrésolution sont fort dangereuses 
aux affaires d'État, p. 135. — Réponse de la Reine aux États, 
p. 137. — Les États se rompent sans rien faire, p. 139. — Seconds 
troubles de France pour la religion, ibid. — Ligue de ceux de la 
Basse-Navarre, ibid. — La Reine envoie savoir les causes de 
cette ligue, p. 141. — Le peuple s'apaise et envoie ses députés à 
la Reine, p. 142. — Convocation de la ligue pour divertir le peuple, 
p. 143. — Réponse du peuple, p. 144. — Le capitaine Lalanne, 
Navarrais, est envoyé en la Basse-Navarre pour tenir main forte à 
la justice, ibid. — 11 est assiégé à Garris par les ligueurs et la 
populace, p. 145. — Le prince de Navarre va contre les séditieux 
qui s'enfuient, ibid. — Sa remontrance au peuple, p. 146. — La 
Reine va en la Basse-Navarre et y assemble les États, p. 149. — 
Le roi de France se rend avocat des Navarrais rebelles, ibid. — 
Il donne l'Ordre à Luxe, p. 150. — Persuasions pour faire aller 
la reine de Navarre en France, ibid. — Losses envoyé en Béarn 
pour enlever le prince, p. 152. — La Reine en est avertie et se 
retire à Nérac, ibid. — Elle en part, p. 155. — Fénelon retourne 
vers elle, ibid. — Lettres de la reine de Navarre au roi de France, 
p. 157, — à la Reine-mère, p. 159. — Le prince de Navarre est 
déclaré général de toute l'armée de ceux de la religion réformée, 
p. 164. — Lettre de la reine Jeanne à la reine d'Angleterre, ibid. 

LIVRE SEPTIÈME. 
Le seigneur d'Arros lieutenant-général en Navarre et Béarn , 



SOMMAIRES. XVI j 

p. 168. — Commission envoyée à Luxe pour saisir Béarn et Na- 
varre, ibid. — Arrêt du parlement de Toulouse contre la souve- 
raineté de Béarn, ibid. — Remontrances du seigneur de Gramont 
aux Béarnais, p. 171. — Douze compagnies levées en Béarn, ibid. 

— Lettres d'Arros à Luxe, p. 172. — Lettres du même aux villes 
de la Basse-Navarre, ibid. — Première exécution sur les gens de 
Luxe, p. 173. — Remuement de Bigorre, p. 174. — Réponse du 
gouverneur de Béarn, p. 176. — Monluc déclare la guerre aux 
Béarnais, p. 177. — Commencement de guerre en Béarn, p. 178. 

— Bonnasse vient en Béarn pour y dresser des pratiques, p. 180. 

— Raisons de ceux qui voulaient que d'Arros reçût la protection 
du roi de France, p. 183. — En une séditioti faut punir exem- 
plairement les chefs, ibid. — Raisons de la harangue du prési- 
dent Etchart aux Béarnais, p. 184. — Le prince de Condé tué ^ 
Bassac, p. 191. — Remontrance d'Arros à Esgarrabaque, p. 192. 

— Arros se retire d'Oloron, p. 196. — Le capitaine Laas est tué 
par le capitaine La Motte, ibid. — Soldats de La Motte tués de 
sang-froid, p. 197. — Les conseils douteux sont dangereux, ibid. 

— Lettre de Sainte-Colomme à Bonnasse, p. 198. — Révolte 
générale de tous les Béarnais, p. 200. — Reddition de Pontacq, 
p. 201, — de Morlaas, p. 202. — Prise de Nay, p. 203.— 
Cruautés exercées après la prise de Nay, ibid. — Arros se retire 
à Navarrenx, p. 205. — Neuf compagnies des ennemis reçues à 
Lescar et leur déportement, p. 206. — Une ladresse violée à 
Lescar, p. 207. — Tarride se fâche que la guerre soit commencée 
sans lui, ibid. — Réponse des gentilshommes béarnais de la pro- 
tection à Tarride, p. 208. — Pau assiégé, p. 212. — Reddition 
d'Orthez, p. 213. — de Sauveterre, ibid. — Lettre du duc d'An- 
jou aux jurais de Pau, p. 216. — Sommation de Tarride, p. 218. 

— Remontrances des États à Tarride, p. 220. — Capitulation et 
reddition de Pau, p. 223. — Lettres de Sabatier à Tarride, p. 225. 

— Lettre du parlement de Bordeaux à Tarride, p. 228. — Re- 
montrances du syndic de Béarn au roi de France, p. 229. — 
Navarrenx sommé par Tarride (1569), p. 243. — Lons veut 
entrer dans Navarrenx , p. 245. — Les premières canonnades 
tirées contre Navarrenx, p. 247. — Découverte de trahison, 
p. 250. — Tarride veut lever le siège, p. 252. — Assemblée des 
États à Lucq, p. 253. — Mongommery envoyé pour faire lever le 
siège de Navarrenx, p. 255. — Mort du jeune baron d'Arros, 
p. 256. — Mongommery passe la Garonne, p. 258. — Son arrivée 
en Béarn, p. 259. — Siège de Navarrenx levé, p. 260. — Le châ- 



XVllj SOMMAIRES. 

teau de Sainte-Golomme brûlé, p. 261. — Donnasse fait massa- 
crer le sieur d'Abère, ibid. — Peyre fait pendre cinq ministres, 
un président et quatre autres hommes sans aucune procédure, 
p. 263. — Monluc à Aire, p. 264. — Orthez pris en plein jour 
par escalade, p. 268. — - Tarride se retire au château, p. 269. — Il 
parlemente avec Mongommery, p. 270. — Commission de celui-ci, 
p. 272. — Lettre du Conseil de Pau aux jurats de la vallée 
d'Ossau, ibid. — Donnasse pille Ossau, sa fuite, p. 276. — Fuite 
de Peyre, p. 277. — Donnasse quitte Nay, p. 279. — Esgarra- 
baque abandonne Oloron, p. 280. — Dassillon tué, p. 284. — 
L'exercice de la justice rétabli à Pau, p. 285. — Tarbes rendu, 
ibid. — Reddition de Mont-de-Marsan, p. 286 , — de Saint- 
Sever, p. 287. — Mont-de-Marsan saccagé par Monluc, p. 288. — 
Tarride meurt à Eauze, p. 290. — Lettres du roi de France et du 
duc d'Anjou ;\ Donnasse, p. 294. — Losses est envoyé en Déarn 
pour y recommencer la guerre, p. 295. — Luxe entre en Déarn 
et surprend les Déarnais à Sainte-Marie-d'Oloron, p. 296. — Dé- 
faite des Dasques au pont d'Osserain, p. 297. — Donnasse tra- 
verse le Déarn et se retire en Digorre, p. 298. — Le siège mis 
devant Tarbes par les Déarnais, p. 302. — Prise de Tarbes, p. 303. 
— Nouvelle grâce octroyée aux Déarnais par la Reine, p. 305. — 
Luxe recommence les troubles, p. 306. — Rabastens assiégé par 
Monluc, p. 307. — Prise de Rabastens, p. 308. — Monluc laisse 
l'armée à Montespan qui va sommer Montaner, mais en vain, 
p. 309. — La paix de France du 11 août 1570, p. 310. — Nouvelle 
abolition publiée en Déarn, ibid. — États de la Dasse-Navarro, 
p. 311. — Le Nouveau-Testament traduit et imprimé en langage 
basque, ibid. — Poursuite du mariage de la sœur du roi Charles 
avec le prince de Navarre, p. 312. — Raisons de ceux qui y con- 
tredisaient, p. 313. — Les Ètatt^ de Déarn demandent loi de l'abo- 
lition et interdiction de la religion romaine, p. 319. — La Reine 
rend les biens ecclésiastiques à l'Église, p. 322. — Érection du 
Conseil ecclésiastique de Déarn, p. 324. — Université de Déarn, 
p. 326. — Le Pape et le roi d'Espagne veulent empêcher le ma- 
riage du prince de Navarre, p. 328. — Réponses du Roi à leurs 
ambassadeurs, p. 329. — Conclusion du mariage, p. 332. — Mort 
et testament de Jeanne, reine de Navarre (1572), p. 334. 



ESPITRE LIMINIAIRE 

DE L'HISTOIRE DE NAVARRE^ 



Sire, ce grand Alexandre avoit acoustumé de dire 
qu'il se sentoit plus estroitement redevable à son 
maistre qu'à son père, d'aultant, disoit-il, qu'il avoit 
receu la vie et le vivre de son père, mais le bien 
vivre de son maistre. Se sien maistre , Sire, n'estoit 
rien plus que l'aquisition d'une infinité de belles 
vertus qu'il c'estoit faite par la cognoisance de l'his- 
toire et de la philosophie qui estoit la guide de sa vie 
et de ces actions. Vous qui estes ce jourd'hui le seul 
résignataire et successeur de la valeur et du mérite de 
ce grand monarque, qui assurés vostre Estât par la 
vive force de l'un, rompes et dissipés les plus hauts 
desseins de vos ennemis par la vertu de l'aultre, et 
comme ce grand Hercule , vostre devancier, ayma 
mieux de suivre la vertu avec toutes les difficultés 
que ceste difforme vielle luy proposoit, que de croupir 
oysif seur le gyron de la déesse Vénus, qui lui pro- 
mettoit sans paine plus que la possession des Isles 

4 . Cette dédicace adressée par Nicolas de Bordenave à Henri IV 
est autographe. 

4 



2 

Fortunées, vous aussi, poussé d'une divine inspiration 
pour attaindre la perfection de ce grand héros, avés 
mesprisé tous hasarts pour savourer avec plus de dou- 
ceur les fruicts qu'ons retire de la vertu, layssant un 
éternel tesmognage à la postérité, que l'ambition des 
grandes natures ne pouvant s'asservir que par l'exé- 
cution des plus haultes entreprises , elles doivent 
estre guidées plus par prudence et sagesse que nous 
retirons de la cognoissance de l'histoire que par une 
violance ou force naturelle, tellement que layssant des 
préceptes infaillibles pour passer avec plus d'assu- 
rance. Vous conformant à la volonté de Madame vostre 
mère, nostre Roine, de glorieuse mémoire, vous 
m' avés comendé de tracer l'histoire de Navarre et 
Béarn, laquelle je vous offre à vous qui estes 
le miroir de vertu, de perfection, de proesse et de 
valeur, brief la seule marque de divinité qu'on voit 
reluire ici baas et en efîect ce grand Mars qu'on nous 
figure par imagination ; recevés la donc, o grant 
Hercule, avec pareille affection que fit ce grant Roy 
l'eau qui lui feust offerte à deux mains par un vila- 
gois , vous asseurant que je ne m'eselogneray de 
mon devoir ni de la sainte intention que je ay. 



HENRY ir. 



A sa mère Catherine' succéda Henry II, aagé seu- 
lement d'environ seze ans; son ayeul Alain, sire 
d'Albret% fut ordonné son tuteur, lequel voyant les 
affaires de Béarn descousues et confuses pour les 
choses avepues durant le règne de François-Phébus * 
et de Catherine et Jean% son mari, pensa de les 
remettre en meilleur estât. 

Or François P% roy de France, incontinent après le 
trespas de la roy ne Catherine, avoit fait venir Henry, 
son fils, en France, pour le faire nourrir, disoit-il, au- 
près de sa personne : mais, à la vérité, plustot pour 
empescher qu'il n'entrast en quelque traitté d'alliance 
avec Charles, roy d'Espagne. Car l'ambition avoit 
déjà engendré au cœur de ces deux puissans princes 
de grandes émulations, qui se convertirent en haine 
mortelle pour l'élection impériale de l'Espagnol, esleu 

1. Henri II, roi de Navarre, né en 1503, mort en 1555. 

2. Catherine, reine de Navarre, fille de Gaston, prince de 
Viane, vicomte de Béarn, et de Madeleine de France, régna de 
1483 à 1517. 

3. Alain le Grand, sire d'Albret de 1471 à 1522. 

4. François-Phœbus , frère de Catherine, roi de Navarre de 
1479 à 1483. 

5 . Jean d'Albret, roi de Navarre, mort en 1516. 



4 HISTOIRE DE BÉARN 

Empereur des Romains à Francfort le 28 de juin 1 51 9, 
au très grand regret du François, qui avoit beaucoup 
despendu pour l'estre. Et ceste élection avoit telle- 
ment accreu leur maltalent qu'encores qu'ils retinssent 
leur inimitié cachée, néantmoins tous deux espioient 
la commodité de quelque spétieux prétexte pour 
entrer en jeu l'un contre l'autre, et faire ouverture de 
guerre. Le François demandoit l'accomplissement du 
traitté de Noyon à l'Espagnol qui n'avoit volonté de 
restituer le royaume de Navarre à Henry \ héritier 
d'iceluy, ni de rendre la moitié de celuy de Naples au 
roy de France, ne luy payer les cent mille escus qu'il 
lui devoit annuellement jusques à la consumation du 
mariage dudit Charles avec la fille de France (comme 
tout cela estoit porté par ledit traitté), usoit de tous 
les artifices, longueurs et tergiversations desquelles 
les Princes ont accoustumé d'user, lorsqu'ils délibèrent 
de faire tout le contraire de ce qu'ils auront promis 
et juré. L'an donc 15211 s'offrit au roy de France 
quelque apparente commodité pour ouvrir la guerre 
à l'Empereur avec quelque avantage, qui le plus sou- 
vent est le principal droit qui jette les Princes à la 
guerre. L'alliance qu'il fit avec le pape Léon X lui 
facilita les moyens de la commencer en Italie, pour le 
recouvrement du royaume de Naples, et le souslève- 
ment des peuples de Castille pour la jetter en Espagne 
pour le recouvrement du royaume de Navarre. Car 
il estoit lors survenu un grand tumulte entre les 



1. Le royaume de Navarre avait été en grande partie enlevé à 
Catherine et Jean, reine et roi de Navarre, en 1512, par Ferdi- 
nand le Catholique. 



( 



ET NAVARRE. 5 

Castillans et les gouverneurs, conseillers et officiers 
du Roy, qui pour leur insasiable avarice, plustot que 
par nécessité que le Prince eut, avoient surchargé le 
peuple d'imposts insuportables et rendus vénaux tous 
les offices, privilèges, grâces et expéditions ; ce qui 
avoit mis le peuple en telle fureur [et désespoir] que 
ne pouvans plus endurer l'inhumanité de ses sangsues 
estrangères (car ceux qui manioient les affaires et 
approchoient plus près du Roy estoient Flamans ou 
Borguignons) , ils commencèrent premièrement de 
tumultuer à Valedolit * , et puis par tous les autres 
lieux, et ne voulans plus obéir aux officiers du Roy, 
mirent sus une forme de gouvernement qu'ils nom- 
mèrent la Santa Gonta*, c'est-à-dire Sainte Ligue. 
Pareils accidens aviennent ordinairement quant les 
Princes préfèrent aux honneurs , dignitez et ma- 
niement des affaires les estrangers aux naturels 
sujets, car les grands, ne pouvans souffrir qu'un 
estranger les précède en leur propre terre, et les 
petis, marris de les voir enrichir de leur povreté et 
emporter en leur pais le profit de leurs sueurs et 
travaux , entrent par désespoir en haine contre leur 
Prince, et, s'incitans les uns les autres, se jettent en 
manifeste sédition. (Pour telles choses , plusieurs 
monarchies ont receu de grands changemens et plu- 
sieurs seigneurs perdu leurs seigneuries.) Cette esmo- 
tion donc donna telle espérance au roy de France de 
pouvoir facilement recouvrer le royaume de Navarre 
en faveur dudit Henri, qui, estant à sa suite, l'en 

1 . Valladolid, capitale de la province de ce nom, dans la Vieille- 
Castille. ^ 

2. Pour Santa-Junta. 



6 HISTOIRE DE BÉARN 

solicitoit tous les jours, qu'il y envoya une armée 
commandée par André de Foix, seigneur d'Esparros^ 
et frère du seigneur de Lautrec *, auquel il donna pour 
principaux conseillers Antoine, seigneur de Tornon 
en Languedoc, etSainte-Colome, sieur d'Esgarrebaque 
en Béarn ', et l'évesque de Coserans, qui estoit de la 
maison de Gramont *. 

Cette armée arriva le 15 de may 152i1 à Saint- 
Jean-de-Pé-des-Pors ^ qui étoit demeuré es mains de 
l'Espagnol depuis l'an 1512 que le duc d'Albe^ l'avoit 
pris : et l'ayant battu, ceux de dedans n'osans attendre 
l'assaut se rendirent vies et bagues sauves. Le sieur 
de Larboust' y fut laissé pour gouverneur. Durant la 



1. On appelle souvent par erreur André de Foix, sire de Les- 
parre, il faut dire Esparros. Cette baronnie dépendait du comté 
de Bigorre (Arch. des Basses-Pyrénées , B. 962 et suivants). 
Esparros avait épousé Françoise Du Bouchet, dame de Bornezay; 
il testa le 3 janvier 1547 et mourut la même année (même dépôt, 
E. 383). 

2. Odet de Foix, vicomte de Lautrec , mort devant Naples en 
1527. 

3. Jacques I de Sainte-Colomme, seigneur d'Esgoarrabaquc, 
Cardesse, Oroignen, Gastillon, Ledeuix, etc., maire de Bayonne, 
gouverneur de Plaisance (Italie), etc., marié à Catherine de Méri- 
tein (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1464, 1475). Nous avons mis 
un numéro d'ordre après le prénom, parce que trois membres de 
cette famille figurent dans l'œuvre de Bordenave et portent le 
même. Mais ce numéro ne signifie pas que ce Jacques I^' est le 
premier du nom. 

4. Charles de Gramont, qui devint archevêque de Bordeaux. 

5. Saint-Jean-Pied-de-Port, chef-lieu de canton, arrondisse- 
ment de Mauléon (Basses-Pyrénées). 

6. Frédéric de Tolède, duc d'Albe, marquis de Coria, mort en 
1527. 

7. Menaud d'Aure, seigneur de Larboust et de Serremédan, 
sénéchal de Nébouzan. 



Et NAVARRE. 7 

baterie le comte de Lerin ^ se monstra vis à vis de 
Saint-Jean au haut des montagnes, tant pour donner 
courage aux assiégés que pour garder les destroits 
des passages. Esparros envoya incontinant contre luy 
Dollique, fils du viscomte de Chaux ^, avec deux mille 
enfantassins : toutesfois ayant veu la reddition de 
Saint-Jean, le dit comte quitta la montagne et se 
retira, et les François marchèrent outre. L'endemain 
ils assiégèrent le fort du Pignon % qui avoit esté 
basti par les Espagnols, entre Saint-Jean et Ronce- 
vaux, pour empescher l'entrée en la haute Navarre; 
où le cappitaine ayant seulement enduré deux coups de 
canon , rendit la place à mesme composition que 
celuy de Saint-Jean. Ces empeschemens ostés, l'armée 
ne chomma guère au pié de la montagne , ainçois 
l'ayant passée en dilligence , arriva à Roncevaux et 
de là à Pampelonne * qui fut trouvée despourveue de 
suffisente garnison pour que le duc de Nagera % vice- 
roy de Navarre, avoit esté appelle avec toutes ses 
forces en Castille pour la guerre qui estoit entre les 
officiers du Roy et le peuple. L'absence du duc 
servit plus à Esparros que ses forces propres. Et les 
habitans de Pampelonne faschez de la dommination 



1. Don Louis de Beaumont, comte de Lérin, connétable de 
Navarre, mort en 1529. 

2. Ce vicomte était alors Gratian, seigneur d'Echaux, vicomte 
de Baïgorry. Le nom de son fils nous semble altéré, il faudrait 
peut-être lire Onigo. (Arch. des Basses-Pyrénées, E, 564.) 

3. Le Château-Pignon, sur la frontière d'Espagne, commune de 
Saint-Michel, canton de Saint-Jean-Pied-de-Port, arrondissement 
de Mauléon (Basses-Pyrénées). 

4. Pampelune, capitale de la Navarre. 

5. Don Antonio Manrique, duc de Nagera. 



8 HISTOIRE DE BÉARN 

des Castillans (le règne desquels n'est jamais exempt 
de superbe et insolence) n'entendirent plustot nou- 
velles de l'entrée des François qu'ils n'abatissent 
soudain les armories de Castille , et envoyèrent 
quelques uns des principaux hommes de leur ville 
porter les clef à Esparros, qui, estant à Villenefve', 
y envoya le mesme jour Esgarrabaque, colonnel de 
l'enfanterie, avec trois cens hommes choisis. Il fut 
receu avec grande joye et acclamations de tout le 
peuple, très aise de rentrer en l'obéissance de son 
prince naturel. Esgarrabaque ne s'amusa pas longue- 
ment à entretenir les Pampelonnois, ainçois soudain 
somma le chasteau de se rendre, ce que le capitaine 
refusa faire. Mais Esparros, qui y arriva bien tost 
après avec tout le reste de l'armée et l'artillerie, luy 
fit chanter une autre chanson. Car ayant fait bresche 
et mis en bataille ses compagnies pour donner l'assaut, 
le dit capitaine demanda composition, qui luy fut 
aussi tost accordée telle, qu'il sortiroit avec ses soldats, 
la vie et leurs propres armes et bagues sauves, lais- 
sant toutes les vivres et munitions de guerre. Mais 
comme ils sortirent, l'enfanterie irritée de ce que plu- 
sieurs de leurs compagnons avoient esté tuez durant 
le siège, les chargèrent. Quelques uns furent tuez, 
plusieurs desvalisez et tout le reste estoit en danger 
de passer le mesme pas, si Esparros avec la cavalerie 
ne les eut deffenduz et ne leur eut faict escorte jusques 
auprès de Logrogne^ Tolet fut estably capitaine dudit 



1. Villanueva, village de la vallée d'Araquil, en Navarre. 

2. Logrono, capitale de la province de ce nom, dans la Vieille- 
Gastille. 



ET NAVARRE. 9 

chasteau , où furent trouvées 1 7 pièces de grosse 
artillerie et grand nombre de menue, avec grande 
qantité de piques et arbalestes (car les harquebuses 
estoient encores lors fort rares) et 500 corselets. 
Estant Esparros maistre de Pampelonne, fit publier 
la conmiission et puissance qu'il avoit du roy Henry 
et fit quantequant abbatre les armories d'Espagne 
plantées aux portes de la ville, chasteau et aux lieux 
publiques, et fit battre monnoye au coin dudit Roy, 
combien que quelques uns disent qu'il y mit les 
armories de France, non pas celles de Navarre, et 
que cela offensa beaucoup les Navarrois et aliéna 
fort leurs volontez de luy, car d'autant qu'ils s'estoient 
resjouis de sortir de la dommination du Castillan, ils 
furent marris de voir les commencemens de la fran- 
çoise. Et Luxe', qui avoit grande créance parmi le 
peuple, despitéde n'avoir en ceste armée nulle charge, 
mettoit secrettement aux oreilles du peuple des bruits 
que cette guerre se faisoit en faveur du roy de France, 
non pas de celuy de Navarre et qu'on se servoit seu- 
lement de son nom, pour mieux piper les cœurs du 
peuple, mais que s'ils se pouvoient une fois emparer 
du pays, on n'orroit plus parler d'Henry , ains de 
François. Esparros fit aussi publier une abolition 
générale de tout ce qui pouvoit avoir esté fait par le 
peuple contre le service de leur Roy naturel en faveur 
de l'Espagnol. Quelques uns, plus Espagnols que 
Navarrois, envoyèrent demander sauf-conduit audit 

1 . Jean , baron de Luxe. — Luxe est une commune du canton 
de Saint-Palais, arrondissement de Mauléon (Basses-Pyrénées). 
Au x\m« siècle c'était une petite souveraineté appartenant aux 
Montmorency. 



10 HISTOIRE DE BÉARN 

Esparros pour le venir trouver et un terme suffisant 
pour au préalable pouvoir aller en personne ou envoyer 
en Castille renoncer au serment de fidélité et hommage 
qu'ils avoient fait au roy Charles. Mais Esparros, 
averti que ceste demande n'estoit que pour gaigner 
tems, affin que leurs biens ne fussent si tost saisiz, 
leur fit responce qu'aux estrangers et aux ennemis, 
non pas aux naturels sujetz falloit ottroyer sauf- 
conduit, qu'ils estoient tous Navarrois naturels, sujetz 
et hommes liges d'Henry, naturel et légitime roy de 
Navarre, par ainsi qu'ils pouvoient et dévoient sans 
autre sauf-conduit ou excuse se joindre à son armée, 
de quoy il les prioit bien affecteusement et leur 
commandoit en vertu du pouvoir et commission à 
lui donnée par ledit Roy, afin qu'il ne fut contraint 
d'user contre eux de la rigueur et hostilité establies 
et ordonnées contre les rebelles et les ennemis ; quant 
au terme qu'ils demandoient pour se descharger du 
serment, le droit divin et humain les en dispensoit et 
deschargeoit comme fait par violence et par force et à 
celuy qui n'avoit eu aucun légitime droit de l'exiger. 
Mais ces raisons ne servirent de rien envers ceux 
qui, ayans plus les cœurs castillans que navarrois, 
désiroient demeurer en l'obéissance de l'Espagnol. 
Parquoy, craignans d'estre attrapez par l'armée, le 
comte de Lerin, ses enfans, parens et partisans, avec 
les sieurs de Gongorra, de Gondalin et le capitaine 
Done Marie ^ se retirèrent incontinent en Castille 

1. Voici les noms des fugitifs : Louis de Beaumont, comte de 
Lérin, François, Pierre, Thibaut, Gratien et Martin de Beau- 
mont, le seigneur de Gongora, le seigneur de Guendulain, le 
capitan Dona Maria, Nicolas de Guya, le docteur de Gonin , le 



ET NAVARRE. 11 

et se joignirent à l'armée que le connestable^ et 
l'amiral de Castille dressoient pour venir rencontrer 
les François. 

Durant le siège de Pampelonne, Esparros ne sachant 
encore quelle [en] seroit l'issue, voyant l'affection du 
peuple, pensa de se faire maistre de bonne heure de 
tout ce qu'il pourroit. Par ainsi dépescha Pierre 
Navarre * , fils du défunt mareschal de Navarre , 
avec quelques troupes pour aller sommer Olite^, 
Taphaille^ et leurs mirandats^ ou bailliages, et le 
marquis de Falces% aussi Navarrois, à Tudelle'. Elles 
se rendirent aussi tost, comme à leur exemple firent 
toutes les autres places du royaume, les chasteaux 
d'Estëilla^ et Larraga' exceptez , lesquels ayans 
attendu le canon, se rendirent à la seule veue d'iceluy. 
Le viscomte de Soline^^fut laissé gouverneur à Esteille. 
Après cela (comme s'il n'y eût plus autre chose à 

licencié Balança, le bachelier de Ozcariz, avocat royal, Bernard 
Cnizat, juge de Pampelune et maître des finances, Diego Gruzat, 
essayeur de la monnaie, Lope de Esparça, les seigneurs de Mendi- 
vete, Ayanz et Arbiçu, Louis et Martin Diez (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. 554), 
4. Inigo de Belasco. 

2. Don Pedro de Navarre, de la maison de Gramont, 

3. Ville de Navarre. 

4. Tafalla, ville de Navarre. 

5. Pour merindad. 

6. Juan Del Bosquete était seigneur de Falces, près Olite, 
depuis 1508 par donation de Catherine, reine de Navarre; mais 
en 1513 Ferdinand le Catholique donna Falces à Alonso Carrillo 
de Peralta. 

7. Tudela, ville de Navarre. 

8. Estella, ville de Navarre. 

9. Larraga, ville de Navarre. 

10. Juan de Garro, vicomte de Zolina. 



1 2! HISTOIRE DE BÉARN 

faire ou que les Espagnols eussent esté tellement 
desconfitz qu'il ne leur restast plus [ny] force ny 
courage pour se resentir de cette bravade et essayer 
de recouvrer le perdu) , Esparros licentia une bonne 
partie des Gascons par l'advis d'Esgarrabaque, leur 
colonel, qui donnoit congé à quiconques en vouloit en 
luy restituant la demi-solde d'un mois, pour lequel 
n'avoit guères jours ils avoient fait monstre, ce qu'il 
mettoit en ses boutges, dit le seigneur de Langeay^ 
(L'avarice, racine de tous maux, fait souvent tomber 
les meilleurs en de bien lourdes fautes.) Tout le 
Royaume donque fut heureusement conquis en un 
mois. Et si les victorieux se fussent contentez de 
garder ce qu'ils avoient conquis, et eussent, comme 
leur devoir estoit, fortifié, avituaillé et muny de gens de 
guerre les places défensables et ouvert les autres, les 
légitimes héritiers posséderoient encores aujourd'hui 
ce Royaume. Mais pensant aussi aisément conquester 
toute l'Espagne, comme ils avoient conquis la Navarre, 
par le conseil du mesme Esgarrabaque, Esparros alla 
assiéger Logrogne, ville lors tenue du royaume de 
Castille, mais qui est de l'ancien patrimoine du 
royaume de Navarre. Dedans avoit plus de quatre 
mille soldatz de ceux qui estoient sortis des places 
qui s'estoient rendues et soixante hommes d'armez 
commandez par Dom Pedre Relas de Guenare qui se 
défendirent vaillement, et en plusieurs sorties firent 
mourir maints François. Ce siège fut plus long que 
Esparros n'avoit pensé pour ce qu'à faute de muni- 



1. Guillaume Du Bellay, seigneur de Langeais, né en 1491, 
mort en 1543, auteur de Mémoires, 



ET NAVARRE. 13 

lions la batterie estoit fort lente. Les Espagnols s'y 
assemblèrent, et les Aragonois, qui sont les plus 
voisins, arrivèrent aussi les premiers àSangoesseMe 
Navarre en nombre de 6,000 infantasins et trois 
cens chevaux, d'où ils molestoient tellement les four- 
rageurs et \ivandiers de l'armée, qu'elle souffroit 
grande disette de vivres. Et le 2 de juin 1 521 , Inigue 
de Bêla SCO, connestable de Castille, l'amiral, le duc 
de Nagera et le comte de Lerin avec une forte armée, 
composée de Castillans et Biscains, entrèrent dedans 
la ville à la veue des assaillans. Esparros cognut lors 
sa faute, mais trop tard, d'avoir licentié les Gascons 
et d'estre entré plus avant qu'il ne devoit, car se 
trouvant foible et ne se fiant beaucoup du reste qu'il 
avoit d'infanterie qui, ayant été nouvellement levée, 
estoit sans expérience, asseurance ni obéissance, fut 
contraint de lever le siège et se retirer au deçà la 
rivière d'Ebre en un village nommé Thiebes% qui est 
à deux lieues de Pampelonne. Il se vouloit retirer 
dedans Pampelonne, mais Charles de Gramont, évesque 
de Coserans, qui estoit un des principaux de son 
conseil, luy remonstra qu'il affameroit incontinent la 
ville. Ce fut un très mauvais conseil, et le plus salu- 
taire et le plus expédiant estoit , pour conserver 
l'armée et le Royaume, de départir toutes les troupes 
par les forteresses défensables et les faire combatre 
aux Espagnols l'une après l'autre, car rien ne fasche 
et desvalise tant une armée que les longs et fréquents 

1. Sanguesa, ville de Navarre, où naquit Henri II, roi de 
Navarre. 

2. Tiebas, village de la vallée d'Elorz, merindad (district) de 
Sansuesa en Navarre. 



H HISTOIRE DE BÉARN 

sièges , d'autant qu'aux aproches , qu'aux assauts 
meurent volontiers les plus braves soldats, et les 
maladies qui suivent une armée travaillée, mal nourrie 
et pis logée, consument et dissipent promptement le 
reste. Et si Esparros eut fait ainsi, l'armée espagnole 
se ftit elle mesme ruinée, et il eust donné loisir de luy 
envoyer secours, ce qui eut esté fait en peu de tems, 
car le roy de Navarre qui estoit à Navarrens en Béarn 
avec tous ses sujets béarnois et autres, se tenoit prest 
pour marcher au premier advertissement. Mais 
Esparros ne l'advertit jamais de la nécessité en 
laquelle il estoit, et le povre Prince eut aussi tost 
nouvelle de la deffaitte de l'armée que de sa conqueste. 
Le connestable de Castille, général de l'armée espa- 
gnoUe , n'eut plus tôt joint les Aragonois qu'il ne 
suivit Esparros, et se vint camper à sa veue. Plu- 
sieurs belles et chaudes escarmouches furent atta- 
quées par plusieurs jours entre ces deux armées, 
sans venir en autre combat, car Esparros, qui atten- 
doit 8,000 Navarrois qu'il fesoit lever, s'estoit campé 
tellement à l'avantage et si serré que , sans leur 
grand désavantage, les Espagnols ne le pouvoient 
contraindre de combattre. Toutesfois le dernier de 
juing ils l'attaquèrent de si près qu'il luy convint, 
maugré qu'il en eust, venir aux mains et recevoir la 
bataille audit Thiebes deux heures devant le soleil 
couchant. 11 fut combatu plus d'une grosse heure, 
sans qu'on peut juger de quel costé tomberoit la 
victoire et si toutes les forces françoises eussent esté 
là et tous ceux qui entrèrent en la meslée et rendirent 
quelque combat l'eussent fait avec la mesme hardiesse 
que fit leur général , ou qu'il eut peu attendre les 



ET NAVARRE. 15 

absens et les compagnies navarroises qui le venoient 
joindre, vraysemblablement la victoire fut demeurée 
de la part des François, encores que les Espagnols 
fussent trois contre un, car les François, qui estoient 
à Taphaille avec Oillique\ leur colonnel, et 6,000 
Navarrois s'estoient assemblez en la faveur d'Esparros, 
se joignoient avec lui. Mais les ennemis, qui à toutes 
heures estoient advertis de Testât de ses affaires, 
sachans la prochaine arrivée des dits Navarrois et 
l'absence d'une bonne partie des François qui estoient 
espars à Pampelonne, Taphaille et ailleurs, et ce 
qui estoit avec Esparros mal aguerri et sans discipline 
et obéi^ance, le réduirent à l'extrémité ou d'une 
ignominieuse fuite, infaliblement accompagnée d'une 
pernicieuse route ou d'un combat très hasardeux. Il 
choisit le dernier, comme ayant plus d'espérance et 
moins de déshonneur. Plusieurs chevaliers, capitaines, 
gentilshommes et soldats moururent en ce conflict et 
Esparros combatant valeureusement y perdit la veue 
d'un coup de lance qui luy faussa la visière, et fut 
pris prisonnier par Dom François de Beaumont, 
auquel il se rendit, comme fit aussi le seigneur de 
Tournon au capitaine Donc Marie. Leur prise estonna 
si fort le reste de ce qui combatoit encores, que 
tout s'enfuit à vauderoute, et sans la faveur de la 
nuit, peus fussent eschapez de mort ou de prison. 
Les sieurs de Dufort * et d'Aurignac, Foixens, y mou- 
rurent, et Charles de Mauléon^ le capitaine Saint- 

1. C'est le personnage appelé Dollique plus haut, page 7. 

2. Hugues d'Espagne, seigneur de Durfort, marié à Brunette 
de Goarraze. 

3. Charles et Victor de Mauléon sont signalés en 1521 comme 



16 HISTOIRE DE BÉARN 

Martin S Dom Jean de Sarasa^ et Charles de Nabas% 
Navarrois. Mais Arnaud de Gramont, Féderic de 
Navarre , Esgarrebaque , l'esveque de Coserans et 
plusieurs autres des principaux de l'armée, qui estoient 
au camp ou dedans les forteresses, au lieu de recueillir 
l'armée rompue et esgarée, quittèrent les villes et s'en 
fuirent de tel efiroy et vistesse qu'ils ne s'arrestèrent 
qu'ils ne fussent dedans Rayonne, dont ils escrivirent 
tant au roy de France que de Navarre la perte de la 
bataille et du royaume de Navarre. Les victorieux ne 
s'amusèrent longuement à suivre les fuyars, mais sui- 
vans leur victoire, trouvans Pampelonne et toutes les 
autresplaces abandonnées, regaignèrenttoutle Royaume, 
aussi aisément qu'il avoit esté perdu. Après ils tour- 
nèrent leurs armes contre les Navarrois qui s'estoient 
armez ou en quelque autre sorte déclarez pour le 
party d'Henry, leur légitime Roy. Plusieurs furent 
meurtris par les soldats, autres exécutez par le bour- 
reau et tout le royaume fort tyrannisé par Francisco 
de Cuniga, comte de Mirande, qui en fut fait vice-roy 
en la place du comte de Nagera , qui pour quelque 
mescontentement l'avoit quitté, connoissant qu'on le 
suspitionoit de l'entrée des François, d'autant qu'il 
sortoit des légitimes rois de Navarre. Jaimes de Relas 



partisane de la maison d'Albret. (Diccionario de Antiguedades de 
Navarra.) 

1. Jean, seigneur de Saint-Martin d'Arberoue. 

2. Juan de Sarasa, petit-fils de Martin Ferrandiz de Sarasa et 
de Margarita, qui avaient eu leurs biens confisqués en 1452. 

3. Probablement le seigneur de Nabas, commune du canton de 
Navarrenx, arrondissement d'Orthez (Basses-Pyrénées), sur la 
limite du pays basque. 



ET NAVARRE. 17 

de Medrano, son fils, et environ 200 Navarrois, la 
pluspart gentilshommes, s' estant retirez aux montagnes 
de Navarre à la faveur de la forteresse de Maya', 
fesoient la guerre au vice-roy, plus en hommes déses- 
pérez et furieux qu'autrement, mais enfin ils furent 
clusez dedans ladite forteresse et s'estans rendus à la 
discrétion du vice-roy et conduits à Pampelonne, 
moururent en prison le 14® jour après, non sans 
suspeçon d'y avoir esté aidez, et peu de ceux qui 
avoient esté pris avec eux les survescurent. Le comte 
de Medinda*, vice-roy, fit fortifier la ville de Pam- 
pelonne. 

Le roy de France, adverti de la deffaite d'Esparros 
et de la reprise du royaume de Navarre, délibéra de 
le recouvrer et d'y envoyer une nouvelle armée. Par 
ainsi au commancement de setembre 1 5211 , ildespêcha 
Guillaumes Confier, seigneur de Bonivet, amiral de 
france et gouverneur de Guienne^, avec sa compa- 
gnie de cent hommes d'armes, et celle du duc 
d'Albanie^ de pareil nombre, celles des sieurs de 
Saint-André ^ et de Sainte-Mesme et une partie de 
celle de Jaques Galliotde Genoillac% seigneur d'Acier, 
grand maistre de l'artillerie de France et sénéchal 
d'Armaignac, et six mille lansquenets, desquels Claude 

1. Ville de la vallée de Baztan, merindad (district) de Pam- 
pelune. 

2. Pour Miranda. 

3. Tué à Pavie en 1525. 

4. Jean Stuart, duc d'Albany, de la maison royale d'Ecosse, 
mort en 1536. 

5. Pierre de Saint-André qui avait été ambassadeur de France 
en Espagne en 1506 (?). 

6. Mort en 1546. 

21 



18 HISTOIRE DE BÉARN 

de LoraineS comte de Guise (qui despuis fut érigé 
en duché), est oit colonel. Gouffier avoit ample pou- 
voir de lever en Guienne autant de compagnies de 
enfanterie qu'il jugeroit estre nécessaires. Arrivé 
donques à Bordeaux, il leva sur les habitans plusieurs 
grosses sommes que le Roy leur avoit imposées pour 
les frais de celte guerre, et y ayant pris une bande de 
grosse artillerie, print le chemin de Bayonne ; sur la 
fin du mois, il arriva à Saint-Jean-de-Lus% et de là, 
afin que l'ennemy pensast sa délibération estre de 
prendre la route de Navarre, il despescha Saint-André 
avec deux mille lansquenets et mille Gascons, Navar- 
rois et Basques et sa compagnie de gens d'armes pour 
aller forcer la forteresse de Maya, cependant qu'il 
feroit sommer le chasteau du Pignon, assis sus la 
montagne de Roncesvaux, qui refusa de se rendre 
jusques à ce que celui qui y commandoit vit arriver 
quelques pièces de légère artillerie, à l'arrivée des- 
quelles le capitaine Mondragon ^ qui estoit dedans avec 
cinquante soldats se rendit, vie et bagues sauves. 
Delà l'amiral prit la route de Pampelonne, mais le 
second jour il rebroussa chemin à travers la montagne 
où la cavalerie fut contrainte de mettre pied à terre 
et tirer les chevaux par la bride l'espace d'un jour. 
Estant arrivé sur le soir auprès de Maya, il fit tirer 



1. Connu aussi sous le nom de duc d'Aumale, mort en 1550. 
C'est le père de François, duc de Guise, et du cardinal. 

2. Saint- Jean-de-Luz, chef-lieu de canton de l'arrondissement 
de Bayonne (Basses-Pyrénées). 

3. C'est le nom d'un corsaire français, pris par les Espagnols 
en 1506, qui n'obtint sa liberté qu'à la condition de servir le roi 
d'Espagne. (Hist. d'Espagne par J. de Ferreras, VIII, p. 335.) 



ET NAVARRE. 19 

une boulée de toutes ses pièces, afin de faire penser à 
la garnison des ennemis qu'il estoit là pour l'assiéger, 
battre et assaillir ; mais il avoit toute autre volonté et 
tous ses desseins estoient sur Fontarabie \ par quoy il 
deslogea l'endemain bon matin avec telle dilligence 
que le soir mesmes il vint loger au village d'Esteigna ^ 
près de Saint-Jean-de-Lus, et y ayant refreschi deux 
jours son armée, partit le troisiesme bon matin pour 
aller passer la rivière de Bahobie^, mais la trouvant 
bordée du costé de delà par l'ennemi, et la marée fort 
haute, lut contraint de faire haut et d'attendre le destroit 
qui fut l'endemain environ huit heures. Le comte de 
Guise, la picque au poing, servant d'exemple à ses 
soldats, sauta le premier dedans l'eau et suivi des 
Alemans et tout le reste de l'enfanterie, ayant la cava- 
lerie à sa main gauche, qui passoit au dessus d'eux 
tous pour rompre l'impétuosité du fleuve, se présenta 
à l'autre rive avec si hardie contenance qu'encore que 
les Espagnols qui leur estoient en teste en nombre 
quasi égal et avec l'avantage que ceux qui attendent 
en terre ferme peuvent avoir sur ceux qui, tous 
mouillés à travers une rivière, les vont combattre, 
s' estonnèrent tellement de cette brave charge, qu'ils se 
mirent d'eux mesmes , premièrement en route et 
depuis en fuite, laissans la rive franche aux assaillans. 
La plus part gaignèrent les montaignes et quelques 



1. Ville du Guipuzcoa. 

2. Ascain, canton de Saint- Jean-de-Luz. 

3. Béhobie est un hameau de la commune d'Urrugne, canton 
de Saint- Jean-de-Luz. La rivière qui passe à Béhobie est la 
Bidassoa. 



%0 HISTOIRE DE BÉARN 

uns avec Diego Vere \ leur chef, se rendirent dedans 
Fontarabie, et l'amiral quittant la poursuite des fuyars, 
tira droit au chasteau de Bahobie où avoit bonne 
garnison d'Espagnols, qui eussent pu» empescher les 
vivres de venir en son camp devant Fontarrebie, s'il 
y fut allé plustot qu'au dit Bahobie. La batterie fut 
incontinent commencée avec quatre gros canons et 
quelques pièces bastardes, et de la première volée 
une canonière basse fut embouchée et une des meil- 
leures pièces rompue, et le canonier avec autres qui 
estoient auprès de luy tuez. Cela mit tel effroy parmi 
les soldats qu'ils contraignirent leur capitaine de se 
rendre à la discrétion de l'amiral. Les principaux 
furent envoyez prisonniers à Baionne, les autres des- 
valisez et licentiez, et dedans le chasteau fut mise une 
forte garnison de François, pour asseurer le chemin 
aux vivandiers. De là l'armée alla camper devant 
Fontarrebie, qui fut quasi plus tost battue qu'assiégée. 
Si grande estoit la provoyance et la diligence de ce 
chef et l'obéissance de ses soldats sy prompte, qu'ils 
ne virent plustot par terre un petit pan de muraille, 
que les Navarrois, les Basques et les Gascons ne 
demandassent l'assaut, qui leur fut ottroyé plustot par 
importunité que par raison, car la brèche n' estoit 
encore suffisante ny raisonnable, comme l'issue le 
monstra, car jaçoit que les assaillans s'y présentassent 
avec toute l'impétuosité et hardiesse qu'on eut peu 
désirer et combatissent longuement avec une très 
grande furie, néantmoins ceux de dedans les receurent 



1. Don Diego de Vera fut commandant de Tripoli, de Saint- 
Jean- Pied-de- Port et de FontarraLie. 



ET NAVARRE. 21 

avec tel courage et les soustindrent avec si constante 
résolution qu'ils furent contraints de se retirer avec 
beaucoup de perte et de honte. L'amiral, fort marri 
de la témérité de ses soldats au dommage et des- 
honneur de son armée, toutesfois bien aise d'avoir 
connu leur hardiesse et s'asseurant de recouvrer en 
un coup l'honneur perdu et emporter la place, fit 
tirer l'endemain plusieurs volées de canon aux lieux 
dont estoit venu le plus grand mal et fit loger une 
colovrine sur un haut qui voyoit la brèche en flanc, 
pour battre ceux qui se voudroient présenter à sa 
défense. Les bataillons estoient jà dressés et ceux qui 
dévoient donner les premiers commençoient de partir, 
quand les assiégez ne voulans expérimenter une autre 
fois la vertu des assaillans, demandèrent composition, 
qui leur fut aussi tost accordée. Ils sortirent avec les 
armes et bagues sauves. Le comte de Guise et quel- 
ques autres estoient d'advis qu'on ruinast et rasast 
Fontarrebie et qu'on fortifiast Handaye^ mais l'amiral, 
qui disoit n'avoir assez de loisir pour séjourner si 
long tems en ces marches, fut de contraire opinion. 
Le gouvernement fut donné au sieur de Saint-Bonet*, 
mais d'autant qu'il fust bien tost après tué au village 
de Sainte-Marie avec Carreges et Saint-Romans^, où 
ils estoient allez pour en desloger quelque troupe 
d'ennemis qui s'i estoient logées et pour faire apporter 
des vivres dedans la ville, Jaques d'Aillon, sieur de 



\. Hendaye, canton de Saint- Jean-de - Luz , arrondissement de 
Bayonne (Basses-Pyrénées) . 

2. Gabriel d'Escars, seigneur de Saint-Bonnet. 

3. François Motier de La Fayette, seigneur de Saint- Romain(?). 



22 HISTOraE DE BÉARN 

Lude \ fut mis en sa place. Et l'amiral ayant conquis 
pour son Roy Fontarrebie, ramena son armée en 
France, sans se soucier de la conqueste de Navarre 
pour le roy Henry, qui, estant sous la protection 
d'un plus fort que soy, estoit contraint de se contenter, 
et approuver tout ce qu'il vouloit et faisoit. 

Bien tost après la retraitte de l'armée françoise, les 
Espagnols estimans ne pouvoir vivre en repos et 
seurté tant que les François seroient logez en leur 
pays, mirent sus la plus forte armée qu'ils peurent 
pour les en déchasser et reprendre Fontarrebie ; et 
l'eussent peut estre aisément fait, s'ils n'eussent trouvé 
le comte de Lude et ses soldats asseurez et résolus de 
mourir devant qu'entendre à composition aucune avec 
l'Espagnol et de faire plustot un pont de leurs cors 
mors pour passer par dessus, s'ils estoient contrains 
de quitter la ville. Mais tout ainsi que ceux de dedans 
se résolurent à la défense, ceux de dehors s'opinias- 
trèrent à les avoir par force ou pai' famine, ce qu'à 
la parfin ils eussent fait, car les assiégez n'ayans 
laissé espèce d'herbes ni animaux qu'ils n'eussent 
mangée , estoient combatus du travail et de la fain, 
qu'ils estoient demi-mors, lors que bien à point, dix 
mois après le commencement du siège, le roy de 
France dépescha le mareschal de Ghastillon * pour les 
secourir et avituailler. Et d'autant qu'il décéda de 
maladie à Aqs % le mareschal de Chabanes, seigneur 

1. Jacques de Daillon, baron du Lude, sénéchal d'Anjou. 

2. Gaspard de Coligny, seigneur de Coligny, Andelot et Ghù- 
tillon-sur-Loing, maréchal de France en 1516, marié à Louise de 
Montmorency, sœur du connétable. 

3. Dax (Landes). 



ET NAVARRE. 23 

de La Palisse*, luy fut substitué. Ayant receu l'armée 
il marcha droit à Baionne et de là à Saint-Jean-de-Lus, 
où, ayant mis toutes ses forces ensemble, print le 
chemin de Hendaye, attandant l'armée de mer que 
le capitaine Lartigue, vice-amiral deBretaigne, menoit 
pour l'avituaillement. Mais la nécessité des assiégez 
estoit tant extrême, que sans avoir nouvelles dudit 
Lartigue, La Palisse fut contraint de passer la rivière 
et approcher les ennemis qui n'osans entrer au combat 
en gros, après quelques escarmouches deslogèrent la 
nuict et se retirèrent par les montaignes encore qu'ils 
fussent égaux en nombre d'hommes aux François. 
Leur inqpiné deslogement resjouit beaucoup les 
assiégez qui craignoient tout autre effort des assié- 
geans. La Palisse refreschit la garnison et avituailla 
la place. Lanusse, dit le capitaine Franget, gentil- 
homme béarnois et lieutenant de la compagnie des 
gens d'armes du défunct mareschal de Chastillon, avec 
une compagnie de 50 honmies d'armes que le Roy 
luy donna, et le capitaine Pedre Navarre avec mille 
hommes depié, Gascons, Basques et Navarrois, furent 
laissez dedans, en la place de Lude et de ses soldats 
qui furent ramenez en France. Le gouvernement de 
la place et le principal commandement sur les gens de 
guerre furent donnez à Franget. L'année suivante 
l'Empereur, avec l'aide du roy d'Angleterre, entreprit 
d'assaillir la France tout à la fois par la Champaigne, 
Picardie et Guienne et de recouvrer Fontarrebie. Le 
commandement de l'armée pour l'expédition de 
Fontarrebie et Guienne fut donné à Philibert de 

1. Jacques de Ghabannes, seigneur de La Palice, maréchal de 
France en 1515, tué à Pavie en 1525. 



24 ' HISTOIRE DE BÉARN 

Chaloon, prince d'Orenge \ qui commença de marcher 
le sixième de setembre 1523, avec espérance de 
prendre non - seulement Fontarrebie mais aussi 
Baionne. Mais le seigneur de Lautrec, gouverneur de 
Guienne, le prévint avec toute la célérité et prudence 
qu'une telle entreprise requéroit. Estant donc Lautrec 
arrivé à Baionne, fit conduire en diligence dedans 
Fontarebie tout ce de quoy on pouvoit avoir besoin, 
tant d'hommes, vivres que munitions de guerre pour 
attendre un long siège et soustenir un grand effort et 
fît retirer dedans Baionne les vivres et bestails qui se 
trouvèrent au pais de Labour, tant pour la provision 
de la dite ville qu'à ce que l'ennemi ne s'en peut pré- 
valoir. Et d'autant qu'il n'avoit assés de forces pour 
attendre l'ennemi à la campaigne , estant les plus 
grandes forces de France empeschées en Italie , 
Picardie et Champagne, et qu'il n'avoit moyen de 
pourvoir Baionne du nombre de gens de guerre qu'il 
estoit requis et craignoit que l'ennemi, faignant de 
vouloir attaquer Fontarrebie, se jettast tout d'un 
coup sur Baionne, se resolust de demeurer lui-mesmes 
dedans la ville. Cela fut la sauvation de cette place, 
car les Espagnols estans arrivez le 1 6 du dit mois de 
septembre 1523 à Saint- Jean-de-Lus, vindrent l'en- 
demain assaillir Baionne par eau et par terre, avec 
telle impétuosité, que, sans la présence de Lautrec, il 
est aparent qu'ils l'eussent forcée, veu le peu de gens 
de guerre qui est oient dedans. Mais la vertu et dili- 
gence de ce grand capitaine les empescha, qui de 
trois jours et de trois nuits ne bougea de dessus les 

1. Philibert de Ghâlon, prince d'Orange et de Melfi, né en 1502, 
tué à Pistoye en 1530. 



ET NAVARRE. 25 

murailles, commandant toutes les choses nécessaires, 
selon que l'occurence et la nécessité monstroit estre 
à faire, et confortant, tant de parolle que par son 
propre exemple, le peuple avec tel visage et magna- 
nimité que les habitans (qui du commencement se 
monstroient fort estonnez , n'estans accoustumez à 
telles escrimes et voyant les grands efforts des assail- 
lans et la multitude de leurs vaisseaux) tant hommes, 
femmes qu'enfans, prindrent courage et mirent si 
bien la main à l'œuvre que bien tost toutes les avenues 
et entrées des rivières furent bouchées, et les plus 
couards devenus hardis se présentoient au combat, 
avec la mesme hardiesse, asseurance et persévérance 
qu'ont accoustumé faire les plus vaillans et mieux 
aguerris, de manière que l'ennemi trompé de son 
attente, pour ne perdre tems, se mit à sa retraitte et 
alla assiéger Fontarrebie. Mais il n'y trouva pas sem- 
blable résistance qu'il avoit fait à Baionne, encore 
qu'elle fut pourveue de plus grand nombre de gens 
de guerre et de toutes autres choses nécessaires pour 
la défendre un bien long tems , car Franget , après 
avoir tenu peu de jours, la rendit fort mal à propos 
et sans avoir enduré grande batterie et point d'assaut. 
Voilà combien peut aux affaires de la guerre la vail- 
lance ou la pusillanimité des chef. Gest homme estoit 
en estime de bon capitaine et avoit beaucoup d'expé- 
rience en l'art de la guerre et avoit toute sa vie bien 
fait, néantmoins fit cette lourde faute. Il n'y a jamais 
eu si grand capitaine, qu'une fois en sa vie n'ait fait 
quelque pas de clerc, car Dieu, duquel seul vient la 
hardiesse et la vaillance, oste souvent l'entendement et 
le cœur aux plus sages et aux plus hardis, afin qu'on 



216 HISTOIRE DE BÉÂRN 

connoisse telles vertus procéder de sa seule grâce, 
non pas des forces et longs labeurs des hommes et 
qu'on apprenne de despendre de luy et l'invoquer en 
toutes actions. Franget excusoit cette sienne faute, 
partie sus l'infidélité de Pedro Navarre, qu'il disoit 
avoir intelligence avec l'ennemi, partie sus l'impa- 
tience des soldats qui faschez de la longueur de cette 
guerre ou craignans de tomber à la discrétion des 
ennemis se desroboient tous les jours. Toutesfois ses 
excuses ne feurent receues par le Roy, ains fut 
Franget à Lion sur un eschafaut dégradé des armes et 
de noblesse, et luy et ses descendans déclarez rotu- 
riers, pour avoir esté négligent et failly de cœur à 
prévoir et prouvoir à l'inobéissance des soldats et à 
la conspiration de Pedro, laquelle fut clerement 
vérifiée pour ce que, quittant le service du Roy, il se 
retira avec l'ennemi, et l'Empereur le remit en tous 
ses biens et l'apointa beaucoup mieux que ne faisoit 
le roy de France. Tous les Navarrois suivirent Pedro 
et les François se retirèrent en France, mais tous 
ceux qui tomboient es mains de Lautrec estoient 
incontinent pendus comme infidèles à leur Prince et 
déserteurs de son service. 

Estant le prince d'Orenge maistre de Fontarrebie, 
il la rempara, fortifia et avituailla et y mit bonne 
garnison de Castillans. Après cela, solicité par Luxe, il 
entra en Guienne du costé de Raionne, et avant passée 
la rivière du Gave ^ (fleuve tellement impétueux qu'il 
semble plustot torrent que rivière) entra dans Sorde * 

1. Il s'agit ici du Gave d'Oloron, 

2. Sorde , canton de Peyrehorade , arrondissement de Dax 
(Landes). 



I 



ET NAVARRE. 27 

laquelle il brusia, la trouvant abandonnée. Delà il 
mena son armée à PeirehoradeNju'il print et saccagea, 
et brusia Hastingues ^, la trouvant vuide et abandonnée 
des habitans, qui intimidez du bruit de la cruauté des 
Espagnols , s'estoient retirez dedans les bois plus 
prochains, dont ils fesoient prou de maux aux ennemis 
qui s'escartoient pour aller aux fourrages ou pillage. 
Mais il n'eust pas si bon marché de Vidachen^, où il 
perdit beaucoup d'hommes durant le siège qui dura 
vingt jours ; toutesfois il s'en vengea fort cruellement, 
faisant passer au fil de l'espée indiférement tout ce 
qui se trouva dedans. Et puis passant par Mauléon 
de Soûle * la saccagea , et entrant en Béarn vint 
assiéger Sauveterre ^ où il perdit beaucoup de bons 
hommes, combien qu'à la fin il la print, comme aussi 
il fit Navarrenx. Car outre que la place n'estoit point 
tenable et la fortification qui avoit esté faite à haste 
estoit imparfaite, les compagnies Béarnoises qui 
cstoient dedans, levées à la haste du peuple nullement 
aguerri, n'ouirent plustot nouvelles de l'intention de 
l'emiemi que les soldats ne se desrobassent à grandes 
troupes, voire jusques à sauter par les murailles, 
laissant leurs enseignes si mal accompagnées que 
Estienne d'Albret, baron de Mieussens% qui com- 

1. Peyrehorade, arrondissement de Dax (Landes). 

2. Canton de Peyrehorade (Landes). 

3. Bidache, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Bayonne 
(Basses-Pyrénées). C'est là qu'est encore le château des Gramont. 

4. Chef-lieu d'arrondissement (Basses-Pyrénées). 

5. Chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Orthez (Basses- 
Pyrénées). 

6. Etienne d'Albret, baron de Miossens, marié à Françoise de 
Béarn. 



%S HISTOIRE DE BÉARN 

mandoit dedans Sauveterre en titre de lieutenant de 
Roy, après avoir enduré quelques coups de canon, 
fut contraint de recevoir composition et de sortir luy 
et tous ceux qui estoient demeurez avec luy, les 
armes et bagues sauves. Tous les capitaines et les 
gentilshommes qui estoient avec Mieussens, demeu- 
rèrent avec luy et après la composition se retirèrent 
tous à Pau, où estoit le roy Henry. Durant le siège 
de Sauveterre, Ferriér Lanuce, frère du vice-roy 
d'Aragon \ avec trois mille hommes de guerre, entra 
en Béarn par la vallée d'Aspe, ayant fait quitter la 
garde des passages de la montagne au capitaine 
Menauton, bastard de Gerderest^, qui se retira dedans 
Oloron, d'où le sieur de Loubié^ séneschal de Béarn, 
estoit gouverneur. Les Aragonois se vindrent camper 
à Sainte-Marie lez Oloron ^ sur lesquels ceux de 
dedans firent l'endeniain une sortie, pensans estre 
soustenus de trois compagnies de gendarmes qui 
estoient logées à demi lieue de là et se dévoient 
mettre en embuscade auprès dudit Sainte-Marie, afin 
de charger les Espagnols par derrier, s'ils vouloient 
suivre l'infanterie d'Oloron qui les alla agasser pour 
les attirer à la campagne; mais lesdites compagnies, 
ne se trouvans à l'assignation, furent cause que tout 
ce qui estoit sorti fut mis à vauderoute, et une grande 

1. Le vice-roi d'Aragon était Jean de Lanusse, seigneur de 
Béon (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1872). 

2. Les seigneurs de Gerderest étaient des douze barons de 
Béarn et leur baronnie dans le canton de Lembeye , arrondisse- 
ment de Pau (Basses-Pyrénées). 

3. François de Béarn, seigneur de Louvie-Soubiron. 

4. Ville qui a été réunie à celle d'Oloron (Basses-Pyrénées) en 
1858. 



ET NAVARRE. 29 

partie massacrés ; et si le gouverneur n'eust fait 
lever le pont, les Espagnols entroient pesle et mesle 
avec les Béarnois qui se retiroient en tel désordre que 
plusieurs, trouvans le pont levé, se jettèrent dedans 
l'eau , plusieurs se noyèrent et d'autres furent tuez. 
Le peuple qui juge ordinairement indiscrètement des 
choses, plus par l'événement d'icelles ou par affection 
ou passion que par la raison, suspitionoit Lobié 
d'avoir intelligence avec l'ennemi, combien qu'il n'en 
fut rien ; et s'il n'eust eu la discrétion de bazarder 
plustot une partie de ses gens que le tout, sans doubte 
il perdoit en un coup la ville et tout le demeurant de 
ses hommes. Ayant donc les Aragonois failli de 
prendre Oloron, ils s'allèrent joindre au prince 
d'Orenge à Sauveterre, qui peu de jours après 
ramassa son armée et s'en retourna en Espagne et 
en passant pilla Biarris^ et Saint-Jean-de-Lus et tous 
les pais de Labourt*. 

Au mois de février 1 524 le roy Henry de Navarre 
ayant suivi François, roy de France, err Italie, lors- 
qu'il suivoit l'armée de l'Empereur conduite par 
Bourbon* et le marquis de Pesquaire^ se retirant de 
Provence où elle estoit entrée, cuydant prendre 
Marseille, vaillamment combattant fut fait prisonnier 
devant Pavie avec ledit roy François, et mené dedans 

1. Biarrits, canton de Bayonne N-0 (Basses-Pj'rénées). 

2. Le pays de Laboord est compris dans l'arrondissement de 
Bayonne. 

3. Charles, duc de Bourbon, connétable, né en 1489, tué à l'as- 
saut de Rome en 1527. 

4. Ferdinand-François d'Avalos, marquis de Pescaire et 
d'Aquin, grand chambellan du royaume de Naples, né en 1489, 
mort devant Milan en 1525. 



30 HISTOIRE DE BÉARN 

le chasteau de Pavie. Toutesfois, par la diligence de 
François, baron d'Arros en Béarn\ furent pratiquez 
deux capitaines de ceux qui avoient charge de le 
garder, l'un espagnol nommé Goimbres, l'autre 
italien des terres du duc de Mantoue, auquel le 
Navarrois s'estoit rendu le jour de la bataille. Ceux- 
ci firent provision d'une eschele de cordes, laquelle 
dressée à la fenestre de la chambre dudit Roy, 
Goimbres descendit le premier et le Roy après, qui 
eut telle frayeur qu'il ne fut allé guère bas , ains seroit 
remonté, si Francisco, navarrois et son valet de 
chambre, ne l'eut pressé, luy proposant le danger de 
demeurer estre beaucoup plus grand que celuy de la 
descente par l'eschelle, « car indubitablement, disoit- 
» il, Vostre Majesté n'aura plus tôt payée sa ranson, 
» qu'on lui donnera le boucon pour mettre fin par ce 
» moyen à la querelle du royaume de Navarre. » Il des- 
cendit doncques et ledit Francisco après luy, et ayant 
trouvé le baron d'Arros et le Mantouan au bord du 
fossé avec des chevaux prests, le roy Henry se rendit 
sans nul destourbier à Lion où estoit Madame la 
Régente, mère du roy François. Or pour avoir plus 
de loisir et de tems de se sauver, François de Roche- 
fort, sieur de Viviers en Foix^, page dudit Roy, et un 
valet de chambre avoient esté laissez dedans la 
chambre, tant pour retirer l'eschelle que pour amuser 
le matin le capitaine du chasteau qui avoit accous- 
tumé tous les matins de venir donner le bon jour au 

1. Arros près Nay, l'une des douze baronnies de Béarn. 

2. Nous retrouvons François de Rochefort , gouverneur du 
comté do Pardiac et capitaine du château de Montiezun, en 4564 
(Arch. des Basses-Pyrénées, B. 1584). 



\ 



ET NAVARRE. 3f 

Roy, d'assister à son lever. Mais ce matin le valet de 
chambre l'entretint jusques après midy, luy faisant 
entendre que son maistre s'estoit trouvé si mal toute 
la nuict qu'il n'avoit pris aucun repos, qu'il s'estoit 
endormi sus le matin. Le capitaine le creut et eut 
patience jusques après midi qu'ayant tiré le rideau 
trouva le page Rochefort couché en la place du Roy. 
Chacun peut penser quelle fut la tristesse de ce gar- 
dien, sçachant principalement l'intention de l'Empe- 
reur estre de ne lascher ce prisonnier qu'il ne fut au 
préalable bien asseuré du royaume de Navarre. 
Toutesfois le page ny le valet de chambre ne receurent 
autre dommage, qu'une grande louange d'avoir cons- 
tamment bazardée leur vie pour le service de leur 
maistre. 

L'an 1528, au mois de janvier, ledit roy Henry 
espousa Marguerite, sœur unique du roy François et 
vefve du duc d'Alençon ^ décédé à Lion après la 
bataille de Pavie. De ce mariage sortirent quatre 
enfans, Jeane qui nasquit dix mois après les nopces 
de ses père et mère, le 16 de novembre à Saint- 
Germain en Laye, Jean qui ne vescut que neuf mois, 
et deux filles qui trespassèrent avant d' estre baptisées. 
Geste mesmes année, au mois d'avril, Gharles, prince 
de Navarre, frère du roy Henri, surnommé le Vachier 
de Béarn, désireux en son adolescence d'acquérir 
honneur par les armes, estant allé trouver, avec une 
troupe de gentilshommes Gascons et Béarnois, l'armée 
françoise qui estoit devant Naples sous la conduite 
d'Odet de Foix, seigneur de Lautrec, mourut prison- 

1. Charles IV, duc d'Alençon. 



32 HISTOIRE DE BÉARN 

nier à Naples d'une fièvre chaude. Et l'an 1540, le 
1 5 de juillet, le roy François pour se fortifier d'alliances 
en Alemaigne contre l'Empereur Charles V, maria sa 
niepce Jeane, fille dudit roy de Navarre, avec Guil- 
laumes, duc de Clèves, Gueldres et Julliers. Le roy 
de France pressoit avec grande importunité le père 
de donner son consentement à ce mariage, qui estoit 
du tout contre la volonté d'iceluy, car il luy faschoit 
fort de donner sa fille à un prince duquel lui ny son 
peuple ne pouvoient espérer aucune faveur ou support 
en cas de nécessité, et de la confiner en un pais si 
loingtain de toutes les seigneuries auxquelles elle 
devoit un jour succéder, et entre une nation différente 
de langage et meurs de sa fille et de tous ses sujets. 
Néantmoins il n'osoit refuser le roy François, ne 
déclarer ouvertement son intention, mais cerchoit des 
excuses et dilais les plus longs qu'il pouvoit, attendant 
si le tems aporteroit quelque nouvelleté qui des- 
tourbast ou rompit ce coup. Pour gaigner donques 
tems, il s'avisa de dire qu'il vouloit communiquer le 
fait aux Estas de ses pais souverains, par l'advis 
desquels les Rois et seigneurs, ses prédécesseurs, 
avoient tousjours marié leurs enfans héritiers. Il leur 
escrivit donques (comme j'ay veu par la mesmes 
lettre et la responce des Estas ^) que le roy François, 
son beau-frère, avoit cerché parti de mariage à sa 
fille, nièce d'iceluy, avec Guillaumes, duc de Clèves, 
Juliers et Gueldres, qui estoit un puissant et riche 
prince d' Alemaigne et tellement apparenté et allié 

4. Les remontrances des États de Béarn à ce sujet sont en tête 
du Ve volume des Etablissements de Béarn (Arch. des Basses- 
Pyrénées, G. 683). 



ET NAVARRE. 33 

avec toutes les principales maisons de cette grande 
province et nommément des Électeurs, que la dignité 
d'Empereur venant à vacquer, il n'y avoit prince en 
tout le pais qui fut pour y parvenir plustot que lui, 
ce que, s'il avenoit, apporteroit un grand honneur à 
luy d'estre beau-père et à sa fille d'estre femme de 
l'Empereur des Romains, premier prince des Chres- 
tiens ; outre le grand support que lui et eux en pou- 
voient espérer pour la défense des Estas qu'il possé- 
doit, et le recouvrement de ceux qui avoient esté ravis 
à ses ancestres et lui estoient retenus par tyrannie ; 
qu'il savoit qu'en accordant ce mariage, il feroit 
chose fort agréable au roi François, et au contraire 
très désagréable, et il ne vouloitlui desplaire en rien, 
ains désiroit de lui complaire en toutes les choses qui 
seroient en son pouvoir ; toutesfois qu'il n' avoit voulu 
rien arrester avant leur avoir connmuniqué le tout, à 
l'exemple des seigneurs, ses prédécesseurs, pour 
entendre leur advis sur ce fait qui n'atouchoit pas 
moins à eux qu'à luy ; qu'il les prioit donques y 
adviser meurement et luy envoyer le plustot qu'ils 
pourroient leur advis. Les Estas respondirent que 
tous bons mariages dévoient estre non seulement 
agréables aux parties, mais aussi profitables à tous 
ceux qui y avoient intérest ; mais que ceux des 
princes souverains dévoient sur toutes choses 
regarder le bien et profit de tous leurs peuples, 
qui avoit esté cause que les plus sages et plus justes 
Rois n'y estoient jamais entrez qu'avec l'avis de leurs 
sujets, qui estoient en cela les meilleurs conseillers 
qu'ils eussent sceu prendre, et avoit tousjours esté 
ainsi prattiqué en Navarre en Béarn, comme il appa- 

3 



34 HISTOIRE DE BÉARN 

raissoit par plusieurs actes. Combien donques que le 
mariage de madame la Princesse avec le duc de 
Glèves fut très honnorable, néantmoins il sembloit 
aux Estas estre fort préjudiciable à tous les sujets de 
Sa Majesté, qui par ce moyen demeureroient non 
seulement privez de pouvoir jamais voir leur prin- 
cesse et dame naturelle en défaut du père, laquelle 
pour estre née et nourrie en autre terre que la leur, 
leurs yeux n'avoient jamais eu cest heureux conten- 
tement de l'avoir peu voir seulement et perdroient 
par ce mariage toute espérance de la voir à l'avenir, 
après que le Duc l'auroit retirée en Alemaigne, comme 
vraysemblablement il feroit aussi tost qu'il l'auroit 
espousée. Et après que Dieu auroit appelée Sa Majesté 
(comme le commun ordre de nature, non troublé, 
est qu'en ce chemin les pères précèdent leur enfans et 
qu'ils succèdent aux pères) ses povres sujets seroient 
contraints d'aller cercher justice si loing hors de leur 
pais, non- seulement contre leurs fors, qui astraint les 
seigneur de leur y rendre en leur propre terroir, 
mais avec tant de grands peines et frais, que pour ne 
les pouvoir supporter, ils seroient forcez de quitter 
tout, pour ce que la despence qu'il leur conviendroit 
faire, excéderoitle profit qu'ils en pourroient espérer, 
outre que la plus part n'auroient moien de fournir 
seulement aux frais d'un si long voyage, d'ont avien- 
droit que le pais qui est assés povre seroit dedans peu 
d'années espuisé de toutes ses finances, pour ce 
qu'elles seroient transportées dehors et en lieu d'où 
le pais n'en retireroit onques aucune utilité , chose 
desraisonnable, car le prince doit dévider les deniers 
qu'il reçoit du peuple sur les lieux d'où il les prent. 



ET NAVARRE. 35 

afinque, par la vendition de leurs denrées, salaires, 
gaiges et soldes, les dits deniers puissent revenir es 
mains de ceux de qui il les auroit prins, et que par 
cette voie les sujets ayent tous les ans nouvelle 
resource pour fournir aux devoirs ordinaires, tout 
ainsi que la mer renvoie tous les jours aux fontaines, 
ruisseaux et rivières l'eau qu'ils lui rendent continuel- 
lement, et par ce mutuel prest et paiement perpétue 
leur cours. Que tant s'en faloit que cette alliance 
fortifiast Sa Majesté pour la défense ou recouvrement 
de ses estas, que plustot il l'affoiblissoit, d'autant 
qu'aiant l'Empereur, ancien ennemi de la maison de 
Navarre; la guerre avec ce Duc pour la duché de 
Gueldres qu'il prêtent lui appartenir, comme héritier 
de la maison de Bourgogne, elle ne pourroit moins 
faire que de favorir son gendre, et ainsi lui convien- 
droit despendre pour la défense d' autrui ce qu'elle 
auroit besoin pour la sienne propre, et de soustenir 
celui duquel elle espéroit d'estre soustenue ; outre que 
cela irriteroit l'Empereur, prochain voisin de ses estas 
souverains, et l'inciteroit d'y venir glaner ce que la 
moisson de Ferdinand , son grand - père, y avoit 
laissé. Que si cela n'avenoit et que le Duc parvint à 
la dignité impériale par le décès de l'empereur 
Charles, qui, par le cours de nature, n'estoit encor si 
prochain du jour de son trespas, outre que cela lui 
feroit mespriser le petit de sa femme, il se trouveroit 
si chargé des urgens affaires qui suivent ce grand 
estât, qu'il n'auroit loisir de penser seulement à ceux 
de sa femme et seroit si occupé aux guerres que la 
convoitise, l'ambition et le désir de vengence des plus 
grands princes succitent journellement, qu'il n'auroit 



36 HISTOIRE DE BÉARN 

moyen de venir en ces quartiers, si d'avanture l'Es- 
pagnol y vouloit rien attenter, comme il estoit à 
craindre, mesmes quand le dit Duc, n'estant retenu 
par aucune juste occupation, auroit la volonté de venir 
secourir les pais de sa femme, on ne savoit si le roy 
de France luy voudroit accorder le passage pour 
n'irriter l'Espagnol ou peut estre que lui mesme vou- 
droit conquester le pais pour soy, car on ne savoit 
si la bonne affection du roi François demeuroit tous- 
jours telle qu'elle estoit maintenant, ou si son succes- 
seur succéderoit aussi bien en la bonne amitié envers 
ses parens, alliez et amis, qu'il feroit à sa grande 
puissance, car les l^ommes sont sujets à changement 
de volontés, et la mort romp les plus forts liens 
d'amitié et les plus fermes alliances. Qu'il n'estoit pas 
question en ce mariage des affaires de quelque peu 
de tems, mais peut estre de tousjours mais, car 
Madame la Princesse laissera, s'il plaist à Dieu, des 
enfans qui en feront d'autres, et ceux-là encor d'au- 
tres qui retiendroient toujours Navarre et Béarn sous 
la domination des Allemans. Mais puis qu'il plaisoit au 
roi François d'avoir tant de soin de bien marier sa 
niepce, de quoy tous les Estas se sentoient grande- 
ment obligez à Sa Majesté et l'en remercioient très 
humblement, ils supplioient La Majesté du père 
qu'encores que Madame la Princesse, sa fille, ne fut 
arrivée en l'aage, que quelque nécessité ou commo- 
dité, plustot que l'honnesteté, permettoit le mariage 
aux filles, qu'il luy pleust procurer mari en France 
plus tôt qu'en Alemagne et la marier avec quelque 
prince François, non pas Aleman, et ils espéroient, 
s^il plaisoit à Sa Majesté d'en prier à bon escient le 



ET NAVARRE. 37 

roi de France, qu'il accorderoit qu'un prince de sa 
maison et de son sang espousast sa niepce, plustot 
qu'un prince estranger. Que les maisons de Navarre et 
Béarn qui de long tems avoient commencée et con- 
tinuée l'allience avec celle de France s'en estoient 
tousjours si bien trouvées, que tout le pais craignoit 
qu'il lui mesavint sy maintenant on en vouloit cer- 
cher une nouvelle ailleurs. Et la situation de Navarre 
et Béarn qui abotissoient avec la France sans aucune 
séparation de rivières, mers ne montaignes, faisoit 
clcrement voir aux plus aveugles qu'il n'y avoit 
alliance en toute la chrestienté si sortable pour eux 
que la Françoise, pour ce que la couronne de France 
outre sa grande puissance avoit meilleur commodité 
de leur bien ou mal faire que toute autre. Que tous 
les Estas supplioient donques Sa Majesté de prendre 
en bonne part qu'ils le suppliassent avec toute la révé- 
rance et humilité qu'ils lui dévoient de cercher mari 
à Madame la Princesse, sa fille, de la maison de 
France, et de ne vouloir donner consentement au ma- 
riage du duc de Clèves, qui ayant quelques commo- 
dités en apparence, avoit de si grandes incommodités 
en effect et, pour un petit profit incertain qu'il sem- 
bloit promettre, apportoit plusieurs maux très certains 
à tous ses sujets, à quoy il lui supplioient vouloir 
avoir esgard, comme tous Princes dévoient sur toutes 
choses faire, et où il ne lui plairoit d'admettre leur 
très humble remonstrance, ils supplioient très humble- 
ment Sa Majesté prendre en bon part, s'ils protes- 
toient devant Dieu et toute la terre de leur non consen- 
tement et de la violence qui par ce mariage seroit fait 
à leurs fors, libertés et coustumes qui porloient que 



3S HISTOIRE DE BÉARN 

les enfants héritiers de leurs Rois ou seigneurs ne 
seroient mariez sans l'avis et consentement des Estas 
du pais. Le père eut désiré d'accorder leur remons- 
trance aux Estas et de suivre leuradvis, mais l'oncle, 
qui s'asseuroit de tirer de grands commoditez de l'Ale- 
magne pour faire la guerre à l'Empereur par le 
moien de ce Duc, ne peut estre destourné de son inten- 
tion pour chose qu'on luy sceut alléguer et y estoit si 
ahurté que le très grand regret qu'il connoissoit au 
beau-frère, ni les pleurs de la niepce, qui fondoit en 
larmes toutes les fois qu'on lui en parloit, n'eurent 
pouvoir de le faire desmordre de son opinion. Le ma- 
riage fut donques accordé contre la volonté du père, 
et le 1 5 juillet la célébration des nopces fut faite à Chas- 
teleraut^ avec tous les triomphes et pompes dignes 
de la grandeur d'un si grand Roy, mais contre la 
volonté de l'espousée et du père, qui le souffrit pour 
n'irriter le François, plus tôt que consentit, et la fille 
n'y osa ouvertement contredire, tant pour la crainte et 
le respect de son oncle que de sa mère (la volonté de 
laquelle le frère avoit gaignée), que pour l'honeste 
érubescence de son sexe et aage, car elle n'avoit en- 
cores atteint le tems auquel les loix politiques ottroyent 
aux filles de donner consentement de mariage. Néant- 
moins soit qu'elle fut ainsi conseillée ou que cela vint 
d'elle mesme, elle fit secrètement retenir un acte de 
protestation * de son non consentement et de la 
violence faite à sa volonté par l'autorité de son oncle, 



1. Ghâtellerault (Vienne). 

2. Deux protestations autographes de Jeanne d'AIbret sont 
conservées aux Arch. des Basses-Pyrénées, E. 573. 



ET NAVARRE. 39 

et comme le cardinal de Tournon ' , le jour des 
espousailles, la pressoit par trois diverses fois de dire 
si elle vouloit ce mari, elle ne respondit jamais ouy ne 
non, mais seulement lui dit : ne me pressez point 
(ainsi que Sa Majesté m'a autrefois dit) . Le soirl'espous 
fut mené en la chambre et au lict de l'espousée, 
auquel il mit l'un pié seulement en la présence de 
l'oncle et des père et mère de la fille et de tous les plus 
grands seigneurs et dames de la cour, qui ne bougèrent 
de là qu'ils n'eussent mis dehors le po\Te espous pour 
aller coucher ailleurs, ainsi il n'eust de tout ce mariage 
que du vent et quelques festes et cérémonies matrimo- 
niales sans nul effect et consumation. Peu de jours 
après le Duc, ayant ouy nouvelles que l'Empereur 
ravageoit toutes ses terres et qu'il s'estoit déjà emparé 
d'une partie d'icelles, s'en retourna en Alemagne où, 
s' estant raccointé avec l'Empereur, il quitta sa femme. 
Et après que l'an 1 542, à Tours, ce mariage eust esté 
déclaré nul par quelques cardinaux délégués juges in 
partibus par le Pape pour connoistre dudit mariage, 
comme fait par force et avec une partie (jui, pour la 
minorité de son aage, n'avoit puissance de rien pro- 
mettre, donner, accepter ny stipuler, et pour la crainte, 
respect et autorité de son oncle n'avoit osé déclarer sa 
volonté. [J'ay adjouté icy la sentence]. Ledit Duc se 
maria depuis avec Madame Marie, fille de Ferdinand, 
roy d'Hongrie et frère dudit Empereur. Et l'an 1 54-8 
en octobre, à Molins en Bourbonois, Henry H, roy de 
France, maria ladite Princesse avec Antoine de Bour- 



\. François de Tournon, né en 1489, archevêque d'Embrun, 
Bourges, Auch et Lyon, cardinal d'Ostie en 1530, mort en 1562. 



40 HISTOIRE DE BÉARN 

bon, duc de Vendosmois, premier prince du sang de 
France et légitime successeur de la couronne, avenant 
le décez des enfans masles dudit roy Henry, sans laisser 
postérité masculine, ce que ledit Henry confessa et 
advoua et voulut qu'il fut couché au contract du ma- 
riage \ et qu'en cette qualité ledit Duc espousast ceste 
Princesse. Après les nopces, le père et la mère me- 
nèrent la fille et le gendre en Béarn, où la fille n'avoit 
encoresjamais esté. Et l'an 1 549, le %\ décembre, tres- 
passa Marguerite, roy ne de Navarre ; cette princesse 
a surmonté en savoir, charité et piété toutes les dames 
de ce siècle. Elle aimoit fort les lettres, et sur tout la 
lecture de la parole de Dieu estoit son plus ordinaire 
exercice, par laquelle elle s'estoit tellement asseurée 
des mystères de la foy chrestienne, qu'il y avoit peu 
de théologiens qui en parlassent ou escrivissent avec 
plus de pureté et de profondité. Le roy Henry vescut 
cinc ans après sa femme et trespassa à Haget-Mau ^ le 
%'6 de may 1555. Il fut enterré à Lescar % auprès de 
sa femme, au sépulchre de ses ancestres. Aux funé- 
railles se trouvèrent la noblesse de Navarre et Béarn et 
de toutes les autres terres qu'il possédoit en France, et 
les députez des villes tous vestus de dueil^ Ses convoy, 

1. Le contrat de mariage existe aux Arch. des Basses-Pyrénées, 
E. 574. 

2. Hagetmau, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Saint- 
Sever (Landes). 

3. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau. Ancien 
évêché. La cathédrale était le lieu de sépulture des souverains de 
Béarn. 

4. Ce deuil était payé par les communes. On trouve dans les 
registres des notaires de Lagor (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 
1335) une obligation de 14 écus par les habitans de Lagor en 



ET NAVARRE. 41 

obsèques et enterrement furent avec toute la magnifi- 
cence qu'il estoit possible, mais le dueil que tout le 
peuple fit et le triste regret que tous enportèrent 
estoient la pompe plus solennelle et le plus grand 
honneur de toute cette action, car le peuple ne pou- 
voit essuyer ses larmes, ne retenir ses pleurs, quand 
il lui souvenoit d'avoir perdu plustot son père que son 
Roy ou seigneur. La valeur de ce Prince n'a peu estre 
bien connue pour n'avoir eu autant de seigneurie que 
de vertu, et s'il n'eust esté adonné aux femmes tant 
qu'il estoit, il eut esté irrépréhensible. Il aimoit son 
peuple comme ses propres enfans et leur procuroit 
tous moyens pour les enrichir et les retirer d'oisiveté 
et desbâuche, et d'autant que le peuple cultivoit mal 
les terres et la plus grande partie demeuroit en friche, 
il en fit desfricher une grande quantité à ses propres 
despens et fit venir de Santonge des laboureurs , 
afinque le peuple apprint d'eux le labourage^; comme 
aussi il fit venir de France des ouvriers de laine et des 
tinturiers pour faire des fins draps en Béarn *. Il en fut 

faveur d'Antoine d'Ossau, marchand de Lescar, qui avait fourni 
da drap noir pour la robe, le chaperon et le bonnet de Bernard 
du Sabater. député de Lagor aux obsèques de Marguerite, femme 
de Henri H, roi de Navarre. 

1. En effet il existe des conventions entre Henri îl, roi de 
Navarre, et des laboureurs des environs d'Angoulême qui s'enga- 
geaient à travailler au parc de Pau (Arch. des Basses-Pyrénées, 
E. 1993) et des baux de terres à cultiver donnés à des laboureurs 
du même pays par Thomas Rocher, prêtre de Normandie, com- 
missaire du roi de Navarre pour le parc de Pau, en 1554 (E. 1994). 

2. Une manufacture royale de drap et une teinturerie existaient 
à Nay avant 1560. Un riche marchand de cette ville, Dominique 
Ferran, en était le directeur. Les teinturiers étaient des 
ouvriers étrangers au Béarn; ils exerçaient à Oloron dès 



42! HISTOIKE DE BÉÂRN 

venu un grand profit au pais pour ce qu'ils eussent 
eu meilleur conte des matières que ceux qui les font 
en France, car les fines laines d'Espagne qui vont en 
France passent par Béarn et les pastels leur sont voi- 
sins. Mais encore que les terres ayent esté depuis plus 
et mieux labourées , néantmoins le lanifice n'a esté 
nullement poursuivi. L'amour de la justice (qui est la 
vertu qui fait plus chérir un Prince, d'autant que c'est 
celle dont les suites ont plus d'affaire et d'expérience 
et de laquelle l'usage et l'exercice est le plus continuel 
et du fruit de laquelle plus de gens se resentent ordi- 
nairement) n'est oit pas moindre en ce Prince que la 
charité du peuple. Car d'autant que la justice crimi- 
nelle estoit es mains d'un seul juge, qu'on nommoit 
juge des crimes, qui n'avoit pas grande autorité et ne y 
pou voit seul satisfaire, le pais estoit remply de que- 
relles et bandes, d'où procédoit une infinité de meur- 
tres, et les adultères y estoient fréquens, encores 
qu'ils y soient punis de la peine du fouet, il érigea une 
chambre criminelle par laquelle les maléfices furent, 
sinon du tout abolis, au moins de beaucoup amoindris. 
Surtout ce Prince estoit fort retenu aux grâces qui sont 
la pépinière des plus grands maux qui régnent aux 
seigneuries, car l'impunité est un grand alèchement 
au mal. Il n'en donnoit donques que fort peu et celles 
de justice apparente et non par faveur. On dit de luy 
qu'estant un jour fort importuné par le sieur de 
Montesquieu, sien fort favori, de donner grâce à un 

1538 (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1732, 1735, 1772). Toute- 
fois Henri II de Navarre ne fit qu'encourager l'industrie des 
teinturiers, car il y en avait à Nay dès 1501 (même dépôt, E. 
1714). 



ET NAVARRE. 



43 



criminel détenu aux prisons, il luy refusa avec grande 
constance, et ayant sceu que le criminel lui avoit 
promis un cheval d'Espagne, luy en envoya un des 
plus beaux de son escurie, et commanda que le détenu 
fut exécuté selon ses démérites. Une autre fois que 
Jaques de Foix, évesque de Lescar^ le jour qu'on 
appelé Vendredy-Saint, pensant mieux délivrer, l'im- 
portunant de la grâce d'un autre criminel, le supplioit 
de lui accorder au nom de Jésus-Christ, qui en pareil 
jour avoit esté mis au gibet de la croix, luy refusa, 
disant que justifier et relascher le meschant estoit 
deshonnorer, non pas honnorer Jésus-Christ et Dieu 
son père, et le fit exécuter ce mesme jour. J'ay adjousté 
ces deux exemples pour ce qu'ils sont fort notables et 
dignes d'estre suivis. Or d'autant qu'il y avoit au pais 
plusieurs divers fors et en iceux beaucoup de choses 
absurdes et d'autres desquelles le tems avoit changé 
l'usage; car les valées d'Ossau, Aspe et Barétons et la 
ville d'Oloron avoient chacune le sien particulier, et 
Morlas un autre qui estoit suivi par tout le reste du 
pais, dont procédoient plusieurs troubles aux affaires 
du peuple; l'an 1 551 et le 26 de novembre ledit Henri, 
avec l'avis des Estas du pais, les réforma et les renou- 
vella et les réduisit tous en un, qui tous jours depuis a 
esté suivi en tous jugemens *. Sa prudence peut estre 



1 . Fils de Gorbeyran, comte de Rabat, marquis de Foix ; 
d'abord évêque d'Oloron de 1521 à 1534, chancelier de Béarn, 
évêque de Lescar, 1533 à 1553, lieutenant-général pour Henri II, 
roi de Navarre. 

2. L'original de ces fors est un manuscrit in-4° de 122 feuillets, 
papier (Arch. des Basses - Pyrénées , G. 678). Le texte a été 
souvent imprimé jusqu'en 1790. La première édition est de 1552, 
imprimée à Pau par Jean de Vingles et Henri Poyvre. Quant 



44 HISTOIRE DE BÉARN 

connue par deux autres exemples, car se voyant logé 
entre la France et l'Espagne et n'osant désobéir au 
François ne desplaire à l'Espagnol, il demeuroit en 
continuelle crainte que l'un ou l'autre saisit son pays 
de Béarn pour s'accommoder contre son ennemi et se 
faciliter l'entrée en ses pays. N'osant faire démonstra- 
tion de sa deffiance, pensant sagement en tems de paix 
de la guerre, il s'avisa de faire trouver bon au roy 
François, qu'il fortifiast une ville en sa souveraineté 
de Béarn qui pourroit servir, disoit-il, à l'avenir pour 
arrêter l'Espagnol, s'il vouloit entrer en France par ce 
costé, ainsi qu'autrefois avoit fait le prince d'Orange. Il 
fit donc fortifier la ville de Navarrens^ pour pouvoir 
à loisir cercher parti avec l'un de ses voisins, si l'autre 
lui commençoit la guerre, cette ville ne doit aujour- 
dhuy rien de fortification et de munitions de guerre à 
autre place forte. Et pour ce que les forteresses 
seroient plus dommageables que profitables, si on 
n'avoit le moyen de les fournir promptement de gens 
de guerre au besoin, ayant divisé tout son pays en six 
quartiers ^, appelez parsans, il y dressa aussi six capi- 
taineries, une pour chascun parsan , et establit en 
chacune un capitaine homme de cœur et d'expériance 

iaux anciens fors de Béarn, le manuscrit unique, copie du 
xive siècle, sur papier, est conservé au même dépôt (C. 677). Ces 
derniers ont été publiés et traduits par MM. Mazure et Hatoulet, 
Pau, in-4°, sans date. 

1. Les travaux furent dirigés de 1543 à 1548 par deux ingé- 
nieurs, l'un Italien, Fabrici Siciliano, l'autre Français, François 
Girard, sieur de Garris, de Bayonne. Ce dernier est désigné 
quelquefois simplement comme maître maçon (Arch. des Basses-' 
Pyrénées, E. 1620, f" 192). 

2. Pau, Moriaas, Nay, Oloron, Orthez et Sauveterre. 



ET NAVARRE. 



45 



au fait de la guerre, à chacun desquels furent payez 
tous les ans seulement le sergent, l'enseigne et le 
tabourin. Et afin que le peuple se trouvast armé à la 
nécessité, il fit faire dedans le pays et apporter de 
dehors grande quantité d'harquebuses qui furent 
départies à tous ceux qui avoient moyen de les payer, 
les entretenir et maintenir. Tousjours depuis cest ordre 
de militie a esté entretenu et se treuvent aujourdhuy 
plus de six mille harquebusiers ensemble dedans vingt 
et quatre heures, toutes les fois que ces six capitaines 
leur commandent. Pareillement se souvenant de n'avoir 
peu jouir ne disposer de sa fille, qui avoit esté tous- 
jours nourrie en France sous la puissance de son oncle 
le roy François, estant grosse poui* la seconde fois, il 
la fit venir faire ses couches en Béarn, afin que l'en- 
fant fut nourri auprès de soy, et au pays auquel avec le 
tems il devoit dominer. Elle s'accoucha donc à Pau, le 
douze décembre \ 553 de Henri III, à présent régnant 
en France et Navarre ^ De son tems advint une chose 
mémorable en Béarn, laquelle plusieurs ont escrit, à 
savoir l'an 1543 et le 14 de may la ville de Nay (lieu 
de ma demeure) se brusla tout à plat avec ses faux- 
bourgs et ne demeura le feu (chose esmerveillable) 
plus de trois heures , et l'endemain on ne trouvoit 
de tout ce grand embrasement charbons, brasier ne 
cendres. Et estoit la flamme si violente qu'elle ne 
donnoit respit ne loisir de l'esteindre, car elle sauteloit 
d'un costé à l'autre avec telle vitesse, qu'à peine ceux 
de l'une rue estoient accourus au secours de l'autre 



1. Ce passage indique que la rédaction de 1' « Histoire de 
Béarn et Navarre » est postérieure à 1589. 



46 HISTOIRE DE BÉARN 

qu'ils voioent leurs maisons embrasées. Et combien 
que le clocher fut fort haut, si se print le feu plustot 
au sommet d'iceluy qu'au corps du temple \ et tout ce 
qui se monstroit dessus l'eau des meubles qu'on y jettoit 
pour les conserver estoit incontinent allumé et se brus- 
loit jusques à fleur d'eau. Bodin ^ a voulu rendre 
quelque raison naturelle de ce feu ; quelques autres ont 
escrit qu'il estoit provenu du ciel, mais il est certain 
qu'un petit garçon, qui est encores aujourdhuy vivant, 
par inadvertance, comme il cerchoit un esteuf ^ sous 
le lict, y mit le feu avec une chandelle et les bastimens 
qui estoient faits de bois de sapin et couverts de bar- 
deau de fau % prinrent incontinent le feu et jettèrent 
sy prompte flamme, qu'elle fut aussi tost espandue 
par toute la ville. 

Ce Roy fut gouverneur et amiral de Guienne, car le 
roy François joingit ces deux estas pour plus honnorer 
ce prince son beau-frère. De son temps l'an 1548 fut 
la sédition des gabeleurs en Guienne, esmeue premiè- 
rement en Santonge par le peuple menu, à cause de 
quelques imposts nouveaux que le roy Henri II avoit 
mis sur les salines. Cette furie populaire s'espandit 
incontinent par toute la Guienne, avec tant d'insolences 
et cruautez que plusieurs officiers du Roy et autres 
notables personnages furent massacrez et leurs mai- 
sons pillées, et ne falloit pour incontinent fere massacrer 



1. Ce clocher avait été construit en 1504 (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. 1715). 

2. Jean Bodin, né en 1530, mort en 1596. Auteur de La Répu- 
blique, La Démonomanie, Theatrum universce naturœ. 

3. Balle pour jouer. 

4. Bardeau de hêtre (fagus). 



ET NAVARRE. 47 

un homme que crier au gabeleur. En la ville de Bor- 
deaux, où la présence et respect du lieutenant de Roy 
qui estoit en la ville et de la cour de Parlement devoit 
contenir le peuple en quelque crainte et révérance de 
l'autorité du Roy, furent exercées les plus grandes 
insolences et plus brutales cruautez, car le d'auost \ 
le seigneur de Moneinh % gentilhomme béarnois, lieu- 
tenant général en Guienne, en absence d'Henry, roy de 
Navarre, sorty du Chasteau-Trompette, où il s' estoit 
retiré à la persuasion du président La Cassaigne ', 
envoyé vers luy par tous le cors du Parlement, pensant 
par la présence dudit lieutenant faire retirer la popu- 
lasse, qui au son de la grande cloche de Saint-Aliege * 
avoit pris les armes, fut inhumainement massacré par 
quelques belistres sur la porte de la maison de la Mai- 
rerie avec le sieur de Montolieu ^ aux Landes et un 
autre gentilhomme. Ce mesme jour le receveur An- 
draut qui deux jours auparavant avoit esté mis es 
prisons de la maison de la ville par un pastisier de la 
rue Boqueire' , en fut tiré et massacré avec les fers aux 

1. La date du jour manque. 

2. Tristan, baron de Monein, gouverneur de Bayonne, marié à 
Françoise de Lomagne, dame de Montignac (Arch, des Basses - 
Pyrénées, E. 1478). 

3. Geoffroy de Lachassaigne. 

4. La porte Saint-Eloi (en gascon Seint-Elegi) près l'emplace- 
ment actuel de La Grosse Cloche. (Arch. municipales de Bordeaux. 
— Livre des Bouillons (p. 249), in-4°, Bordeaux, imp. Gounouilhou, 
1867). 

5. Montaulieu, commune et canton d'Arjusanx, arrondissement 
de Mont-de-Marsan (Landes). 

6. La porte Béqueyre ou Bégueyre se trouvait vers l'extrémité 
méridionale de la rue du Pas-de-Saint-Georges. (Livre des Bouil- 
lons, p. 249). 



48 HISTOIRE DE BÉARN 

piés, comme furent aussi un cordelier du couvent de 
Bazas et un jeune advocat sur le fossé Saint-Aliege ; et 
le président La Cassagne, homme vénérable tant pour 
la dignité de son office que par son aage, savoir et 
vertu, fut constraint par cette enragée populasse de 
luy servir de capitaine, marchant devant elle par ville. 
Et ceux qui passaient auprès du cors mort du lieutenant 
de Roy, qui gissoit nud sur la rue, ensanglantoit le fer 
de leurs piques dedans ses playes, et branslans lesdites 
piques jettoient plusieurs cris de joyeuses acclama- 
tions, comme en un triomphe de victoire. J'estois 
escolier en cette ville et fus spectateur de toute cette 
tragédie, de laquelle un orfèvre, un chausetier, un 
scellier et un pastisier estoient les principaux auteurs 
et conducteurs. La fureur de ses mutins ne dura guère 
plus de vingt-quatre heures et la cour de Parlement 
commença d'en faire justice bien tost après, de ma- 
nière que plusieurs avoient jà esté exécutez par le 
bourreau, quand Anne de Montmorenci \ connestable 
de France, avec une armée entra en la ville par la 
porte des Augustins ^, non pas par la bresche, comme 
dit Paradin ^. Le sieur de Saut \ capitaine de la ville, 
eust la teste tranchée pour ne s'estre opposé aux 
séditieux avec le courage et la diligence que le fait 

1. Né en 1493, maréchal de France en 1522, connétable en 
1538, mort en 1569. 

2. Le couvent et par conséquent la porte des Augustins étaient 
situés à l'est de la porte d'Aquitaine actuelle, à l'extrémité méri- 
dionale du prolongement de la rue Sainte-Catherine. 

3. Guillaume Paradin, né en 1510, mort en 1590, auteur d'une 
« Histoire de notre temps » Lyon, 1550, in-16. 

4. Raymond Dessault, écuyer, avait été nommé, le 25 juillet 
1 548, jurât de Bordeaux quoique déjà capitaine de la ville. 



ET NAVARRE. 49 

requéroitet son frère pour leur avoir rendu le chasteau 
du Hart \ duquel il est oit capitaine, et L'Estonna *, 
jurât, pour s'estre mis avec quelques hommes dedans 
le chasteau Trompeté où Monsieur de Moneinh avoit 
laissé le sieur d'Arros en Béarn ' avec trois ou quatre 
autres gentilshommes. Dedans ce chasteau n'habitoit 
personne qu'un basque, avec grâce, pour fermer 
seulement les portes, et lorsque le lieutenant de Roy s'y 
retira, il n'y trouva nulles vivres ny poudres, et y 
vescut deux jours de la place et de la taberne , tant la 
longue paix avoit rendus nonchalens ceux qui avoient 
la principale charge de cette forteresse très importante 
pour la conservation de toute la Guienne. 

Or pour n'obmettre rien qui serve à l'histoire de 
Navarre, j'ay icy adjousté ce qui fut fait en la haute 
Navarre l'an 1 551 . L'empereur Charles donques 
espérant de faire tomber la couronne impériale sur la 
teste de son filsPhilipe, par la renonciation de la dignité 
de roy des Romains par Ferdinand, roy d'Hongrie, 
frère du père, manda à son fils de le venir trouver en 
Flandres, mais qu'avant de partir d'Espagne il se fit 
reconnoistre et recevoir Roy en tous ses estas et prin- 
cipalement aux Navarrois, desquels pour estre de 
nouvelle conqueste, il se doubtoit plus que des autres. 
Philipe, jà empereur par fantasie, avoit telle haste de 
partir qu'il ne pouvoit prendre le loisir de venir en 
personne en Navarre, mais demandoit aux Estas d'estre 

1. On trouvera un plan du château du Hâ, situé à Bordeaux, 
dans le tome VIII des Archives Historiques de la Gironde, p. 
463. 

2. Jean de Lestonnac. 

3. François, baron d'Arros. 

4 



*S0 HISTOIRE DE BÉARN ET NAVARRE. 

receu par procureur à faire et recevoir les sermeos 
accoustumez en la réception des nouveaux Rois. Les 
Estas y firent résistance et ledit Philipe vint à Tu- 
delle, où le 26 d'aoust il fut reconnu et receu pour Roy 
et fit le serment aus dits Estas et eux à iuy. Entre 
autres choses le jurement du Roy contenoit qu'il ne 
mettroit gouverneurs, capitaines ne garnisons aux 
places fortes ni officiers de la justice que Navarrois 
naturels, mais tout ainsi que lors qu'il le juroit, il 
n'avoit aucune volonté de le tenir, aussi n'en fit-il rien 
après le jurement, car les forteresses et les principaux 
estas de la justice demeurèrent et sont encores aujour- 
dhuy es mains des Castillans. Voilà comme les Princes, 
qui ne reconnoissent autre Dieu que leur force, ni loy 
que leur ambitieuse convoitise, sans aucune crainte de 
Dieu ni honte des hommes, osent jurer publiquement 
tout le contraire de ce qu'ils font etontarresté de faire, 
et pensent s'estre bien acquitez de leur devoir, si 
seulement ils ont juré de le faire. Mais le jurement 
oblige la conscience et l'observation d'iceluy l'acquitte. 
Et celuy est plus coulpable qui jure le bien qu'il ne 
veut fere que celuy qui fait le mal sous jurement de ne 
le faire. Et les Estas lui firent le jurement de fidélité et 
hommage avec toutes les cérémonies requises, le sacre 
et le couronnement exceptez qui furent réservez 
jusques après le décez du père. 



LIVRE SIXIEME 



JEÀNE II ET ANTOINE DE BOURBON V 



Tout ainsy que toutes les roynes Jeanes ont esté 
malheureuses et funestes au royaume de Naples, au 
contrere elles ont aporté tout bonheur au royaume de 
Navarre, lequel par toutes ses Jeanes est entré en la 
coronne ou en l'alliance de France, car Jeane première 
de ce nom, fille d'Henry, roy de Navarre, fut femme de 
Philipe le Bel, roy de France et de Navarre, Jeane II, 
fille de Loys Hulin, roy aussi de France et de Navarre, 
espousa Philipe d'Evreux, prince du sang françois, et 
Jeane troisiesme, fille d'Henry second, roy de Navarre, 
Antoine de Bourbon, père d'Henry III qui, de roy de 
Navarre, est parvenu à la corone de France par la suc- 
cession de son dit père, ainsy qu'il appert par la généa- 
logie suivante de la maison de Bourbon, laquelle j'ay 
pensé devoir icy représenter au vray, auparavant 
d'entrer au narré de la vie desdits Antoine et Jeane. 

(Nous n'avons pas cru devoir reproduire la généa- 
logie de Bourbon qui n'ofifre aucun fait nouveau, mais 



52 HISTOIRE DE BÉARN 

qu'il était indispensable à Nicolas de Bordenave 
d'insérer dans une histoire de Navarre). 

Je retourne donques aux affaires de Navarre. Jeane, 
fille unique et héretière d'Henry, et Antoine de Bourbon, 
son mari, furent receus des Navarrois de la basse 
Navarre pour roy et royne de Navarre, et des Béarnois 
pour seigneurs souverains de Béarn. Tous leur firent 
le serment de fidélité et l'hommage accoustumé à tous 
nouveaux Rois et seigneurs, mais il y eût du commen- 
cement quelque contestation sur ce fait : les Navarrois 
et Béarnois refusoient de faire le jurement au mari et le 
vouloient faire à la femme seulement, et le Roy deman- 
doit qu'ils le fissent à luy seul comme seigneur de sa 
femme et de tous ses biens. La Royne s'i accordoit pour 
complaire au mari, alléguant puisqu'elle, qui estoit leur 
Royne et dame, le reconnoissoit pour son seigneur, 
qu'ils dévoient faire le mesme, car le mari est seigneur 
de la personne et biens de sa femme. Les Estas res- 
pondoient y avoir grande différence entre la seigneurie 
maritale et la royale, que Dieu et nature donnoient au 
mari seigneurie amiable sur la personne de sa femme 
pour la conduite et défense d'icelle en toute amitié, 
douceur et équité; et les loix vouloient que le mari 
fut usufrutuaire des biens de sa fename, mais non pas 
seigneur directe ne mesme propriétaire. Et l'hom- 
mage et serment de fidélité n'estoient deus qu'au 
souverain seulement; qu'elle estoit leur vraye et 
naturelle Royne et dame et luy par accident, à cause 
d'elle et comme son mari, et si elle venoit à défaillir, 
il ne seroit plus leur Roy ou seigneur ni eux ses vas- 
saux et sujets, mais le droit reviendroit à leurs enfans 



ET NAVARRE. 53 

OU en défaut d'eux au plus prochain de la Royne, qui 
par les loix, fors et coustumes de Navarre et Béarn, 
seroit appelé à la succession. Toutesfois après longue 
altercation l'hommage et le jurement furent faits con- 
jointement à tous deux. Bientost après le mari et la 
femme reprinrent le chemin de France, laissant le 
prince Henry, leur fils, sous le gouvernement de 
Susanne de Bourbon, femme de Jean d'Albret, sieur 
de Mieussens ^ Et l'an 1 557 firent ériger en duché 
leur seigneurie ou sirauté d'Albret, laquelle jusques 
lors leurs prédessesurs avoient possédée en titre de 
sires. 

Dès lors la religion réformée (qu'on appeloit secte 
ou hérésie luthérienne) se multiplioit fort par toute la 
France où en plusieurs bonnes villes l'exercice d'icelle 
se fesoit secrettement. Une grande partie des gentils- 
hommes et officiers desdits Roy et Royne, ayant 
abjurée la religion romaine, fesoient profession de 
cette religion et désiroient d'en avoir exercice à la 
suite de leur maistre et maistresse. Par ainsi n'ayans 
peu recouvrer ministre à Paris (où l'église réformée 
commençoit de se fortifier) le sieur de Saint-Martin ^ 
pour en avoir un fut envoyé par ses compagnons à 
Genève, où beaucoup d'honmies doctes tant aux bonnes 
lettres que langues s'estoient retirez pour éviter les 
feus qui estoient allumés en France contre tous ceux 
qui parloient mal des traditions de la Papauté ou les 

1. Miossens, canton de Thèze, arrondissement de Pau (Basses- 
Pyrénées), l'une des douze baronnies de Béarn. 

2. Nous pensons qu'il s'agit de Pierre de Saint-Martin, alors 
auditeur à la Chambre des Comptes de Pau (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. 1997). Il mourut en 1595. 



54 HISTOIRE DE BÉARN 

quittoient. Le 14 d'octobre il fut de retour à Pau en 
Béarn, où la cour de Navarre fesoit lors son séjour, 
avec François Le Gay autrement dit Bois-Normand ou 
La Pierre \ homme docte et ayant grande connois- 
sance de la langue hébraïque^, esleu ministre pour 
l'Église de la maison desdits Roy et Roy ne. Il fut con- 
duit du commencement en la maison du sieur de 
Masères lez Pau^, où ilprescha le dimanche prochain 
publiquement au temple au prosne de la messe parro- 
chielle. Quelques-uns, tant de la cour que de la ville, 
assistèrent à sa prédication, lesquels voulurent qu'il 
allast faire sa demeure et l'exercice en la ville, ce 
qu'il fit et plusieurs [abjurèrent la religion romaine et 
receurent la réformée ^] . Cela fut incontinent divulgé 
par tout le voisinage, de manière que de tous les quar- 
tiers de Béarn et lieux circonvoisins de Gascogne, 
hommes et femmes de tous aages et qualité y accou- 
rurent. Mais, pour ce que le tems les contraignoit de 
faire les assemblées de nuict, ils furent incontinent 
diffamez de toutes les vilainies desquelles les Nico- 
laites, Gnostiques et autres exécrables hérétiques 
furent jadiz entachez. 

C'est une ruse de Satan pour rendre odieuse et haye 



1 . Ce ministre se fixa plus tard à Navarrenx où nous le trou- 
vons encore témoin d'un contrat de mariage le l»"" juillet 1589 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1641, f" 208). 

2. On a ajouté : qui fut. 

3. Mazères, canton de Pau-Ouest, arrondissement de Pau 
(Basses- Pyrénées). — François, seigneur de Mazères et de Lezons, 
fut capitaine du château de Pau (Arch. des Basses-Pyrénées, 
E. 1990 et 1992). 

4. Variante : plusieurs quittèrent la religion catholique et prin- 
rent la prétendue réformée. 



ET NAVARRE. 55 

la doctrine de l'Evangille qui seule peut troubler son 
repos et ruiner son règne, de diffamer les pasteurs et 
les brebis de tous les plus abominables forfaits qu'on 
puisse penser ou dire. Mais le temps descouvrit cette 
calomnie et la probité du ministre ferma la bouche 
aux calomniateurs. Par sa diligence, plusieurs églises 
furent dressées non-seulement en Béarn mais aussi en 
Guienne, tant deçà que de là la Garonne. 

Or combien que le roi Antoine vid fort volontiers le 
ministre et conmiuniquast souvent familièrement avec 
luy des points desquels les deux religions sont en 
controverse, néantmoins il n'abjura jamais la sienne 
et ne se rangea poinct à l'autre. Mais pour cela il ne 
peut éviter le supçon [d'estre luthérien] et de sentir 
mal de la religion [romaine], car le bruit courut incon- 
tinent par tout qu'un prédicant luthérien estoit à sa 
suite, et ceux de sa maison qui fesoient profession de 
la religion romaine ^ en donnoient les avertissemens. 
Et comme il n'y a rien tant isnel ' que la renommée, 
aussi ces bruits parvindrent incontinent jusques à 
Rome où estoit lors George, cardinal d'Armaignac^ 
avoué parent de la royne de Navarre, qui escrivit 
soudain audit Roy que le Pape avoit entendu que Sa 
Majesté favorisoit les hérétiques luthériens, voire les 
entretenoit en sa propre maison, ce qui avoit telle- 
ment fasché Sa Sainteté, qu'elle avoit esté en délibé- 
ration de fulminer à l'encontre de luy. Henry, roy de 
France, lui escrivit le mesmes avec grandes menaces. 

1. Variante : catholique. 

2. Rapide. 

3. Évêque de Rodez, archevêque de Toulouse, puis d'Avignon, 
mort en 1585. 



56 HISTOraE DE BÉARN 

Ces lettres intimidèrent tellement ce Prince [qui estoit 
d'un esprit inconstant et craintif] qu'il fit donner 
congé audit ministre qui s'en retourna à Genève. Mais 
quelque temps après il fut rappelé et treuva ledit Roy 
avec la Royne, sa femme, à Lusignan en Poitou, 
comme ils alloient en France, ayant laissé en Béarn 
pour leur lieutenant général leur fils Henri, prince de 
Navarre, aagé seulement de six ans, et estant encor 
sous le gouvernement de Susanne de Bourbon, femme 
de Jean d'Albret, sieur de Mieussens, et pour ses 
principaux conseillers ledit Mieussens et Loys d'Albret, 
évesque de LescarS qui se portèrent tellement en 
leur charge (car tous deux estoient entendeurs) que 
pendant le gouvernement de ce Prince [œuvre mer- 
veilleuse] par un enfant, une femme et un prestre et 
quelques autres ses conseillers faisans tous publique, 
profession de la religion romaine^, les [principaux] 
fondemens de la ^ réformée furent plantez en Béarn et 
la [romaine] * y fut fort esbranlée. Pour y remédier 
ledit cardinal d'Armaignac, qui avoit esté fait expres- 
sément légat en Béarn, y fut envoyé pour tenir les 
Estas et y estre lieutenant général avec Monsieur le 
Prince. Pour confondre ceux qui y preschoient cette 
doctrine, le cardinal avoit amené quelques théologiens, 
comme s'il eut désiré de mettre quelque bon ordre 
aux affaires de la religion par une paisible conférance 
et dispute. Car ^ du vivant de la royne de Navarre, 

1. Louis d'Albret, évêque de Lescar de 1556 à 1569, oncle de 
la reine Jeanne d'Albret. 

2. Variante : catholique. 

3. On a ajouté : prétendue. 

4. Variante : catholique. 

5. On a ajouté : on dict que. 



ET NAVARRE. 57 

Marguerite , il avoit toujours fait démonstration de 
n'approuver pas beaucoup [les]* traditions romaines. 
Néantmoins ou convaincu de la vérité de cette religion 
ou ne se voulant rendre suspect ni aux uns ni aux 
autres ou réprouvant lors ce qu'autrefois il avoit 
approuvé, il [n'osa] * entrer en cette lice, mais molesta 
par toutes voyes ceux qui suivoient la doctrine des 
ministres, lesquels demandoient d'entrer en conférance 
et s'offroient de monstrer par la parole de Dieu la 
doctrine qu'ils enseignoient estre celle mesme que les 
prophètes, Jésus-Christ et ses apostres avoient pres- 
chée et laissée par escrit. Boynormand estoit lors à 
Nérac en Gascogne et Pierre-Henry de Barran ^ à Pau, 
homme savant et grand prescheur. Les docteurs du 
cardinal le connoissoient et [le] redoutoient [et ne 
l'osoient] attaquer ^ D'autre costé le cardinal ne le 
vouloit souffrir davantage au pays, car tous les jours 
plusieurs se joignoient à luy [et ne se fesoit guère un 
presche que quelqu'un ne protestast ; mais il craignoit 
de recevoir honte de la dispute et voyoit le dommage 
évident de la demeure d'icelui pour la religion romaine 
aussi prévoyoit-il qu'user] de la force pourroit ap- 



1. Variante : quelques. 

2. Variante : il ne voulut. 

3. En renvoyant à la France protestante, nous pouvons de plus 
faire connaître que les prédications de Henri de Barran, connu en 
Béarn sous le nom de maître Henri, commencèrent avant le mois 
de mars 1557 (v. s.) dans l'église de Nay. 11 était favorisé par 
Jean d'Albret, baron de Miossens, qui résidait à Goarraze tout 
près de Nay. Par lettre du 16 février 1559 (v. s.) Antoine de 
Bourbon et Jeanne d'Albret lui ordonnèrent de prêcher le carême 
à Nay (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1732, f»s 95, 118 et 371). 

4. Variante : et redouhtoient de l'attaquer. 



58 HISTOIRE DE BÉARN 

porter * tel remuement au pais que les Roy et Royne 
lui en sentiroit mauvais gré (c'estoit ce que plus il 
redoutoit), car ceux qui fesoient publique profession 
de la religion * réformée ou qui la favorisoient estoient 
de nombre et qualité suffisens pour n'endurer injure 
estre faite à leur pasteur. En cette perplexité (comme 
il estoit homme de grande prudence et expérience aux 
affaires du monde) le cardinal s'avisa de faire intimider 
ledit Henry de Barran, afinque de soy-mesme il aban- 
donnast le pais. Il lui fît donc dire par l'archidiacre 
du Mas ^ (comme de soy-mesme) qui estoit familier 
dudit Henry [et peu zélé aux constitutions romaines] , 
que le meilleur seroit, tant pour son propre bien 
que celuy de son troupeau, de s'absenter au moins 
pour quelque temps, afin que le cardinal ne fut con- 
traint d'employer la main de la justice contre lui et 
ses complices, ne d'esayer d'avoir par la rigueur ce 
que la douceur lui dénieroit, car il avoit commande- 
ment exprès d'employer le verd et le sec pour l'ex- 
termination de cette religion et la punition de ceux 
qui la suivoient ; qu'il seroit donc cause de tous les 
maux que cette voye apporteroit à tout le pays et de 
la ruine particulière de tous ceux qui avoient adhéré à 
sa doctrine, [le salut desquels il devoit racheter par 
sa propre vie] ; que le cardinal n'estoit point homme 
de sang et ne désiroit le mal de personne, mais cer- 
choit seulement le chemin de pouvoir [donner quelque 
contentement au Pape et au roy de France, par les- 
quels il avoit esté principalement envoyé là, plustot 

1. Variante : arriver. 

2. On a ajouté : prétendue. 

3. Le Mas-d'Aire (Landes). 



I 



ET NAVARRE. 59 

contre les ministres que contre le peuple, lequel on 
pensoit suivre cette nouvelle religion plus par curieusité 
que par zèle de foy] , et ne faisoit ledit cardinal nulle 
difficulté que, les prédicans chasez, le peuple ne receut 
volontairement toutes les conditions qu'il luy voudroit 
bailler. [Et d'autant qu'on savoit ceux de sa profes- 
sion n'estre pas toujours fort bien pourveus de tout 
ce qu'il leur fesoit besoin, le cardinal luy avoit dit 
qu'il luy fairoit donner de ses coffres de quoy se 
pouvoir entretenir à la part où il se voudroit retirer.] 
Le ministre respondit n'estre pas beaucoup estonné si 
le cardinal et les autres de sa profession [et religion] 
jugeoient nouvelle la doctrine divine que luy et les 
autres ministres preschoient, car ce blasme luy avoit 
esté donné par ses semblables, du tems mesmes des 
prophètes, Jésus-Christ et ses Apostres qui n'avoient 
trouvé pires ennemis que ceux qui tenoient le lieu de 
pasteurs en l'église ; mais qu'il estoit bien esbahy 
que le cardinal, qui avoit avec soy tant de docteurs en 
théologie, ne fesoit convaincre par la parole de Dieu 
de nouveauté et d'erreur la doctrine qu'il preschoit, 
qui estoit la droicte réforme qu'il devoit tenir à 
l'exemple de l'église ancienne, qui avoit tousjours 
tenu cest ordre, pour vérifier, réfuter et condamner 
les hérésies ; que si le Pape et tous les siens avoient 
autant de justice en cette cause, comme ils vouloient 
que le peuple pensast qu'ils avoient, ils ne feroient 
nulle difficulté de publier un libre concile, ni le car- 
dinal de faire entrer ses théologiens en cette lice, à 
laquelle luy et les autres ministres, ses compagnons, 
les appeloient avec cette condition que où par la 
parolle de Dieu ils se trouveroient entaschez d'aucune 



60 HISTOraE DE BÉARN 

hérésie, on les fit punir comme hérétiques et séduc- 
teurs et lors ledit cardinal ne seroit plus en peine de 
les chasser ; mais d'autant qu'il savoit la doctrine de 
l'Évangile preschée par les ministres estre du tout 
contraire aux traditions romaines, il ne vouloit entrer 
en ce combat, afin que le [pouvre] peuple n'entrast 
en connoissance des erreurs auxquels il vivoit sous 
ombre de piété et religion ; qu'il voyoit bien qu'en lui 
voulant persuader de s'en aller et quitter son trou- 
peau, il ne cerchoit autre chose, que de finement faire 
prononcer à soy-mesme sentence contre la doctrine 
qu'il avoit preschée et le faire trouver mercenaire 
plustot que pasteur; car que pourroit estre autre 
chose ce deslogement qu'une tacite confession que 
tout ce qu'il avoit enseigné estoit tel qu'il ne l'osoit 
maintenir ny défendre devant les doctes et la justice ; 
mais c' estoit à faire aux larrons de haïr la lumière et 
aux mercenaires d'abandonner le troupeau lorsque le 
loup arrivoit ; par ainsi il s'estoit résolu de demeurer 
avec son bercail et attendre ce qu'il plairoit à Dieu 
leur envoyer et de la seule providence duquel toutes 
choses avec tous leurs accidens et évènemens procè- 
dent, non pas de la sagesse, malice et puissance du 
monde, desquelles néantmoins le Tout-Puissant se 
servoit pour le bien des siens et pour la manifesta- 
tion de la gloire de ses justices ou miséricordes, dont 
avenoit que les hommes se trouvoient le plus souvent 
trompez aux exécutions de leurs desseins ; et le car- 
dinal se trompoit fort s'il le pensoit si lourdaut qu'il 
ne connût l'intention d'iceluy estre de le séparer de 
son troupeau, pensant d'en avoir meilleur marché en 
son absence qu'en sa présence ; mais combien qu'il ne 



ET NAVARRE. 61 

fit nulle double de la foy et constance de ses brebis, 
toutesfois son devoir estoit de leur assister en un 
affaire de telle importance où il y alloit du salut ou de 
la perte de leurs âmes, confession ou renoncement de 
Jésus-Christ; car quelque vigueur ou courage que 
tout un troupeau de brebis puisse avoir, la présence 
du seul pasteur leur sert plus à repouser les loups, 
que tout ce qui pourroit estre en elles de plus fort et 
de plus courageux ; qu'il n'abandonneroit donc le pais 
pour ne laisser son troupeau à la mercy des flateries 
du monde et des sophisteries scholastiques [et en 
proye à la cruauté de magistrats superstitieux et 
enyvré du calice d'erreur ; qu'il remercioit très hum- 
blement monsieur le cardinal des offres qu'il luy fai- 
soit, car il n'estoit, Dieu merci , tant convoiteux des 
richesses de ce monde qu'il ne se contentast de ce que 
luy estoit donné de son église pour son vivre, laquelle 
ne luy avoit encore laissé souffrir disette de ce qui lui 
estoit nécessaire.] Le cardinal fut plus fasché de la 
[constance] ^ du ministre qu'il n'avoit esté de toutes 
ses prédications et le fît mettre prisonnier et l'eust 
fait exécuter, s'il n'eust craint de mescontenter le 
roy Antoine qui [estimoit et réveroit la doctrine et 
probité de] cest homme* et le mit en liberté aussi 
tost qu'il fut de retour en Béarn. 

Durant que ces choses passoient en Béarn, la paix 
se traittoit en France avec Philipe, roy d'Espagne, et 
après plusieurs voyages et altercations fut conclue à 
Chasteau-Gambressis, le 3 d'avril 1559, au désavantage 



1. Variante : responce. 

2. Variante : aymoit cest homme. 



621 HISTOIRE DE BÉARN 

du François et très grand avantage de l'Espagnol qui 
espousa Elizabet, fille du roy Henry, et Philibert, 
duc de Savoie, Marguerite, sœur unique du mesme 
Roy. Le roy de Navarre avoit fort solicité celui de 
France de le faire comprendre en ladite paix pour la 
restitution de son royaume de Navarre ou recom- 
pence équivalente, suivant la promesse des défuncts 
roys Louis XII et François P% comme il monstroit par 
escrit authentique. Toutesfois encore que ledit Henry 
incistast tant pour le prince de Salerne ^ et le duc 
de Some^, banis de Naples, pour y avoir voulu in- 
troduire les François, que Philipe leur accorda 
l'usufruict de leurs biens, néantmoins il ne se 
soucia point du Navarrois, duquel ne fut faite 
nulle mention en tout ce traitté, car le roy de France 
ne voulut desplaire en rien à celuy d'Espagne. Ainsi 
se trouvant le roi de Navarre frustré de son espérance, 
avant que la paix ne fut publiée , manda au sieur de 
Burie^, lieutenant en Guienne en son absence, et au 
capitaine Arné \ lieutenant de sa compagnie d'hommes 
d'armes, d'exécuter une entreprise qu'il avoit sur la 
ville de Fontarrebie, espérant, s'il la pouvoit surpren- 
dre, que cela pourroit donner occasion à l'un et à 
l'autre de ces deux Roys de faire quelque chose en sa 

1. Ferdinand de San-Severino, né en 1507, mort à Avignon en 
1568 ou 1572. 

2. Jean-Bernard de San-Severino, duc de Somma, colonel 
général des Italiens sous Charles IX, mort en 1570 à 64 ans. 

3. Charles de Coucy, seigneur de Burie. 

4. François d'Arné reçut en 1561 un don de 1,166 écus sol 
pour services notables rendus en portant les armes pour le service 
du roi et de la reine de Navarre (Reg. de la Chambre des Comptes, 
Arch. de M. le baron de Laussat). Il mourut en 1569. 



ET NAVARRE. 69 

faveur. Mais ayans conduit leurs troupes jusques à 
Handaye à la veue de Fontarrebie, ils s'en retournè- 
rent sans rien faire, pour ce que n'ayans prouveu aux 
moyens de passer la rivière S il leur fut impossible de 
passer outre. Et comme Burie avoit mandé pour 
faire conduire sus des chars quelques petites bar- 
quettes, les vivres leur faillirent (car ce pais est fort 
stérille) et par un grand déluge de pluyes la rivière et 
les ruisseaux se desrivèrent si impétueusement qu'ils 
couvroient toute la campagne et plusieurs des moins 
habiles furent noyés. L'une partie des soldats béarnois 
fit bien son devoir en ce voyage, mais le reste ne 
voulut jamais passer le pont du Serain% quelque 
remonstrance, prière ou menace que leurs chef leur 
fissent, lesquels ils voulurent tuer; et Arros' et Esgar- 
rebaque^ capitaines des quartiers d'Ossauet d'Oloron, 
furent en danger de leurs vies, qui néantmoins passè- 
rent outre avec les membres et officiers de leurs com- 
pagnies et quelques soldats, les autres s'en retournè- 
rent. Ceux des valées d'Ossau, Aspe et Barétous^ 

1. La Bidassoa. 

2. Le pont d'Osserain, dans la commune de ce nom, canton de 
Saint-Palais, arrondissement de Mauléon (Basses-Pyrénées). Ce 
pont sur le Gave d'Oloron était l'un des passages les plus fré- 
quentés pour aller en Espagne. 

3. Bernard, baron d'Arros, plus tard lieutenant général de 
Jeanne d'Albret. 

4. Jacques II de Sainte-Colomme , seigneur d'Esgoarrabaque, 
marié d'abord à Catherine de Mpntbrun (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. 1477), puis à Gratianne de Navailles, dite de Saint- 
Saudens, fille de Jean de Navailles et de Madeleine de Saint- 
Saudens (même dépôt, E. 1626, f- 182). 

5. Ces trois vallées sont dans l'arrondissement d'Oloron (Basses- 
Pyrénées). 



64 HISTOIRE DE BÉARN 

et ceux d'Asson^ furent les autheurs de cette sédition. 
Le roy Antoine qui estoit encores en France fut 
fort fasché du mauvais succez de cette exécution et, 
espérant de la rendre plus heureuse par sa présence, 
s'en vint en poste en Béarn. Gamboua^ le vint trouver 
et luy dit que dom Bertrand de La Gueva, duc 
d'Alburlzerque^, et les autres seigneurs d'Ipuscoa^ 
lesquels il asseuroit estre de l'intelligence, vouloient 
estre asseurez par escrit de la récompense qu'ilz. 
auroient après l'exécution en laquelle ils ne vouloient 
entrer sans la dite asseurance. Le Roy, qui avoit jà 
faict estât certain de ce qu'il espéroit, signa incontinent 
la liste de toutes leurs demandes et la fit contresigner 
par Brodeau^ son secrétaire d'Estat, lequel luy 
remonstra fidèlement (mais en vain) l'imprudence de 
ceste signature, avec le dommage et déshonneur qui 
luy en pouvoit avenir, si d'aventure ceste entreprise 
se trouvoit double comme il estoit à craindre ; car 
ceste liste seroit infailliblement portée au roy d'Es- 
pagne qui en feroit plainte au roy de France par 



1. Commune du canton de Nay-Ouest, arrondissement de 
Pau (Basses-Pyrénées). 

2. Valet de chambre d'Antoine de Bourbon, appelé Gamure 
par Monluc (édit. de la Société de l'Hist. de France, II, p. 323). 
Bordenave un peu plus loin l'appelle Micheau. Ni l'un ni l'autre 
de ces renseignements ne nous paraissent exacts : les Archives 
des Basses-Pyrénées (E. 582) renferment trois déclarations auto- 
graphes de Gamboa qui contiennent les preuves et l'aveu de sa 
trahison; elles sont signées : Pero-Femandez cTEléiçaoïa y 
Gamboa. Toutefois il est possible que le surnom de Micheau ait 
été donné à ce personnage. 

3. Albuquerque. 

4. Guipuzcoa, province d'Espagne. 

5. Victor Brodeau, seigneur de La Ghassetière. 



ET NAVARRE. 65 

lequel cette entreprise seroit trouvée mauvaise et s'en 
tiendroit autant offencé que l'Espagnol en seroit irrité. 
Par ainsy que Sa Majesté ne devoit rien bailler par 
escrit qui le peut convaincre d'avoir voulu entre- 
prendre une chose laquelle il seroit contraint de nier, 
si d'aventure la fin s'en trouvoit malheureuse, mais 
tout ainsy que Gamboua avoit tousjours négotié par 
parole sans escrit et la liste de ses demandes estoit 
sans signature cognue, il ne devoit aussi donner autre 
asseurance de sa promesse que de parole, laquele 
Sa Majesté pourroit nier en tout événement. C'estoit 
un bon conseil, lequel ce Roy ne devoit rejetter 
comme il. fit. Mais l'ambition luy avoit tellement 
opilé ' la raison que ce fidèle et prudent advis ne peut 
entrer en son esprit. Par quoy ayant promtement 
fait assembler toutes ses troupes, le Roy se mit en 
chemin avec les sieurs de Monluc^, de Gernac, de 
Duras ^ et plusieurs autres. Toutesfois ayant entendu 
par Sanche d'Ursua^ , soldat pour le roy d'Espaigne à 
Fontarrebie, que ceux qui lui avoient promis de le 
mettre dedans, jouans le double et s'entandans avec le 
gouverneur', le menoientavec ses troupes à la bouche- 
rie, s'en retourna depuis Baionne. Micheau Gamboua et 



1. Obstrué. 

2. Biaise de Monluc, l'auteur des Commentaires. 

3. Symphorien de Durfort, seigneur de Duras, tué au siège 
d'Orléans en 1563. 

4. Pour ce service une pension de 365 livres était encore payée 
en 1566 au «seigneur d'Ursue, navarroys «par le trésorier général 
de Béarnet Navarre (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 147). 

5. Don Diego de Carbajal (Arch. des Basses- Pyrénées , E. 582. 
Confession de Gamhoa sur les praiticques qu'il avoyt avec le roy 
d'Espaigne contre le roy de Navarre). 

5 



66 HISTOIRE DE BÉARN 

Esparse, espagnols, estoient ceux qui menoyent cette 
trafique et avoient asseuré le roy de Navarre que la 
garnison de la ville de Fontarrebie estoit fort petite. 
Or comme on void ordinairement tous les traistres 
estre doubles, ces deux traistres avoient descouvert 
leur menée au gouverneur de Fontarrebie, qui ayant 
secrettement assemblé bonnes forces, en bonne dévo- 
tion attendoit l'arrivée du roy de Navarre, et si Dieu 
par sa bonté ne l'eust miraculeusement conservé, il 
estoit sans double mort ou pris par la mesme finesse 
qu'il pensoit prendre les autres. Esparse ne savoit 
rien de ce que Gamboua avoit traitté avec le gou- 
verneur et s'excusoit envers le roy de Navarre, qui 
l'eut fait mourir, si pour preuve de son innocence, il 
n'eust fait prisonnier ledit Gamboue qui fut mené es 
prisons de Pau. Et afin que le roy de France n'eut 
occasion de lui reprocher d'avoir troublé le repos et 
cerché la guerre en la paix, le roy de Navarre luy 
envoya un gentilhomme pour luy déduire tout le 
faict, et fit cependant faire son procès au détenu, 
qu'il fit pendre avant la responce du dit roy de France, 
craignant qu'il luy demandast en faveur de son gendre 
le roy d'Espagne, comme il fit peu de jours après 
l'exécution. Le roy d'Espagne aussy envoya vers luy 
à Pau un gentilhomme pour mesmes effect, mais il 
trouva Gamboue mort, auquel avoit esté attaché un 
escriteau disant : Pour avoir voulu bidouiller en nou- 
velles guerres et discorder les Princes qui estoient en 
bonne paix et amitié. C'est ainsi que les Princes cou- 
vrent plustot en apparence qu'en vérité leurs prat- 
tiques et menées et punissent sur autruy les maux 
desquels eux-mesmes sont les auteurs et les fauteurs. 



ET NAVARRE. 67 

Cette mesme année le 1 de juillet, Henry II, roy 
de France, mourut à Paris d'un contre-coup de lance 
qui lui faussa la visière et lui entama le test, comme il 
joustoit pour plaisir avec Gabriel, comte de Mongo- 
meri \ Sa mort apporta beaucoup de grands change- 
mens en France; car ayant laissé quatre fils, tous 
moiendres d'aage pour prendre en main le manie- 
ment du Royaume, Catherine de Medecis, vefve du 
défunt, comme mère, et Antoine de Bourbon, roy de 
Navarre, en qualité de premier prince du sang après 
les frères du Roy, prétendoient à la tutelle de Fran- 
çois II qui avoit succédé à son père Henry. La Roy ne, 
outre sa qualité de mère, avoit pour elle l'exemple de 
quelques mères et sœurs des Roys, qui autrefois 
avoient eus la garde noble de leurs enfans ou frères, 
avec la régence du Royaume. Au roy de Navarre 
favorisoient les loix fondamentales de cest estât qui 
ne déboutent pas moins les femmes de la régence 
(quelque tollérance qu'on ait cpielquefois veu au con- 
traire) que de la succession du Royaume, de laquelle 
ce sexe a esté privé par les anciens François pour 
son imbécilité et incapacité au commandement absolu 
d'une si généreuse et guerrière nation. Mais François 
de Lorraine, duc de Guise % qui estoit oncle maternel 
de Marie d'Estuart, royne d'Escosse et de France, 
aspirant de mesmes affection à cette honnorable charge 
que les autres deux et n'ayant loy ny exemple qui 
favorisast sa convoitise, trouva un expédient plus 

1. Gabriel de Lorges, comte de Montgomery, capitaine de la 
garde écossaise du roi de France, Henri II, mis à mort en 1574 
par ordre d'une commission militaire après la prise de Domfront. 

2. Né en 1519, assassiné en 1563. 



68 HISTOIRE DE BÉARN 

court pour avoir, sans titre de régent ni de régence, 
le Roy à sa disposition, et le maniement du Royaume 
en sa main. Par le moyen donques de la roine Marie, 
sa niepce, et les ruses du cardinal de Lorraine*, son 
fraire, jà devant que le père fut arrivé à ses derniers 
abois, il s'estoit tellement insinué en la bonne grâce, du 
fils, que Henry ne fut plustot trespassé, que François 
ne se jettast entre les bras des deux frères Lorrains, 
qui n'osans parler de la mère selon la passion de leur 
âme pour n'aigrir le fils et luy descouvrir leur pas- 
sion, jettèrent tout leur venin sur le roy de Navarre, 
qui estoit celuy qui pouvoit plus traverser leur des- 
sein. Pour le rendre plus odieux au Roy, ils l'accu- 
soient de sentir mal de la foy et estre infecté de 
l'hérésie luthérienne et d'aspirer à la Régence pour 
luy tollir la couronne de dessus le chef. Car encores, 
disoient-ils, que durant les régences les Roys portas- 
sent le nom, toutesfoiS les régens tenoient la royauté, 
chose très dangereuse, principalement quant la ré- 
gence tomboit aux mains d'un qui fut habile à la 
succession et fut irreligieux, turbulent et ambitieux, 
comme ils disoient le roy de Navarre avoir ces qualitez 
et estre entasché de tous ses vices. Parquoy il estoit à 
craindre qu'ayant les finances, les armes et la justice 
du Royaume en son pouvoir, il n'aspirât plus hault 
que la régence. Mais que Sa Majesté avoit atteint 
l'aage de la majorité des roys de France et estoit 
capable de gouverner luy-mesme son Royaume et 
pourroit choisir pour conseillers ceux qu'elle penseroit 



1. Charles de Guise, né en 1525, cardinal en 1555, mort en 
1574. 



ET NAVARRE. 



69 



lui estre plus fidèles et qui eussent plus d'intérest 
et de profit en sa vie qu'en sa mort; qu'eux deux 
frères, du vivant du roy Henri, de très glorieuse 
mémoire, avoient manié tous les plus importans 
affaires de la couronne, fut pour la police ou les 
armes, et pour l'honneur que leur maison avoit 
d'estre alliée de si près de Sa Majesté, ils avoient aussi 
plus d'intérest à la conservation de sa vie que tous 
autres, et se tiendroient tousjours très heureux d'em- 
ployer leurs vies et moyens pour son service avec 
toute la fidélité que le devoir leur commandoit, la 
sincérité de l'alliance méritoit et leur propre intérest 
leurrecommandoit. Car tout ainsi qu'ils reconnoissoient 
franchement leur grandeur despendre de la seule 
libéralité de Sa Majesté, aussi ils confessoient leur vie 
descouler tellement de la sienne qu'icelle esteinte, 
infaliblement la leur tariroit aussi tost. Ce jeune 
Prince creut facilement toutes ses choses et, remet- 
tant toute l'autorité royale es mains de ces deux 
frères, donna au cardinal la surintandance des finances 
et de la justice, et au duc le commandement des armes, 
avec mandement exprès sur peine de la vie à toutes 
personnes de quelle qualité, dignité et office qu'elles 
fussent de leur obéir, comme à sa propre personne. 
Ainsi pour un monarque la France en eust lors trois. 
La Roy ne mère fut bien faschée de voir la maison de 
Guise si monstreusement eslevée, et encore plus de la 
desmesurée puissance donnée aux deux fi'ères, et 
leur eut deslors donné quelque lourde secousse, si 
elle eut eu quelque un en qui elle se fut osé fier, mais 
craignant quelque chose sinistre contre sa propre 
personne, elle leur fit bonne mine jusques à rudoyer 



C 



70 HISTOIRE DE BÉÂRN 

le connestable et tous les autres qu'elle savoit leur 
estre contraires ou estre hays d'eux. Et eux pour ne 
porter seuls la haine et l'envie de tout le Royaume et 
se prévaloir du nom spétieux de mère, l'entretenoient 
en quelque grade et lui complaisoient en quelques 
choses de médiocre importance. Et pour ce que Diane 
de Poitiers, duchesse de Valentinois, par don du 
défunt Henri, et par lui entretenue trop privément 
et scandaleusement, et qui par son scandaleux crédit 
avoit avancée la maison de Guise, n'estoit veue de 
bon œil de la Royne, pour luy avoir plusieur fois 
deshontement desrobée la bonne grâce, la faveur et 
le lict de son mari, ils consentirent qu'elle fut chassée 
de la cour où ils n'avoient eu nul crédit que par elle. 
Et les deniers provenans de la confirmation des offices 
furent partagez entre la vefve et les deux nouveaux 
gouverneurs. Anne de Montmorancy, connestable 
et le plus ancien serviteur de l'ayeul et du père du 
Roy, fut honteusement deffavori et renvoyé en sa 
maison, et eut eu pis si la honte plus que la conscience 
n'eust retenu ses ennemis. Car l'envie de la faveur de 
ce vieillart avoit rendu les Guises très ennemis des 
Montmorancis. Et le connestable qui avoit préveu 
l'orage qui se levoit contre luy, l'avoit voulu conjurer 
par le moyen du roy de Navarre, qui estoit en Réarn 
lors que Henri fut blessé. Car voyant le dit Roy hors 
d'espérance de guérison, il avoit averti le Navarrois 
de ce que les Guises ourdjssoient et des présages qu'il 
y avoit que, venant le père à mourir, ils s'empa- 
rassent de la personne du nouveau Roy et du manie- 
ment de l'Estat, qui seroit un grand mal pour tout le 
Royaume et injure à luy à qui, comme premier prince 



ET NAVARRE. 71 

du sang, cest honneur estoit justement deu. Parquoy 
il l'exortoit de s'achenainer en toute diligence en cour 
et s'y trouver, s'il estoit possible, avant le dernier 
soupir du. Roy, pour se saisir incontinent de la 
personne du successeur et du gouvernement du 
Royaume, en quoy lui, tous ses parens, alliez, amis 
et serviteurs et quasi toute la noblesse de France le 
serviroient si fidèlement que ceux qui estoient jà Roys 
par fantasie demeureroient frustrez. C'estoit un très 
bon conseil et peut-on vraysemblablement dire qu'il 
eust eu un heureux succès, et n'y eut servi de peu la 
crainte que tous les plus grands avoient de tomber à 
la discrétion des Guises qui estoient connus de tous 
très ambitieux [et avares] et d'un esprit turbulent 
[mesmement le cardinal qui servoit de pédagogue à 
son aisné, qui n' estoit que l'exécuteur des arrests du 
cardinal et qui en sa profession militaire avoit la cons- 
cience plus entière que le cardinal en sa pestrise'.] 
Mais le roy de Navarre, fut qu'il ne se souciast lors de 
changer le repos domestique avec le travail publique 
ou qu'il craignit que le connestable, pour le tromper, 
voulut seulement sonder et descouvrir sa volonté ou 
bien (qui est le plus vraysemblable) prévoyant ce qui 
aviendroit au connestable, fut fort aise de lui voir 
prendre une grande cheute, car il estoit grandement 
irrité contre lui, l'estimant la seule cause de ce qu'il 
avoit esté obmis en la paix de Cambrésis. Néantmoings 
mal avisé et suivant plus la passion que fei raison, se 
voulant venger d'autruy, se vengea de soy-mesmes, et 
cuidant honnir et abaisser autrui, se deshonnora et 

1. Pour prestrise. 



72 HISTOIRE DE BÉÂRN 

perdit soy-mesmes, car outre qu'il tomba en hazard 
très éminent de perdre vie et biens, jamais depuis ses 
affaires n'allèrent qu'en décadence. Et comme la 
promptitude et vivacité de l'esprit de ce Roy surpas- 
soit les plus vifs esprits, aussi sa vanité et inconstance 
naturelles surpassoient la vanité et l'inconstance 
mesmes ; de manière qu'il n'eust plustot nouvelles du 
grand changement que la mort d'Henry avoit apporté 
qu'il ne se repentit de n'avoir suivi le conseil du con- 
nestable (mais le repentir ne peut amender les fautes 
passées), lequel ayant esté forcé de partir de la cour 
(mesme avec honte) n' avoit plus le moyen de luy 
aider beaucoup (tant est sujette à se changer la faveur 
de la cour et l'occasion de se perdre). Et les Guises 
qui s'estoient hastez de changer toutes choses avoient 
desapointez, chassez et déposez de leurs charges tous 
les meilleurs et les plus grands et tous ceux qui leur 
estoient contraires ou seulement suspects ou qui 
avoient quelque moyen de leur nuire ou traverser 
leurs desseihs, et mis en leurs places les pires et leurs 
confidans, [avoient aussi fait défendre tout port d'armes 
à feu. C'est le chemin qu'ont tousjours tenu ceux qui, 
plus par la force que parle droit, se sont voulu avancer 
en quelque estât ou s'en emparer.] 

La convocation des Estas sembloit pouvoir apporter 
quelque remède à tous ces maux, car cette assemblée 
a tousjours eu tel crédit en ce Royaume , qu'en cas de 
controverse elle jugeoit de la succession des Roys, de 
la tutelle et appanage de leurs enfans, des régences, 
des levées extraordinaires des finances, de la guerre, 
de la paix et de toutes autres choses qui attouchoient 
l'Estat. Parquoy maints de tous estas et de toutes les 



ET NAVARRE. 73 

contrées du Royaume vinrent treuver le roy de 
Navarre en Béarn pour l'exorter de s'acheminer en 
France et de y fere assembler les Estas pour se faire 
déclarer régent ou, si le Roy estoit trouvé majeur, 
surintendant de tous les affaires. Car les princes du 
sang qui sont conseillers naiz du Roy ^t protecteurs du 
Royaume, sont aussi appelez par les loix de France à la 
tutelle des Roy s mineurs et à la régence du Royaume 
et protection des François et de leurs privilèges et 
libertez. Et pour ce que le défaut de ses finances et de 
forces l'eussent peu retarder, ils lui donnèrent asseu- 
rance de lui fournir l'un et l'autre ; et à ces fins levée 
de deniers et enroulement de gens de guerre furent 
faits entre eux et plusieurs entreprises basties sur 
quelques villes pour servir de retraite, s'il en estoit 
besoin. Or ceux qui solicitoient le Navarrois estoient 
tant de la religion [romaine^] que de la* réformée; et 
les derniers, outre les affaires communs de l'Estat, 
demandoient particulièrement relasche des [grandes] 
persécutions qui estoient journellement exercées contre 
eux, et estoient lors grandement augmentées, [au 
moins] jusques à ce qu'on les eut ouys en la défense 
de leur cause [offrans de monstrer la justice d'icelle 
par l'expresse parole de Dieu]. Le roy de Navarre 
leur fesoit de belles promesses, mais tout ainsi que les 
figures tracées sur l'eau ou sur le sable sont aussi tost 
effacées que faites, pareillement toutes les délibéra- 
tions de ce Prince avourtoient quasi avant leur con- 
ception, et il reproyoit et dénioit le jour suivant ce 



1 . Variante : catholique. 

2. On a ajouté : prétendue. 



74 HISTOraE DE BÉARN 

qu'il avoit approuvé et promis le précédant. Il estoit 
nourry en ceste irrésolution par quelques ses plus 
privez conseillers, desquels le sieur d'Escars^ et 
l'évesquc de Mande ^ estoient les principaux, qui luy 
conseilloient de ne rejetter du tout les offres qui lui 
estoient faites par ces gens, ains d'entretenir leur espé- 
rance par ordinaires promesses. Cependant ils luy 
fesoientles choses, non seulement de dificile et dange- 
reuse exécution, mais aussi du tout impossibles et 
jointes à son entière ruine, tant pour les grandes 
forces de ceux de Guise, qui avoient en main les 
finances et les armes du Royaume, que principalement 
à cause du roy d'Espagne, lequel ils disoient avoir 
espousé cette querelle et l'estimer sienne, pour ce qu'il 
craignoit qu'estant Sa Majesté saisie du maniement de 
ce grand estât, elle ne l'employast à recouvrer la 
Navarre et les pais sur lesquels comme roy de Navarre 
il pouvoit prétendre droit. Mais ils avertissoient secret- 
tement les Guises de tout ce qui se faisoit auprès de 
leur maistre. La propre irrésolution de ce Roy et la 
desloyauté de ses conseillers mirent en hazard de 
ruine plusieurs grandes maisons du Royaume. Ceux 
de la religion^ réformée, qui, sur ses promesses, s'es- 
toient déclarez plus ouvertement que les autres et 
avoient mis sus beaucoup de grandes entreprises qui 
réussirent très mal, furent en plus grand danger que 

1. François de Peyrusse, comte des Cars ou d'Escars, lieute- 
nant de Roi en Guienne en 1561, gouverneur de Limoges, marié 
en 1579 à Isabeau de Beauville, veuve de Monluc, mort vers 
1589. 

2. Nicolas Dangu, évêque de Mende, chaucelier de Navarre. 

3. On a ajouté : prétendue. 



ET NAVARRE. 75 

les autres. A la fin plus par importunité et honte que 
de bonne volonté, le Navarrois entreprit le chemin de 
France où il estoit journellement solicité et appelé de 
plusieurs de l'une et l'autre religion, ausquels ilconti- 
nuoit tousjours sps promesses [et prioit particulière- 
ment ceux de la réformée de ne se scandaliser s'il ne 
quittoit point encore la messe, à laquelle il alloit 
quelquefois, plus pour n'estranger du tout ceux de la 
religion romaine, disoit-il, que par dévotion. Cepen- 
dant ses propos firent penser aux meilleurs et plus 
sages qu'il avoit aussi peu de religion que de résolution 
et de Courage, car quand il est question des choses de 
la foy, il faut marcher rondement et rejetter simple- 
ment ce que Dieu défend et faire ce qu'il commande, 
quelque danger qui se puisse présenter du costé du 
monde.] Mais où plus il approchoit de la cour on 
remarquoit beaucoup de changement en sa volonté et 
de refroidissement en son zèle, cela donna juste occa- 
sion à la plus grande partie de ceux qui avoient déli- 
béré de le suivre de se retirer, jugeans dès lors qu'il 
ne feroitrien, ains plustot tout le contraire de ce qu'il 
leur avoit promis, comme il fit. Il arriva à Saint-Ger- 
main en Laye où il eut eu la basse cour pour logis et le 
ciel pour poelle, si le mareschal Sainte André' ne lui eut 
quitté sa chambre, et fut receu du Roy avec si maigre 
visage, que chascun peut connoistre qu'il ne l'aimoit 
guère et le prisoit moins. Pour la harangue de sa bien 
venue le Roy lui déclara qu'il avoit donné la surinten- 
dance de tous les affaires de son Royaume à ses deux 



1. Jacques d'Albon, dit le* maréchal de Saint- André, nommé 
maréchal de France en 1547, tué à la bataille de Dreux en 1562. 



76 HISTOIRE DE BÉARN 

oncles, le cardinal de Lorraine et le duc de Guise, aus- 
quels il entendoitque tous ses sujets, de quelle qualité 
qu'ils fussent, obéissent sur peine de la vie. Le Navar- 
rois ne respondit rien et ceux de Guise firent nul sem- 
blant de le reconnoistre jusquez à ce qu'il les eut 
recerchez. Tous ses serviteurs et amis furent plus 
faschez de ce dernier trait que de tout ce qu'il avoit 
encore fait, et le quittèrent et se retirèrent. Toutesfois 
le tems ny le lieu n'estoit lors là de faire le mauvais 
garçon et faloit avoir commencé plus tôt et ailleurs et 
mis tout autre ordre à ses affaires qu'il n'avoit, [mais 
l'esprit de ce Prince estoit incapable de toute hazar- 
deuse résolution.] Il reconnoissoit lors la faute qu'il 
avoit faite de s'estre venu mettre à la discrétion de 
ses ennemis et n'avoir creu le conseil de ceux qui luy 
conseilloient d'y aller en tel équipage, qu'il leur peut 
donner la loy. [C'est la coustume des inconstans de se 
r' aviser hors tems.] Se voyant donques le Navarrois 
mesprisé du Roy, gourmande des Guises et abandonné 
des siens, il reprint le chemin de Béarn ; et pour lui 
donner occasion de partir, plus tôt que pour le favorir 
ny honnorer, la conduite de la royne d'Espagne jusques 
à l'entrée du royaume d'Espagne luy fut donnée avec 
le cardinal de Bourbon ' et le prince de La Roche-sur- 
Yon^ 

De ceux de Vendosme estoient cousins germains 
ceux de Guise, mais l'inimitié se trouvoit plus forte 
entre eux que le parentage, tant l'ambition a de pou- 



1. Charles de Bourbon, frère d'Antoine, roi de Navarre, né en 
1523, archevêque de Rouen, mort en 1590. 

2. Charles de Bourbon, mort en 1565. 



ET NAVARRE. 



77 



voir à desnaturer les cœurs superbes et audacieux ; et 
la parenté et affinité qui font les ennemis amis et 
entretiennent tous autres hommes en concorde, ren- 
dent ordinairement ennemis les grands et les mettent 
en guerre et discorde. Ainsi l'ambition des Guises leur 
fit oublier l'honneur de leur parentage avec les Bour- 
bons qu'ils hayssoient de mal de mort, non pas pour 
la religion, le prétexte de laquelle néantmoins ils pre- 
noient ; mais d'autant qu'ils pouvoient empescher plus 
que tous autres l'autorité qu'ils avoient [usurpée^] sur 
tous les François et sus la personne du Roy mesme. 
L'animosité des Guises contre [les Bourbons et] tous 
ceux qui pouvoient traverser leur desseins croissoit 
tous les jours et les recerches contre ceux de la reli- 
gion ' réformée s'aigrissoient d'heure à autre avec des 
édits très rigoureux. [Et ils couvoient plus tôt qu'es- 
clorre leur maltalent contre les Princes et se déclaroient 
ouvertement contre les autres et cela principalement 
contre ceux de la religion.] Ce qui les précipita en tel 
désespoir qu'ils résolurent de se présenter au Roy [à 
quelque prix que ce fut] et luy faire eux-mesmes leurs 
plaintes. Mais d'autant que le chemin jusques en sa 
présence estoit clos à tous, sinon à ceux à qui les Guises 
le vouloient ouvrir, ils pensèrent de faire par les 
armes telle esplanade jusques à Sa Majesté, environnée 
plus tôt d'une armée que d'une simple garde, que rien 
ne les pourroit empescher de parler à elle pour lui 
faire leurs doléances et lui présenter leur requeste, 
[Cette entreprise estoit fort hazardeuse et sujette à 



1. Variante : prinse. 

2. On a ajouté : prétendue. 



78 HISTOIRE DE BÉARN 

calomnies de vouloir entreprendre quelque chose 
sinistre contre le Roy, et faut que le mal soit extrême 
avant qu'on entre en cette voye et que toutes autres se 
treuvent du tout innutilles ou soient totalement déniées, 
comme elles estoient à ces misérables, contre lesquels 
sentence de mort estoit jà prononcée par édits cruels, 
sans les vouloir ouyr en leur défense, et plusieurs 
estoient journellement plus tôt exécutez que convaincuz 
d'hérésie ou autre crime digne de mort par les loix.] 
Et pour ce que toutes entreprises sont sujettes à 
tomber en de grandes confusions si elles ne sont con- 
duites par un chef auquel tous les autres se raportent 
et obéissent , ces gens esleurent un gentilhomme de 
Peirigort, sieur de La Renaudie \ pour lieutenant du 
principal chef, qu'ils nommoient chef muet, qui ne 
vouloit estre connu ny nommé que sur le point de 
l'exécution. Et certains conseillers lui furent ordonnez 
pour faire et ordonner avec leur advis tout ce qui 
seroit nécessaire pour l'exécution de leur entreprise. 
Levée de gens de guerre et de finances fut faite par 
toutes les provinces du Royaume et le rendez-vous 
donné au 1 de mars 1 560 es environs de la ville de 



1 . Godefroy de Barry, seigneur de La Renaudie, dit La Forest. 

— En 1565, mademoiselle de La Renaudie était gouvernante des 
filles de la reine de Navarre. (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 13.) 

— On trouvera un capitaine La Renaudie dans la suite de 
1' « Histoire » de Bordenave. — Dans les pièces du fonds Péri- 
gord (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 850) le nom de La Renaudie 
est écrit V Amaudie, notamment dans les lettres d'érection en 
châtellenie de la terre de L'Arnaudic, située dans la paroisse de 
Saint-Front-la-Rivière, par Alain, sire d'Albret, en faveur de 
Bertrand Du Barry, son premier chambellan, datées de Monti- 
gnac le 6 juillet 1469. 



ET NAVARRE. 7S 

Blois^ OÙ lors séjournoit le Roy. Mais leur délibéra- 
tion ayant esté descouverte par l'indiscrétion de La 
Renaudie et l'infidélité d'un advocat de Paris, nommé 
Avellenes % plusieurs des entrepreneurs furent tués 
ou pris et menez audit Blois par le duc de Nemours et 
quelques autres partisans de ceux de Guise où la plus 
part furent exécutez par le bourreau. La [constance^] 
de ses hommes fut telle qu'ils ne nommèrent jamais 
leur chef muet, soit qu'ils ne le sceussent point ou 
que [leur *] résolution fut plus grande ^ que le tour- 
ment de la geine qui leur fut donnée, espérant ® de 
leur faire nommer le roy de Navarre ou son frère le 
prince (Je Condé, lesquels les Guises soupçonnoient 
estre les chefs de toute cette entreprise; [ils'] fon- 
doient leurs présomptions sur ce qu'une partie des 
prisonniers estoient sujets, domestiques ou fort favoris 
dudit Roy. Et le Prince, comme à point nommé, s'es- 
toit trouvé en cour où le chef muet se devoit trouver 
à l'heure de l'exécution. Mais nul ne fit mention du 
roy de Navarre, encore que quelques uns chargeassent 
le Prince de savoir ladite exécution. Quoy qu'en fut 
ledit Prince tint si bonne mine et après que sa maison 
et ses coffres eurent esté fouillés par le prévost de 
l'Hostel sans rien trouver, parla si haut en la présence 
du Roy, séant en son conseil, que ses ennemis, estonnez 

1. A Amboise. 

2. Pierre Avenelles ou Des Avenelles, avocat au parlement de 
Paris, chez qui logeait La Renaudie. 

3. Variante : résolution. 

4. Variante : telle. 

5. On a ajouté : en eulx. 

6. Variante : on espérait. 

7. Variante : Et. 



80 HISTOIRE DE BÉARN 

tant de son asseurance que de la hardiesse de cette 
faction et craignans le grand nombre des conjurés 
[comme de plusieurs Scœvolas,] n'osèrent entreprendre 
de le retenir prisonier. [Tous s'esbahirent qu'en cest 
affaire de la plus grande importance, que jamais leur 
soit avenue, la subtilité manquast au cardinal et l'au- 
dace à son frère (mais les glaives mieux acérez et 
esmolus sont ceux qui s'esmoucent le plus tôt, et la 
veue plus pénétrante s'esblouit par une soudaine et 
inopinée clerté.) Tout ainsi donc que le mal avisé 
court fermer l'estable après que le cheval est eschapé 
ou travaille pour reprendre l'oiseau qu'il a laissé 
sortir de la cage , aussi les deux frères ne laissèrent 
nulle pierre qu'ils ne remuassent pour reprendre celuy 
qu'ils avoient laissé eschaper.] Ils pressoient néant- 
moings le Roy d'user envers luy tantost de prières, 
tantost de comman démens de le venir trouver et la 
Royne mère de lui donner toute asseurance de bon 
recueil et espérance d'obtenir ce qu'il voudroit. Mais 
luy qui ordinairement avoit avertissement par ses 
amis, non pas seulement de ce que ce faisoit en cour, 
mais aussi de ce que vraysemblablement y devoit estre 
fait contre luy, s'il y venoit, trompoit leurs espérances 
par l'asseurance qu'il donnoit à Leurs Majestez de leur 
venir baiser les mains bien tost. Mais le mesme jour 
qu'on attendoit son arrivée en cour, vinrent nouvelles 
qu'il avoit prins la route de Gascongne vers son frère 
le roy de Navarre. Cest opiné partement mit nouveau 
martel in teste aux Guises, qui s'augmentoit tous les 
jours par les advis qu'ils recevoient de ce qui se déli- 
béroit auprès de ces deux Princes. Car tous les prin- 
cipaux malcontens en personne ou par lettres et 



ET NAVARRE. 81 

hommes exprès et les députés des églises * réformées 
estoient à Nérac pour induire le roy de Navarre de se 
trouver aux Estas que ceux de Guises avoient fait 
convoquer au Roy pour le dixiesme de décembre à 
Meaux, avec grandes promesses et asseurances d'avoir 
abondance de toutes choses nécessaires, pour comman- 
der le haro aux Guises, qui cependant, par le moyen 
de leurs partisans et du clergé, cuidoient avoir si bien 
pourveu à leurs affaires par les Estas Provinciaux 
qu'ils se tenoient asseurez qu'aux Généraux ne seroit 
rien traitté à leur préjudice. Mais les pratiques qui se 
fesoient auprès du roy de Navarre troubloient fort 
cette asseurance et les tenoient tellement en crainte 
qu'ils pensoient la seule mort de ces deux Princes les 
pouvoir bien asseurer et les garentir de mal. Par ce, 
laissant toutes autres choses derrier, ils dressèrent 
tous leurs conseils et efforts à cela. En l'exécution se 
trouvèrent plusieurs difficultés : la deffiance des deux 
Princes les retardoit d'aller en cour, et le doubte d'em- 
braser un feu qui les consumât eux mesmes, reculoit 
les Guises d'user de force ; leur semblant donques la 
ruse plus asseurée que la force, ils employèrent tous 
les artifices desquels ils se peurent aviser pour les 
attirer en cour par promesses et asseurances, menaces 
et commandemens. Et pour ce que la vive voix a plus 
de puissance de persuader que l'escriture, ils pratti- 
quèrent les principaux serviteurs du roy de Navarre, 
qui n'estoit pas lors plus fidèlement servi, ne lui plus 
constant que l'autrefois, et envoyèrent en Gascogne 
le mareschal Saint-André pour sonder la volonté et 

1. On a ajouté : prétendues. 



82! HISTOIRE DE BÉARN 

espier les actions du Navarois et de son frère le Prince. 
Il les trouva au Mas d'Agenois ^ où il ne fit nul séjour, 
jasoit qu'il eust tousjours fait démonstration d'estre 
très affectionné serviteur de ses deux frères et eut esté 
fort familier du prince de Condé , mais les Guises 
l'avoient gaigné et attiré de leur costé, ce que rendit 
son voyage suspect et ses paroles de nulle efficace. Il 
les vouloit asseurer de la bonne volonté du Roy et de 
la Royne, sa mère, envers eux et de la sincère servi- 
tude que le cardinal et le duc de Guise protestorent 
publiquement leur avoir vouée. Parquoy, disoit-il, ils 
ne dévoient faire nulle difficulté de s'acheminer en 
cour où ils estoient grandement désirez du Roy, de la 
Royne et des Guises et en général de toute la cour, et 
leur présence y estoit très nécessaire pour aider de 
mettre quelque fin aux troubles qui affligeoient la 
France, en quoy le dit roy de Navarre avoit plus d'in- 
térest que tout autre après le Roy et messieurs ses 
frères, pour sa qualité de premier prince du sang après 
la maison du Roy. Ce que ledit mareschal protesta 
leur avoir dit en fidèle serviteur qui désiroit leur 
repos, bien et grandeur, sans qu'il en eust receu charge 
ne commandement, car il n' estoit venu là que pour 
les visiter seulement et leur offrir son service. Cela 
retint le roy Antoine de luy faire autre response pour 
le regard du Roy et de la Royne, protestant que luy 
ni le Prince, son frère , n' estoient jamais entrez en 
nulle deffiance de la bonne volonté de Leurs May estes; 
comme aussi de leur costé, ils n'avoient jamais eu 



1. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Marmande (Lot- 
et-Garonne), 



ET NAVARRE. 83 

autre intention que de leur rendre le fidèle service et 
obéissance qu'ils leur dévoient, mais qu'ils estoient 
très bien acertainfez que ceux de Guise, leurs capitals 
ennemis, avoient rempli les oreilles du Roy de plusieurs 
choses sinistres et pleines de calomnies pour l'irriter 
contre eux. Sur quoy ledit roy Antoine, en très grande 
colère, dit plusieurs choses accompagnées de menaces 
contre le gouvernement des Guises, et le prince de 
Condé fit de grands reproches au mareschal de ce que, 
pour plaire aus Guises, il avoit entrepris de le suivre 
pour l'arrester. C'est une grande indiscrétion de me- 
nacer celuy qu'on ne peut abattre ne luy apporter 
aucun dommage important, car cela luy sert d'aver- 
tissement pour se tenir en garde et le provoque pour 
le tenir en garde et le provoque pour son propre salut 
de prévenir le menaçant et luy faire le premier cela 
de quoy il l'aura menacé. Aussi les menaces de ces 
deux Princes ne servirent que d'accroistre la deffiance 
et l'inimitié des Guises , qui pour attraper les Bour- 
bons, sans courir aucun danger de leur costé, impor- 
tunoient tous les jours le Roy de leur conamander de 
venir en cour et se trouver aux Estas, qui avoient esté 
remués de Meaux à Orléans. Mais la pluralité de tant 
de conmiandemens et promesses du Roy augmentoit 
plus qu'elle ne diminuoit la défiance et reculoit plus 
qu'avancer le voyages du roy de Navarre ; et les Guises 
se servoient finement de ces délais pour rendre plus 
suspects et plus odieux les deux frères au Roy, qui 
conseillé d'envoyer vers eux en Gascogne quelques 
personnages qui, sans leur estre suspects, leur fussent 
agréables pour essayer de gaigner sur eux par paroles 
ce qu'il n'avoit peu obtenir par lettre, y envoya les 



84 HISTOraE DE BÉARN 

cardinals de Bourbon et d'Armaignac, et le prince de 
La Roche-sur- Yon et le sieur de Crussol ^ 

Le cardinal d'Armaignac, avoué parent de la maison 
de Navarre, et par la faveur d'icelle parvenu à tant de 
bénéfices et dignitez ecclésiastiques, arriva le premier à 
Nérac en qualité de légat en Navarre et Béarn. Il 
représenta au roy Antoine avec beaucoup de paroles 
et gestes, pleins d'affection en apparence, l'indignation 
du roy François contre luy, qu'il tenoit pour chef 
de tous ceux qui en France fesans profession de la 
religion nouvelle, avoient remué les armes et donné 
commencement aux troubles qui estoient par tout le 
Royaume. Car le dit seigneur Roy s'asseuroit que 
telles gens n'auroient jamais eu l'audace de se mons- 
trer en public ny d'abattre les images, ruiner les autels 
et saisir les églises, si quelques uns des plus grands du 
Royaume ne leur eusent levé le menton ; que la pro- 
fession publique que le prince de Gondé fesoit de cette 
religion et la demeure et prédications en sa cour et en 
sa présence de Boynormand, David * et Henry ^, mi- 
nistres de cette secte, estoient tesmoignages certains 
que Sa Majesté et le Prince, son frère, favorisoient les 
déportemens de ces hérétiques séditieux et très perni- 
tieux à l'Estat. Mais que le Roy s'estoit délibéré de 
mettre tellement la main sur eux, qu'il ne la lèveroit 
avant les avoir tous exterminez et son intention estoit 
de commencer l'exécution par les plus grands et par 

1. Antoine, comte de Crussol, duc d'Uzès, mort en 1573. 

2. « Maistre David, prédicateur, » figure pour 120 livres de 
gages au compte du trésorier de Navarre de 1557 (Arch. des 
Basses-Pyrénées, B. 143). 

3. C'est Henri de Barran (voir la note 3, page 57), 



ET NAVARRE. 85 

les plus suspects qui, sous ombre d'aller à la messe, 
portoient plus de dommage à [Sainte-Mère] Eglise* que 
les prédicans mesmes ; que [le*] Saint Père le Pape et 
le Roy Catholique solicitoient ordinairement le Roy de 
mettre à bonnescient la main à cette exécution, pour 
laquelle ledit Roy Catholique offroit au Roy Très Chres- 
tien toute aide et faveur, et à ces fins avoit déjà fait 
levée de plusieurs compagnies de gens de guerre pour 
les faire entrer en France, et le Roy avoit plusieurs 
troupes ensemble pour cest effect; que pour éviter 
cest orage. Sa Majesté et le prince de Condé, son frère, 
dévoient aller trouver le Roy et luy rendre conte de 
leurs actions, et il les ouiroit bénignement et en toute 
asseurance, car le Roy les aimoit comme ses parens et 
les honnoroit comme princes de son sang et ne désiroit 
que leur advancement et grandeur, comme il leur 
feroit paroistre incontinent qu'ils seroient arrivez près 
de Sa Majesté ; que ledit roy de Navarre devoit pareille- 
ment escrire à [la Sainteté du Pape ^] pour luy [arra- 
cher de l'entendement * ] la mauvaise opinion qu'il 
pouvoit avoir de luy par tant de sinistres bruits et ad- 
vertissemens qu'il avoit ouis de ses déportemens ; que 
où il ne feroit l'un ou l'autre, infaliblement le Roy le 
ruineroit en son cors et biens et le Pape l'excommu- 
nieroit ; qu'il supplioit Sa Majesté y vouloir bien penser 
avant le fait, car le repentir après ne serviroit que 
d'aggraver son mal ; que Sa Majesté se souvint que 
pour semblable censure le roy Jean et la royne Cathe- 

1. On a ajouté : catholique. 

2. Variante : nostre. 

3. Variante : Sa Saincteté. 

4. Variante : /aire perdre. 



86 HISTOIRE DE BÉARN 

rine, ayeuls de la Royne, sa femme , a voient perdu le 
royaume de Navarre, et il estoit à la vigile de perdre 
le reste ; qu'il avoit receu une bulle du Pape pour 
excommunier, en qualité de légat en Navarre etBéarn, 
Boynormand et David, prédicans, et La Gaucherie S 
précepteur de Monsieur le prince de Navarre, son 
fils, mais que, pour le respect qu'il pourtoit à Sa Ma- 
jesté, il ne l'avoit voulu exécuter sans l'en avoir 
advertie ; qu'il supplioit le Roy de prendre en bonne 
part la liberté de son langage , que la sincère affection 
qu'il pourtoit à la maison de Navarre, de laquelle il 
avoit cest honneur d'en estre avoué parent, avoit arra- 
ché de sa langue contre sa propre volonté , qui eust 
désiré parler en autres termes à Sa Majesté, mais les 
remèdes plus salutaires sont ceux qui font plus de 
douleur. 

Le roy Antoine qui connoissoit le cardinal pour un 
gascon italianisé et un des plus grands courtisans de 
France, ne tint pas grand conte de cette [longue] 
harangue, mais s'excusa seulement de l'hérésie qu'on 
luy mettoit sus, avec grandes protestations de n'avoir 
jamais donné faveur de rien qui fut contre le bien du 
service du Roy, son seigneur, ny de son Estât, ni 
contre la fidèle obéissance que tout François luy 
devoit ; qu'il n'y avoit homme en France qui de meil- 
leur cœur sacrifiast sa vie pour la conservation du dit 
seigneur Roy et l'accroissement de sa couronne et le 
repos de tout le Royaume, ainsi qu'il feroit toujours 

1. Le nom de La Gaucherie manque à presque toutes les bio- 
graphies. — En 1562, Anne de La Gaucherie était au nombre des 
filles de la reine de Navarre ; elle reçut un don de 40 livres pour 
la nourriture de sa sœur (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 10). 



» 



ET NAVARRE. 87 

paroistre en toutes les occasions qui se présenteroient; 
qu'il savoit que le cardinal de Lorraine et son frère, 
ennemis mortels de toute la maison de Bourbon, par 
plusieurs calomnies avoient rendu odieux luy et le^ 
Prince, son frère, au Roy, afin qu'ils n'approchassent 
en seurté de Sa Majesté pour y tenir rang selon leur 
qualité; mais qu'il espéroit que leurs impostures 
seroient un jour connues du Roy et leur fidélité 
reconnue, après qu'il seroit délivré des mains des 
Guises ; que s'il plaisoit au Roy de leur garder l'une 
aureille libre et leur donner audience en seurté, le 
Prince, son frère, et luy se présenteroient tousjours 
seuls devant Sa Majesté pour luy rendre raison de leurs 
déportemens et respondre aux calomnies de leurs 
ennemis ; qu'il défendoit audit cardinal cependant de 
n'attenter rien contre Boynormand, David, Henry ny 
La Gaucherie. Le cardinal donna incontinent advis en 
cour de ce qu'il avoit entendu du roy de Navarre et 
communiqua particulièrement du tout avec le sieur 
d'Escars, l'évesque de Mande et Bouchard S principals 
conseillers dudit Roy. 

L'avertissement du cardinal d'Armaignac augmenta 
la deffiance des Guises et leur osta l'espérance de 
pouvoir attirer le roy de Navarre si facilement en 
cour qu'ils avoient espéré. Toutesfois ils ne perdirent 
point courage et ne désistèrent de leur entreprise en 
laquelle ils estoient nourris par les conseillers plus 
confidans dudit Roy et cela principalement par Bou- 
chard, son chancelier, qui s' estant retiré en sa maison 
depuis la descouverte de l'entreprise de Lion^, avoit 

1. Amaury Bouchard, chancelier de Foix et Béarn. 

2. Il existe aux Arch. des Basses-Pyrénées (E. 582) une déposi- 



88 HISTOIRE DE BÉARN 

escrit au cardinal de Lorraine tout ce qui s'estoit passé 
auprès dudit Roy, son maistre, lequel cependant avoit 
esté conseillé en toutes ces choses plus par ledit chan- 
celier que par autre. Cest avertissement remit en espé- 
rance les Guises de pouvoir obtenir avec le tems ce 
qu'ils demandoient du roy de Navarre ; et pour ce que 
la Royne mère leur estoit moins suspecte, ils moye- 
nèrent qu'elle envoyast le sieur de Grussol en Gasco- 
gne, qui lut expressément choisy d'autant qu'il estoit 
fort favori de la Royne et suspect d'adhérer à la reli- 
gion^ réformée, de laquelle il fit quelque tems après 
[publique] profession. Et le Roy y envoya le cardinal 
de Bourbon, frère du roy de Navarre et du prince de 
Condé. Tous deux esbranlèrent si fort les deux frères 
que le roy Antoine fit publiquement chanter la messe à 
Nérac et y alla luy-mesmes et y mena son fils le prince 
de Navarre. Gest acte donna occasion aux députez de 
l'une et de l'autre religion qui, quasi de tous les quar- 
tiers de France, estoient auprès dudit Roy de craindre 
qu'il estoit en délibération de les quitter du tout ; mais 
il les asseuroit tous les jours du contraire et à toutes 
heures leur faisoit nouvelles promesses, mais l'incons- 
tance de son langage et le changement de sa conte- 
nance mettoit au jour le trouble qu'il nourrissoit en 
son esprit. Son frère le cardinal et Grussol ne l'aban- 
donnoient jamais et le tenoient tellement assiégé qu'il 
n'avoit moyen de parler en privé auxdits députez. Ils 
lui fesoient beaucoup de promesses de la part du Roy 

tion faite par Gilles Trion, dit Pierre Ménard, devant Fournel 
Pourret, commissaire, au sujet d'un complot des protestants qui 
voulaient s'emparer de Lyon. 
1. On a ajouté : prétendue. 






ET NAVARRE. 89 

et de la Royne pourveu qu'il les allast trouver en cour 
et y menast son frère et où il ne le feroit, luy propo- 
soient l'ire du Roy, ses grandes forces et celles du 
Pape et du roy d'Espagne, qu'ils disoient estre toutes 
prestes pour marcher contre luy, incontinent que le 
Roy auroit entendu son refus ; que les promesses que 
ceux qui estoient auprès de luy luy fesoient, n'estoient 
que chimères et vent qui se trouveroient sans nul 
effect au besoin, car le peuple est prodigue en pro- 
messes et très ciche et très avare au fait; et le 
Roy avoit tellement pourveu par toutes les pro- 
vinces qu'il estoit impossible d'y fere aucune levée 
sans son sceu ; et quand bien elle se pourroit faire, se 
seroit populace sans cœur, expérience ny discipHne 
militaire, qui seroit aussi tost défaite que levée par les 
gens du Roy, qui estoient toutes les compagnies de 
gens d'ordonnances et tous ceux qui en ce Royaume 
s'estoient jamais meslez de la guerre ; de sorte qu'il 
seroit à luy une grande imprudence de se mettre aux 
champs sous les vaines promesses de ces gens qui 
estoient sans force et sans moyens ; que s'il avoit envie 
de se perdre avec ses désespérez, qu'il eust au moins 
quelque esgard à toute la maison de Bourbon de 
laquelle il estoit chef de linage et à sa femme et à ses 
enfans, la perte de tous lesquels indubitablement sui- 
vroit la sienne ; qu'estant en cour il pourroit rabatre 
l'audace de ses ennemis, qui, quelque mine qu'ils 
fissent, le désiroient plustot loin que près, craignans 
que la présence de luy et du prince de Condé n'appor- 
tassent quelque changement aux affaires et diminution 
au gouvernement qu'ils avoient usurpé ; que tous les 
princes du sang se joindroient infaliblement à eux avec 



90 HISTOIRE DE BÉARN 

les officiers de la couronne et toute la principale 
noblesse de France. Ses plus privez conseillers [secrets 
partisans des Guises] chantoient tous les jours secret- 
tement cette mesmes chanson à ce Roy, lequel enfin 
resolust le voyage de la cour qu'il avoit si longtemps 
dilayé. 

Cela ne fut plustot venu à la connoissance des dépu- 
tez, qui estoient auprès dudit Roy, qu'ils délibérèrent 
de parler à luy plus ouvertement qu'ils n'avoient 
encore fait pour luy oster, s'il estoit possible, la crainte 
qui l'avoit saisy et asseurer en quelque manière [son 
inconstance *] . Ils luy remonstrèrent donq qu'il redon- 
doit au grand détriment de toute la France et au mes- 
pris de toute la noblesse, principalement des Princes, 
officiers de la couronne plus anciens conseillers et 
serviteurs du Roy deffunt, que deux seuls hommes 
descendus d'autre nation, et qui ne pouvoient prétendre 
en France tiltre ne rang que de simples gentilshommes, 
usurpassent une telle autorité sur tout le royaume, qu'ils 
manioient le Roy à leur volonté et disposoient non 
seulement des finances, de la guerre et de la justice, 
mais aussi de l'honneur, vie et biens de tous les Fran- 
çois de quelle qualité qu'ils fussent, sans compagnon 
ni contreroleur de leurs actions et sans esgard à la 
qualité, vertu, fidélité, expérience et longs services 
des personnes, haulçoient etabaissoient, introdui soient 
et deschassoient ceux qu'il leur plaisoit ou qu'ils pen- 
soient les pouvoir aider ou empescher en l'exécution 
de leur secret préparatif de saisir un jour cest Estât 
qu'ils prétendoient leur appartenir et le fesoient ainsi 

1. Variante : et V asseurer en quelque manière que cefust. 



ET NAVARRE, 91 

courir entre leurs plus confidans comme sortans de 
l'estoc de Charlemaigne et des rejettons de cette 
souche. Et pour le persuader à ceux qui ignoroient 
l'histoire Françoise avoient fait dresser une généalogie 
de la maison de Lorraine remplie de faucetez et men- 
songes pour la faire descendre dudit Charlemaigne, 
afin qu'ayans gaigné ce point, ils puissent venir à 
l'exécution du décret du pape Etienne II : que nul qui 
ne seroit de la race de Charlemaigne ne puisse estre 
roy de France, avec malédiction aus François s'ils 
fesoient autrement. Mais que le royaume de France 
n'estoit en rien sujet au Pape et ne pouvoit tomber en 
censure d'interdit ny excommunication, et estoit notoire 
par l'histoire françoise que la postérité masculine de 
Charlemaigne estoit deffalie, il avoit plus de 500 ans, 
en Charles, duc de Lorraine, frère du roy Lothaire et 
oncle de Loys V, fils d'iceluy, à qui l'empereur Othon II 
avoit donné le duché de Lorraine, pour le distraire de 
l'affection des François, aux conditions qu'il tiendroit 
ledit duché en foy et hommage de l'Empire. En quoy 
ledit Charles luy avoit si bien obéy qu'il en avoit en- 
couru la malegrace de tous les François et avec sa vie 
en avoit perdue la succession du Royaume, car comme 
il en vouloit prendre possession, les François conduits 
par Hue-Capet s'estoient tellement opposez à luy qu'a- 
près l'avofr combatu, défait et prins à Laon, il mourut 
prisonnier à Orléans avec deux enfans que sa femme 
luy fit durant la prison. Depuis le duché de Lorraine 
avoit changé de race, de nom, d'armes et de seigneurs 
pour le moins six ou sept fois, ayant esté donné par 
les Empereurs comme fief de l'Empire à divers gentils- 
hommes, ou estant tombé en quenouille avoit estétrans- 



92 HISTOIRE DE BÉARN 

porté à plusieurs maistres qui n'estoient que simples 
gentilshommes jusques à tant que Isabeau, fille de 
Charles, duc de Mozelane, qui possédant quatre ou 
cinc places de ce duché sur la rivière Muse \ se fesoit 
nommer duc de Lorraine, l'avoit apporté à René, duc 
de Bar, frère et successeur de Loys III, duc d'Anjou et 
roy de Sicile, qui laissa une fille, nommée Yoland, qui 
fut femme de Ferry de Vaudemont, fils d'Antoine de 
Vaudemont, frère dudit Charles, duc de Mozelane, qui 
descendoit de la maison de Graville en Normandie. De 
ce Ferri descend la maison de Lorraine qui est aujour- 
dhuy en pied, car Ferry et Yoland laissèrent un fils 
nommé René qui fut père d'Antoine, duc de Lorraine, 
et de Claude, duc de Guise, père des Guises ; qu'il 
estoit à craindre que ces hommes enyvrez de l'ambi- 
tion et ensorceliez de cette fausse opinion qu'ils estoient 
les légitimes successeurs de Charlemaigne ne voulus- 
sent un jour avoir en effect ce qu'ils tenoient jà par 
fantasie ; ce que leur seroit très facile puisqu'ils pos- 
sédoient le Roy à leur volonté et manioient le Royaume 
avec l'autorité absolue; et autre chose ne pouvoit 
rompre cette exécution que l'opposition des bons fran- 
çois qui n'estoient encores infectez de la contagion 
Lorraine ; par ainsy qu'ils feroient bonne mine jus- 
ques à tant qu'ils auroient achevé de désapointer et 
chasser du près de Sa Majesté tous les plus gens de 
bien et tous ceux qui pour leur sang ou le devoir de 
leurs offices la dévoient tousjours environner et 
appuyer et par manière de dire luy servir d'yeux, 
oreilles, bouche, mains et pieds, pourvoir, juger, con- 

1. La Meuse. 



ET NAVARRE. 93 

duire et exécuter tout ce qui est pour le bien public ; 
qu'ils avoient déjà rendus suspects au Roy tous ceux 
qui pouvoient descouvrir leurs intentions, esclerer 
leurs conseils et empescher leurs exécutions, dont 
estoit sortie la casserie de tant de bons capitaines et le 
changement de plusieurs gouverneurs et l'emprison- 
nement de quelques uns de robe longue, et taschoient 
de piper les volontez des cours des Parlemens, dedans 
lesquelles ils avoient beaucoup de créatures et plu- 
sieurs partisans qui leur servoient de soliciteurs et 
d'espions ; qu'il falloit conjurer cest orage qui com- 
mençoit encores de se bastir avant qu'il fut tombé sur 
la France et prévenir le mal devant qu'il fut avenu, et 
purger cest humeur malin plustot qu'il n'eust infecté 
les parties nobles, à quoy un seul remède sembloit 
salutaire prouveu qu'il fut bien dosé et fidèlement 
préparé et donné en temsoportun ; qu'ensuivant donq 
les bons médicins qui curoient les maladies par 
remèdes contraires à l'humeur peccant, il faloit appli- 
quer à cette maladie causée de désordre un bon ordre 
pour médecine ; car tous les grands maux desquels la 
misérable France se trouvoit alîligée procédoient de ce 
que les Guises par grand désordre avoient esté si 
monstreusement eslevez, que le nom de Roy excepté, 
ils estoient plus grands, plus craints et mieux obéis 
que le Roy mesmes ; parquoy la raison vouloit et la 
nécessité commandoit de les remettre par bon ordre 
en leur rang, réprimer leur audace et leur fere rendre 
comte de leur déréglée administration par devant une 
légitime et libre convocation d'Estas-Généraux, qui 
estoit l'ancienne médecine de laquelle nos pères avoient 
tousjours usé pour la cure de semblables maladies sur- 



94 HISTOIRE DE BÉARN 

venues en l'Estat et l'ordre qu'ils avoient tenu pour 
remettre les règnes desordonnez et réprimer l'audace 
et punir les insolences et injustices des ministres des 
Roys, abusans du nom et de l'autorité du Roy, tes^ 
moins Ébroin et Bretchaire au tems du roy Théodoric 
?% et Porcher, principal conseiller de Théodobert, roy 
de Mets, Pierre de La Broche de Philipe-Hardy, En- 
guerrant de Marigni de Philipe-le-Bel, Pierre Remy de. 
Charles-le-Bel et plusieurs autres qui pour s'avancer 
avoient renduz odieux aux Rois les princes et la plus 
qualifiée noblesse, afin qu'ils n'aprochassent près de 
Leurs Maj estez et ne fussent receus au maniement des 
affaires et administration des plus grandes charges ; 
et pour s'enrichir de la substance du peuple l'avoient 
surchargé de tailles et imposts extraordinaires. Que 
les Guises qui avoient fait publier la convocation des 
Estas au Roy, avoient eux-mesmes préparé le chemin 
pour venir à ce nécessaire remède, non pas que telle 
fut leur intention, car le cardinal de Lorraine avoit 
plusieurs fois dit que tenir Estas estoit brider le Roy 
et luy oster la puissance souveraine ; par ainsi que ceux 
qui demandoient Estas dévoient estre justement sus- 
pects au Roy comme capitals ennemis de la suprême 
autorité royale. Qu'il estoit donq à présumer la publi- 
cation desdits Estas avoir esté faite pour entretenir et 
accroistre les désordres non pas pour les oster et que 
par icelle les Guises vouloient affermir leur gouverne- 
ment et faire faire le procès comme criminels de leze- 
majesté à tous ceux qu'ils tenoient pour ennemis ou 
qui auroient fait ou dit quelque chose contre eux ou 
leur gouvernement, car ils tenoient fait contre la 
majesté du Roy et de son Estât tout ce qui avoit esté 



I 



ET NAVARRE. 95 

fait contre eux et leur gouvernement. Et pour donner 
cette fin à leur secret conseil, ils avoient envoyé leurs 
partisans par les provinces pour faire tenir les Estas 
Provinciaux, afin que les cay ers y fussent dressez selon 
les mémoires qu'ils y avoient envoyées et les députez 
y fussent esté choisis suivant leur nomination et man- 
dement. Lesquels députez dévoient communiquer 
leurs cayers au cardinal au préalable de les présenter. 
Ettoutyavoit esté fait avec telle violence que plusieurs 
qui avoient parlé de réformer l' Estât avoient esté mal 
traittez ou fort menacez. Et pour tenir en crainte 
l'assemblée, ils avoient remply la ville d'Orléans de 
compagnies de gens de guerre tirées du Piémont, de 
Picardie et du Metzin, sous couleur de bailler gardes 
suffisantes au Roy ; mais en effect pour se garder eux- 
mesmes et donner la loy ausdits Estas [et exterminer 
les bons françois.] Mais les tyrans, non pas les Roys, 
avoient accoustumé d'entretenir des armées pour les 
garder, car la plus seure garde des bons et légitimes 
Roys estoit la bienveillance de leurs peuples ; et an- 
ciennement les roys de France n'avoient pour toute 
garde qu'un portier ou huissier de sale, pour garder 
seulement la porte. Ce qui devoit rendre plus suspecte 
l'armée qui a\foit esté assemblée auprès du Roy et 
servir d'avertissement audit roy de Navarre et à son 
frère qui avoient droit de se trouver aux Estas et à 
tous ceux qui avoient intérestà la tenue d'iceux. Qu'il 
estoit nécessaire que ledit Roy fit le voyage de la cour 
et se trouvast aux Estas, de quoy tous les bons fran- 
çois le supplioient très humblement, mais qu'il le 
devoit faire en telle sorte qu'il fut à luy honnorable et 
utile à la France, et peut garentir de mal et danger tous 



I 



96 HISTOIRE DE BÉARN 

les bons françois qui s'y trouveroient. Qu'en cette ma- 
nière ledit roy de Navarre seroit favorablement receu 
du Roy, craint et respecté des Guises , et toute la com- 
pagnie parleroit en toute liberté et seroit bénignement 
escoutée et obtiendroit tous justes appointemens à ses 
requestes et au contraire. Qu'à l'exemple donc des 
Guises qui, sous le nom du Roy, s'estoient le premiers 
armez, non poinct pour la défense du Roy et de son 
Estât, mais pour opprimer la liberté de la France et la 
vie des bons françois, il leur estoit plus nécessaire de 
recourir à la justice des armes, justes à ceux à qui 
elles sont nécessaires et ne trouvent seurté ny refuge 
qu'en elles, ne seur accès à leur Roy que par elles. 
Ainsi Charles, duc de Rerry, frère du roy Loys XI, 
voyant le [tyrannie et] mauvais gouvernement des 
ministres dudit Roy, qui [comme maintenant fesoient 
les Guises] luy avoient tellement rendus suspects et 
odieux les Princes et plus grands seigneurs du Royaume, 
qu'il avoit changé les anciens conseillers de feu son 
père , ne fit difficulté de prendre ouvertement les 
armes pour faire tenir les Estas en liberté et fere 
rendre conte auxdits ministres de leur administration ; 
dont estoit sortie la guerre du bien public, la journée 
de Montlhéry, le siège de Paris et enfin les Estas de 
Tours, qui avoient donné audit roy Loys trente six 
conseillers. Qu'ils ne cerchoient de recourir aux armes 
de gaieté de cœur, ny pour offencer personne, mais 
que la nécessité les y contraignoit pour garentir leur 
vie et parler en seurté et liberté à leur Roy, Ce qu'ils 
fesoient d'autant plus à regret qu'il sembloit contraire 
à la mesmes nature que le sujet se présentât armé 
devant son Roy, père et pasteur du peuple ; outre que 



ET NAVARRE. 97 

les armes, principalement les civiles, dissipoient les 
biens, ruynoient les personnes et corrompoient les 
mœurs ; mais que la violence des Guises qui tenoient 
le Roy plus tôt assiégé que gardé par une armée de 
leurs partisans leur avoit fermé toute autre voye et les 
avoient jettez en ce désespoir qu'ils estoient contraints 
de s'ouvrir par le fer le chemin jusques en la face de 
leur Roy ou mourir par le bourreau, sans estre ouys ; 
car les Guises ne permettoient à Sa Majesté d'ouyr 
librement ses sujets et juger leurs causes selon les 
choses alléguées et prouvées ny à eux de voir leur 
Roy et luy faire leurs plaintes, car ils avoient tellement 
préocupé r.esprit de ce jeune Prince que sans autre 
vérification que leur simple raport, par un préjugé, il 
tenoit pour rebelles, séditieux et hérétiques tous ceux 
qu'ils lui disoient estre tels et ils accusoient pour tels 
tous ceux qui leur estoient ouvertement contraires ou 
ils soupsçonnoient l'estre ou ceux qu'ils craignoient 
pour leur qualité, probité, doctrine ou richesses. Qu'ils 
s'asseuroient que leur sincère intention seroit prise en 
mauvaise part et qu'on les prendroit pour rebelles et 
séditieux et criminels de leze-majesté ; mais qu'ils 
avoient Dieu scrutateur des cœurs pour tesmoin de 
leurs volontez et juge de leurs actions, auquel ils 
remettoient le jugement de tout cest affaire. Que les 
plus sincères intentions et plus justes actions de plus 
gens de bien estoient suspectes aux méchans et sujetes 
à plusieurs calomnies ; mais qu'il valoit mieux souffrir 
mal parler de soy que porter le mal sur soy, et estre 
calomnié plustost que tué; et, comme disoient les 
jurisconsultes, il valoit mieux repousser le mal de bon 
heure qu'attendre de le venger après sa mort et le 

7 



98 HISTOIRE DE BÉÂRN 

sépulchre, car la mort estoit sans deffense, réplique 
ne justification où la vie pouvoit respondre , soy 
deffendre et justifier. 

Car encores que le Roy, entré en sa seziesme 
année, eust passé l'aage que l'ordonnance du roy 
Charles VI avoit donné à la majorité des Roys , 
il n' avoit pourtant peu disposer des affaires et du 
gouvernement du Royaume selon sa seule volonté, car 
cette loy ne fesoit nulle mention du gouvernement de 
l'Estat, mais seulement du sacre, couronnement, 
reconnoissance et réception par le peuple, afin 
d'asseurer le Royaume es mains des enfants des Roys 
défunts, demeurez en bas aage, ainsi qu'il appa- 
roissoit par les propres mots de la loy salique disant 
que tout légitime héritier de France seroit sacré et 
couronné comme Roy, aussi tost qu'il auroit atteint le 
quatorsiesme de son aage, et que tous ses sujets luy 
feroient foy et hommage et serment de fidélité ; mais 
après ledit sacre le gouvernement du Royaume estoit 
toujours demeuré en la disposition des Estas : ainsy 
d'autant que le roy Louis II, fils de Charles-le-Chauve, 
avoit disposé des gouvernemens et dignitez du Royaume , 
les Estas s'y opposèrent. Et pour ce que Charles V 
avoit ordonné par testament sa femme et le duc de 
Rourbon, frère de sa femme, pour tuteurs à son fils 
Charles VI, et Loys, duc d'Anjou, frère dudit Roy, 
pour gouverneur du Royaume, les Estas rescindèrent 
le testament et par leur autorité les mesmes tuteurs 
furent donnez à la personne dudit Roy et le mesmes 
gouverneur au Royaume. Que par cette mesme 
compagnie tuteurs avoient esté ordonnez au roy 
Charles VIII. Et après la prise du roy Jean, combien 



ET NAVARRE. 99 

que monsieur le Dauphin, son fils, fut en aage de toute 
majorité, les Estas assemblez à Paris luy avoient baillé 
un conseil avec lequel il fesoit toutes choses. Suivant 
donc les anciennes loix et coustumes de France, 
Sa Majesté n'avoit deu chasser les Princes ny les 
anciens officiers de la Couronne et les conseillers du 
feu Roy du conseil et gouvernement du Royaunje, 
pour le mettre es mains des deux frères Guises, sans 
l'advis des Estas ; ce qu'ayant esté bien connu par les 
deux frères , ils s'estoient tellement rendus maistres 
desdits Estas qu'ils s'estoient asseurez qu'ils ne feroient 
rien que ce qu'ils leur commanderoient. Et n'y avoit 
autre moyen de rompre leur dessein que par les armes 
conduites par ledit roy de Navarre. Que pour éviter ce 
coup, les frères, ayant despouillé la peau du lion, 
avoient pris celle du renard, pour attirer par beaucoup 
de fauces asseurances et promesses lesdits roy de 
Navarre et le Prince, son frère, désarmez à Orléans, 
s'asseurans qu'eux despéchez, le reste feroit incontinent 
joug, sans qu'il y eust personne qui osast rien parler 
ne remuer contre eux et leur gouvernement. 

Et d'autant qu'ils se tenoient asseurez que leditRoy ny 
son frère ne prendroient jamais asseurance d'eux ny 
de leurs offres et promesses, ils employoient finement 
l'autorité du Roy pour leur commander, la bonne 
grâce de la Royne mère pour les prier et asseurer, et 
la familiarité dumareschal de Saint-André, la servitude 
du cardinal d'Armaignac et la parenté du cardinal de 
Bourbon pour leur persuader ledit voyage sans armes; 
qu'encores que la négotiation des autres peut estre 
justement suspecte, ils s'asseuroient que M. le cardinal 
de Bourbon marchoit de droit pié en tout cest affaire, 



100 HISTOmE DE BÉÂRN 

n'y estant poussé que du désir qu'il avoit à la conser- 
vation de ses frères qu'il craignoit estre perdus s'ils 
n'alloient promptement à Orléans désarmez et sans 
compagnie extraordinaire, s'asseurant sur la promesse 
du Roy, qui par plusieurs foysluy avoit asseuré, qu'ils 
y seroientreceus en toute bien-veuillance etasseurance, 
et auroient auprès de Sa Majesté le rang et l'autorité 
que leur qualité de premiers princes du sang méritoit. 
Mais que le cardinal ne jugeoit pas, comme il faloit, 
des paroles du Roy selon l'intention des Guises qui 
estoit de les tromper par promesses, comme l'on fait 
les petis enfans par des pomes. Par ainsi que le roy 
de Navarre et le prince de Condé, ausquels cest affaire 
touchoit de plus près, dévoient prendre les promesses 
et asseurances du Roy comme provenantes des Guises 
et s'en servir d'advertissement pour se mettre de 
bonne heure en défense et prévenir par célérité leur 
malice, qui estoit le seul moyen pour estre bien receus 
du Roy et traittez comme ses bons parens et craints 
des Guises et demourer asseurez contre leurs artifices 
et pouvoir parler en toute liberté et se justifier sans 
aucun danger, qu'autrement ils seroient mal receus du 
Roy et traittez en séditieux et rebelles, et moquez et 
bravez par les Guises. Que les offres que les provinces 
de France leur avoient faites de gens de guerre et 
tous autres moyens pour les accompagner en ce 
voyage estoient très asseurées, et lesdites provinces 
feroient sans doute plus qu'eux, députez d'icelles, ne 
leur avoient promis, sy elles voy oient audit Roy et 
son frère le Prince une constante résolution et une 
prompte exécution, et plusieurs troupes de gentils- 
hommes qui estoient toutes prestes seroient jà auprès 



ET NAVARRE. 101 

dudit Roy, s'il eust voulu donner un ouvert commen- 
cement à tant de grandes promesses qu'il leur avoit 
tant de fois fait, de se déclarer chef de cette juste 
entreprise. Qu'ils le supplioient donq de ne se laisser 
tromper par paroles fraudeleuses et de prendre 
quelque bonne résolution pendant que son frère et luy 
en avoient encore le loisir, le moyen, la liberté et la 
force, qu'indubitablement ils perderoierît de mesmes 
qu'ils approcheroient de la cour désarmez. Qu'ils se 
souvinssent du traittement fait à ceuxde l'entreprise 
d'Amboise, desquels le Roy, au raport de ceux de 
Guise, tenoit ledit roy de Navarre et son frère pour 
chef. Par ^insi s'ils tomboient au pouvoir des Guises, 
qui savoient toute cette entreprise avoir été dressée 
contre eux et leur gouvernement, infaliblement , 
quelques grandes promesses qu'on leur fit du contraire, 
ils recevroient le mesmes jugement que les autres, 
ausquels monsieur de Nemours avoit donné tant de 
grandes promesses et asseurances. 

[Le roy de Navarre fit quelque démonstration d'avoir 
pris leur dire en bonne part et continuoit tousjours 
ses accoustumées promesses de fere le voyage en telle 
manière que luy et les Estas pourroient parler et 
délibérer de toutes choses en toute Hberté etasseurance. 
Ceux de la religion réformée, qui fesoient le plus grand 
nombre, demandoient particulièrement d'estre ouys 
librement par la parole de Dieu sur les points de leur 
religion qui estoient en controverse avec la romaine ; 
protestant qu'ils ne vouloient estre supportez en 
hérésie quelconque, ains seulement enseignez où ils 
seroient trouvez en ignorance, et redressez s'ils estoient 
en erreur, car tous hommes sont sujets à ignorance et 



102 fflSTOiRE DE BÉARN 

erreur. En quoi ils promettoient dese monstrer tellement 
dociles que chacun pourroit facilement connoistre 
qu'ils ne désiroient rien tant en ce monde que bien 
connoistre et démonstrer Dieu et le servir selon sa 
volonté, la gloire duquel ils cerchoient non pas la leur, 
les choses spirituelles, non pas les temporelles, le 
repos et le salut de leurs âmes non pas des corps. Que 
tel estoit l'ordre que l'église avoit anciennement tenu 
en l'endroit de ceux qu'elle avoit veus errer en quelque 
article nécessaire à salut, et les apostres l'avoient 
ainsi prattiqué sur le différent sy l'observation de la 
loy estoit nécessaire pour estre sauvé, et l'église l'avoit 
plusieurs fois fait d'elle-mesme, et sans l'aide ny faveur 
des magistrats, jusques au tems de l'empereur Constan- 
tin-le-Grand qui avoit convoqué ce grand et célèbre 
concile, le premier de Nicée, où Arius avoit esté plei- 
nement ouy et convaincu par la parole de Dieu, et son 
hérésie condamnée par l'église et interdite par ledit 
Empereur à tous les sujets de l'Empire. Et depuis à 
son exemple plusieurs Empereurs avoient fait le 
mesmes et ne se trouvoit royaume chrestien où cela 
n'eust esté prattiqué, et les rois de France s'y estoient 
portez avec plus de diligence que pas un des autres, 
desquels on trouvoit encore plusieurs belles consti- 
tutions pour la réformation et entretenement de la 
religion chrestienne. Dont ils prenoient espérance, si 
les Estas pouvoient estre assemblez avec l'asseurance 
et la liberté requises et eux paisiblement ouis, de rece- 
voir non seulement relasche de leurs tormens, mais aussi 
d'obtenir authentique permission de continuer publi- 
quement en toute asseurance et liberté l'exercice de 
leur religion , lequel ils ne pouvoient quitter ny 



ET NAVARRE. 103 

abandonner quelque commandement que le Rôy leur 
en fit, sans quitter Dieu et renoncer Jésus-Christ, qui 
en ce cas les renonceroit devant Dieu son père. Non 
pas qu'ils ne désirassent de tout leur cœur d'obéir au 
Roi, mais qu'aux affaires de la religion et àe la 
conscience, il falloit prendre la loi de Dieu, non pas 
des hommes, et on devoit obéir à Dieu plustot qu'aux 
hommes. Qu'il supplioient^donc de rechef ledit roy de 
Navarre de vouloir prendre la protection de leur juste 
cause et suivre l'advis qui lui estoit donné de ne se 
fier aux Guises et n'aller en cour mal accompagné ny 
désarmé pour ne tomber au danger éminent et certain 
auquel il sembloit se vouloir sciemment précipiter plus 
par désespoir que par raison] et où il seroit ©n cette 
délibération qu'il laissast au moins le Prince , son 
frère, pour lui servir d'ostage et de garent contre ses 
ennemis qm vray semblant se garderoient d'offen- 
ser Sa Majesté, tant que ledit Prince seroit hors de 
leur puissance, craignans la vengence qu'il pourroit 
prendre sur eux. Outre qu'ayant fait le Prince publique 
profession de la religion \ il estoit déjà condamné 
pour hérétique, et aussi tost qu'il arriveroit désarmé 
en cour l'exécution s'ensuivroit. Mais tous deux frères 
avoient promis le contraire au cardinal de Bourbon 
qui en avoitdéjà donné advis au Roy. 

Ainsi ils partirent sur la fin de septembre encore que 
la princesse de Condé leur eust donné certain advertis- 
sement du danger où ils s'alloient mètre , et n'eurent plus- 
tot commencé de marcher qu'on ne lit en leurs faces 
et ne jugeast par leurs paroles qu'ils alloient plus tôt 
prendre la loy de leurs ennemis que leur y donner. 

1 . Ou a ajouté : prétendue réformée. 



104 HISTOIRE DE BÉARN 

Estant'à Bertrueil * ils renvoièrent Théodore de Bèze, 
ministre de [l'église de] Genève. De ce renvoy les 
députez, jugeans par cest échantillon de toute la pièce, 
se confirmèrent du tout qu'ils ne fairoient autre chose 
pour eux en ce voyage, que les mettre en plus grand 
danger qu'ils n'estoient, ny pour eux-mesmes que 
donner commodité à leurs ennemis de les taire mourir. 
Parquoy ils se retirèrent en leurs maisons pour 
entendre plustot de loin en abscence que voir de près 
en présence la tragédie laquelle volontairement ces 
Princes alloient mettre sur l'eschafaut. 

Approchant de Poitiers, ils se trouvèrent environnez 
de plusieurs compagnies de gens de guerre conduites 
par le mareschal de Termes^ ; et Montpezat^, [créature 
de ceux de Guise] , séneschal de Poitou, leur fit comman- 
dement de la part du Roy de n'entrer en aucune ville 
close sur peine de la vie. Chacun peut penser avec 
quelle contenance ces deux Princes furent spectateurs 
des scènes de ce premier acte auquel ils eussent 
volontiers rompu le jeu, s'ils eussent osé ou peu, 
mais force leur fut de passer outre et d'arriver à 
Orléans. Ils y entrèrent le pénultième d'octobre, plus 
en prisonniers qu'en Princes, et furent receus du Roy, 
non pas en parens, selon ses promesses, mais en 
criminels contre ses promesses et selon l'intention des 
Guises. Le Prince fut incontinent reserré en prison 



1 . Verteuil d'Agenais , canton de Castelmoron, arrondissement 
de Marmande (Lot-et-Garonne). 

2. Paul de La Barthe, seigneur de Thermes , né à Couserans, 
maréchal de France en 1558, mort en 1562. 

3. Melchior Des Prez, seigneur de Montpezat, lieutenant de 
Roi en Guienne. 



ET NAVARRE. 105 

estroite et fut commandé à certains personnages de 
prendre garde sur le roy de Navarre et d'observer 
toutes ses actions ; de manière qu'il n'estoit pas moins 
prisonnier ny en moindre péril que son frère qui fut 
condamné d'avoir la teste tranchée et eust esté exécuté, 
si le roy François ne fut si tost décédé. Et combien 
que mesmes sentence n'eust esté encor donnée contre 
le roy de Navarre, il ne fut pas toutesfois en moindre 
danger par autre voye, car (comme la Royne, sa 
femme, a laissé par escrit imprimé) ceux de Guise le 
voulurent faire empoisonner, mais estant adverti du 
boccon qui lui estoit destiné, il s'excusa d'aller à un 
disner auquel ils l'avoient fait inviter. Ayant failly ce 
coup, ils succitèrent un garnement pour luy tirer une 
pistolade, conmie il se retireroit le soir, mais il n'osa 
l'exécuter d'autant que le connestable avec ses enfans 
et maints autres gentilshommes le conduisirent ce soir 
jusques dedans sa chambre. Il tomba incontinent en 
plus grand péril, car ses ennemis persuadèrent au roy 
François de luy dresser une querelle d'Alemagne et de 
le tuer de sa main propre ou au moins commencer de 
le frapper, afin que les autres l'achevassent. Ge'qu' ayant 
ledit Roy arresté [de faire,] manda le Navarrois de le 
venir trouver un soir en sa chambre où il faignoit 
d'estre malade. Il s'excusa au premier messager, mais 
estant rechargé d'un second, qui mesmes luy descouvrit 
l'intention du Roy, n'osa plus délayer. Parquoy, asseuré 
qu'il ne tombe un seul cheveu de nostre teste que par 
la disposition de ce grand Dieu qui seul fait mourir et 
vivre, et démène les cœurs des Roys à son plaisir, 
s'achemina au lieu où il estoit appelé. Montant les 
degrez, il dit au capitaine Ranti, gentilhomme auquel 



106 HISTOIRE DE BÉÂRN 

il avoit beaucoup de confiance : « Je m'en vay au lieu 
» où l'on a conjuré ma mort, mais jamais peau ne fut 
» si chèrement vendue, que je leurvendray la mienne. 
» S'il plaist à Dieu, il me sauvera. Cependant je vous 
» conjure me faire ce dernier service, qu'avenant que 
» je y meure, vous taschiez dé recouvrer la chemise 
» que j'ay vestue et l'aportez toute sanglante à ma 
» femme et à mon fils, lequel pour n'estre d'aage 
» pour pouvoir venger ma mort, je conjure madite 
» femme, par la grande amour qu'elle m'a toujours 
» portée, d'envoyer madite chemise à tous les princes 
j> chrestiens et les supplier vouloir venger un si 
» meschant acte. » 

Sur ce propos, estant entré seul dedans la 
chambre du Roy, le cardinal de Lorraine ferma 
incontinant la porte par dedans et le Roy attaqua 
le Navarrois de quelques propos fort rudes, aus- 
quels il respondit avec telle modestie que les choses 
passèrent seulement en paroles, au grand regret du 
cardinal et de son frère et du mareschal de Saint-An- 
dré, qui estoient dedans, attendans le conmiencement 
de cette tragédie, et sortans de la chambre, le cardinal 
dit parlant du Roy : « Voilà le plus poltron cœur qui 
fut jamais. » Cette entreprise faillie, les Guises en 
dressèrent incontinent un autre avec moindre appa- 
rence d'injustice, mais avec plus de trahison. Ils firent 
donc commander au Navarrois par le Roy mesme de le 
suivre à Chambourg ^ et Chenonceaux où il délibéroit 
aller prendre le plaisir de la chasse, et là, comme on 
courreroit quelque beste rousse, certains assassins le 

1. Chambord. 



ET NAVARRE. 107 

dévoient assassiner et on devoit faire courir le bruit 
après qu'il auroit esté tué par quelque beste furieuse. 
Et le mareschal de Termes avoit commandement 
d'aller incontinent en Béarn saisir la royne de Navarre, 
ses enfans et son pais. Mais le dispensateur de toutes 
choses garentit le mari, la femme, les enfans et leur 
pays par une soudaine maladie qu'il envoya au roy 
François. Durant sa maladie les deux frères Bourbons 
furent en plus grand danger qu'ils n'avoient encores 
esté, car leurs ennemis vpulans jouer à quitte ou double, 
arrestèrent de faire exécuter le puisné et meurtrir 
l'aisné, comme il seroit au Conseil, qui, en ayant esté 
averti par une grande dame, fit le malade et en donna 
advis à la Royne mère qui lui destourna ce coup. 
Cependant le 5 de descembre la mort du Roy mit 
hors de tout danger les Bourbons qui furent aussi tost 
suivis de toute la cour qui tourna le dos à ceux de 
Guise, lesquels se trouvèrent en un moment descheus 
de leur crédit , grandeur et espérances , et en aussi 
grand hazard de leur vie qu'ils av oient mis les autres, 
si le roy de Navarre eust voulu croire ses amis et 
serviteurs qui estoient d'advis que, sans user d'aucune 
violence ou perfidie, il les mit seulement aux mains de 
la justice pour leur faire rendre conte de leurs actions 
et leur faire le procès. Mais la Royne mère sceut si 
bien amadouer le Navarrois qu'elle lui fit tout oublier 
et le réconcilia avec les Guises; non pas qu'elle leur 
portast aucune bonne affection, mais afin de se servir 
d'eux pour rabattre les coups qu'elle craignoit du 
Navarrois pour la régence, laquelle tous espéroient 
qu'il prendroit lors suivant sa qualité de premier 
prince. Toutesfois il voussit ladite Royne lui estre 



108 HISTOIRE DE BÉARN 

préférée et lui quitta par escrit tout ce que nature, la 
loy et les Estas luy pourroient donner sur cette tant 
honnorable charge. J'ay réduit cette histoire le plus 
brief que j'ay peu pour ce qu'elle a esté escrite au 
long par d'autres. [Voyez V Histoire ecclésiastique de 
France^ et celle des affaires de France par La Popi- 
linière ^.] 

La Roine [de Navarre], femme dudit roi Antoine 
avoit tousjours [defFavori] plustotque favori la religion 
réformée et de tout son pouvoir reculé son mary 
d'icelle ; [mais au tems de la plus grande captivité de 
son dit mari et au plus grand danger de la ruine de sa 
maison, remettant toutes choses en la disposition de 
la providence de Dieu] , contre l'opinion de plusieurs 
ses serviteurs, elle se déclara ouvertement de ceste 
religion [avec une telle constance que jamais depuis 
elle n'en peut estre destournée, quelques assauts que 
Satan et le monde lui ayent peu donner. L'an donc 
1561 à la cène de Noël, elle abjura à Pau en Béarn la 
religion romaine et receust la réformée, et après avoir 
fait confession de sa foy, communiqua au sacrement 
de la sainte cène suivant la forme de ladite religion. 
Et pour ce que quelques particuliers , ses sujets , 
poussez d'un zèle indiscret, d'eux -mesmes avoient 
abbatu quelques images, ils en firent ce mesmes jour 
réparation publique en présence de ladite Dame; 
laquelle après avoir déduit telle chose devoir estre 
faite par les Roys et Princes, non pas par les parti- 
culiers et confessé que le Roy, son mari, et elle le 

1. Par Théodore de Bèze. 

2. Lancelot Voisin de La Popeliuière, historien protestant, né 
vers 1540, mort en 1608. 



ET NAVARRE. 109 

dévoient avoir fait, remit tout l'intérest qu'elle pouvoit 
avoir en ceste faute aux délinquans^ 

Après cela elle s'achemina en France pour trouver 
le Roy, son mari , qui [lors favorisoit] la religion ^ 
reformée et fut cause du colloque de Poissi entre les 
ministres et les évesques et de l'édit de janvier qui 
permettoit à tous les françois d'avoir exercice de la 
religion réformée en tous lieux pourveu que les pré- 
dications se fissent dehors les villes. Mais ce Prince 
estoit tellement commandé par son inconstance natu- 
relle , ambition , voluptez , lubricitez et flateries qui 
(tout ainsi que le caméléon reçoit toutes les couleurs 
des choses sur lesquelles il est posé) n'ayant autre 
conception, jugement ni volonté que celles que l'am- 
bition, la lubricité et la flaterie lui mettoient en teste 
ou plus tôt luy commandoient, changeoit plus souvent 
de délibérations que d'habillemens, ne demeura guère 
long tems en volonté de favorir la dite religion, mais 
se banda contre elle avec le mareschal Saint-André, les 
Guises et le connestable, qui, en toutes autres choses 
ennemis capitals, s'accordèrent en ce seul point [de 
chasser cette] religion [réformée de] France^. 

[De ce discordant accord prinrentleur commencement 
tous les grands maux qui tourmentent encor aujourdhuy 

1. Variante : Tost après, l'an 1561 au moys de décembre, laRoine, 
femme dudit roi Antoine, laquelle avait tousj ours abhorré la religion 
prétendue réformée et de tout son pouvoir reculé son mari d'icelle, 
contre l'opinion de plusieurs ses serviteurs, se déclara ouvertement 
de ceste religion, estant lors à Pau en Béarn où elle fist confession 
de foy selon les formes qui avoient esté prescriptes par quelques 
ministres qui estaient à sa suitte. 

2. Variante : presta aussy faveur à la dite religion prétendue. 

3. Variante : d'exterminer telle religion de la France. 



110 HISTOIRE DE BÉARN 

la France qui , invincible à toutes autres , s'est elle- 
mesme vaincue, appovrie, ruinée et deschirée par ses 
propres mains.] D'Escars, quiavoit esté appelé par le 
Navarrois, fut celuy de qui les Guises se servirent le 
plus pour attirer ce Prince à leur volonté. Ils lui firent 
donner espérance par le Pape de luy fere rendre le 
royaume de Navarre au roy d'Espagne et luy promet- 
toient de luy faire espouser Marie d'Estuart, royne 
d'Escosse et douairière de France, qui a depuis eu la 
teste tranchée en Angleterre, et l'irritèrent tellement 
contre sa femme qu'il en poursuivoit le divorce en cour 
de Rome pour crime d'hérésie, et à la persuasion du 
cardinal de Lorraine la vouloit confiner en une de ses 
maisons, si elle ne se fut retirée en son pays de Béarn. 
En y allant, Monluc eust commandement de l'arrester, 
mais elle fut jà passée lorsque le commandement lui 
fut apporté. Arman de Gontaut, sieur d'Audaux^ qui 
estoit lieutenant de Roy au pais de Béarn, lui sortit au 
devant jusquçs à la Garonne avec cinq ou six cens 
harquebusiers à cheval Béarnois^. L'arrivée de cette 
princesse en Béarn servit de beaucoup à ceux de [la^*] 

1. Armand de Gontaut, marié à Jeanne, fille de Frédéric de 
Foix, grand écuyer de Navarre. Dans son testament, il ordonna 
que l'on construisit dans l'église d'Audaux « un beau tombeau 
jusques à la despense de cinq cents livres. » 28 septembre 1591 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1646, f 27). 

2. On trouve à ce sujet, dans le compte du trésorier de la 
maison de la reine de Navarre de 1562, la mention suivante : 
Aux capitaines Moret et Chevallier, ayant charge de chacun vingt 
arquebusiers à cheval retenus par la Royne à Gaumont, de la 
compagnie amenée de Béarn par M. d'Audaux pour la garde , 
sûreté et défense de la Royne, 1122 livres (Arch. des Basses- 
Pyrénées, B. 10). 

3 . Variante : ceste religion. 



ET NAVARRE. 111 

religion [réformée] qui, contrains [par les sanglantes 
poursuites qui se fesoient] lors par toute la France 
[contre tous ceux qui suivoient cette religion,] d'aban- 
donner leurs maisons, se retiroient en Béarn comme à 
un asyle ou lieu de refuge, et y eussent esté fort mal 
traittez sans la présence de la Royne, qui les empara 
de tout son pouvoir et [usa de toute humanité envers 
eux']. Et combien qu'elle fut contrainte par les bra- 
vades et menaces de Monluc, qui usa envers cette 
princesse de plusieurs indignitez, comme il estoit d'un 
naturel audatieux [et témairère] , de faire publier com- 
mandement à ces réfugiez de sortir de Béarn, néant- 
moins secrettement elle leur faisoit dire le contraire. 
Ce qui estant venu à la connoissance du Roy, son 
mari, il despescha en Béarn Jean L'Escrivain, dit 
Boulongne ^, son secrétaire, avec créance et comman- 
dement au Parlement de Béarn de mettre dehors tous 
les estrangers et d'interdire à ceux du pais tout exer- 
cice de la religion * réformée et de déposer de leurs 
offices tous ceux qui en fesoient profession. Et avoit 
ledit Boulongne mandement exprès de ne communi- 
quer rien de sa charge à la Royne, mais elle en ayant 
esté advertie, avant mesme qu'il arrivast en Béarn, le 
fit constituer prisonnier dès son entrée avec ses lettres, 
instructions et commissions. 

Après que l'accord du mareschal. Guise et le con- 
nestable fut un peu asseuré et les Guises se trouvèrent 

1. Variante : les receut en sa sauvegarde. 

2. « Messire Jean de Lescripvan, recteur de Boloingne », secré- 
taire du roi de Navarre (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1993, 
f* 41, acte notarié du 17 octobre 1552). 

3. On a ajouté : prétendue. 



^^% fflSTOIRE DE BÉARN 

remis à cheval et par le moyen du roy de Navarre 
eurent recouvert la créance qu'ils avoient perdue , le 
roy d'Espagne, [qui n'avoit donné espérance de rendre 
le royaume de Navarre que pour disunir le roy An- 
toine de ceux de la religion réformée et principalement 
pour remettre en crédit ceux de Guise, ses pension- 
naires et principaux partisans] , ne voulut plus entendre 
à ladite reddition, car il disoit ce Royaume lui estre de 
telle importance que la perte d'iceluy mettoit en dan- 
ger [et hazard] tous ses autres estas d'Espagne, des- 
quels la Navarre estoit comme la garde et la porte qui 
les fermoit. Mais pour entretenir tousjours en halaine 
ce Roy, il promettoit de luy donner en récompense le 
royaume de Sardaigne^ aux conditions qu'il feroit 
renoncer la royne Jeane, sa femme, à tous les droits 
qu'elle pouvoit prétendre sur la Navarre. Cette pro- 
messe contenta tellement le Navarrois, aveuglé par 
l'ambition, qu'encore que tous ses serviteurs, et mesme 
la Royne mère, luy remonstrassent par beaucoup de 
raisons que le roy d'Espagne, qui se mouquoit éviden- 
tement de luy, le tromperoit, et quand bien il ne le 
feroit, qu'il lui estoit impossible de tenir long tems le 
royaume de Sardaigne, qui estoit une isle en la mer 
Méditarenée, voisine d'Italie, d'Espagne et d'Aflfrique, 
où il ne pouvoit aller sans avoir un port bien asseuré, 
qui fut du tout à luy, en la coste de Languedoc ou Pro- 
vence et un bon nombre de galères entretenues pour 
y aller et venir, outre qu'il luy faudroit entretenir une 



1. Philippe II proposa aussi à Antoine d'échanger le royaume 
de Navarre contre la royauté de Tunis et s'engagea à en faire la 
conquête (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 585). 



ET NAVARRE. 113 

grande garnison de gens de guerre estrangers à pié et 
à cheval pour tenir les habitans en crainte, lesquels ne 
s'aprivoiseroient jamais à son obéyssance que par 
force , ce qui seroit une despence à laquelle les rentes 
de trois Royaumes tels que la Sardaigne ne sauroient 
fournir ; et il n'avoit moyen de faire le surcroist et du 
sien, outre qu'il estoit vassal du roy de France qui ne 
luy permettroit pas de disposer de ses ports ny de ses 
galères à sa volonté. [Mais qu'il se devoit saisir d'Avi- 
gnon et de tout le comté de Venisse occupé pour le 
Pape, par l'interdit duquel ses prédécesseurs avoient 
esté espoliez du royaume de Navarre, et lors vraisem- 
blablement le Pape s'emploieroit à bonnescient envers 
l'Espagnol pour lui faire rendre la Navarre.] C'estoit 
le meilleur conseil qu'il eut sceu prendre, mais il estoit 
si ensorcelle d'un Royaume en peinture (la charte 
duquel il avoit tousjours entre ses mains) qu'il ne peut 
jamais connoistre la vérité et fidélité du conseil de ses 
serviteurs ny descouvrir la tromperie des Guises et de 
l'Espagnol. Parquoy résolu d'avoir ce Royaume envoya 
à la Royne, sa femme, une minute de procuration pour 
faire la permutation de Navarre avec Sardaigne^ ; elle 
ne lui osa refuser, cependant pour conserver le droit 
à ses enfans, si Dieu leur donnoit un tems plus pai- 
sible et plus favorable, et auquel la justice eut plus de 
crédit que la force, elle fit pardevant le juge du sen- 
neschal de Béarn un acte de révocation de cette pro- 
cure, comme faite par force et crainte, ne l'ayant osée 
refuser à son mari. Et le sieur d'Escars estoit jà des- 



1. Cette procuration «xiste aux Arch. des Basses-Pvrénées (E. 
585). 

8 



114 HISTOIRE DE BÉARN 

pesché pour aller passer le contrat en Espagne , 
lorsque ce Roy fut blessé d'une harquebusade devant 
Roan*, de laquelle il mourut à Andeli ^ peu de jours 
après le 1 7 de setembre 1 562. [Il ne donna pas moins 
de tesmoignage de son inconstance en sa mort qu'il 
avoit fait en sa vie, car tantost, il demandoit qu'on 
luy parlast de son salut selon la religion réformée et 
protestoit s'il guérissoit de faire prescher les ministres 
par toute la France, et soudain changeant d'avis, il 
oyoit les prestres et les moines et se confessa à eux et 
communiqua selon la religion romaine.] Ce prince 
estoit d'un esprit fort gentil, vaillant de sa personne, 
bien disant et libéral et avoit beaucoup d'autres vertus 
dignes d'un grand prince qui le rendoient bien voulu 
de tous, et si la constance eut accompagné ces vertus, 
il eut esté l'un des plus princes accomplis de son tems; 
mais il n'y a rien de parfait en l'inperfection de ce 
monde et le plus souvent les plus grands vices logent 
avec les vertus plus héroiques et communément 
es plus entiers le vice surmonte la vertu. 

Le roy Antoine mort, sa femme, qui pendant la vie 
d'icelui n'avoit osé faire tout ce qu'elle eut bien voulu 
pour l'avancement de sa religion , commença de 
dresser tous ses desseins à cela ; et afin que le prince 
Henri, son fils, fut continué d'estre nourri en cette 
religion, elle l'osta du gouvernement de Losses^ qui 
estoit fort zélé à sa religion [romaine *] et auquel le 

1. Rouen. 

2. Les Andelys (Eure). 

3. Jean de Losses, lieutenant de Roi en Agenais et Quercy, capi- 
taine des gardes du roi de France Henri III, mort en 1580. 

4. Variante : catholique. 



ET NAVARRE. 115 

père l'avoit donné en charge expressément pour le 
divertir de [sa] religion et le nourrir en [la romaine *, 
laquelle ce jeune Prince en son enfance avoit tellement 
en horreur qu'il le falut foëter pour le fere aller à la 
messe ; et y ayant esté mené une fois par force, tomba 
malade, soit qu'il le fut à bonnescient ou qu'il le con- 
trefit, car il a tousjours esté d'un esprit vif et subtil. 
Depuis son père et après luy ses parents et le roy de 
France mesme défendirent de le contraindre en sa 
religion, de laquelle il eut tousjours depuis exercice 
libre en sa maison, et ayant accompagné le Roy allant 
à la messe jusques à la porte de la chapelle, s'en 
retour noit sans y entrer.] La Gaucherie [homme de 
savoir et fort zélé à la religion reformée] estoit son 
précepteur; et Beauvais* et La Case^, puisné de la 
maison de Miranbeau en Santonge, [tous deux de la 
religion réformée] , furent mis par la mère gouverneurs 
de sa personne et surintendans de sa maison par 
semestre en la place de Losses. Ayant ainsi prouveu à 
la personne et maison de son fils, la Royne fit le 
mesme en la justice [et l'église] . Et d'autant que le feu 
Roy avant sa blessure avoit donné Testât de sennes- 
chal de Béarn vaquant par la mort de Paul de Béarn, 
seigneur d'AndoinsS à Antoine d'Aidie, sieur de 



1. Variante : en la première. 

2. Louis Goulard, seigneur de Beauvais et Clousures, marié à 
Marguerite, fille de Talleyrand, prince de Ghalais. Beauvais fut 
massacré à la Saint-Barthélémy. 

3. Pons de Pons, seigneur de Marsan, La Gaze et Montgaillard, 
sénéchal de Marsan, gentilhomme du conseil privé de Jeanne 
d'Albret, marié à Françoise de Marsan, tué en 1574. 

4. Marié à Marguerite de Gauna, père de Gorisande d'Andoins. 



116 HISTOIRE DE BÉARN 

Sainle-Colomme ^ , gentilhomme béarnois , la Roine 
après le décez de son mari lui refusa [tout à plat] la 
confirmation [non tant] pour ce qu'il estoit de la reli- 
gion [romaine *, que pour ce qu'il estoit fort] affec- 
tionné serviteur des Guises, et en prouvent Armand 
de Gontaud, sieur d'Audaux, qui l'avoit beaucoup 
assistée durant ses grandes destresses et mauvais 
mesnage avec le Roi, son mari, et faisoit profession 
de la religion ^ réformée. [Touchant la réformation de 
l'église *] elle fit venir Remon Merlin ^, ministre de 
[l'église de] Genève, et plusieurs autres [savans per- 
sonnages®], la plus part [de] la langue gasconne et 
béarnoise, pour prescher au peuple en son langage, 
lesquels ayans esté [canoniquement '] esleuz, furent 
envoyez aux lieux où il y avoit plus de gens faisans 
profession de la* religion [réformée]. Jean de La 
Rive, basque, fut envoyé à Saint-Palais de la Rasse- 
Navarre pour y prescher en langage basque, et Lissa- 
rague^, ministre de La Rastide, traduisit le Nouveau 

1. Antoine de Montesquieu, dit d'Aydie, seigneur de Sainte- 
Colomme , fils d'Imbert de Montesquieu et de Madeleine de 
Sainte-Golomme , marié à Anne de Montalmart, massacré à 
Navarrenx en 1569 (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1778, f* 39; 
1887, 1276). 

2. Variante : catholique. 

3. On a ajouté : prétendue. 

4. Variante : Et pour augmenter davantage ceste religion. 

5. Jean-Raymond Merlin, né à Romans en Dauphiné, mort en 
1578 à Genève (voy. La France protestante). 

6. Variante : qui entendaient. 

7. Variante : par elle choisiz et. 

8. On a ajouté : dite. 

9. Jean de Lissarague ou Liçarrague ou mieux Leiçarraga, né 
à Briscous, canton de La Bastide-Glairence , arrondissement de 
Bayonne (Basses-Pyrénées). — Le 12 novembre 1573, le Conseil 



ET NAVARRE. 117 

Testament en cette mesme langue. Et en un synode 
tenu à Pau l'an 1 563 au mois de setembre fut dressé 
un cors de dissipline ecclésiastique ^ pour entretenir à 
l'avenir tout le ministère de l'Évangile en [bon] ordre 
et remettre sus la [légitime] vocation des pasteurs, 
diacres et anciens et le droit usage de l'administration 
des clefs du royaume des cieux, qui est la jurisdiction 
spirituelle que Jésus-Christ [seul chef de l'église] luy a 
donnée [et qui ont esté toutes trois fort corrompues 
si non du tout perverties en l'église] . Et pour l'entre- 
tènement du ministère et du collège dressé en la ville 
de Lesca ^, elle imposa quinze mille livres sur le clergé, 
desquelles Antoine de La Rose ', fut esleu receveur 
par le synode en titre de diacre général des églises * 
réformées de Béarn. Trois mois auparavant Sa Majesté 
avoit interdit les prédications aux moines et aux pres- 
tres les processions, principalement celles que l'église 
[romaine^] fait le jour appelé du Sacre, condamnées 
par le pape Urbain l'an 12163, [après qu'Honorius III, 
l'an 1216 eut rédigé en loy l'adoration de l'hostie de 
la messe] . Elle fit aussi abbatre les images de l'église 
cathédrale de Lesca et de la parochiale de Pau ®, et fit 

ecclésiastique de Béarn lui accorda 50 écus soleil pour faire im- 
primer à La Rochelle le Nouveau-Testament en basque (Reg. de 
la Ghamb. Ecclés., Arch. de M. le baron de Laussat). 

1. On a ajouté : à leur mode. — Nous avons trouvé dans les 
archives de l'ancien évêché de Rayonne un manuscrit contenant 
cette « discipline » (Archives des Basses-Pyrénées, G. 4). 

2. On prononce encore Lesca pour Lescar. 

3. On le qualifiait aussi du titre de trésorier de la Reine (Arch. 
des Basses-Pyrénées, E. 1999). 

4. On a ajouté : prétendues. 

5. Variante : catholique. 

6. L'église Saint-Martin. 



118 HISTOIRE DE BÉARN 

faire le mesmes quelque tems après par toutes les 
principales villes du pais, laissant toutes fois la messe 
et tout l'office romain aux autres lieux où tous ceux 
qui vouloient pouvoient aller en toute liberté et 
seurté, et nul estoit contraint de faire rien contre sa 
religion. 

Le bruit de cest abattement d'images et autels fut 
soudain espandu partout. Le roy de France et la 
Royne, sa mère, en firent de grands reproches à ceste 
Princesse, et le cardinal d'Armaignac qui se disoit 
son parent [pour l'intimider et destourner] lui escrivit 
[la lettre suivante que j'ay pensé devoir icy ajouster 
avec la response d'icelle ^] 

Or [d'autant ^] que la Roine taschoit d'amener ^ le 
peuple à sa religion, il se roidissoit [davantage] contre 
[icelle^], y estant [secrettement] incité par les pres- 
tres^ et quelques uns de la noblesse. Et tout ainsi qu'il 

1 . Variante de la main de Bordenave : une lettre, mais elle en 
devint plus courageuse. Le correcteur catholique a ajouté : elle 
n'en tint conte. 

Vers la fin du xvuie siècle, ainsi qu'il résulte d'une note ano- 
nyme, les pages 388 et 389 en partie, 390 à 395 du manuscrit ont 
été coupées. La page 396 contient encore la fin de la réponse de 
Jeanne d'Albret au cardinal d'Armagnac. La lettre de ce dernier 
et celle de la reine de Navarre ayant déjà été publiées (notam- 
ment par l'abbé Poeydavant, tome I, p. 89, copiant Olhagaray qui 
avait copié Bordenave), cette lacune n'altère pas l'ensemble du 
manuscrit. Nous n'avons pas cru devoir publier la fin de la lettre 
royale que contient la page 396, nous reprenons le texte immédia- 
tement après ce document. 

2. Variante : de tant plus. 

3. On a ajouté : tout. 

4. Variante : plus il se roidissoit contre ses effors. 

5. On a ajouté : et pasteurs. 



ET NAVARRE. 119 

n'y a si petit [estai auquel on ne trouve plusieurs dis- 
posez à sédition et la populasse d'elle-mesme a assez 
de fureur, sans qu'on l'embrase par paroles et pro- 
messes^], aussi par plusieurs endroits du pais plusieurs 
tumultoient journellement [avec telle audace qu'il 
estoit aisé de juger qu'ils ne cerchoient que l'occasion 
d'entrer ouvertement en sédition] et quelques gentils- 
hommes empeschoient [ou troubloient] les prédications 
des ministres en leurs villages. Et le 215 de décembre 
1563 à Sainte-Marie, siège de l'évesché d'Oloron, 
comme Pierre deBonnefont*, conseiller et maistre des 
Requestes, et Archambaut Colomiès', juge dudit Olo- 
ron, y voulurent establir la prédication du ministre, le 
peuple se mutina avec telle furie que les commissaires 
et le ministre eurent assez à faire de se sauver. Le 
peuple conduit par Guillemd'Abadie\ chanoine, saisit la 
maison épiscopale et le temple assez forts pour battrie 
de mains. Ils le tindrent sept ou huict jours, mais ils 
furent contrains de le quitter pour ce qu'on délibéroit 
d'y mener le canon et de les y battre, et qu'ayant 
Abbadie escrit partout, nul ne se déclara en sa faveur. 



1 . Variante : n'y a si petit changement en un Estât qui ne soit 
suffisant motif pour induire la populace à sédition. 

2. Pierre de Bonnefont, originaire d'Oloron, épousa Brune de 
Pappus ; il devint président au Conseil souverain de Béarn ; dès 
1547 il était conseiller (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1785 et 
1990). 

3. Nous trouvons en 1559, comme étudiant à Genève, Archam- 
baldus Colomerius, bearnensis, Samarianus, c'est-à-dire Archam- 
baud de Golomiès, béarnais, de Sainte-Marie d'Oloron (Livre du 
Recteur, p. 3). 

4. Guillaume d' Abbadie était aussi trésorier du chapitre de 
Sainte-Marie d'Oloron (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1098). 



120 HISTOIRE DE BÉARN 

Les chef furent menez prisonniers à Pau, qui néant- 
moins furent relaschez sans rien souffrir, à la réquisition 
des Estas, qui firent grandes plaintes du bris des 
images, [et encore plus d'instance du restablissement 
de ce qui avoit esté chassé de la religion romaine]. 
Mais ils trouvèrent la Roine si [constante ^] qu'ils ne 
peurent obtenir d'elle autre chose, sinon que le tout 
demeureroit en Testât qu'il estoit, attendant [si Dieu 
donneroit plus de connoissance au peuple et] qu'elle 
fut de retour de France où elle estoit contrainte de 
faire un voyage pour satisfaire à la volonté du Roy, 
qui l'en solicitoit avec grande instance. Elle laissa An- 
toine, seigneur de Gramont*, pour son lieutenant 
général en ses pais souverains. 

Or les affaires de dedans ne troubloient pas seule- 
ment la Royne, et les ennemis domestiques n'assailloient 
pas seuls sa [constance ^], mais aussi ceux de dehors la 
poursuivoient avec plus d'animosité et de forces, car 
le pape Pie IV, [à l'exemple des Papes de ces derniers 
siècles, qui s'exemtans non-seulement de la sujettion 
et jugement de tous Princes, mais aussi de l'église 
mesme, se sont attribuez l'autorité des juges souve- 
rains sur toutes créatures et sur toutes principautez] , 
commença de fulminer les foudres de ses excommuni- 
cations et interdits contre ladite Princesse, et [sous le 
faux prétexte de n'avoir *] seur accès en ses terres 
[pour la faire citer personnellement] la fit adjourner 

1. Variante : résolue. 

2. Antoine d'Aure, comte de Gramont, beau-père de Corisande 
d'Andoins, mort en 1576. 

3. Variante : résolution. 

4 . Variante : pour ce qu'il n'i avoit. 



ET NAVARRE. 1Î1 

par une citation aflfigée par les cantons de la ville de 
Rome , pour comparoistre audit Rome par devant 
l'Inquisition dedans six mois, sur peine incontinent 
après le terme escheu d'estre solemnellement excom- 
muniée, tous ses biens confisquez et mis en interdit 
pour pouvoir estre occupez par le premier qui auroit 
la volunté et la puissance de ce faire. Cette manière 
de procéder fut trouvée injuste de toutes personnes 
non passionnées, car, disoient-ils, quel droit a le Pape 
sur les biens, dignitez, autoritez et personnes des 
chrestiens ni sus les sacrées Majestez et puissances 
des Rois et Princes, ni sur leurs Roiaumes ou seigneu- 
ries, et par quelle forme de justice peut estre tenue 
pour sufissamment citée la personne à laquelle ny à 
aucun des siens la citation n'aura jamais esté notifiée? 
Est-il possible de deviner de quatre cens lieues ce qui 
se fait à Rome. Parquoy le roy de France, considérant 
sagement combien il estoit dangereux pour soy-mes- 
mes que le Pape, en ce tems turbulent, s'atribuast 
l'autorité de confisquer non seulement les biens des 
Princes souverains non féodataires de l'église, mais 
aussi de ses prochains parens et sujets de sa couronne, 
qui est exempte de toute jurisdiction [papale^] (car 
ladite Royne estoit sa tante et possédoit plusieurs 
belles et grandes seigneuries en son Roiaume en sa 
foy et son hommage dudit Roy), print tellement à cœur 
cest affaire, qu'ayant prins ladite dame en sa protec- 
tion, fit remonstrer au Pape qu'il avoit trouvé estrange 
la procédure faite contre sa tante la royne de Navarre, 
et de pernicieux exemple pour soy et tant d'autres 
souverains, et se tenoit particulièrement injurié qu'en 
1. Variante : temporelle du Pape. 



122 HISTOIRE DE BÉARN 

ce tems que [tant] d'autres Princes fesoient profession 
de la mesmes religion que sadite tante [et avoient bani 
de leurs seigneuries toute religion catholique romaine, 
ce qu'elle n'avoit fait], Sa Sainteté passant sous silence 
ce que les autres fesoient, s'attachast particulièrement 
et seulement à sadite tante, sa justitiable et sujette 
naturelle, entreprenant par ceste voye sur lesautoritez 
et immunitez de sa couronne. Pai'quoy il supplioit Sa 
Sainteté vouloir faire cesser ceste voye et luy laisser 
entière l'autorité qu'il avoit sur les personnes et biens 
de ses sujets et ne trouver mauvais qu'il eust pris la 
défense de sa tante et de ses enfans, prochains parens 
de la maison de France, et ne le contraindre de recou- 
rir aux moyens et remèdes qui avoient esté autrefois 
suivis en cas semblables par ses prédécesseurs, ce 
qu'il feroit à son très grand regret et extrême néces- 
sité, estant forcé de ce faire pour une occasion si 
juste et si raisonnable qui lui commandoit de n'es- 
pargner toutes les forces et puissances que Dieu lui 
avoit données, lesquelles il estoit délibéré d'y mettre 
et employer. Ce sont quasi les mesmes mots de la pro- 
tection qui est imprimée. Or soit que le Pape fut 
retenu par cette remonstrance, craignant d'offenser le 
roy de France en la personne de la royne de Navarre 
ou qu'il eut quelque autre considération, cette pour- 
suitte ne passa plus outre pour lors. Et la Royne 
appela comme d'abus de toute la procédure du Pape 
au concile, et trouva moyen par quelques siens servi- 
teurs de fere plaquer sadite appelation en quelques 
cantons à Rome. Le sieur de Candé, secrétaire d' Estât 
de ladite Dame, m'a donné à Tours la copie de ladite 
appelation. 



ET NAVARRE. 123 

Gramont, qui estoit demeuré lieutenant général, 
faisoit profession de la religion ^ réformée et l'avançoit 
de son pouvoir. [Il estoit homme de gentil esprit et 
meilleur jugement, libéral et fort accostable et avoit 
ceste grâce que sans mescontenter l'une religion, il 
donnoit contentement à l'autre et estoit respectivement 
aimé, révéré et craint des uns et des autres. Il *] rendit 
le ministère^ paisible à Saint-Palais en Navarre où il 
n' avoit jamais peu estre receu et fit prescher le ministre 
publiquement au temple, [encores qu'il ne s'y trouvast 
que sept ou huit auditeurs et depuis tousjours *] ce 
peuple, qui auparavant avoit excité beaucoup de 
tumultes, se tint coy, car l'autorité de cest honmie 
estoit si grande [mesmes envers les plus mutins] que 
sa présence ou mandement refroidissoit les plus 
eschaufez [et appaisoit les plus séditieux. La ^] 
religion [réformée] accreut beaucoup en Béarn 
durant son gouvernement et les [églises réfor- 
mées®] y estoient en aussi grande seurté et liberté 
qu'en aucune autre province de l'Europe. 

Par un synode "tenu en la ville de Nay l'an 1565, 
Michel Vignaux', ministre de la ville de Pau, fut envoyé 
en France vers la Royne pour lui remonstrer qu'il 

1. On a ajouté : prétendue. , 

2. Variante : et. 

3. On a ajouté : de ceste religion. 

4. Variante : et du depuis par son moien. 

5. Variante : Par ainsy ceste. 

6. Variante : ministres. 

7. Michel Vignaulx, dont on verra plus loin la mort, avait 
épousé Marguerite Rossignol, de Beaune (Gôte-d'Or); devenue 
veuve elle se remaria, le 26 février 1570, avec Jean Béquel, apo- 
thicaire de Pau, puis avec Bertrand Duluc, apothicaire, en 1573 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2001, f° 69; 2002). 



124 HISTOIRE DE BÉARN 

n'estoit assez que les Princes servissent à Dieu 
comme hommes chrestiens , si , conmie souverains 
magistrats, ils ne contraignoient leurs sujets de vivre 
chrestiennement et n'ostoient tout ce qui estoit con- 
traire à la pureté du service de Dieu commandé en sa 
loy, de laquelle les Roys estoient les protecteurs. Que 
Sa Majesté doncques suivant le commandement de 
Dieu et l'exemple des meilleurs Rois du peuple Israëli- 
tique et des Empereurs et Princes chrestiens devoit 
achever d'oster tout ce qui restoit en Béarn du levain 
de la religion romaine. Et pour ce que l'église est la 
communion des saints et la sainteté se monstre par 
les œuvres de la foy, de laquelle elles ne peuvent non 
plus estre séparées que la chaleur et la lumière du feu 
et du soleil, Sadite Majesté devoit aussi interdire et 
punir tant de grandes dissolutions, jeux de hazard, 
usures, paillardises et blaphêmes, etc., quirégnoient 
entre son peuple au grand déshonneur de Dieu et scan- 
dale du prochain, et défendre aux moines les questes 
publiques, car telle mendicité avoit tousjours esté 
condamnée par les plus doctes et plus gens de bien, 
comme contraire à la profession chrestienne et insti- 
tution première des moines qui ne vivoient pas lors 
en oisiveté du labeur d'autrui, comme maintenant, 
ains gaignoient leur vie en travaillant et nourrissoient 
de leur travail grande quantité de povres. Que la pré- 
sentation des bénéfices par le Pape et les évesques 
répugnoit à la légitime élection des pasteurs, enseignée 
par la parolle de Dieu et plus anciens canons, et à la 
prattique de l'église primitive, laquelle n' avoit connu 
l'autorité des vicaires et officiaux, contraire à la puis- 
sance que Dieu avoit donnée aux vrays magistrats et à 



ET NAVARRE. 125 

l'ancienne égalité du prestre et de Tévesque. Et afin 
que la jeunesse, qui est semblable au pot neuf qui 
retient l'odeur de la première chose qui y est mise, ne 
fut infectée des superstitions romaines, la charge des 
escoles fut défendue à tous ceux qui ne feroient pro- 
fession de la religion réformée et n'auroient tesmoi- 
gnage de bonne vie et suffisante doctrine. Finalement 
pour ce que l'enterrement des morts dedans les tem- 
ples, défendu par les loix et les anciens canons et est 
sorti de l'opinion du purgatoire et de la superstition 
de la prière pour les mors, qu'à l'avenir les vifs se 
contentassent d'ensevelir leurs mors aux cemitières, 
laissans les temples pour la prédication de l'Evangile 
et administration des sacremens, à quoy ils estoient 
proprement dédiés. Ces remonstrances furent appoin- 
tées par une patente en bonne forme en présence de 
plusieurs théologiens , jurisconsultes et politiques , 
appelez expressément pour ce fait par la Royne ; mais 
estans apportées en Béarn, elles furent trouvées si 
aspres par maints de la religion réformée et tous ceux 
de la romaine qui disoient qu'il faudroit estre anges et 
non pas honmies pour pouvoir vivre selon icelles, 
qu'ils donnèrent tous les empeschemens qu'ils peurent 
à la publication , et y avoit danger qu'ils n'en vinssent 
à une manifeste sédition. Parquoy Gramont craignant 
que cela fit esclater la malice de plusieurs, suspendit 
ladite publication et envoya Jean d'Areu, advocat 
général, en France vers la Royne pour l'advertir du 
tout. Elle trouva fort mauvais le délay de la publica- 
tion et chargea le Conseil d'une seconde jussion, sur 
laquelle ladite patente fut publiée. 

[Peu de tems après] la Roine arriva cependant en 
Béarn avec le Prince, son fils, lequel, par grande im- 



126 HISTOIRE DE BÉARN 

portunité, elle avoit obtenu du roy de France, pour 
seulement faire un tour en ses pais. Elle se monstroit 
tousjours plus affectionnée à l'augmentation de sa reli- 
gion et abolition de la [romaine ^] et l'eust entièrement 
abolie, si son conseil qui craignoit une sédition géné- 
rale ne l'eut retenue, néantmoins elle fit abbatre les 
images en quelques lieux. Gela aigrit fort [ceux de la 
religion romaine *] lesquels pour regarder aux moyens 
de s'y opposer s'assemblèrent en la maison de Gabriel 
de Béarn, baron de Gerderet% du nom et authorité 
duquel ils se servoient [plus que de sa malice, car il 
n'estoit pas fort factieux]. Henri de Navailles, sieur de 
Peire * [qui avoit plus de malice, que l'autre de simpli- 
cité,] estoit le principal de la noblesse après Gerderes^, 
qui se trouva en cette congrégation, de laquelle avoient 
esté les principaux promoteurs et conducteurs J. de 
Bordenave \ conseiller au Conseil ou Parlement de 
Béarn, et J. Supresantis "', G. Testai advocats, Garsu- 

1. Variante : catholique. 

2. Variante : ce qui restait de catholiques. 

3. Fils de François de Béarn, baron de Gerderest, sénéchal de 
Béarn. 

4. Henri de Navailles, seigneur de Peyre et d'Arbus, gouver- 
neur de la ville et du château de Pau, marié à Michelle de Gor- 
celles. Ce personnage donna en 1569 procuration à Pierre de 
Lassun, curé de Peyre, pour régir ses biens pendant les troubles 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2000). 

5. Pour Gerderest. 

6. Les biens de ce personnage, qui plus tard furent saisis, furent 
rendus à ses parents (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 259, f" 67). 

7. C'est la forme latinisée des noms Sobersens et Sopesens, qui 
tous deux étaient ceux d'anciennes familles du lieu d'Etsaut dans 
la vallée d'Aspe (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 306, f° 73). — 
Jean Supersantis avait pour mère Marguerite d'Aleman, de 
Léès (même dépôt, B. 259, f" 69). 

8. Le nom est mal écrit comme on le verra plus loin. Il s'agit 



ET NAVARRE. 12l7 

San S chanoine de Sainte-Marie, et Lartet ', chanoine 
de Lesca, de la part de leurs chapitres, comme firent 
aussi quelques députez des villes et des vallées d'Ossau 
et d'Aspe. Ils arrestèrent de s'opposer avec les armes 
à l'abbatement des images et de chasser du pais tous les 
ministres [et s'emparer des personnes de la Royne et de 
Monsieur et Madame, ses enfans] et contraindre ladite 
Dame de mettre hors de Béarn tout exercice de la reli- 
gion^ réformée et remettre [la romaine au mesmes 
estât qu'elle l'avoit trouvée *] et renvoyer tous ceux 
de son conseil privé qui n'estoient pas naturels béar- 
nois ou qui fesoient profession [de la ^] religion [réfor- 
mée] , car ils ne vouloient estrangers ny hugenots 
auprès d'elle, mais eux-mesmes luy vouloient servir 
de conseil et vouloient gouverner leur propre pais. Ils 
mirent aussi en délibération de massacrer le jour de la 
Pentecoste tous ceux de la religion ® réformée, conune 
ils célébreroient la [sainte] cène; et d'autant qu'ils 
craignoient de n'estre assez forts pour exécuter leur 
intention, arrestèrent d'envoyer en France pour essaier 
d'obtenir promesse de secours et faveur, en cas qu'ils 



d'Alamanet de Tasta, de Sainte-Marie d'Oloron, dont les biens 
furent saisis en 1570 (Arch. des Basses-Pyrénées , B. 2155 , 
f 32). 

1. Pierre -Arnaud de Garsusan, chanoine de Sainte -Marie 
d'Oloron. 

2. Fils de Bernard de Lartet, d'Orthez, seigneur do Labeyrie, 
et d'Isabelle d'Abbadie (Arch. des Basses - Pyrénées , B. 259, 
f76). 

3. On a ajouté : prétendue. 

4. Variante : la religion catholique en son pristin estât. 

5. Variante : éCaultre. 

6. On a ajouté : prétendue. 



188 HISTOIRE DE BÉARN 

en usent besoin, et pour frayer à la despence fut 
arrestéque les chapitres de Lesca et Oloron bailleroient 
promptement argent , lequel ils pourroient après 
égaler sur tout le clergé. La levée en fut commise 
ausdits Lartet pour Lesca, et Carsusan pour Oloron, 
qui les dévoient incontinent remettre entre les mains 
de Supersantis, pour les distribuer secrettement selon 
qu'il avoit esté arrêté. Mais [Dieu voulut] cette entre- 
prise [éstre*] descouverte [quelques jours avant l'exé- 
cution] par le sieur de Muneing ^, gentilhomme béar- 
nois [fesant profession de la religion romaine qui, ayant 
esté sommé d'y entrer ^], en advertit secrètement le 
séneschal Audaux et l'asseura que dedans deux ou 
trois jours quelques uns se dévoient emparer de la 
ville d' Oloron et des ministres avec tous ceux de [la] 
religion [réformée] . [Or Audaux *] , qui pour quelque 
mescontentement setenoit coy en sa maison, craignant 
que le retardement n'accreust [l'audace ^] aux entre- 
preneurs et .leur fit avancer leur exécution, pensa qu'il 
devoit courir au plus pressé [et porter le remède à la 
maladie la plus aiguë] ; par ainsi il prit incontinent le 
chemin d'Oloron, accompagné de son frère le capi- 
taine Saint -Gêniez ^, enseigne des gensd' armes du 
prince de Navarre , et de tous ses amis et serviteurs 
qu'il peut promptement assembler, et ayant laissé son 

1. Variante : fut tost. 

2. Guillaume de Munein, seigneur de Castéide-Gandau, capitaine 
du parsan (district) d'Orthez et Sauveterre, marié à Jeanne de 
Sautarisse (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1201, 1282, 1286). 

3. Variante : qui usa de trahison et. 

4. Variante : Lmy donq. 

5. Variante : la hardiesse. 

6. Bernard de Gontaut-Saint-Geniez, seigneur de Campagnac. 



ET NAVARRE. 129 

frère audit Oloron avec le capitaine Cortade S menant 
Muneing avec soy, alla trouver la Roy ne qui estoit à 
Vielle en Ossau% allant aux Eaux-Chaudes % afin 
qu'elle entendit de Muneing mesme la vérité de cette 
[conjuration^]. Mais Audaux ne fut plus tôt parti 
d'Oloron que l'abbé de Saubalade ^ ne commençast de 
quereller ceux qui estoient en garde à la porte et 
voussist tuer un soldat, mais les capitaines Saint- 
Geniez et Cortade, accourus au bruit, l'arrestèrent 
prisonnier. Cela irrita davantage le peuple qui avoit 
déjà commencé de tumultuer en faveur dudit Saubalade 
et de fourrager quelques maisons de ceux de la reli- 
gion^ réformée. Pour les appaiser Saubalade fut 
relasché, mais les [séditieux'] s'en rendirent plus 
[furieux * et le firent leur chef] et se logèrent au faux 
bourg Saint-Pierre*, d'où ils se transportèrent à 
Sainte-Marie [pour attirer le peuple à leur sédition, 
qui toutesfois ne bougea, mais d'autres lieux maints 

1 . Guillaume de Cortade, d'abord lieutenant de la compagnie 
d'Esgoarrabaque, devint gouverneur d'Oloron; il était marié à 
Marie Du Gaber, de La Bastide- Villefranche (Arch, des Basses- 
Pyrénées, E. 1632, f- 389; 1634, 1999). 

2. Bielle, canton de Laruns, arrondissement d'Oloron (Basses- 
Pyrénées), ancien chef-lieu de la vallée d'Ossau. 

3. Station thermale située dans la commune de Laruns. Elle 
était fréquentée avant le xvi* siècle. 

4. Variante : entreprinse. 

5. Tristan de Sainte-Colomme, abbé du monastère de Sauve- 
lade, fils de Jacques II de Sainte-Colomme, seigneur d'Esgoarra- 
baque (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1627). 

6. On a ajouté : prétendue. 

7. Variante : autres. 

8. Variante : hardis. 

9. Le faubourg Saint-Pierre était près de l'église du même nom, 
hors de l'enceinte d'Oloron. 

9 



130 HISTOIRE DE BÉARN 

se joignirent à eux] . Ils eussent esté facilement rom- 
pus, mais on doubtoit d'esmouvoir tout le reste du 
pais et donner commencement à une guerre civile, 
vraye peste des Estas. Pour donc l'éviter fut trouvé 
meilleur de [séparer les séditieux ^] plustot par dou- 
ceur que de les combattre par armes. A quoi servirent 
le [preu] Audaux, l'évesque d'Oloron^ et Esgarre- 
baque ^, père de Saubelade, qui à leur solicitation se 
retira. [Gela vint bien à point, car] Supersantis arriva 
incontinent après d'Aspe à Sainte-Marie avec cent 
harquebusiers. [Il^] essaya d'esmouvoir le peuple 
et pour ce faire il crioit tout haut qu'il estoit là pour 
la défense de [sainte mère^] église catholique [ro- 
maine ] , suivant la délibération qui en avoit esté 
prise entre les meilleurs catholiques du pays. Tous 
lui firent la sourde oreille et il s'en retourna sans 
faire ne recevoir autre mal. Et cent hommes furent 
mis en garnison dedans Oloron sous la charge 
du capitaine Pierre Du Til% à cause que Esgarre- 
baque, qui en estoit capitaine, estoit suspect à ceux de 
la religion ' réformée , pour estre père dudit Saube- 
lade. Cette garnison tenoit la ville en quelque paix, 



1 . Variante : contenter ce peuple. 

2. Claude Régin, né à Riom, évêque d'OIoron de 1556 à 1592, 
mort à Vendôme. 

3. Jacques II de Sainte-Golomme, seigneur d'Esgoarrabaque. 
Voyez la note 4, p. 63. 

4. Variante : qui. 

5. On a ajouté : l'. 

6. Capitaine de la ville de Navarrenx, marié à Anne, fille de 
Pierre de Casanave, marchand de Navarrenx, par contrat du 7 jan- 
vier 1561 (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1626, f° 376). 

7. On a ajouté : prétendue. 



ET NAVARRE. 131 

car les catholiques se fioient du^ capitaine qui estoit 
de leur religion, et les autres ne s'en deffioient point, 
l'estimant fidèle au service de la Royne. 

Mais, [comme le naturel du peuple est de se fascher 
des choses proffitables aussi tost que des dommagea- 
bles, et les Princes font le plus souvent espargne où 
la despense seroit nécessaire et despendent où il fau- 
droit espargner *], cette compagnie fut cassée, dès la 
fin du premier mois, à la réquisition des habitans qui 
se faschoient de loger les soldats et la Roine de les 
payer, encore qu'ils tinssent les habitans en paix et la 
ville en seurté. [Et les ligueurs ausquels la garnison 
avoit plus.tot ostée la commodité que la mauvaise 
volonté d'exécuter leur conjuration remirent inconti- 
nent sus leurs premières menées ^] à la persuasion de 
Tasta et d'un [moine] cordelier nommé Pesquitez. Ils 
fesoient leurs assemblées au couvent des Cordeliers et 
fesoient jurer sur le Te Igitur de la messe les conjurez 
d'employer leurs biens et vies pour [l'exécution de 
leur ligue et de la tenir secrette jusques au jour 
ordonné par les chef *] . Mais ils ne sceurent sy bien 
faire que la Royne estant à Tarbe, où elle tenoit les 
Estas, n'en eust avertissement, et estant promptement 
retournée en Béarn , envoya à Oloron le séneschal 
Audaux, Guillaumes de La Borde ^ conseiller, et Jean 

1. Variante : au. 

2. Variante : tost après. 

3. Variante : Ce qui donna nouveau courage aux catholiques de 
remettre sus leur première intention. 

4. Variante : la liberté de la religion catholique. 

5. Guillaume de La Borde, seigneur de Saint- Aubin d'Assat, 
marié à Gillette de Barthélémy, fille d'un président au Conseil 
souverain de Béarn, Il vendit sa seigneurie de Saint-Aubin à 



132 HISTOIRE DE BÉARN 

d'Etchard^ procureur général , pour s'enquérir du 
tout. Tasta fut fait prisonnier et conduit à Pau par le 
capitaine Pierre^ et une grande partie de sa compagnie. 
Leur absence donna hardiesse au cordelier d'esmouvoir 
de rechef le peuple et de s'emparer de la ville avec 
ses partisans. Ils saisirent Bertrand Ponteto ^, ministre, 
et un riche marchand de Lago, nommé Bertrand de 
La Borde, dit Le Loup % afin d'avoir en eschange d'eux 
ledit Tasta , et firent soudain conduire ces prisonniers 
aux montagnes d'Aspe en la garde de Supersantis. 
Tasta demeura en la ville [où quelques maisons de 
ceux de la religion furent pillées] et Esgarrebaque, 
capitaine du parsan, y accourut aussi tost qu'il en 
ouit le bruit et l'endemain les somma au nom de la 
Royne de lui remettre la ville ce qu'ils firent (car le 
peuple est aussi tost apoury ^ qu'enhardi [et appaisé 
qu'esmeu].) Les chefz [de la sédition] eurent permis- 
sion de sortir avec leurs biens et de se retirer à la 
part où ils. voudroient. Ils se retirèrent en Aspe avec 

Jean de Bordeu, seigneur d'Idron, en 1567 (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. H25, H27, 1997). 

1 . Devint président de la chambre criminelle de Béarn ; il était 
marié à Jeanne de La Torte (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2014) . 

2. Du Tilh. 

3. Pontet, né à Oloron, étudia à Montauban et à Cahors, nommé 
recteur par Gérard Roussel, évêque d'Oloron (1539-1555) et mi- 
nistre de l'église Sainte - Croix d'Oloron , par Jeanne d'Albret 
(Chron. d'Oloron, II, p. 89). Le 5 juin 1566 il fut désigné par le 
synode de Pau pour exercer le saint ministère aux Eaux-Chaudes 
pendant le mois de septembre. (Notices sur la vallée d'Ossau par 
M. le comte d'Angosse, Pau, 1838, p. 58.) 

4. Il y avait à Lagor plusieurs familles de ce nom ; peut-être ce 
marchand est-il le père de François de Laborde, de Lagor, qui 
devint valet de chambre de Henri IV ? 

5. Saisi de crainte. 



ET NAVARRE. 133 

Supersantis, dont ils renvoyèrent les prisonniers Ponteto 
et La Borde. Le ministre solicitoit la Royne de donner 
grâce à tout le [povre] peuple qui\ comme la mer ne 
s'agite que par la violence des vents, n'avoit rien fait 
qu'à la persuasion des plus grands, encores qu'ils ne 
se fussent déclarez. Mais elle n'y voulut entendre sans 
savoir le fonds de toute la conjuration, par ce envoya 
à Oloron [toute] la chambre criminelle, comme en 
forme de Grands Jours, pour faire le procès aux [coul- 
pables *] ; et d'autant que Tasta estoit aux prisons de 
Pau, il fut conduit à Oloron. 

Sur la fin du mois les Estas furent assemblez à Pau 
où [plusieurs se fourrèrent au reng des nobles, qui 
jamais n'y avoient eu entrée, y estans introduits par 
les menées de ceux de la religion romaine, pour forti- 
fier leur parti et multiplier leurs suffrages, d'autres y 
vindrent qui ne s'y estoient trouvez longs tems aupa- 
ravant. Ils pressèrent fort et quasi plus avec menaces 
que requestes*], l'abolition des patentes du mois de 
juillet 1 566 et la restitution de ce qui avoit esté osté 
[et aboli] en quelques lieux de l'exercice de la religion 
[romaine^]. Claude Régin, évesque, qui, [comme la 
Royne lui dit devant toute l'assemblée, avoit autres 
fois conseillée ladite Dame de n'aller à la messe], 
estoit celui qui conduisoit tous les autres et leur con- 
seilloit ce qu'ils dévoient faire et dire, et pour se 
résoudre de ce qu'ils feroient l'endemain, les princi- 
paux de la noblesse et les [plus factieux du] peuple 

1. On a ajouté : disoit-il. 

2. Variante : accusez. 

3. Variante : Quelques catholiques demandèrent par requeste. 

4. Variante : catholique. 



134 HISTOIRE DE BÉARN 

avec l'un des scindiques, nommé Prato\ toutes les 
nuicts à l'heure que tous les autres dormoient, s'as- 
sembloient au logis dudit évesque, sans que le reste de 
ladite compagnie en sceut rien. La malice du tems et 
l'importunité de ces * gens [que la Roine sçavoit estre 
suscitez d'ailleurs] tenoient cette Dame en telle per- 
plexité qu'elle ne pouvoit prendre certaine résolution 
de ce qu'elle leur de voit respondre. La très-grande 
puissance et prochain voisinage des ennemis de sa reli- 
gion, la crainte d'une sédition en ses propres pais, 
l'intelligence secrette de ses sujets avec leurs partisans 
forains, [et le commandement de Dieu fait aux Princes 
d'oster toutes choses contraires à sa parole, planter, 
entretenir et deffendre la pureté de son service et les 
grandes promesses à ceux qui y obéiroient et les hor- 
ribles menasces contre ceux qui désobéiroient] , engen- 
droient en son esprit, diversité d'avis. [Le premier lui 
donnoit crainte et inclinoit aucunement sa volonté 
d'accorder leur demande aux Estas, et le dernier lui 
persuadoit le contraire] . Elle eust désiré d'estre autant 
aimée qu'elle estoit haie de ses ennemis et autant 
agréable au roy de France, qui l'en solicitoit fort, 
qu'elle luy estoit désagréable et donner contentement 
à tout son peuple, mais ^ que cela ne fut aux despens 
de son âme et sans encourir la malveillance, disgrâce 



1 . Pierre Du Prat, dit Prato, nommé syndic de Béarn le 21 mars 
1557, mort en fonctions en 1567 (Inventaire-sommaire des Arch. 
des Basses-Pyrénées, tome in^ introduction, p. 92). 

2. On a ajouté : pauvres. 

3. On a ajouté : cela ne pouvoit compatir aveque la profession 
qu'elle avoit faicte et protester devant tous les ministres. C'est 
pourquoy... 



ET NAVARRE. 135 

et mescontentement de son Dieu [lequel elle vouloit 
préférer à tout autre chose. Et pour ce qu'il n'y a rien 
plus dangereux en affaires d'Estat que de fluctuer en 
délibérations contraires sans prendre une conclusion 
ferme et arrestée], outre les gens ordinaires de son 
privé conseil, elle assembla plusieurs autres grands 
personnages de tous estas et professions, pour con- 
sulter avec eux cest affaire et en prendre résolution, 
afin que, quoiqu'avint, elle ne peut estre accusée d'y 
avoir procédé par légèreté , inprudence ou opinias- 
treté plustot que par prudence et raison. Elle conjura 
donc toute cette grande compagnie de lui dire fran- 
chement [tout ce que la parole de Dieu disoit de ce 
fait et les meilleurs princes avoient fait en cas pareil 
et la conseiller fidellement de ce qu'elle devoit faire'], 
leur asseurant que crainte ou respect de chose qui 
fut au monde ne l'esbranleroit ne lui fairoit faire rien 
qui fut contre Dieu et le devoir que les Roys luy doi- 
vent comme Roy, car elle [savoit ^1 qu'il ne suffîsoit 
à un Prince de vivre chrestiennement comme homme, 
s'il n'employoit l'autorité et la force que Dieu lui avoit 
baillée pour faire vivre ses sujects de mesme. L'impor- 
tance du fait rendit la consultation longue et les advis 
divers, selon que la diversité des esprits, affections, 
passions, crainte, asseurance ou raison commandoient 
l'entendement, la volonté et la langue des opinans. 

[Les uns disoient la religion romaine pour son 
ancienneté avoir tant gaigné sur les hommes qu'elle 



1. Variante : et conseiller franchement tout ce qu'elle pouvait 
faire en ceste affaire. 

2. Variante: croioit. 



1 36 HISTOIRE DE BÉARN 

n'en pouvoit estre desracinée que par la mort, ou 
particulière inspiration de Dieu. Parquoy on devoit 
attendre ce qu'il plairoit à Dieu faire de leur conver- 
sion par son Saint-Esprit, et prier seulement pour eux, 
non pas les empescher en leur religion ; que tant de 
personnes, nations et provinces suivoient cette religion 
qu'il sembleroit témérité plustot que prudence qu'une 
femme entreprit de la condamner et d'oster ce qui 
par tant de siècles et de grands personnages avoit 
esté jugé bon et receu pour tel, et sembleroit grande 
cruauté qu'estant la liberté de conscience aux hommes, 
on les voussit contraindre de croire et faire les choses] 

(Ici il existe dans le manuscrit une lacune depuis la 
page 404 jusqu'à la page 415. Ces feuilles ont été 
enlevées et contenaient des passages rayés.) 

[ esté constraints de leur laisser plus par la 

volonté de Dieu que la leur. La victoire donc estoit 
demourée du costé d'iceux. Que cela devoit donner 
asseurance à Sa Majesté de la continuelle faveur de 
Dieu en l'exécution d'une si juste cause qui appartenoit 
à lui plus qu'à elle, car c'estoit l'avancement et la 
défense du service d'iceluy et la ruine de l'idolâtrie. 
Que si Sa Majesté n' avoit les mers pour murailles ni le 
voisinage de ceux de sa religion pour bastions, Dieu 
seroit sa roche, son rempart et sa forteresse autant de 
tems qu'elle dépendroit de sa seule providence et lui 
obéiroit non seulement comme femme chrestienne, 
mais aussi comme Roy ne. De cela il conclut que la 
Royne ne devoit accorder à ses sujets leur requeste ni 
au roy de France sa prière, non plus qu'Asa avoit fait 
à sa mère et Théodose aux Égiptiens demandans sem- 



I 



ET NAVARRE. 137 

blables choses. Et faisant fin il suplia la Roine de 
vouloir excuser la prolixité delaquelle il avoit esté 
constraint d'user pour justifier son opinion qui estoit 
très odieuse au plus grand monde, mais qu'il estoit 
théologien et n' avoit peu opiner que suivant sa profes- 
sion sans regarder derrier soy ny fleschir à dextre ny 
à senestre.] 

[Finalement '] la Royne [qui contre le naturel de son 
sexe dépendoit de la providence de Dieu plus que de 
la sagesse et force humaine] print résolution de n'ac- 
corder ladite requeste avec beaucoup de grandes pro- 
testations, que s'il lui eust esté possible et sans discorder 
avec Dieu, elle eut désiré d'accorder leur requeste à 
ses sujets et n'y avoit rien qu'elle eut plus à cœur que 
s'entretenir en bon mesnage avec les deux Princes, 
ses voisins; desquels elle avoit cest honneur d'estre 
prochaine parente ; mais puis qu'elle ne pouvoit con- 
tenter son peuple sans mescontenter Dieu, ny entre- 
tenir l'amitié de ses voisins qu'avec l'inimitié de Dieu, 
elle aimoit mieux plaire à Dieu qu'au peuple et estre 
plustot aimée de Dieu, son père, que des Roys, ses 
parens, lesquels elle gratifieroit volontiers aux despens 
de sa propre vie, mais que la gloire et service de Dieu 
lui estoient plus chers que ses biens ne sa vie. Par 
ainsi remettant les évènemens des choses en la main 
de celui qui dispose de ses créatures et conduit toutes 
leurs actions comme il luy plaist et est expédiant 
pour sa gloire et le bien de ses esleuz, elle print [une 
ferme] résolution de n'intériner la requeste des Estas, 
quoyqu'en deut avenir, et prioit Dieu la vouloir forti- 

1. Variante: Néanimoings. 



138 HISTOIRE DE BÉARN 

fier en cette sienne délibération et lui faire la grâce 
de pouvoir achever la réformation ^ commencée en son 
pays, et vouloir ouvrir les yeux de l'entendement de 
son peuple, afinque connoissant la vérité qu'il refu- 
soit, il l'embrassast pour servir le seigneur Dieu selon 
sa parole, et tout ainsi qu'il tenoit les cœurs des Rois 
en sa main, changeast celui des Rois, ses voisins, ou 
leur baillast d'autres fusées à desmeller, les empes- 
chans ailleurs. [Ceux de la religion romaine^] furent 
fort marris et plus estonnez de voir [la constante] 
résolution de cette princesse [laquelle ils appelloient 
téméraire et opiniastre, nom que le monde a accous- 
tumé de donner à l'asseurance de la foy des fidelles, 
néantmoins ils n'osèrent si tost commencer les remue- 
mens, que chascun craignoit qu'ils fairoient et Dieu 
les confondit tellement que délibérez de se despartir 
et de se retirer sans faire aucune conclusion des autres 
affaires, vinrent^] demander congé à la Royne qui 
leur respondit les mauvais sujets et serviteurs 
n'avoir besoing de congé ; qu'elle ne les vouloit forcer 
de rien; qu'ils demeurassent donc ou se retirassent 
selon qu'ils voudroient, combien qu'elle eut fort désiré 
qu'ils eussent mis fin à tous les autres affaires qui 
concernoient le bien public, en quoy ses sujets la trou- 
veroient tousjours aussi facile à leur accorder toutes 
justes requestes; qu'elle s'estoit montrée difficile à l'in- 
térinement de celle (fu'ilsluiavoientfaite pour lareligion, 
d'autant qu'ils lui demandoient une chose que Dieu lui 
défendoit, et tout bon Prince devoit estre aussi restif 

1 . On a ajouté : par elle. 

2. Variante : Les catholiques. 

3. Variante: ce qui leur fit. 



ET NAVARRE. 139 

d'accorder les choses injustes et contre Dieu que 
prompt à donner les justes et selon Dieu. [Ceux donc 
de la religion romaine^] se retirèrent et l'évesque 
d'Oloron avec eux, qui estoit leur conducteur et direc- 
teur en tout cest affaire. Gramont lui fit teste durant 
tous ses Estas [et son autorité et suffisence servirent 
beaucoup pour rompre leurs desseins et complots de 
ceux de la religion romaine] . 

Quelque tems après la Royne avec ses enfans eut 
volonté de visiter son comté de Foix, mais estant en 
chemin, à Saint-Gaudens au viscomté de Némousan% 
un gentilhonmie du prince de Gondé, son beau-frère, 
la vint advertir que le 218 de setembre, qui estoit deux 
ou trois jours après, ceux de la religion réformée de 
France, pour obvier aux desseins faits pour leur entière 
ruine, estoient contraints pour la seconde fois de 
prendre les armes. Ces nouvelles firent rebrousser 
chemin à ladite Dame qui s'en revint en Béarn avec 
ses enfans, où elle se tint coy durant tous ses troubles, 
sans rien remuer ny altérer et empescha plusieurs 
gentilshommes de [la ^] religion [réformée] de prendre 
cette fois les armes comme ils en estoient en volonté. 

Cependant ceux de la Basse-Navarre, conduits par les 
sieurs de Luxe * et de Damesan et quelques autres 
gentilshommes % voyans la Royne, vefve et le Prince, 



1. Variante: ils se retirèrent donc. 

2. La vicomte de Nébouzan est comprise dans les départements 
de la Haute-Garonne et des Hautes-Pyrénées. 

3. Variante : ceste. 

4. Charles, comte de Luxe, fils de Jean mentionné plus haut, 
page 9. 

5. Bordenave a modifié sa première rédaction qui portait : des- 



440 HISTOIRE DE BÉARN 

son fils, enfant, solicitez par quelques uns des princi- 
paux du conseil de France, quelques Béarnois et 
autres malcontens, sous ombre de défendre la religion 
romaine , les fors , privilèges et libertez tant de 
Navarre que de Béarn, firent une ligue secrette pour 
mettre hors du Royaume la religion réformée et 
chasser quelques ministres qui y preschoient. Ceux de 
cette ligue qui fesoient profession de la religion 
réformée, pour n'estre estimez du tout sans religion, 
ne voulurent estre compris en la vindication de la 
romaine et la rejection de la réformée, mais promirent 
de ne défaillir en rien, sous ombre de la vindication 
des fors, privilèges et libertez, et solicitoient les autres 
de se mettre promtement aux champs, leur asseurant 
en secret qu'il n'y avoit rehgion qui les empeschast 
de se joindre à leur cause. [Ces ligueurs donc] au 
mois^ de setembre commencèrent de faire quelques 
assemblées à Saint-Palais et y appellèrent quelques 
uns du viscomté de Soûle ^. Ils avoient délibéré de 
saisir La Rive, ministre dudit Saint-Palais, comme ils 



quels estaient les chef Charles, sieur de Luxe, Valentin, sieur de 
Damesan et de Moneing, Antoine, viscomté d'Etchaux, Jean, sieur 
d'Armendarits, Jammes, baron d' Uhard, Menaut et Jean de Camo, ' 
frères, Jrtiède et quelques autres. Valentin de Domezain, baron 
de Monein, Domezain et Carresse, fils de Jean de Domezain et 
de Catherine de Monein (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1198 
et 1474). Cette dernière était la sœur de Tristan de Monein, 
assassiné àBordeaux en 1548. — En 1557 Antoine de Bourbon donne 
à Rodigon, serviteur du capitaine Artiedde, 24 livres pour soigner 
une maladie qu'il avait contractée à Vendôme (Arch. des Basses- 
Pyrénées. B. 143, ^50). 

1. On a ajouté : donq. 

2. La vicomte de Soûle est comprise dans l'arrondissement de 
Maoléon (Basses-Pyrénées). 



ET NAVARRE. 1 41 

firent le mesme jour Tardés S ministre d'Ostabarès ^, 
qui fut conduit prisonnier en la maison de Luxe^. 

La Roy ne, advertie de ces remuemens, envoya en 
Navarre Roques^ et Bergara% ses maistres d'hostel, 
avec Jean d'Echart, procureur général en Béarn, pour 
parler aux principaux chef et descouvrir leur inten- 
tion et retirer le peuple d'avec iceux et l'asseurer que 
quelques choses que présuposassent ceux qui les vou- 
loient distraire de son obéissanse, qu'elle n'estoit 
jamais entrée en volonté de leur oster l'exercice de 
leur religion [romaine attendant que Dieu par son 
Saint-Esprit leur eut fait connoistre la pureté de la 
réformée^ qu'elle tenoit du tout conforme à la doctrine 
de l'Évangile] moins encores avoit-elle pensé de chan- 
ger ou altérer en aucune manière leurs fors, privilèges 
et libériez, ains les vouloit entretenir en iceux, tout 
ainsi qu'avoient fait les Roys , ses prédécesseurs. 
Echart, qui estoit de la nation et de la langue, parla à 

1 . Le nom de ce ministre est Tarde ts, il résidait à Ostabat, can- 
ton d'Iholdy, arrondissement de Mauléon. II mourut en septembre 
1578 (Arch". des Basses-Pyrénées, B. 2368, f» 319). II ne faut pas 
le confondre avec Sans de Tartas, autre ministre du pays basque, 
à la même époque. 

2. Le pays d'Ostabaret est compris, sauf une commune (PagoUe), 
dans le canton d'Iboldy, arrondissement de Mauléon. 

3. Le château de Luxe, commune de ce nom, canton de Saint- 
Palais, arrondissement de Mauléon. Cet édifice est détruit. 

4. Jean Secondât, seigneur de Roque, maître ordinaire de 
l'hôtel de la reine de Navarre, président de la Chambre des 
Comptes de Nérac. C'est lui qui, selon l'usage, rompit son bâton 
de maître d'hôtel à Vendôme le 2 juillet 1572 devant le cercueil 
de Jeanne d'Albret (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 35; E. 1998, 
2002). Jean Secondât est un des ancêtres de Montesquieu. 

5. Pierre de Bergara, gouverneur du comté de L'Isle-en-Jour- 
dain, en 1564 (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 1584, f» 53). 



142 HISTOIRE DE BÉARN 

Luxe et à quelques autres, ce qu'il ne peut faire à 
Damazan, pour ce qu'il estoit allé en Gascogne com- 
muniquer à Monluc, lieutenant de Roy en Guienne en 
abscence du prince de Navarre, leur entreprise et les 
moyens qu'ils avoient de faire la guerre. Le peuple 
print du commencement ces [remonstrances ^] en bonne 
part et s'en resjouit, et quantequant députa quelques 
uns des principaux de leur cors pour aller remercier 
Sa Majesté, qui leur confirma tout ce que leur avoit 
esté dit par son procureur et leur promit que si le pais 
en général ou quelques particuliers lui fesoient appa- 
roistre d'avoir receu quelques grief d'elle ou d'aucun 
de ses officiers, de leur y réparer et les contenter. 
Tout le peuple par deux diverses fois promit et jura 
solennellement de demeurer bons et fidelles sujets, 
sans rien attenter contre l'obéissance qu'ils lui 
dévoient, quelque chose qu'on leur sceut dire à 
l'avenir. Et pour ce qu'au pays se commettoient plu- 
sieurs excès et maléfices et la justice n'y estoit si 
droitement administrée qu'il eut esté besoin, d'autant 
que ceux qui dévoient poursuivre, captionner ou juger 
les criminels , leur servoient d'advertisseurs , recéla- 
teurs, advocats et soliciteurs, ils supplièrent la Roine 
de leur donner un vice-chancellier (ainsi est nommé le 
président du Parlement de ce Royaume) qui sans res- 
pect de personnes leur administrât justice et quante- 
quant pour mieux le faire obéir l'accompagnast de 
quelques forces ; car l'impunité avoit rendu les mes- 
chans si audacieux qu'ils ne respectoient plus aucun 
officier de justice et soustenus de quelques grands 

1 . Variante : parolles. 



ET NAVARRE. 143 

l'oppressoient par la force. Mais les chef de la ligue 
ne furent plustot advertis de ces remonstrances et des 
promesses de la Royne qu'ils ne taschassent de 
divertir le peuple. Et pour ce faire firent une* convo- 
cation de la noblesse, villes et vallées du païs en la 
baronnie de Lantabat *. Là ils remonstrèrent au peuple 
que toutes les belles parolles et grandes promesses 
faites tant par la Royne que ses députez, n'estoyent 
que pour les tromper et les amuser jusques à tant 
qu'elle eut meilleure commodité d'exécuter sa délibé- 
ration, qui estoit d'oster tout à plat l'exercice de la 
religion [romaine ^], tout ainsi qu'elle avoit fait en plu- 
sieurs lieux de Béarn. Parquoy estans bien acertenez 
de son intention et pousez du seul zèle de [leur *] reli- 
gion, ils s'estoient résolus de s'y opposer et y employer 
tous leurs moyens, amis, alliez, parens et vies, et 
exortoient tout le peuple vouloir faire le semblable et 
donner à ce coup l'aide à leur religion que tous bons 
catholiques lui dévoient, en quoy ils les asseuroient 
d'estre si bien secourus que la Roine connoistroit 
qu'ils n'estoient sa ^ suport. Mais pour ne descouvrir 
leur intention et n'aliéner d'eux les esprits du peuple, 
ils ne firent lors nulle mention des fors, et protestoient 
leur volonté estre de n'attenter rien contre l'autorité 
de la Roine, ny faire rien contraire à la fidèle obéis- 
sance qu'ils luy dévoient. [Plusieurs, qui n'avoient 

1. On a ajouté : seconde. 

2. Lantabat , canton d'Iholdy , arrondissement de Mauléon 
(Basses- Pyrénées) . 

3. Variante : catholique. 

4. Variante : la. 

5. Il faudrait : sans. 



144 HISTOIRE DE BÉARN 

connoissance de leur sinistre intention '] , promirent 
incontinent de faire tout ce qui seroit arresté et ordonné 
par cette compagnie pour la deffense de leur religion, 
exceptant tousjours le devoir de fidélité qu'ils dévoient 
à leur Royne, contre lequel ils disoient ne vouloir rien 
faire. Mais [ceux ausquels cette fable estoit mieux 
connue ^] firent response ne pouvoir rien promettre 
sans avoir au préalable communiqué le tout à ceux de 
qui ils avoient esté envoyés. Endementiers ^ la Royne 
suivant la promesse faite aux députez donna Testât de 
vice-chancelier à A. La Motte *, navarrois naturel et 
advocat général en Béarn, et pour faire obéir la justice 
donna commission au capitaine La Lane^, aussi navar- 
rois , maistre-de-camp de l'infanterie de Béarn et 
Navarre, et qui avoit commandé une compagnie en 
capitaine en chef en France, de lever cinquante har- 
quebusiers, et se tenir à Garris®, où lors estoit le siège 
de la souveraine justice de toute la Basse-Navarre, 
afin de faire exécuter les arrests de la justice. Mais il 
n'y fut plustot arrivé que, sans lui donner le loisir de 
mettre aucunes vivres dedans quelques masures d'un 
vieux chasteau ruiné ' où il s'estoit retiré, il fut promp- 

1. Variante : Quelques-uns. 

2. Variante : d'aultres. 

3. Pendant ce temps-là. 

4. Il y a une erreur dans le prénom, car le 13 mars 1568 (v. s.) 
nous trouvons Michel de La Motte, vice-chancelier de Navarre 
(Archives des Basses-Pyrénées, E. 2000). 

5. Son fils, Marc Lalanne reçut de Montgomery un brevet de 
capitaine de Saint-Jean-Pied-de-Port, à Salies le 2 octobre 1569 
(Arch. des Basses-Pyrénées, B. 2152). 

6. Canton de Saint-Palais, arrondissement de Mauléon (Basses- 
Pyrénées). 

7. Il en reste encore des vestiges. 



ET NAVARRE. 145 

tement assiégé par les gentilshommes de la ligue, 
accompagnez de la populasse de Navarre et de Soûle 
qu'ils avoient eslevée par un baffroy général. Gela fut 
cause que deux jours après La Lane, destitué de toutes 
munitions, se rendit, ses soldats furent desbalisez et 
lui mené prisonnier à Tardés S maison de Luxe en 
Soûle, qui est de la souveraineté de France, dont il 
sortit en eschange du capitaine Amaro, détenu aux 
prisons de Pau. Durant le siège La Lane ne perdit 
aucun homme et de ceux de dehors moururent trois 
seulement, quelques uns furent blessez. Et la Roine 
pour esteindre le feu de cette sédition avant qu'il fut 
embrasé davantage, assembla promptement la noblesse 
et les compagnies des parsans de Béarn, et envoya en 
Navarre le Prince, son fils, avec quelques pièces d'ar- 
tillerie. Avec le Prince furent en ce voyage les seigneurs 
de Gramont, de Bénac*, de Basillac% de Larboust% 
le viscomte de Labadan ^ et plusieurs autres gentils- 
hommes des terres de la Roine; mais les ligueurs 
[n'ouirent plustot ®] le bruit de la levée de ces troupes 



1. Le château de Tardets, aujourd'hui en ruines, situé dans la 
commune de ce nom, chef-lieu de canton de l'arrondissement de 
Mauléon (Basses-Pyrénées). 

2. Philippe de Montant, baron de Bénac, nommé sénéchal de 
Bigorre le 10 mai 1560 (Arch. de M. le baron de Laussat, reg. de 
la Chambre des Comptes). 

3. Jean, baron de Basillac, sénéchal de Nébouzan. 

4. Savary d'Aure, baron de Larboust, seigneur de Montégut et 
Lombres. 

5. Henri de Bourbon-Malauze, vicomte de Lavedan, fils de Jean 
de Bourbon et de Françoise de Silly, marié à Françoise de Saint- 
Exupéry, mort en 1611. 

6. Variante : ayons ouy. 

10 



146 HISTOraE DE BÉARN 

[qu'ils ne se retirassent ^] aux montagnes et ferrières 
de la Valcarde *. [Et pour couvrir leur fuite et ne des- 
couvrir leur peu de forces, ils fesoient entendre au 
peuple qu'ils se retiroient seulement pour le respect 
qu'ils dévoient à la persone de leur Prince et non pour 
crainte qu'ils eussent de ses forces.] Le Prince les 
poursuivit jusques au delà de Sainct-Jean-de-Pé-des- 
Pors, et, ne les ayant peu attraper, assembla le peuple 
en un lieu appelé La Camargue ^ où il leur fit remons- 
trer en leur langue par Etchard, qui estoit de leur 
nation, la faute qu'ils avoient faite de suivre les chef 
de cette séditieuse ligue, qui au premier vent de l'ar- 
rivée des forces de la Roine, sa mère, s'en estoient 
fuis intimidez de leur propre conscience et faute et 
combattus par leur mesme foiblesse, plus que par ses 
forces, les ayans laissés misérables en proye et à la 
merci de l'avarice et cruauté des soldats estrangers, si 
par l'exprès commandement de la Roine, sa mère, il 
ne leur tenoit la bride, laquelle conmie la mère fesoit 
ses enfans, les aimoit plus puissansquefoibles, vif que 
mors, riches que povres et convertis que subvertis ; et 
ne tiendroit qu'à eux qu'ils ne jouissent d'un long, 
asseuré et libre repos. Que ceux-là sembloient dignes 
de quelque excuse qui, leur estant refusé l'accès vers 
leur Prince pour luy présenter leurs doléances et estans 
traittez plustot en esclavez qu'en sujets avec toute 
injustice, tyrannie et cruauté, estoient contraints de 

1 . Variante : se retirèrent. 

2. Il s'agit ici des montagnes du Val-Carlos entre Saint-Jean- 
Pied-de-Port et Roncevaux, territoire espagnol. 

3. Nous pensons que c'est le lieu appelé Gamarthe, situé à 
10 kilomètres de Saint- Jean-Pied-de-Port. 



ET NAVARRE. 147 

recourir aux armes, pour la défense de leur vies, 
patrie et libériez, mais qu'eux ne s'estans jamais pré- 
sentés à leur Royne sans avoir receu d'elle toute 
bénigne audience et appointement aussi favorable que 
la loy, les fors et la raison lui permettoient, estoient 
plustot entrez en une volontaire sédition que contrainte 
défense, et s' estoient rendus indignes de toute excuse, 
et dignes plustot de punition que de conmiisération, 
de peine que de pitié, de suplice que de grâce. Mais 
qu'il espéroit que sa venue les rendroit plus sages et 
plus avisez, et les fairoit mieux considérer les horri- 
bles maux qui talonnent une sédition auparavant de 
la commencer, et ne se laisseroient une autre fois 
tromper si facilement à ceux qui cerchoient d'exécuter 
leurs passions [et affections] à leur despens et s'agran- 
dii' par leur ruine et par la désolation de leurs misé- 
rables familes ; et sous couleur de défendre la liberté 
publique les vouloient finement mener captif en la 
servitude d'un autre Prince qu'ils ne .connoissoient 
point, ou, comme il estoit vraysemblable, eux-mesmes 
se vouloient rendre leurs tyrans; et sous ombre de 
religion les distraire de la fidèle obéissance que la 
religion enseignoit de rendre aux supérieurs. Toutesfois 
qu'ils s'asseurassent que tout ainsi que leurs pères 
avoient jadis expérimenté la bénignité, clémence et 
bénévolence des Rois, ses prédécesseurs, que la Royne, 
sa mère, et lui, qui descendoient de droite ligne des 
premiers rois de Navarre, ne se laisseroient jamais 
surmonter à eux en justice, bonté ne bonne volonté en 
l'endroit de leurs sujets. Et s'ils se montroient bons 
sujets, la Roine se monstreroit encore meilleure 
princesse, et n'altéreroit leurs privilèges, fors, cous- 



148 HISTOIRE DE BÉARN 

tûmes et libertez ni les forceroit en leur religion 
[attendant que Dieu par sa grâce les appelast à la 
connoissance de sa vérité, comme il l'en prioit très 
humblement] et leur promettoit qu'encores qu'il fut 
très bien asseuré de la bonne volonté de la Roine, sa 
mère, en leur endroit, il leur serviroit néantmoins de 
bon advocat et meilleur ami envers elle, et vouloit 
qu'en tous leurs affaires ils s'adressassent à luy sans 
honte ni crainte de l'importuner, et ils connoitroient 
par effect quelle estoit l'affection qu'il leur portoit, et 
ne se pourroient jamais plaindre qu'il les eut trompez 
ou repeus de la fumée de la cour, comme fesoient 
plusieurs, qui après avoir long tems entretenu les 
poursuivansde vaines espérances et receu force présens 
les renvoyoient sans rien. 

Le peuple presta attentivement l'oreille aux remons- 
trances de ce jeune Prince et avec grandes acclamations 
promit d'estre à l'avenir plus fidèle et ne fere plus 
rien au descervice de leur Roine et d'estre plus avisez 
pour ne se laisser piper à ceux qui, sous un prétendu 
zèle de religion et de la vindication de leurs fors et 
coustumes générales, prétendoient finement leur 
particulière grandeur et vindicte de leurs mescon- 
tentemens. 

[D'autre costé les chef de la ligue, soit qu'ils le 
fissent pour se descharger sur autruy ou que la vérité 
fut telle, disoient partout que plusieurs de ceux qui 
sous le Prince leur faisoient maintenant la guerre, 
estoient les autheurs et prometteurs de tout ce qu'ils 
avoient fait, et contoient leur entreprise en tant de 
diverses façons que les plus occulez n'y pouvoient rien 
voir; sur tous autres ils chargeoient fort Gramont, 



ET NAVARRE. 



149 



qu'ils disoient avoir voulu embrouiller la Roine pour 
la faire condescendre de lui accorder l'héritière 
d'Andoinx ^ en mariage pour son fils^, mais il nioit le 
tout instament avec des desmenties et offroit de se 
coupper la gorge avec celuy d'eux qui le voudroit 
accuser, et cela sans avoir esgard à son ordre ni à 
autre dignité. A quoi personne ne respondit rien.] Peu 
de jours après la Roine alla à Saint-Palais où elle 
assembla les Estas de la Basse-Navarre et ouit paisi- 
blement les doléances de son peuple. Trois [des 
plus^J séditieux qui s'estoient trouvez au siège du 
chasteau de Garris, furent pendus, et à tout le 
demeurant fut donné pardon général à la réquisition 
des Estas, les chef exceptez, contre lesquels fut ordonné* 
seroit procédé par la Chancelerie, si dedans huict jours, 
ils ne se présentoient par devant Sa Majesté, qui en tel 
cas leur promettoit la mesme grâce en particulier, qui 
avoit esté donnée aux autres en général . Mais fut qu'ils 
n'osassent prendre fiance de la Royne ou ne voulussent 
reconnoistre avoir falli, ils ne se présentèrent point au 
temps préfix, ains trouvèrent moyen par l'entremise 
de Lansçac ^, beau père de Luxe, de faire rendre le roy 
de France, intercesseur pour eux. La Mote-Fénelon % 
chevalier de l'Ordre, fut le messager, qui après plu- 
sieurs voyages tant en Béarn, Navarre que France, 



1. Corisande d'Andoins, née en 1554, morte en 1620. 

2. Philibert de Gramont, comte de Guiche, marié en 1567 à 
Corisande d'Andoins, mort en 1580. 

3. Variante: que Von appelait, 

4. On a ajouté : qu'il. 

5. Louis de Saint-Gelais, seigneur de Lansac. 

6. Bertrand de Salignac, seigneur de la Mothe-Fénelon. 



150 HISTOIRE DE BÉARN 

obtint de la Roine perpétuelle obliance de toutes choses 
passées pour cest effect, et conduisit à Pau pour 
baiser les mains de Sa Majesté, Luxe, Damezan, le 
viscomte d'Echaux, et plusieurs autres. Tous furent 
bénignement receas et honnorablement caressez de 
Sa Majesté et quelques uns honnorez de présens, autres 
sub venus et tous s'en retournèrent contens, au moins 
en apparence. Peu de jours après le collier de l'Ordre 
fut envoyé à Luxe. Gela ofFença maintes personnes 
[non passionnées '] qui, sachans les services du nou- 
veau chevalier, trouvoient estrange qu'on n'eut attendu 
une occasion plus spétieuse, pour ne descouvrir [si 
deshonnêtement] la sédition navarroise estre descoulée 
de la France. [Mais la desloyauté qui a la force pour 
compagne n'a point de honte.] 

La ruine de ceux de la religion réformée s*ourdissoit 
cependant en France, mais l'abscence de la royne de 
Navarre apportoit beaucoup de difficultez à la trame 
d'icelle . Car ceux qui vouloient attraper en un mesme 
filé tous les principaux chef, craignoient d'embraser 
plutost qu'esteindre le feu, s'ils exécutoient les autres 
sans ladite Dame et ses enfans. Les moyens de laquelle 
avec l'autorité du Prince, son fils, sembloient suffisens 
pour venger l'injure qui seroit faite aux autres. Par 
quoy Fénelon eut charge de lui persuader d'aller en 
France et y mener Monsieur et Madame % ses enfans, 
où, disoit-il, le Roy et la Royne, sa mère, les désiroient 
fort, tant pour les y caresser selon que leur parentage 
et qualité méritoient que pour l'espérance, ou plustot 



1 • Variante : de la religion prétendue réformée. 
2. Henri de Navarre et Catherine. 



ET NAVARRE. 151 

asseurance, qu'ils avoient prise que leur présence 
apporteroit une heureuse fin aux misères de ce désolé 
Royaume. Car le Roy qui pour les choses passées ne 
s'osoit bien fixer de ceux de la religion ^ ne eux 
s'asseurer de Sa Majesté par les injures prétendues, se 
fieroient et asseureroient ensemblement d'elle, qui 
estoit si prochaine du Roi et en si bonne réputation 
parmi ceux de sa religion, que facilement toutes deux 
parties prendroient en bonne part tout ce qu'elle 
négotieroit et fairoit et se fieroient de toutes choses en 
sa sincérité. Qu'elle ne de voit donc denier ce bien à la 
France en laquelle elle estoit née et y tenoit tant de 
grandes seigneuries et son fils le premier rang après 
Messieurs les frères du Roy. Mais la Roine qui par 
[l'expériance du passé et] les avertissemens qu'elle en 
recevoit tous les jours, savoit l'intention de ceux qui 
luy fesoient tenir ce langage, estre du tout contraire 
à ce que l'harengeur luy disoit, n'osant refuser du tout, 
ne déclarer ouvertement sa volonté, mettoit tantost 
une excuse, tantost une autre et prenoit les délais les 
plus longs qu'elle pouvoit, ce qui commença de fascher 
le conseil de France qui, ayant toutes choses prestes 
pour faire attraper le prince de Gondé à Noyers % et 
l'amiral^ à Tanlay^ par Tabanes% et Andelot ^ en 

1. On a ajouté : prétendue réformée. 

2. Canton de Saint-Aignan, arrondissement de Blois (Loir-et- 
Cher). 

3. Gaspard de Goligny, tué à la Saint-Barthélémy. 

4. Canton de Cruzy, arrondissement de Tonnerre (Yonne). 

5. Gaspard de Saulx, seigneur do Tavannes, maréchal de 
France en 1570, mort en 1573 à 63 ans. 

6. François de Coligny, seigneur d'Andelot, frère de l'amiral 
Goligny, mort en 1569. 



152 HISTOIRE DE BÉARN 

Bretaigne par Martigues*, s'avisa d'un chemin plus 
court pour saisir en un mesme tems ladite Royne et 
ses enfans par le moyen de Losses. Ils l'envoyèrent 
donc devers ladite Dame pour lui persuader d'aller en 
cour ou au moins y envoyer le Prince, son fils, avec 
asseurances et promesses très grandes en apparence, 
que ce voyage réussiroit grandement au bien et hon- 
neur de la mère et du fils et à l'avantage de ceux de 
leur religion. Et où il ne lui pourroit persuader le 
voyage, il avoit commandement d'enlever par cautelle 
ou par force le Prince, comme il iroit à la chasse ou 
autrement. En quoy Monluc et quelques autres gentils- 
hommes béarnois le dévoient favorir, mais Dieu, [qui 
est la garde de ceux qui l'invoquent,] rompit ce 
dessein par un fleux de ventre qui retint Losses en sa 
maison. Ainsi la Roine qui ne savoit rien du dernier 
commandement de Losses, estoit en hazard de perdre 
son fils, si elle n'en eut receu avertissement de [si] 
bonne heure [qu'elle fit de plusieurs parts] estant en 
sa ville deTarbe en Bigorre, d'où elle partit aussi tost, 
et ne s'osant fier aux Béarnois, pour avoir descouvert 
l'intelligence des principaux avec ses ennemis, s'en 
alla à Nérac où elle s'asseuroit d'avoir meilleur moyen 
d'empescher les ruses et les forces de Losses, s'il en 
vouloit venir si avant. 

Or ne fut-elle plustôt arrivée là que plusieurs 
gentils hommes et autres de la religion * réfor- 
mée y accoururent à grandes troupes effrayez du 
bruit de la commission dudit Loses, qui estoit jà 
esventée partout [et des bravades et jactances de ceux 

1. Sébastien de Luxembourg, vicomte de Martigues. 

2. On a ajouté : prétendue. 



k 



ET NAVARRE. 153 

de la religion romaine, qui publiquement disoient que 
dans peu de jours il n'y auroit plus presches, ministres 
ne huguenots en France.^] Cela leur avoit donné si 
bien l'alarme qu'ils délibéroient d'entrer en la défen- 
sive, mais ladite Dame les en destourna et les empescha 
de prendre les armes si tost qu'ils eussent fait. Vopil- 
lières* arriva cependant de la cour, où la Royne 
l'avoit envoyé, tant pour donner quelque espérance 
de son arrivée et faire les excuses de son retardement, 
que principalement pour descouvrir l'intention de ceux 
qui manioient les affaires. Il lui rapporta avoir clere- 
ment connu, tant par les gestes que par plusieurs 
propos qui eschapoient quelques fois à la Royne mère 
et à quelques autres des principaux du conseil et 
entendu par les bruits communs de la cour, qu'elle 
estoit plus haïe d'eux tous, qu'ils ne faisoient semblant 
de l'aimer, et qu'indubitablement elle n'estoit appellée 
en cour que pour la perdre avec ceux de sa religion, 
la ruine et mort desquels estoit jurée et l'exécution 
si preste que bien tost on en verroit les esclats, si 
Dieu [par sa puissante bonté] ne destournoit ce coup. 
Ces nouvelles suffisantes pour estonner les plusasseurez 
firent entrer la Roine en une résolution contraire à son 
sexe, à savoir de se joindre à ceux qui avoient esté 
contraints de s'armer pour la défense de leurs vies et 
religion. Plusieurs ses serviteurs, craignans qu'il luy 
mesavint et à ses enfans, vouleurent rompre la réso- 
lution de cette Princesse. Mais elle leur respondit 
qu'estant de mesmes religion que ceux qu'on pour- 



1. On a ajouté : Et. 

2. Antoine Martel, seigneur de La Vaupillière. 



154 HISTOIRE DE BÉARN 

suivoitpour les fere mourir, elle estimoit toutes choses 
prospères et non prospères lui estre aussi communes 
avec eux, et tout ainsi que nature inclinoit tous les 
membres d'un cors au secours l'un de l'autre et chacun 
en particulier et tous en général taschoient de con- 
server tout le cors ; aussi les chrestiens qui sont tous 
membres du cors mistique de Jésus-Christ se dévoient 
défendre et garder les uns les autres, afin que par ce 
moyen tout le corps de l'église fut conservé. Qu'elle 
donques estant de l'église réformée ne pouvoit moins 
faire que défendre selon ses moyens la cause commune 
de l'Église contre ceux qui abusoient de l'autorité du 
Roy pour la dissiper. Et estant embarquée avec ses 
enfans [en mesmes navire que ceux de la religion, 
laquelle les ennemis vouloient percer pour enveloper 
en mesmes naufrage tous ceux qui fesoient profession 
de cette religion, elle seroit desloyalle à elle-mesmes 
et à ses enfans, si avec eux elle n'y apportoit tout ce 
qui estoit.en leur puissance pour la calefustrer et 
defFendre. Pareillement qu'ayant cest honneur d'estre 
prochaine parente de la maison de France et de si près 
alliée que le Prince, son fils, avoit le droit de succes- 
sion après Messieurs les frères du Roy, elle ne devoit 
défallir à ceux qui travailloient pour la défense des 
édits du Roy, qui à la grande ignominie de Sa Majesté 
estoient violez par ceux qui, pour couvrir leurs passions 
de l'autorité royale, la rendoient redicule à tous les 
autres Princes et suspecte à ses propres sujets par 
tant de contraires édicts. Qu'elle estoit bien asseurée 
que le projet, fait en aparence contre la religion 
réformée, estoit en effect pour abolir la maison de 
Bourbon, de laquelle le Prince, son fils, estoit le chef. 



ET NAVARRE. 155 

Parquoy elle seroit à bon droit tenue pour traîtresse à 
sa religion, à son Roy, à sa propre vie, à ses enfans, 
à son sang et à sa patrie, si elle n'apportoit ses moyens, 
sa vie et ses enfans à la protection de ce party qu'elle 
savoit estre très juste et ne tendre qu'à la gloire de 
Dieu et conservation de la couronne de France et des 
princes du sang. Combien donques qu'elle vid devant 
ses yeux la perte prochaine de ses estas et s'asseurast 
de la révolte de ses sujets Navarrois et Béarnois et de 
la ruine de tous ses autres biens, ayant le tout remis 
entre les mains de Celui par la grâce duquel elle les 
possédoit, entendant la pitoyable destresse et déplo- 
rable nécessité en laquelle le prince de Condé, son 
beau-frère, avoit esté réduit, qui misérable comme 
^neas fuyant les flammes troiennes, charriant quasi 
sur ses espaules femme, enfans et nourrisses, vagoit 
par la France accompagné de l'amiral, cerchans quelque 
refuge pour garentir leurs propres vies et celles de 
leurs désolées familles , le 6 de setembre [après la 
célébration de la sainte cène] partit de Nérac avec le 
Prince et Madame, ses enfans; l'huitiesme passa la 
rivière de Garonne à Toneins^ et y séjourna deux jours, 
attandant Fontarailles ^, séneschal d'Armaignac, qui 
conduisoit une cournete de cavallerie, et son frère 
Montamat ^, un régiment d'infanterie. [Là^] la vint 
retrouver La Motte-Fénelon renvoyé par le Roy, après 



1. Tonneins, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Mar- 
mande (Lot-et-Garonne). 

2. Michel d'Astarac, baron de Fontarailles, mort en 1606. 

3. Bernard d'Astarac, baron de Montamat, massacré à Paris à 
la Saint-Barthélémy. 

4. Variante : En ce lieu. 



156 HISTOIRE DE BÉARN 

que le Prince et l'amiral furent [miraculeusement] 
eschapez, pour la divertir de se joindre à eux et se 
déclarer pour ceux de la religion réformée en cette 
guerre qu'il prévoyoit devoir bien tost commencer, 
puisque tous les principaux s'estoient desvelopés du 
piège qui leur avoit esté tendu. Toutesfois Fénelon ne 
peut rien gaigner sur la résolution de cette princesse. 
[Et fut une chose grandement esmerveillable qu'une 
femme sceut si bien endormir les ruses de ce vieux 
renard Monluc, qu'à son sceu et à sa veue elle fit 
dresser ce peu de troupes qu'elle avoit, et n'estant 
accompagnée au plus que de cinquante gentilshommes 
la plus part de ses domestiques ^] deslogea de Nérac, 
et quasi à son nez passa la rivière à Tonens, [car il 
amassoit lors ses troupes à Villeneufve d'Agennois *, 
cinc lieues près dudit Tonens] et passa par Peyrigort' 
à la barbe d'Escars qui peu de jours auparavant avoit 
escrit au Roy qu'il avoit quatre mille gentilshommes 
tous prests et empescheroit qu'aucun huguenot ne 
s'assembleroit en Peirigort neLimosin. [Mais il trompa 
soy-mesme et son Roy, car en ces deux provinces se 
levèrent de fort belles troupes, qui se ralièrent avec 
les autres.] Arrivée à Bergerac^, la Roine despécha 
LaMote-Fénelon et l'accompagna d'un sien gentilhomme 
par lesquels elle escrivit au Roy, à la Roine mère et à 
monsieur d'Anjou % frère du Roy, et au cardinal de 
Bourbon, son beau-frère, les raisons qui l'avoient 

1. On a ajouté : Car elle. 

2. Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). 

3. Par le Périgord. 

4. Département de la Dordogne. 

5. Plus tard Henri m. 



ET NAVARRE. 



157 



contrainte de se joindre avec ceux de sa religion 
armez pour la défense de leur religion et vies. J'ay ici 
ajoustées seulement les lettres au Roy et à la Royne 
laissant les autres pour ce qu'elles sont d'un mesmes 
suject et qu'elles sont imprimées ailleurs. 

< Monseigneur, lorsque j'ay receuvostre lettre par le 
sieur de La Mote, j'estois desjà bien avant en chemin, 
ayant esté surprinse d'une telle mutation, laquelle 
toutesfois nous menaçoit depuis quelque tems que 
nous avons veu l'animosité de noz ennemis si desbordée 
que leur rage et passion a estoufée l'espérance du 
repos que vostre édit de pacification nous donnoit, 
lequel, Monseigneur, ayant esté non seulement mal 
observé mais du tout renversé par les inventions 
du cardinal de Lorraine qui, contre les promesses 
qu'il vous a toujours pieu donner à tous vos povres 
sujets de la religion réformée, par lettres aux Parlemens 
et d'autres particulières qu'il a escrites, comme j'en 
suis bon tesmoin pour la Guienne, a tousjours rendu 
les effects dudit édict vains et sans exécution, et tenant 
les choses en suspens a tant fait faire de massacres, qui 
se cuidant, par la patience que nous avons eue de ses 
estranges façons, estre hors de toute bride, a voulu 
passer outre, s' attachant aux princes de vostre sang, 
conmie l'exemple en est en la poursuite qu'il a faite 
contre Monsieur le Prince, mon frère, lequel il a 
contraint venir cercher secours parmi ses parens, et 
luy estant mon fils si proche et moy si alliée, n'avons 
peu moins. Monseigneur, que de luy offrir ce que le 
sang et l'amitié nous commandent. Nous savons assés 
vostre bonne volonté, vous nous en avez trop asseurez 
de bouche et par escrit, qui est que vous désirez tirer 



158 fflSTOIRE DE BÉARN 

le service de nous, qu'avec toute fidélité, obéissance 
et révérance nous vous devons, et auquel ne voudrions 
faillir pour la vie, et savons davantage. Monseigneur, 
que vostre bonté et affection naturelle que nous portez 
nous veulent conserver non pas ruiner. Donques si 
nous voyons tels effors exécutez contre nous, qui sera 
celuy qui , sachant bien que vous estes Roy très véritable 
et que vous nous avez promis le contraire, ne jugera 
que cela est fait sans vostre sceu et par l'accoustumée 
et de si longtems expérimentée malice du cardinal de 
Lorraine. Je dy encore que nous ne la sceussions 
comme au vray nous faisons. Je vous supplie donc 
très humblement, Monseigneur, trouver bon et prendre 
en bonne part que je soi partie de chez moy avec mon 
fils en intention de servir à mon Dieu et à vous qui 
estes mon Roy souverain, et à mon sang, nous opposans 
tant que nous aurons vie et biens aux entreprises de 
ceux qui ouvertement et d'une effrontée malice y 
veulent faire violence, et croire. Monseigneur, que les 
armes ne sont entre nos mains que pour ces trois 
choses là, empescher qu'on ne nous rase de dessus la 
terre (comme il a esté comploté) , vous servir et 
conserver les princes de vostre sang. Pour mon parti- 
culier. Monseigneur, ledit cardinal a eu grand tort 
de vouloir changer vostre puissance et authorité en 
violence, lorsqu'il m'a voulu faire ravir mon fils 
d'entre mes mains, pour le vous mener, comme si 
vostre simple commandement n'a voit assez de pouvoir 
sur la mère et sur le fils, que je vous supplie très 
humblement. Monseigneur, croire vous estre si très 
humbles et très obéissans serviteur et servante, que 
égalant nostre fidélité à l'infidélité dudit cardinal et 



ET NAVARRE. 159 

ses complices, je vous asseureray que lorsqu'il vous 
plaira faire l'essay de l'un et de l'autre, vous trouverez 
plus de vérité en mes effects qu'en ses paroles, comme 
un gentilhomme que j'envoye vers Vos Majestez le 
vous dira et Monsieur de La Motte qui, je m'asseure, 
s'en va satisfait de mon intention, qui ne sera jamais 
autre, Monseigneur, que de mettre vie et biens pour 
la conservation de vostre grandeur et règne que je 
supplie à Dieu remplir de sa bénédiction et vous 
donner. Monseigneur, très longue vie. De Bergerac 
le XVI de setembre 1 568 . Et au dessous : Vostre très 
humble et très obéissante sujete et tante. Jane. » 

« Madajne, je commenceray ma lettre par une protes- 
tation devant Dieu et les hommes qu'il n'y a rien de 
plus entier que la dévotion que j'ay eue, ay et auray 
au service de mon Dieu, mon Roy, ma patrie et mon 
sang. Toutes lesquelles choses ont fait ensemble une 
telle force en moy que Monsieur de La Motte m'a déjà 
trouvée partie de mes maisons pour y venir offrir la 
vie, les biens et tous moyens, vous suppliant, très 
humblement, Madame, si je suis trop longue à ma 
lettre, l'attribuer à la nécessité du tems qui m'a tant 
donné de recharge sur charge que je ne puis rien 
moins que vous esclaircir le plus briefvement qu'il me 
sera possible mon intention, vous ouvrant mon cœur 
pour vous y faire lire le contraire de ce que je m'as- 
seure que les ennemis de Dieu et du Roy et par 
conséquent de ses fidelles sujets et serviteurs tascheront 
de vous déguiser. Je vous supplie encore très hum- 
blement. Madame, m' excuser si pour venir atteindre 
où j'en suis réduitte, je commence au tems que 
ceux de la maison de Guise se déclarèrent par 



160 HISTOIRE DE BÉARN 

leurs actes ennemis du repos public de ce Royaume, 
qui fut lors qu'ils prattiquèrent le feu Roy, mon mari, 
soubz l'espérance de luy faire r' avoir nostre Royaume. 
Vous sçavés assés, Madame, quelles gens lors le me- 
noient, à mon grand regret, et j'oserois dire au vostre 
aussi, comme j'avoy en ce tems là cest honneur de le 
savoir de vostre propre bouche. Je vous supplie très 
humblement vous remémorer quelle fidélité vous 
trouvâtes en moy, qui, quand il fut question à bon 
escient de la conservation de ce Royaume, oubliay 
l'amitié du mari ethazardaymes enfans, car quant aux 
biens, puisque le reste y alloit, je ne les veux mettre 
en conte. Je vous supplie aussi très humblement, 
Madame, vous sovenir des propos qu'il vous pleust 
me tenir au partir de Fontainebleau et l'asseurance 
que vous printes de moy, qui n'est changée de mon 
costé ne diminuée pour tems qui ait couru. Et s'il vous 
plait. Madame, il vous souviendra aussi, qu'estant 
arrivée en Yandosmois jereceus vos letres et comman- 
demens ausquels fidèlement j'obéy. Je suivray ce que 
je fis en la Guienne à mon arrivée et tout selon que 
j'avois connu vous estre agréable, conrnie il vous pleut 
m'en asseurer par mon maistre d'hostel Roques. Sur 
cela. Madame, je perdi le feu Roy, mon mari, qui m'a 
fait depuis communiquer aux afflictions de Testât des 
vefves. Jà à Dieu ne plaise. Madame, puisque nous 
sommes maintenant à regarder au général, que je vous 
veuille ramentevoirlesindignitez que particulièrement 
j'ay receues. Car je fay cette seconde protestation que 
le service de mon Dieu, de mon Roy, l'amour de ma 
patrie et de mon sang me remplissent tellement le 
cœur qu'il n'y a rien de vuide pour recevoir quelque 



ET NAVARRE. 161 

particulière passion qui me touche. Donques, Madame, 
je viendray aux derniers troubles, recommencés lors 
que le cardinal de Lorraine avec ses adhérans nous 
rendit en l'extrémité que vous, Madame, et un chascun 
sçait. Durant ce tems j'ay demeuré en mes pais inutile 
au service de Voz Majestez pour ne pouvoir ce que je 
vouloy, ayant esté empeschée par la malice de ceux 
desquelz s'ils eussent peu m'en eussent autant fait faire 
cette fois. Madame, le sieur de La Motte, durant ce 
tems qu'il a fait deux voyages par vostre commande- 
ment devers moy, vous aura si bien rendu conte de 
mes actions que je n'en feray redite. Je viendray donc, 
Madame, au point où j'en suis, qui est que voyant les 
édits de mon Roy non seulement enfreints par quel- 
ques occasions sujetes à excuses, mais totalement 
renversez, son autorité dédaignée, ses promesses 
royales rompues et le tout par l'astuce et cautelle 
damnables du cardinal de Lorraine, lequel. Madame, 
je ne vous puis mieux dépeindre que je sçay (et puis 
dire que vrayment je le sçay) que vous-mesmes le 
connoissez. C'est luy, Madame, qui avec les siens a 
esté l'autheur des exécutions de tant d'horribles 
massacres, dont les ordinaires plaintes remplissent vos 
oreilles. Par lui ceux qui, par l'édit de pacification, 
espéroient le repos de leurs maisons ont esté rendus 
vagabons par la France, sevrez de leur nourrisse 
naturelle, et les garnisons ont mangée leur substance, 
et qui piz est, enflez par longue patience 'qu'on a eu de 
leurs cruautez barbares, ont osé attenter sur les princes 
du sang, branches de ce tronc, lequel ils veulent des- 
raciner, lorsqu'ils l'auront dépouillé de ses dites 
branches. Ce n'est pas zèle de religion, comme ils 

il 



162 HISTOIRE DE BÉARN 

disent, car (Dieu vous doint bonne vie, Madame) 
lorsque vous fustes dernièrement si malade, vous 
sçavez que Monsieur le cardinal n'estoit exempt de leur 
conspiration, toutesfois il est catholique. C'est donc ce 
sang de France qui leur fait si grand mal au cœur, 
comme ils ont monstre contre Monsieur le Prince, mon 
frère, et tous ses petis enfans, au secours duquel le 
sang appelle mon fils et moy ; et n'y voulons nullement 
faillir. Je ne veux oublier la charge de Monsieur de 
Losses contre mon fils et le tout par le tyrannique 
conseil du cardinal et ses complices. Je sçay bien, 
Madame, que ceux qui ouyront lire ma lettre diront 
que j'en ai prins le formulaire sur celles que de tous 
costés vous recevez et que cela ne vient de moy. Je 
vous supplie très humblement, Madame, croire que 
du seul subject qui nous mène nous tous de la religion 
réformée, ne peut sortir qu'une mesme façon de 
plainte ; et d'une race si illustre que celle de Bourbon, 
tige de la fleur de lis, rien n'en peut venir que fidélité. 
Voilà, Madame, les trois points qui m'ont amenée : le 
service de mon Dieu, voyant que le cardinal et ses 
complices (comme la chose est trop claire) veulent 
raser de la terre tous ceux qui font profession de la 
vraye religion ; le second le service de mon Roy, pour 
employer vie et biens à ce que l'édit de pacification 
puisse estre observé selon sa volonté ; et nostre patrie, 
ceste France, mère et nourrisse de tant de gens de 
bien, ne puisse estre tarie pour laisser mourir ses 
enfans, et le sang qui comme je vous ay dit, Madame, 
nous appelle à aller offrir tout secours et aide à Mon- 
sieur le Prince, mon frère, que nous voyons évidem- 
ment chassé et poursuivi contre la volonté du Roy, 



ET NAVARRE. 163 

qui lui en a tant promis d'asseurances, par la malignité 
de ceux qui ont desjà trop possédé la place qui ne leur 
appartient auprès de nostre Roy et vous , et qui ferment 
voz yeux pour ne voir leurs raeschancetez et bouchent 
voz oreilles pour n'ouyr nos plaintez. Dieu, Madame, 
par sa sainte grâce, ouvrant l'un et débouchant l'autre, 
vous puisse faire voir et ouyr de quelle dévotion et de 
quel zèle chacun de nous marche en la conservation 
des grandeurs de Voz Majestez. Et pour ce que j'ay 
bien connu, Madame, par la letre qu'il vous a pieu 
m'escrire par le sieur de La Motte, comme on vous a 
animée contre nous, j'envoye un gentilhomme avec 
le dit sieup de La Motte pour vous asseurer de tout ce 
que je vous escry, luy en ayant aussi bien au long 
communiqué et particulièrement prié de vous dire 
combien, outre les autres considérations, il est néces- 
saire pour la conservation de vostre autorité de vous 
desjoindre de ceux qui vous y veulent nuire et pour 
cela veulent ruiner ceux qui désirent la vous garder. 
Connoissez nous bien tous, Madame, et mettez diffé- 
rence entre les bons et les mauvais, et croyez de moy 
particulièrement. Madame, que je désire infiniement 
une bonne paix et si bien asseurée que ledit cardinal 
de Lorraine et ses adhérans ne la puisse plus esbranler, 
à laquelle, si Dieu m'avoit fait cette grâce que d'y 
pouvoir servir, je m'estimeroy aussi heureuse que de 
bonne volonté je y mettroy la vie et tout le reste. 
Priant Dieu, Madame, etc. Ce xvi de setembre 1568. 
Et au-dessous : Vostre très humble et très obéissante 
sujette et sœur. Jane. » 

Depuis continuant son chemin, la roine Jeane vint 
trouver le prince de Condé et l'amiral et toute leur 



164 HISTOIRE DE BÉARN 

compagnie à Cognac, qui jusques lors avoit tenu les 
portes fermées audit Prince et amiral et les ouvrit à 
l'arrivée de ladite Dame et du Prince, son fils, gouver- 
neur de Guienne , lequel la mère déposita entre les 
mains de son oncle et se retira après à La Rochelle. 
Or combien que cette départie du fils unique et de la 
mère fut naturellement très amère et très fascheuse à 
la mère et au fils, qui n'avoit encores achevé sa 
quinziesme année, si est-ce que l'un et l'autre se 
séparèrent joyeusement, et quelques traverses et pertes 
de batailles qui arrivassent depuis, la mère ne voulut 
jamais retirer le fils des dangers éminens, ne luy 
quitter les travaux insuportables à son aage. Il fut fait 
général de toute cette armée, mais pour ce que sa 
jeusnesse et le peu d'expériance le rendoient incapable 
de si grande charge, il portoit seulement le nom, -et 
son oncle le prince de Condé avoit l'effect du comman- 
dement. Aussi tost que la Roine fut arrivée à La 
Rochelle, prévoyant que ses ennemis tascheroient de 
calomnier son voyage et toutes ses actions pour la 
diffamer en l'endroit des princes estrangers de sédition 
et rébellion, elle escrivit la lettre suivante à la roine 
d'Angleterre' pour lui servir d'apologie contre toutes 
impostures et calomnies. 

« Madame, outre le désir que j'ay eu toute ma vie de 
me continuer en vostre bonne grâce, il se présente 
aujourd'huy un sujet qui me accuseroit grandement si, 
par mes letres, je ne vous faisoy entendre l'occasion 
qui m'a menée icy avec les deux enfans qu'il a pieu à 
Dieu me prester, et de tant plus seroit ma faute 

1. Elisabeth. 



ET NAVARBE. 165 

grande qu'il a mis par sa grande bonté tant de grâces 
en vous et un tel zèle à l'avancement de sa gloire, que 
pour vous avoir esleue l'une des Roynes nourrissières 
de son église. C'est donc à juste raison, Madame, que 
tous ceux qui, liez en cette cause accompaignent vostre 
sainct désir, vous advertissent de ce qui se passe en ce 
fait. Et de ma part, Madame, pour mon particulier, 
m'asseurant que du général vous en sçavés assez, je 
vous supplieray très humblement croire que trois 
choses (la moindre desquelles estoit assez suffisante) 
m'ont fait partir de mes Royaume et pais souverains. 
La première, la religion qui estoit en nostre France 
si opprimé.e et affligée par l'invétérée et plus que 
barbare tyrannie du cardinal de Lorraine, assisté par 
gens de mesmes humeur, que j'eusse eu honte que mon 
nom eust jamais esté nommé entre les fidelles, si pour 
m' opposer à telle erreur et horreur, je n'eusse apporté 
tous les moyens que Dieu m'a donnez à ceste cause, 
et mon fils et moy ne nous feussions joints à une si 
saincte et grande compagnie de princes et seigneurs, 
qui tous, conmie moy et moy comme eux, avons 
résolu, sous la faveur de ce grand Dieu des armées, de 
n'espargner sang, vie ne biens pour cest effect. La 
seconde cause. Madame, que la première tire après 
soy, est le service de nostre Roy, voyant que la ruine 
de l'Église est la sienne et de ce Royaume, duquel 
nous sommes si estroitement obligez de conserver 
Testât et la grandeur ; et d'autant que mon fils et moy 
avons cest honneur d'en estre des plus proches. Voilà, 
Madame, ce qui nous a fait haster de nous venir 
opposer à ceux qui, abusans de la grande bonté de 
nostre Roy, le font estre lui-mesme autheur de sa 



J 



166 HISTOIRE DE BÉARN 

perte, le rendant, encores qu'il soit le plus véritable 
prince du monde, faulseur de ses promesses, par les 
inventions qu'ils ont trouvées de faire rompre l'édit de 
pacification, lequel comme demeurant en son entier, 
entretenoit la paix entre le Roy et ses fidèles sujets, 
et rompu convie la mesme fidélité desditz sujetz à une 
guerre trop pitoyable et tant forcée qu'il n'y a nul de 
nous qui n'y ait esté tiré par violence. La tierce chose. 
Madame, nous est particulière à mon fils et à moy : 
voyans les ennemis de Dieu et de nostre maison, avec 
une effrontée et tant pernicieuse malice, avoir délibéré, 
joignans la haine qu'ils portent à la cause générale 
avec celle dont ils ont tant monstre d'efects contre 
nous, ruiner entièrement nostre race, de manière que 
Monsieur le prince de Condé, mon frère, pour éviter 
l'entreprise qu'on avoit faite contre luy, a esté con- 
traint, plustot que reprendre les armes, venir cercher 
lieu de seureté. Je dy, Madame, avec telle pitié qui 
accompagnoit la tendre jeunesse de ses petis princes 
et de leur mère grosse, que je ne sache bon cœur à 
qui ceste piteuse histoire ne fasse grand mal. De l'autre 
costé j'ay esté avertie que l'on avoit despéché le sieur 
de Losses pour me venir ravir mon fils d'entre les 
mains. Avec tels sujets nous n'avons peu moins faire 
que nous assembler pour vivre ou mourir unis, comme 
le sang, qui nous a attirez jusques icy, nous y oblige. 
Voilà, Madame, les trois occasions qui m'ont fait faire 
ce que j'ay fait et prendre les armes. Ce n'est point 
contre le ciel. Madame, comme disent ces bons 
catholiques, que la pointe en est dressée et moins 
contre nostre Roy. Nous ne sommes, par la grâce de 
Dieu, criminels de leze-majesté divine ny humaine; 



ET NAVARRE. 167 

nous sommes fidèles à nostre Dieu et à nostre Roy, ce 
que je vous supplie très humblement croire et nous 
vouloir tousjours assister de vostre faveur, laquelle ce 
grand Dieu vous veuille reconnoistre, vous augmentant 
ses saintes grâces avec conservation de voz estas, et 
qu'il vous plaise, Madame, recevoir icy les très humbles 
recommandations de la mère et des enfans qui désire- 
roient infiniement avoir-le moien de vous faire service. 
Et parce, Madame, que le sieur Du Chastelier^ lieu- 
tenant général en l'armée sur mer, s'en allant là, 
aura toujours affaire de vostre faveur, l'ayant prié de 
présenter mes lettres, je prendray la hardiesse de le 
vous recommander. De La Rochelle, ce xvi jour 
d'octobre 1 568. De par votre très humble et obéissante 
sœur. Jane. » 

1. En 1568 « la demoiselle « Du Chastelier figure dans la maison 
de Jeanne d'Albret comme ayant soin d'un phénomène humain 
nommé La Bure (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 148, f" 20). En 
1573, M"e de Ghastelher est désignée comme femme du capitaine 
des Suisses de la garde du roi de Navarre (Arch. commun, de 
Pau, G G. 1, fo 19). 



SEPTIESME LIVRE 



Auparavant son parlement de Nérac la Roine avoit 
renvoyé en Navarre et Béarn Bernard, seigneur d' Arros, 
pour y estre son lieutenant général, où les estinceles 
de la guerre de France sautèrent aussi tost. Car le Roy 
ayant envoyé commission à tous ses Parlemens pour 
saisirions les biens que ladite Royne et le Prince, son 
fils, possédoient en France, en envoya aussi une à 
Luxe pour leurs païs souverains de Navarre et Béarn, 
avec commandement très exprès aux cours de parle- 
ment de Tholouse et Bourdeaux d'assister et favorir 
ledit Luxe en l'exécution de sa commission. Le 16 de 
novembre le parlement de Tholouse publia ceste com- 
mission avec cette clause : Sans préjudice de la procé- 
dure faite à la réquisition du procureur général et des 
arrests donnez le 5 et le 13 de ce mesme mois, lesquels 
sortiront en effect et seront exécutez suivant autre 
arrest fait ce mesme jour i6. Or par ces arrests avoit 
esté ordonné que le pays de Béarn, comme estant sous 
la souveraineté de France, seroit mis sous la main du 
Roi avec toutes les autres terres que la roine de 
Navarre avoit au ressort dudit Parlement. Mais la 
commission du Roy déclaroit expressément Navarre 
et Béarn estre souverains, et protestoit ledit Roy ne 



HISTOIRE DE BÉARN ET NAVARRE. 169 

s'en vouloir emparer que pour les garder à ladite 
Dame et à son fils, lorsqu'il les auroit mis hors de la 
captivité en laquelle il disoit ceux qui s'estoient eslevez 
en France les détenir. Ainsi l'animosité du Parlement 
les faisoit estre contraires à leur Roy. Luxe donc, à qui 
La Marque, valet de chambre du Roy, apporta la 
commission, fit incontinent assembler les Estas de 
Navarre et leur en fit lecteure et leur haut loua la 
bonne volonté et sincère affection du roy de France 
en l'endroit de leur Roine et d'eux-mesme, lesquels Sa 
Majesté désiroit mettre sous sa protection seulement 
pour les garentir de la cruauté des huguenots et les 
conserver; à leur Royne naturelle, à laquelle il promet- 
toit de les rendre aussi tost qu'il l'auroit mise en 
liberté. [Le nombre de ceux qui furent marris du son 
de cette chanson fut fort petit, car les nobles estoient 
aises que la commodité s'offroit de s'enrichir du pillage 
de ceux de la religion réformée et le peuple, sans 
autrement examiner l'intention de Luxe ne la suite et 
fin de cette affaire, désiroit de les exterminer, car le 
peuple est naturelement si inconsidéré et se plaist tant 
aux nouveautez, qu'encore qu'il soit asseuré de porter 
les plus grands travails et tous les frais de la folie et 
ambition des grands, néantmoins, je ne sçay par quel 
juste jugement de Dieu, il y accourt avec la mesme 
gaieté et volonté que s'il alloit à un certain gain et ne 
se repent jamais de sa folie jusques à ce qu'il se trouve 
du tout ruiné. Mais ceux qui voyoient plus clair et 
savoient mieux la vérité du fait^] appelloient cette 
protection une tirannique usurpation et s'esbahisoient 

1. Variante : Quelques-uns. 



170 HISTOIRE DE BÉARN 

de l'audace de ceux qui osoient donner le nom de telle 
vertu à un si grand vice et vouloient couvrir la défor- 
mité de ce fait par le fard de si grossière imposture. 
Et s'ils eussent eu autant de puissance que de bonne 
volonté, ils se fussent opposez à l'exécution de cette 
commission, mais la force leur défaillant plustôt que le 
cœur, ils furent contraints de faire bonne mine et caler 
voile, tout ainsi que ceux qui en forte tempeste navi- 
gent à lia boline, et ne pouvans lors donner autre tes- 
moignage de leur fidélité, donnoient seccrètement advis 
au lieutenant général de tout ce qui se faisoit en leur 
province. Car comme tous ceux qui se monstroient 
plus factieux et plus ennemis de leur Princesse, estoient 
les plus caressez et récompensez, aussi ceux qui 
estoient tant fut peu souspeçonnezde trouver mauvaises 
ces factieuses violences estoient tormentez par les 
compagnies de Navarrois et Soletains ^ que Luxe avoit 
mises aux champs, avec lesquelles, sans avoir esgard 
que son beau-frère, le sieur Belesunce^, qui estoit à la 
suite du prince Navarrois, en estoit gouverneur, 
s'empara premièrement du chasteau de Mauléon de 
Soûle et puis de celuy de Garris en la Basse-Navarre. 

Or combien que le gouverneur Arros eut auparavant 
eu avertissement des commissions despéchées contre 
Navarre et Béarn et pronostiquast sagement l'intention 
tant des commissaires que de leur commetant ; néant- 
moins pour ne donner occasion de rien attenter aux 
voisins, qui sans cela y estoient assés poussez par leur 
propre malice et incitez d'ailleurs, et pour solager les 

4. Habitants du pays de Soûle. 

2. Jean de Belzunce, vicomte de Macaye, marié à Catherine de 
Luxe. 



\ 



ET NAVARRE. 17i 

sujets de la Roine et ne leur donner prétexte de s'esfa- 
roucher et entrer en quelque remuement, comme ils 
n'y estoient que trop disposez, n'avoit encore fait 
nulle levée de gens de guerre. Mais quand il sceut ce 
qui avoit esté fait en guerre ouverte en Navarre, il 
pensa que le retardement pourroit plus nuire que 
profiter au service de sa maistresse et ne voulant, 
encore qu'il l'eut peu faire selon sa commission, rien 
faire sans l'avis commun des Estas, qu'il pensoit 
gaigner par ce moyen, il les assembla à Pau. Des 
gentilshommes [de la religion romaine'] nul des prin- 
cipaux ne s'y trouva et fort peu de la* réformée pour 
ce qu'ils estoient en France à la suite du Prince. Le 
seigneur de Gramont s'y trouva et fit [de fort belles ^] 
remonstrances à toute l'assemblée et exortations de 
persister en l'obéissance de leur Royne ; l'absence de 
laquelle et la jeunesse de ses enfans leur dévoient 
servir d'esguillon pour les entretenir en fidélité et les 
encourager d'employer leurs vies et biens pour la 
garde du pais, en la défense duquel ils avoient plus 
d'intérest que ladite Dame mesmes, car une paix luy 
rendroit tout ce qu'on lui auroit pris où eux ne recou- 
vreroient jamais ce que le soldat auroit mangé et pillé 
estorqué par rançons. Que de son costé il employeroit 
non-seulement tous ses moyens, mais aussi sa propre 
vie pour la défense d'une si juste cause. Il fut arresté 
que douze compagnies d'infanterie seroient levées en 
Béarn et payées des deniers de la Royne et pour éviter 



1. Variante : catholiques. 

2. On a ajouté : fèligion. 

3. Variante : certaines. 



17SI HISTOIRE DE BÉARN 

la foule du pais, elles seroient mises en garnison aux 
frontières, pour seulement empescher les surprises des 
ennemis, sans rien attenter contre la France, ne 
mesme contre la Basse-Navarre. Bassillon\ gouverneur 
de Navarrenx, en fut fait colonel, et Arros escrivit à 
Luxe et à Damesan qu'il avoit entendu la convocation 
qu'ils avoient faite des Estas de la Basse-Navarre et la 
levée des gens de guerre et la saisie du chasteau de 
Garris, choses qu'il trouvoit fort mauvaises, d'autant 
qu'elles estoient contre l'autorité de leur Royne et la 
sienne, qui estoit son lieutenant général. Par quoy il 
les exortoit de désister de ses façons de faire, indignes 
de vrays sujets, et se monstrer fidèles au service de 
leur Princesse. Et pour ce qu'ils couvroient leur prise 
des armes sous prétexte d'avoir entendu qu'il avoit 
délibéré d'aller saccager et brusler toute la Basse- 
Navarre, il les asseuroit n'en avoir jamais eu aucune 
volonté ne mesme d'y entrer en armes. Il escrivit le 
mesmes aux villes, lesquelles il avoitdesjàadverties des 
choses qui se brassoient contre le service de la Royne 
et les admonestoit de demeurer en fidélité et ne se 
laisser tromper à ceux qui, pour se prévaloir d'eux en 
l'exécution de leurs mauvais desseins, les abruvoient 
cauteleusement et faussement de l'emprisonnement 
de ladite Dame. [Laquelle tant s'en faloit fut retenue 
captive ne prisonnière que plustôt pour le service de 
Dieu et celuy du roy de France et la conservation de 
sa vie, de ses enfans et de ses estas et la liberté de 

1. Bertrand, abbé laïque de Gabaston, seigneur de Bassillon, 
marié à Jeanne de Gauna (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1275 
et 2001). On appelait abbés laïques les seigneurs possédant des 
dîmes et le droit de présentation aux cures. 



I 



ET NAVARRE. 173 

ses sujets, de sa franche volonté s'estoit retirée au lieu 
où elle estoit, ce qu'^] elle avoit fait entendre à la 
majesté dudit Roy, tant par escrit que de bouche par 
un sien gentilhomme qu'elle luy avoit envoyé exprès, 
comme sçavoient très bien ceux qui, contre leur con- 
science, vouloient couvrir la tirannique usurpation de 
ses terres du nom de protection et charité. Il les 
asseuroit pareillement n'avoir jamais seulement pensé 
de saccager ny brusler le pais de Navarre, quelque 
chose que leur fissent entendre ceux qui, pour se servir 
d'eux, les vouloient par cest artifice rendre plus animez 
contre leur Royne et de fidèles sujets les rendre infidèles 
rebelles. Cependant pour donner à connoître à Luxe 
qu'il n'estoit pas en volonté de le contenter seulement 
de paroles, mais aussi de lui faire teste par les armes, 
il dressa une entreprise sur ceux qu'il avoit posez en 
garde au pont du Serain*, qui sépare Béarn de la 
Basse-Navarre, et les eut attrapez tous s'ils n'eussent 
estes advertis par quelques uns qui estoient de la 
partie, [car autant qu'il y avoit de Béarnois qui fesoient 
profession de la religion romaine, s' estoient autant 
d'espions pour Luxe.] Et les pluyes retardèrent telle- 
ment la diligence des troupes béarnoises qu'il leur fut 
impossible de se trouver à l'heure du rendés-vous, 
comme fit Gramont, qui y força et tua quelques uns 
en une maison, et quelques autres ainsi qu'ils gaignoient 
la garite furent aussi tuez. [Cette petite exécution 
estonna si bien Luxe et ses complices, qui ne se trou- 
vant assez fort pour soustenir les forces béarnoises, 



1. Variante : comme. 

2. Pont d'Osserain. 



174 HISTOroE DE BÉARN 

escrivit à Arros des lettres pleines d'excuses et de 
promesses de licentier ses troupes.] 

Ceux du comté de Bigorre, tenu en droit de régale 
par les seigneurs de Béarn, ne se monstrèrent pas 
moins affectionnez de secouer la dommination de leur 
comtesse que les Navarrois de leur Royne. Arnaud 
d'AntinS séneschal de Bigorre, et Jean, sieur de 
Basillac, se monstrèrent plus affectionnez à l'exécution 
des arrests de la cour de Tholouse que tous autres, 
aussi les avoit-elle fait tous deux gouverneurs dudit 
comté, ajoustant Basillac à d'Antin pour ce qu'il faisoit 
profession plus ouverte d'estre ennemi de la comtesse 
et désirer plus le changement qu'Antin, qui sembloit 
ne faire rien des commandemens de ladite cour que 
par aquit seulement, et plustot pour n'y oser contre- 
dire que pour le souhaiter. Gaillard Galosse* à qui 
Testât de juge-mage avoit esté donné en la place 
d'Arnaud de Casa^, [qui pour estre de la religion 
réformée avoit esté contraint de s'absenter,] servoit 
de conseil à ses deux gouverneurs, mais principale- 
ment à Basillac qui estoit celuy qui avec plus d'impor- 
tunité solicitoit ladite cour de haster la saisie de 
Bigorre et Béarn, et avoit fait dresser la poste de 
Tarbe à Tholouse pour pouvoir plus aisément et plus 
souvent communiquer de ces affaires avec le Parlement. 
Un huissier fut ordonné pour venir faire la saisie, ce 
que les deux gouverneurs trouvèrent si mauvais qu'ils 

4. Marié à Catherine de Foix. 

2. Son nom est écrit Gallose dans un contrat notarié du 3 mars 
1560 (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1996, f» 132). 

3. Arnaud de Case, maître des requêtes en 1560 (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1996, f" 127). 



ET NAVARRE. 175 

le renvoyèrent sans rien faire, et Galosse fut expres- 
sément à Tholose remonstrer à la cour ceste exécution 
devoir estre faite plustôt par un bon nombre de 
conseillers et un président que par un huissier qui 
n'estoit respecté ny craint du peuple, qu'il faloit autre 
force et apparat pour ceste exécution qu'ils ne pensoient, 
car tous ne la trouvoient pas bonne et plusieurs la 
réprouvoient qui se mettroient volontiers en devoir de 
l'empescher, s'ils avoient la moindre espérance de le 
pouvoir faire et n'estoient retenus par la crainte des 
armes et le respect de la justice. Sur sa remonstrance 
fut donnée conmiission à Christofle Richard, conseiller, 
de se transporter sur le lieu avec le procureur général 
pour faire ladite saisie , ensemble l'exécution de 
l'arrest donné contre Béarn. Ce qu'il fit et fit abattre 
en Bigorre les armoiries du comte et planter celles du 
Roy, déposa les officiers comtals et en mit d'autres au 
nom dudit seigneur Roy; mais il n'osa rien entreprendre 
sur Béarn pour ce que les forces de Luxe ne se trou- 
vèrent assés puissantes pour lui faire escorte. Le 
Parlement despécha vers Luxe Lucas d'Urdez', 
substitué du procureur général, pour le sommer 
d'exécuter promptement sa commission sur Béarn et 
lui offrir toute aide, secours, faveur et conseil. Luxe 
lui respondit lui estre impossible de pouvoir rien 
entreprendre sur Béarn avec ce peu de forces qu'il 
avoit, pour ce que les Béarnois se tenoient sur leurs 
gardes et avoient déjà mis garnisons aux villes et 
places déf ensables ; toutesfois si le Roy ou la dite cour 
lui faisoient bailler quelques compagnies de cavalerie 

1 . Célèbre avocat et capitoul de Toulouse. 



176 HISTOIRE DE BÉARN 

et quelques pièces d'artillerie, il rendroit en brief Sa 
Majesté et le Parlement contens. D'autre costé, pour 
faciliter l'exécution de Luxe, le parlement de Bour- 
deaux fit publier un arrest par lequel estoit estroite- 
ment défendu à tous les sujets du Roy d'aller en 
Navarre ni Béarn pour porter armes pour le service 
de la roine de Navarre, et commandement aux gouver- 
neurs, séneschaux, officiers et justiciers de Baionne, 
Landes, Agenois et Condommois d'aider et favorir de 
toutes choses Luxe pour exécuter les commandemens 
qu'il avoit du Roy. En ce mesme tems Monluc envoya 
Flamarenx^ séneschal de Marsan, en Béarn avec lettres 
au Parlement, par lesquelles il disoit avoir entendu 
qu'en un conseil tenu à Pau avoit esté arresté de se 
défendre contre tous, chose qu'il avoit trouvée fort 
estrange et les prioit de faire cesser tout port d'armes, 
licentier toutes compagnies de gens de guerre, afin 
qu'il n'en avint plus grand inconvénient; comme il 
escrivoit aussi à Luxe de faire le mesmes, prouveu 
toutesfois que lesBéarnois se désarmassent les premiers. 
Arros qui voyoit l'intention de Monluc n'estre autre 
que de désarmer finement le pays, pour donner 
meilleure commodité à Luxe d'exécuter sa commis- 
sion, respondit à Flamarenx que Luxe et tous les 
autres voisins de Béarn s'estoient armés plustôt que 
luy, qui avoit esté contraint de faire le mesme, non 
pour offenser autruy mais seulement pour ne laisser 
en proye Testât qu'il avoit en charge à ceux qui ne 
pouvoient s'estre armez que contre iceluy, outre qu'il 
savoit les commissions qui avoient esté despéchées 

1. Renaud de Grossoles, baron de Flamarens, mort sous 
Henri III. 



I 



ET NAVARRE. 177 

contre Béarn et les arrests qui avoient esté donnez aux 
parlemens de Bordeaux et de Tholouse. Flamarenx ne 
fut plustot de retour vers Monluc que le A de janvier 
1569, à Agçn, il ne fit publier une ordonnance contre 
le pais de Béarn, par laquelle (après avoir accusée la 
roine de Navarre de très grande ingratitude et rébellion 
et l'avoir déclarée ennemie du Roy, ensemble tous les 
Béarnois, sous prétexte qu'ils avoient les armes aux 
mains, et avoient, disoit-il, couru les terres du 
Roy, fait prisonniers et rançonné les François qu'ils 
trou voient en Béarn ou pou voient attraper dehors, 
combien que lors ils n'eussent molesté de fait ne de 
parole aucun François qui trafiquast, passast ou repas- 
sât par Béarn, et nul Béarnois fut entré avec armes en 
France) dit, ordonna et déclara qu'il vouloit (tels sont 
ses mots) que désormais et jusques à ce qu'il en seroit 
autrement ordonné, fut licite et permis à tous chef de 
guerre et à tous les sujects de Sa M. de pouvoir 
prendre et emprisonner tous les Béarnois qu'ils pour- 
roient trouver aux terres de Sadite Majesté. Lesquels, 
dès à présent et comme pour lors, il avoit déclarez 
prisonniers de bonne guerre, défendant très expressé- 
ment à tous lesdits sujets, résidens en son gouverne- 
ment de Guienne, de ne converser ne trafiquer avec les 
Béarnois, fut en marchez ordinaires ni autrement en 
sorte ne manière quelconque , sur peine de la vie et confis- 
cation de leurs biens; et mit fortes garnisons aux envi- 
rons de Béarn au longdelaChalosse; et les gouverneurs 
de Bigorre firent venir à Tarbe la compagnie du capitaine 
Gohas^ et dressèrent six compagnies de Bigordans. 

1. Gui de Gohas, œestre de camp de l'armée de Terride (Arch. 

12 



178 HISTOIRE DE BÉARN 

Tout est oit encores passé en paroles plustot qu'en 
faits, en menaces qu'en exécutions, mais lorsque le 
roy de France qui avoit tousjours affermé la royne de 
Navarre estre détenue prisonnière à La Rochelle, la 
déclara rebelle et séditieuse, et commanda de nouveau 
ses pais souverains estre saisis, non pas pour les garder 
à ladite Dame, comme il avoit tousjours auparavant 
protesté vouloir faire, mais seulement au Prince , 
son fils, lequel il ne vouloit, disoit-il, faire perte de ses 
terres pour la coulpe de sa mère, (C'estoit un office de 
bon parent, si l'intention secrette n'eut esté contraire 
à la déclaration manifeste, comme il apparut inconti- 
nent après par les arrests et poursuites des parlemens 
de Bordeaux et Tholouse.) Chascun de ces Parlemens 
vouloit unir Béarn à son resort, et celuy de Tholose 
l'ajugea acquis au Roy par commis. Et les Béarnois 
de la religion [romaine'] secondez par [quelque petit ^j 
nombre de ceux de la réformée, ne débatans en 
apparence que l'entretènement de leurs fors et libertez 
et conservation du pays à leur Princesse, commen- 
cèrent d'exécuter toutes espèces d'hostilité conti'e 
leurs concitoyens faisans profession de la religion 
réformée et contre les officiers de ladite Dame et tous 
autres qui maintenoient son parti. 

La profession de [la^] religion [réformée] avecl'aba- 
tement des images [et le bannissement de la messe] en 

des Basses-Pyrénées, E. 2000); il avait épousé Marguerite, fille de 
Henri de Navailles, seigneur de Peyre, et de Michelle de Gor- 
celles (même dépôt, B. 2161, f" 8). Il fut tué à Navarrenx en 
1569. 

1. Variante : catholique. 

2. Variante : certain. 

3. Variante : ceste. 



ET NAVARRE. 179 

quelques lieux de Béarn, avoient rendue fort odieuse la 
Roine àtous ses sujets de la religion [romaine^], haïe et 
suspecte de ses voisins, et le conseil de France estoit 
celuy qui luy en vouloit le plus et qui plus désiroit de lui 
accoursir les ongles. Et ne fut ladite Dame plustot retirée 
à La Rochelle que le François ne fit résolution de s'em- 
parer de ses estas souverains, et ses propres sujets ne 
commençassent de tumultuer. Mais pour ce que du 
commencement de la guerre qui s'estoit eslevée en 
France le Roy ne vouloit mettre les Béarnois en 
désespoir, ne donner occasion au roy d'Espagne de 
penser qu'il se voussit approcher trop près de luy et 
rompre la Jiarrière qui divisoit leurs estas, ne faire 
voir aux protestans d'Alemagne qu'il en vouloit seule- 
ment à la religion^ réformée, faisant un préjugé pour 
eux et leurs estas sur la personne et biens de ladite 
Roine, et ne sachant encore qu'elle seroit la fin de cette 
guerre, il craignoit de déclarer ouvertement son inten- 
tion. Toutesfois, à tout événement, il se vouloit saisir 
de Navarre et Béarn pour en disposer selon que le 
tems lui monstreroit; car s'il les faloit rendre, il pour- 
roit tousjours dire l'avoir mis sous sa main pour cette 
seule fin; et s'il avenoit autrement, il en vouloit estre 
maistre auparavant que l'Espagnol eut pensé d'y rien 
attenter. A cette entreprise servit de beaucoup le 
mescontentement de quelque partie de la noblesse 
béarnoise et de laquelle les sieurs d'Audaux et de 
Sainte-Golome estoient les principaux chef et ceux par 
lesquels tout le reste se conduisoit. Audaux faisoit 



1. Variante : catholique. 

2. On a ajouté : prétendue. 



180 HISTOIRE DE BÉARN 

profession de la religion * réformée et Sainte-Golome 
[de la romaine ' et avoit esté le plus avant en la bonne 
grâce de la Roine et avoit participé à ses faveurs plus 
que tout autre, tant avant que depuis la mort du roy 
Antoine, mais le Roy ne l'avoit pris en aussi grande 
inimitié qu'elle l'avoit eu en amitié, pour quelque 
avertissement qu'elle eust de France (fut vray ou faux) 
qu'Audaux avoit communiqué au cardinal de Lorraine 
tous ses principaux affaires et plusieurs desseins. Ce 
qu'il nioit,] 

La commission de l'exécution de Réarn fut premiè- 
rement adressée à Monluc qui la refusa, s'excusant sur 
les grandes affaires qu'il avoit en son gouvernement 
de Guienne, et fut depuis envoyée au sieur d'Escars, 
qui ne la voussit non plus accepter. Mais Antoine de 
Lomaigne, sieur de Tarride, la receut. En attendant 
qu'il eut mis sus toutes les choses nécessaires pour la 
dite exécution, Ronnasse^et quelques autres Réarnois 
vindrent en Réarn pour asseurer leurs partisans de la 
venue de Tarride et pour prattiquer et desbaucher les 
soldats qui estoient aux compagnies entretenues par 
Arros, à quoy ils n'eurent pas grande peine, car ils 
panchoiént quasi tous de ce costé et tous les jours se 
desroboient; ce qui mettoit Arros en telle perplexité 
qu'il ne savoit auquel courir le premier, car n'ayant 
de qui se fier, il n'osoit faire semblant de se deffîer de 
personne, combien que, peu exceptez, tous lui fussent 
contraires , les uns retenus par crainte , les autres 

1. On a ajouté : prétendue. 

2. Variante : estait catholique. 

3. François de Béarn, seigneur de Bonnasse, marié à Marie de 
Sacaze. 



ET NAVARRE. 181 

incitez par leur propre malice ; de manière qu'il ne 
sa voit à qui donner les places à garder. Néantmoins il 
mit dedans Pau le capitaine Augar \ à Orthez Gouse ', 
auchasteau Gratian% à Sauveterre BeIloc% Moret* à 
Morlas*, Espalengue' à Nay, Esgarrebaque à Oloron, 
où ses enfans [qui estoient merveilleusement insolens] 
s'estans emparez du chasteau, commencèrent les pre- 
miers de tumultuer ouvertement et maltraitter ceux 
de la religion * réformée. Et la révolte, qui jusques lors 
n'avoit esté que couvée, commençoit d'esclorre, quand 
le sieur de Sales', maistre d'hostel du prince de Na- 
varre, arriva de La Rochelle avec les capitaines 
Poqueron ^" • et Caseban " qu'Arros y avoit envoyez 

1. Le capitaine Jean d'Auga, seigneur de Susmiou, marié à 
Isabelle de Parabère (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2002, 2007). 

2. Jean d'Auga, seigneur de Gouze , assista le 22 septembre 
1568 au contrat de mariage de Jean d'Auga, sou frère, et de Mar- 
guerite de Saut, d'Oloron (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1782, 
f- 313). 

3. Gratien de Lurbe, dit le capitaine Gratian, capitaine du châ- 
teau d'Orthez. 

4. Menant de Belloc. 

5. Jean du ou de Moret, seigneur deNargassie et de Bauveméa, 
capitaine du Vic-Bilh, marié à Philiberte d'Alis (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1998, 1999 et 2020). 

6. Morlaas, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau et 
ancienne capitale du Béarn. 

7. Bertrand d'Espalungue, domenger (noble) de Louvie-Juzon, 
gouverneur de la vallée d'Ossau , marié à Catherine de Casaus 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1735 et 1736). 

8. On a ajouté : prétendue. 

9. Arnaud de Gachissans, qui devint gouverneur de Navarrenx. 

10. Jean Du Bordiu, dit le capitaine Poqueron ou Pocoron, 
gouverneur de Nay, seigneur d'Abère d'Asson, après la mort de 
Pascal (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1741, 1745 et 1747). 

11. Assibat de Casanabe, dit le capitaine Casabant, seigneur 



182 HISTOIRE DE BEARN 

pour advertir la Roine de l'apparence qu'il y avoit 
d'une révolte générale de tout le pays, pratiqué par 
les plus grands, qui luy faisoit doubter de pouvoir 
conserver autre place que Navarrenx et craignoit 
n'avoir assez d'hommes fidèles pour la bien fournir ; 
toutesfois qu'à la nécessité il se jetteroit dedans avec 
tous ceux qu'il connoissoit estre les plus fidèles à son 
service, etl'avituailleroitsibien qu'elle n'auroit disette 
de rien de beaucoup de tems, la suppliant avoir mé- 
moire d'eux et les faire secourir, avenant qu'ils fussent 
assiégez. La Royne luy respondit qu'il fit le mieux 
qu'il pourroit, car elle s'asseuroit de son expérience, 
magnanimité et fidélité, etsereposoit sur sa suffisence 
et trouvoit bonne sa délibération pour la garde de Na- 
varrenx, laquelle elle luy recommandoit sur toutes 
choses, s'asseurant de recouvrer par icelle tout le 
reste, si d'aventure l'ennemi s'en saisisoit. L'avis 
d'Arros estoit le plus sain qu'il eut sceu prendre en 
cette extrémité, mais je ne sçay comment il se laissa 
aller plustot au conseil d'autruy qu'au sien, car pour 
ne vouloir esmouvoir le peuple, et pensant par cette 
voye l'entretenir mieux en la dévotion de leur Prin- 
cesse, il n'osa prendre aucunes vivres sus le pais, de 
manière que quand Navarrenx fut assiégée, il n'y avoit 
vivres que pour peu de mois, et lorsqu'il parloit de 
l'avituailler, on disoit qu'il vouloit prouvoir sa tanière, 

. d'Espalungue (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1858 et 2004). Il y 
eut aussi un autre capitaine dont le nom a une grande similitude 
avec le précédent, c'est Pierre Chassevant, capitaine à Navarrenx, 
marié d'abord à Hélène Du Sérer, de Bordeaux, puis à Catherine 
de Forcade, de Dognen; il testa le 3 mars 1582 (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1636, f» 665). 



ET NAVARRE. 183 

ne se souciant du reste du pais; et s'il parloit de faire 
teste à l'ennemi, s'estoit tenter Dieu et vouloit mettre ^ 
le peuple à la boucherie, et mettre tout le pais enproye 
et à la discrétion d'un si puissant ennemi, lequel, 
disoient-ils, il faudroit appaiser plustot qu'irriter, lui 
aquiescer que résister et essayer de tirer de luy quel- 
ques bonnes conditions, puis qu'il ne vouloit entrer 
au païs que pour le prendre en protection et le garder 
à la Royne et à ses enfans. C'estoit l'avis de la plus 
grande partie des meilleurs, mais qui procédoitde timi- 
dité plustot que d'infidélité. Quelques autres, mais en 
petit nombre, disoient la protection prétendue estre 
seulement. pour tromper le peuple et donner quelque 
spétieux prétexte à l'injustice de l'usurpation qu'on 
vouloit faire. Qu'il failoit donques prouvoir de bonne 
heure aux affaires et avant qu'on eut sur les bras l'ar- 
mée qui devoit entrer, laquelle pour certain rendroit 
non pas seulement difficile mais du tout impossible ce 
qui maintenant estoit encores aisé. Que le plus assuré 
estoit, voyant la mauvaise volonté du peuple, se def- 
faire de ceux qu'on sçavoit estre les séducteurs des 
autres et punir exemplairement quelques uns des plus 
hupés, et envoyer quelques troupes pour prendre des 
vivres, lesquelles il faudroit plustot brusler que les 
garder entières à l'ennemi, lequel trouvant plus de 
provision sur les lieux, auroit aussi plus de moyen de 
nuire et de faire plus long séjour sur le païs. Que ceux- 
là se trouveroient tousjours trompez qui pensoient 
entretenir le peuple, esbranlé à sédition, par paroles ou 
douceur, à quoi le meilleur remède estoit une prompte 

1. Il faudrait peut-être : mener. 



184 HISTOIRE DE BÉARN 

exécution sur les plus mauvais. Le premier advis fut 
suivi, et le tems qui devoit estre employé à fournir Na- 
varrenx fut inutilement consumé en des chevauchées 
par tout le pais pour exhorter le peuple à fidélité, 
auquel le président Etchard, qui estoit celuy qui faisoit 
les harangues par le commandement du lieutenant- 
général, parla en ce sens : Que comme les Roys 
dévoient bénévolence, protection et justice au peuple, 
aussi les sujets leur estoient obligez d'amour, obéis- 
sance, fidélité, service et subvention. Et tout ainsi que 
les bons Princes se connoissoient, mieux qu'en toute 
autre chose, par l'entretènement des libériez du peuple, 
défense d'iceluy et égale distribution de la justice, 
aussi les vrais sujets se manifestoient en la persévé- 
rence d'obéissance et fidélité, principalement au tems 
des plus grands affaires du Prince. Qu'ils avisassent 
donc de ne donner occasion à leur Princesse de se 
plaindre de leur ingratitude et punir leur infidélité, et 
considérassent bien qu'ayant esté contrainte d'aban- 
donner ses pays. Sa Majesté avoit prise telle confiense 
d'eux que , jasoit que la plus part fussent contraires 
à sa religion, elle les avoit voulu néantmoins préférer 
à la garde de son pais à tous ceux qu'elle y eut peu 
faire venir d'ailleurs, se persuadant que ceux qui, 
après celle de Dieu, ne reconnoissoient autre puissance 
que la sienne et qui estoient nez en Béarn et y avoient 
leurs biens, femmes et enfans, seroient aussi plus 
fidèles à leur Prince naturel et plus ardens et diligens 
à la garde et conservation de leur propre patrie que 
tous autres ; car les estrangers, qui servoient seule- 
ment pour l'espérance du gain, tournoient aussi leurs 
volontez selon que le profit se monstroit plus grand 



ET NAVARRE. 185 

OU plus petit ou le danger moindre , mais que les 
naturels préféroient tousjours la fidélité envers leur 
Prince, le bien de leur patrie, T amour de leurs familles 
et leur propre salut à toutes les choses plus riches, et 
estimoient gain toutes les autres pertes, en compa- 
raison de celles-là. Que Sa Majesté n'avoit pas quitté 
son pais ne son peuple de gaieté de cœur ni pour son 
plaisir, mais y avoit esté contrainte par les entreprises 
dressées tant sur sa personne que celle de Monsieur le 
Prince, son fils, et s'estoit volontairement retirée en la 
ville de La Rochelle, comme estant la plus seure retraite 
qu'elle pouvoitlors trouver, où elle estoit à présent avec 
Monsieur le prince de Condé, son beau-frère, en pleine 
liberté, non pas prisonnière, ainsy que ses ennemis 
disoient, voulans couvrir leur inimitié du voile d'ami- 
tié et de charité, et leur tyrannique usurpation de 
protection, combien que ce feint protecteur ne s'estoit 
pas tant adviséde soi-mesme de cestspétieux prétexte, 
qu'il y avoit esté incité par l'invention et importunité 
de quelques Béarnois, qui voulans venger leurs mes- 
contentemens, ou plustot assouvir leur ambition et 
avarice, vouloient changer de Prince, d'autant qu'il 
leur sembloit le leur n'avoir assez de moyens pour 
rasasier leur convoitise, ni tant d'offices, honneurs et 
dignitez à donner, que chacun d'eux s'estimoit mé- 
riter. Parquoy ils avoient projette de faire tomber la 
Navarre et Béai^n aux mains du roy de France et par- 
tager entre eux le domaine avec les biens de ceux de 
la religion réformée et de tous autres qui voudroient 
opposer leur fidélité à leur infidélité ; et pour ces fins 
avoient ajousté à la vindication de la religion romaine 
la défense des fors et de la liberté publique ; mais qu'ils 



186 fflSTOIRE DE BÉARN 

dévoient juger quel pouvoit estre ce zèle de religion, 
veu qu'une partie d'eux faisoit profession de la reli- 
gion réformée. Que si la Roirie avoit fait abbatre les 
images en quelques lieux et mis la messe hors de 
quelques villes, elle l'avoit fait à la réquisition de la 
meilleure partie des habitans qui estoient de ladite 
religion, et avoit cependant laissé aux autres la leur 
en telle commodité que chacun y pouvoit aller tous 
les jours à son aise, et n'avoit fait cela pour fascher le 
peuple ni pour rancune particulière qu'elle pourtast à 
la [Papauté^] comme elle avoit respondu aux Estas 
derniers, mais d'autant que ^ Dieu condamnoit telles 
choses ensaparole, et les meilleurs Princes et évesques 
l'avoient fait, comme il se lisoit au livre de la Bible, 
histoire ecclésiastique et escrits des plus anciens doc- 
teurs. Et si on demandoit aux soliciteurs de la protec- 
tion en quoy les libertez et fors avoient esté rompus, 
ils ne pourroient respondre autre chose, sinon en ce 
qu'ils ne gouvernoient toutes choses plustot à leur 
appétit que par les fors. L'infraction desquels, au cas 
en y eut, le peuple devoit débattre par remonstrances 
et requestes, non pas par armes, et le Prince les répa- 
rer par la raison. Qu'ils dévoient donc prendre cette 
voye plustot que celle de la rébellion et sédition, qui 
estoient le venin plus mortel et la peste plus conta- 
gieuse qu'on pourroit trouver pour soudainement 
ruiner un estât et consumer un peuple, et ils trouve- 
roient Sa Majesté volontaire et prompte à leur accor- 
der tout ce que le for leur commanderoit et Dieu lui 



1. Variante : religion catholique. 

2. On a ajouté : elle croioit que. 



i 



ET NAVARRE. 187 

permettroit. Que le François vouloit estre leur protec- 
teur et ils n'estoient point en danger, leur tuteur et ils 
n'estoient pas mineurs, leur libérateur et ils n'estoient 
point esclaves, et leur rendre la religion qu'ils n'avoient 
point perdue; à quoy, s'ils pensoient bien, ilsauroient 
la protection d'autant plus suspecte, qu'il l'offroit 
avant d'en estre requis, et vouloit donner secours à ceux 
qui n'en avoient nul besoin. Qu'il y avoit donc quel- 
que cabale sous ces mots, par laquelle on les vouloit 
tromper, mais que la diversité des mots ne pouvoit 
pas diversifier l'essence des choses, ny le mal, prenant 
le nom de bien, perdre sa propriété. Qu'on leur pré- 
sentoit en apparence protection, liberté et paix, mais 
eneffecton les mettoit en sujection, servitude et guerre, 
avec tous les maux qui suivent les guerres qui sont 
toutes pleines de fâcheries, despences, insolences, 
pilleries, violences, violements, blessures et meurtres, 
mais que les civiles apportoient plus de mal en un seul 
jour que toutes les autres en dix ans, et celles de ce 
tems les surmontoient en toutes sortes de maléfices. 
Qu'ils jugeassent donc plustot de loin que l'expéri- 
menter de près, qu'elle seroit cette belle protection 
du François, par le mauvais traittement qu'il fesoit à 
ses sujets qui ayans eux-mesmes fondé cet estât avec 
les plus belle autoritez que jamais autres eussent, tant 
sur la personne des Rois que tous les affaires du 
Royaume, fut pour les finances, la guerre ou la paix, 
partages et successions des enfans royals, estoient 
néantmoins aujourd'huy plus rudement et servilement 
traittez que tout le reste de l'Europe et réduits en telle 
servitude que parler seulement de tenir Estas estoit 
crime capital, et parler de prendre advis des Estas sur 



188 HISTOIRE DE BÉARN 

l'occurance des affaires plus urgens, faire le Roy sujet 
du peuple, et leur remonstrer les nécessitez du Royaume 
et leur demander aide, faire le Roy mandiant. Lequel 
cependant imposoit tous les jours à son peuple plus de 
nouveaux imposts qu'il ne croissoit de sapins en leurs 
montagnes. Que telle seroit leur condition après qu'ils 
auroient receue l'armée que Tarride amassoit en Gas- 
congne, laquelle les soliciteurs trainoient plus par force 
qu'ils ne conduisoient de bonne volonté, et ne marchoit 
que sous l'asseurance qu'on luy donnoit que tous les 
Béarnois se joindroient à elle. Et Tarride avoit plus de 
fiance en leur révolte qu'en ses troupes qui n'estoient 
suffisentes pour envahir le païs. Car combien que 
Béarn fut fort petit, il n'estoit néantmoins si aisé à 
conquester qu'on pourroit penser, s'ils se vouloient 
bien entendre avec M. le lieutenant-général et vou- 
loient joindre leurs volontez et forces aux sienes, car 
les forces unies, bien que petites, estoient invincibles, 
où les grandes disunies estoient foibles et faciles d'estre 
ruinées, comme plusieurs flèches liées en un faisseau 
ne pouvoient estre ^rompues par un homme quelque 
fort qu'il fut, Festoient toutesfois facilement chascune 
à part par un foible ; et les villes, qui séparées l'une 
de l'autre estoient foibles , liées par la chaine du bien 
public, se conservoient les unes les autres, ne plus ne 
moins qu'es corps des animaux les parties vivoyent, 
se nourrissoient et prenoient esprit de vie par la liai- 
son des unes avec les autres, et soudain qu'elles 
estoient séparées, ne prenant plus de nourriture, se 
corrompoient et pourrissoient. Sy donques les villes 
et villages du pais vouloient avoir une bonne intelli- 
gence ensemble et s' entresecourir, jamais l'ennemi ne 



ET NAVARRE. 189 

seroit si téméraire de se venir enfourner dedans un 
pais où le peuple n'auroit qu'une volonté, un cœur et 
un bras. Que s'ils estoient résolus faire le contraire, il 
les prioit se vouloir souvenir que les armes estoient 
journalières et donnoient aujourdhui au vaincu ce 
qu'elles avoient donné hier au victorieux. Et la guerre 
qui se préparoit contre Béarn estoit sujette au mes- 
mes accidens que celle qui se faisoiten France, laquelle 
vraysemblablement finiroit par une paix , comme 
avoient fait les deux précédentes, et les biens, hon- 
neurs, dignitez et religion seroient rendus à ceux qui 
les avoient perdus. Ainsi si pour leur lascheté lors le 
François ce trouvoit saisi de quelque partie de Béarn, 
il la restitueroit à la Roine et ils seroient contrains 
de retourner sous l'obéissance d'icelle avec l'ignomi- 
nieuse marque de félonnie, et se trouveroient trompez 
s'ils se promettoient autre fin de toute cette guerre, 
quelque espérance qu'on leur donnast du contraire, 
car le Roy, comme il estoit raisonnable, postposeroit 
toutes autres choses au repos de son peuple ; veu 
mesmement que Béarn pour sa povi^eté ne le pouvoit 
enrichir, ni pour sa petitesse agrandir, et luy servoit 
plus en la main d'autruy qu'en la sienne propre, pour 
d'autant plus eslongner de luy le voisinage de l'Espa- 
gnol, qui aussi ne vouloit voir Béarn au pouvoir du 
François. Et la perte que la Roine pourroit faire cepen- 
dant, estoit de petite inportance, car Navarrenx, qui 
n'estoit pas morceau pour l'ennemi, gardoit ce qu'elle 
avoit de plus prétieux ; mais qu'à eux il leur y alloit 
de leur totale ruine, car l'armée qui entreroit pour 
envahir le pays, seroit incontinent suivie d'une autre 
pour le défendre, et il faudroit qu'ils nourrissent l'une 



190 HISTOIRE DE BÉARN 

et l'autre, et souffrissent les reproches, injures, coups 
et violences de toutes deux, outre les exécutions de la 
justice, qui en la paix les molesteroit plus que les 
armes n'auroient fait en la guerre. Et n'y avoit rien qui 
les peut garentir de toutes ces misères que la seule 
persévérance en la fidélité de vrays sujets, laquelle ils 
dévoient préférer à tout ce qu'on leur promettoit et 
luy postposer toutes les pertes qu'ils pourroient 
craindre du costé de l'ennemi. De quoi Monsieur le 
lieutenant les prioit au nom de la Roine, leur dame 
naturelle et légitime, et de Monsieur et Madame, ses 
enfans. Qu'il les avoit jusques lors traittez en toute 
douceur, les pensant mieux entretenir en devoir par 
cette voye que par celle de la rigueur, mais qu'il crai- 
gnoit avoir perdu son tems, car ils sembloient s'en- 
durcir tous les jours davantage. Toutesfois il aimoit 
mieux qu'on peut dire la coulpe des maux qui estoient 
préparés au païs, estre procédée de leur malice plus- 
tôt que de. sa rigueur. Que pour leur oster toute 
excuse d'ignorance, il leur avoit voulu faire entendre 
Testât libre de la Roine et son intention de défendre 
le pais et leur descouvrir la sinistre intention des enne- 
mis, comme aussi il ne leur vouloit celer la juste sus- 
pition qu'il avoit de plusieurs choses qui se fesoient en 
maints lieux du pais au déservice de Sa Majesté ; ce 
qu'il avoit tousjours dissimulé plustot qu'ignoré , 
pour ne donner apparente occasion à leur pour- 
pensée rébellion, et s'estoit promis toute autre chose 
d'eux qu'il n'oyoit et voyoit, car leurs cœurs sem- 
bloient du tout fallis quand il leur parloit de faire 
teste à l'ennemi et défendre le païs, et ils parloient de 
telle bouche des forces ennemies qu'ils sembloient les 



ET NAVARRE. 191 

désirer plustot que craindre et les vouloir caresser 
plustot que repousser. Qu'ils avisassent donc de ne 
perpétrer une si lourde faute, laquelle nul repentir ne 
pourroit réparer après avoir esté faite. Que les sages 
prévoioient le mal et l'évit oient, que les fols s'y pré- 
cipitoient sans le prévoir, mais les passionnez s'y 
fourroient à leur escient, ce qu'il avoit craint qu'ils 
fairoient à son grand regret et ruine de tout le pais. 

Le peuple se monstra en apparence fort attentif à 
ces remonstrances et promit de continuer en l'obéis- 
sance de leur Dame et de s'opposer à tous ceux qui 
voudroient entreprendre sur le pais, et protestoient de 
n'estre jamais entrez en volonté de changer de sei- 
gneur et moins de vouloir recevoir autre protecteur; 
mais leurs faits desmentirent incontinent leurs paroles. 
Et ce qui avoit esté ordonné pour la défense du pais 
s'exécutoit lentement et avec lascheté, et J. de Borde- 
nave et Hiéronim de Marca\ conseillers, ausquels 
avoit esté donnée la commission de faire mettre des 
vivres dedans Navarrens , la seurent si bien dilayer, 
qu'à l'arrivée de Tarride, rien n'y avoit esté apporté. 

Le 13 de mars le prince de Condé, après s'estre 
rendu au sieur d'Argence ^, fut tué [de sang-froid] à 
Bassac^ par Montesquiu^ gentilhomme gascon, capi- 

1 . Jérôme de Marca , de Gan, conseiller au Conseil souverain 
de Béarn, président de la Chambre criminelle, marié à la fille de 
Jean d'Arrac, jurât de Gan (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 
1262, 1264). C'est le père de l'historien Pierre de Marca, arche- 
vêque de Paris et ministre sous Louis XIII. 

2. Cibar Tison, seigneur de Fissac, dit d'Argence, chambellan 
de Charles IX. 

3. Canton de Jarnac, arrondissement de Cognac (Charente). 

4. On écrit ordinairement Montesquiou. 



192 mSTOIRE DE BÉARN 

taine des gardes de Monsieur d'Anjou. Sa mort donna 
aux soliciteurs de la protection plus d'asseurance et 
d'hardiesse que toute l'armée que Tarride dressoit. 
Ils s'approchèrent de Béarn et mirent la compagnie du 
jeune Gohas* à Tarbe en Bigorre, où furent dressées 
six autres compagnies de Bigordans et dix autres 
furent logées à Arsac * et à mesures que ces forces 
s'approchoient dehors, le peuple tumultuoit plus ou- 
vertement dedans. Gela donna asseurance à Arros que 
tout le pays alloit en révolte générale, à laquelle ne 
pouvant apporter le remède nécessaire, il voussit au 
moins s'asseurer de la ville d'Oloron pour servir d'es- 
paule à Navarrens et de retraitte à plusieurs qui s'en 
alloient contraints d'abandonner leurs maisons. Mais 
d'autant qu'il ne le pouvoit faire tant qu'Esgarrebaque, 
partisan de la protection, seroit dedans, il fut con- 
seillé par Gramont de le faire venir à Navarrens pour 
l'induire de lui remettre Oloron, car il pensoit que 
pour le parentage et ancienne amitié qui estoit entre 
eux, Esgarrebaque fairoit tout ce qu' Arros voudroit ; 
mais le vent des promesses de France avoit déjà per- 
verti son entendement. Arros lui remonstra donc 
privément et familièrement, le 27 de mars, la juste 
occasion qu'il avoit de se deffier de ses enfans, aux- 
quels il se laissoit totatelement gouverner et leur avoit 
permis de faire plusieurs choses qui estoient contraires 
au service de la Roine et au repos du pais. Qu'il crai- 
gnoit que ses enfans l'attirassent à la ligue de la pro- 

1. N, de Biran, seigneur de Gohas, tué en 1573 au siège de La 
Rochelle. Ce fut l'un des assassins de Coligny. 

2. Arzacq, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Orthez 
(Basses- Pyrénées) . 



ET NAVARRE. 193 

tection, de laquelle il estoitbien asseuré qu'ils estoient; 
mais qu'il savoit avec quels juremens il lui avoit tous- 
jours asseuré de demeurer fidèle au service de la 
Royne et à la conservation de cest estât. Et sur ceste 
promesse, il avoit esté mis dedans Oloron, mesmes à 
la réquisition de ceux de la religion* réformée, qui 
pour la confiance qu'ils avoient prise de sa prudhomie, 
l'avoient préféré à tout autre, et la Royne lui avoit 
ainsi commandé pour la bonne opinion qu'elle avoit 
conceue de sa fidélité. Qu'il restoit de mettre en effect 
toutes ces promesses, car les ennemis estoient sur le 
point d'entrer dedans le pais et le peuple de se révolter, 
et il estoit contraint de faire trie des vrais Béarnois 
d'avec les faux françoisez, et loyals et fidèles sujets 
d'avec les traistres, lesquels il vouloit retirer dedans 
Navarrens et Oloron, pour ce que ces deux villes, par 
leur proximité et la commodité de la rivière, se pou- 
voient tellement favorir l'une l'autre que si les enne- 
mis en vouloient attaquer l'une, l'autre la pourroit aisé- 
ment secourir et leur donner tant d'affaires que laRoine 
auroit ce pendant loisir dé leur envoyer secours , ce 
qu'elle fairoit sans doubte, et le plus grand service 
qu'on luy pourroit faire en cette nécessité estoit de 
temporiser l'ennemi. Qu'il avoit donc pensé de mettre 
deux ou trois compagnies dedans Oloron avec la 
sienne qui y estoit déjà, tant pour garder la ville que 
pour donner retraitte à tant de misérables familles qui 
s'en alloient exposées à l'insolence, avarice et lubricité 
des gens de guerre et la cruauté de la populasse. Et 
pour ce que son aage ne lui permettoit de prendre 

1. On a ajouté : prétendue. 

13 



194 HISTOIRE DE BÉARN 

seul tant de labeurs que ces affaires si urgens requé- 
roient, il avoit pensé de lui communiquer la moitié 
de sa charge avec la mesme autorité et émolumens que 
la Roine lui avoit donnez, laquelle il luy prioit vouloir 
recevoir et demeurer avec luy à Navarrens, pour de là 
faire les entreprises et exécutions que les affaires leur 
monstreroient devoir estre faites. 

Esgarrebaque refusa l'un et l'autre, disant que mettre 
maintenant autres compagnies que la sienne dedans Olo- 
ron, estoit lui déclarer qu'on se deffioit de lui et faire un 
préjugé de trahison sur soy; mais qu'il estoit homme de 
bienet feroittousjours preuve de sa fidélité et n' avoit rien 
promis qu'il n'eut intention de le tenir et parlant avec 
les capitaines La Motte ^ et La Renaudie ^ usa de paroles 
fort [braves^] et pleines de menaces. Gela augmenta 
le supçon qu'on avoit de lui et fut cause de le faire 
arrester dedans son logis et d'oster les armes à ses 
soldats. Le mesme jour sur le soir Arros, s'asseurant 
que l'entrée ne lui seroit refusée, partit de Navarrenx 
avec seulement quarante ou cinquante harquebusiers à 
cheval pour se saisir d'Oloron. La porte du pont lui 
fut ouverte par Courtoysie^ sergent d'Esgarrebaque, 
qui ne voyant son capitaine en ceste troupe, courut 
advertir ceux du bourg dessus, qui est le principal et 

1. Jean de La Motte, de Bosdarros, capitaine du parsan (dis- 
trict) de Pau, marié à Adrienne de Béon (Arch. des Basses-Py- 
rénées, E. 1632, 1749 et 2131). Il était frère d'un autre capitaine, 
Pierre de La Motte. 

2. Nous ignorons si ce capitaine était de la famille de La Re- 
naudie, dit La Forest, chef avoué de la conjuration d'Amboise. 

3. Variante : rudes. 

4. Il y avait plusieurs familles de ce nom à Carresse et à Arau- 
juzon (Basses-Pyrénées). 



I 



ET NAVARRE. 495 

le plus fort de la ville, qai est séparée en deux par 
portes et murailles, tellement qu'Arros, se présentant à 
la porte dudit bourg, trouva la femme d'Esgarrebaque * 
sur la muraille qui lui refusa l'entrée avec beaucoup 
d'injures accompagnées d'arquebusades. Ainsi Arros 
voulant surprendre autruy fut si bien surpris luy-mes- 
mes que, si ceux de dedans la ville et du faux-bourg 
se fussent entendus et eussent eu le courage de le 
charger, vraysemblablement il estoit deffait, [mais 
Dieu leur osta le cœur et le sens.] Néantmoins ceux 
du faux-bourg du Marquadet^ dressèrent une barriquade 
au bout du pont pour l'enclorre entre la ville haute et 
eux. Cela donna prou de peine à Arros qui ne sçavoit 
s'il devoit assaillir la ville ou s'en retourner. Le pre- 
mier avoit de la difficulté pour le peu d'hommes qu'il 
avoit et estoit encores plus dangereux, si le peuple 
reconnoissant sa foiblesse l'eut chargé par derrière, 
comme il eut esté au combat ; et le dernier sembloit 
faire brèche à son honneur, outre qu'il attendoit les 
capitaines La Motte et Lurbe ^ ausquels il avoit com- 
mandé de le venir joindre par l'autre costé de la 
rivière ; mais ils avoient esté constraints de faire un si 
long tour qu'il leur fut impossible d'arriver à tems. 
Et si Arros eut osé bazarder sans eux de mettre le feu 
aux portes et d'assaillir la ville, vraysemblablement il 

1 . Gratianne de Navailles , dite de Saint-Saudens , seconde 
femme d'Esgoarrabaque. Elle lui survécut et on lui restitua les 
biens de son mari. 

2. Le quartier Marcadet est aujourd'hui compris dans la ville 
d'Oloron. 

3. Simon de Lurbe, capitaine et maître des réparations des 
chemins, marié à Gratianne de Pilan, fille de Jean de Pilan, mé- 
decin de Lescar (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1097 et 1783). 



196 HISTOIRE DE BÉARN 

l'emportoit, car les meilleurs soldats estoient dehors ; 
mais il craignoit sagement de faire une perte notable 
et mettre en hazard Navarrenx, qui fut demeurée dé- 
solée et despourveue, si lui, comme il pouvoit avenir, 
ou ceux qui estoient avec luy fussent péris là. Parquoy 
résolu de se retirer sur la diane, il fit charger ceux 
qui estoient à la barriquade du pont, qui du commen- 
cement firent bonne mine, encores qu'ils fussent brus- 
quement assailliz, mais voyans arriver la compagnie 
d'Espalengue, commandée par Incamps', son enseigne, 
qui les chargeoit par derrière, ils s'estonnèrent et gai- 
gnèrentau pié. Quelques uns furent tués en fuyant. 

La Motte et Lurbe,ne sachans rien de cette retraitte, 
arrivèrent environ midi à leur rendés-vous, qui estoit 
à l'autre faux-bourg d'Oloron, nommé Saint-Pée; mais 
la ville estoit déjà pleine d'hommes que Bonasse, Las ^ 
et les fils d'Esgarrebaque ^, advertis par la femme 
d'Esgarrebaque \ y avoient conduits. Las fit une 
sortie sur La Motte et Lurbe entre lesquels l'escar- 
mouche fut si chaude que. Las et La Motte venus aux 
mains. Las demeura mort. Cela estonna si bien ceux 
de dedans qu'ils n'osèrent plus sortir et se fussent ces 
deux capitaines retirez sans grande perte, si environ 
trente et six soldats de ceux de Lurbe ne se fussent 

1. Antoine d'Incamps, seigneur d'Abère d'Asson et du château 
d'Arudy, neveu du capitaine Poqueron et son héritier (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1890 et 1891). 

2. Per-Arnaud de Forpelat, seigneur de Làas, 

3. L'aîné était Jacques III de Sainte-Golomme, plus tard sei- 
gneur d'Esgoarrabaque ; le cadet Tristan de Sainte-Golomme, 
abbé de Sauvelade. Tous deux fils de la première femme de leur 
père, Catherine de Montbrun. 

4. Gratianne de Navailles. 



ET NAVARRE. 197 

révoltez, qui s'estans saisis de quelques maisons com- 
mencèrent de tirer sur leurs compagnons avec beau- 
coup plus de domage que ceux de la ville. Ceux du 
faux-bourg, estans joins à ceux-là, firent incontinent 
penser aux deux capitaines de leur retraitte, laquelle 
eust esté fort heureuse, si quelques soldats de La 
Motte ne se fussent opiniastrez dedans le temple de 
Saint-Pée, qui estoit tout joignant la porte de la ville, 
où [après s'estre rendus] ils furent massacrez [de 
sang-froid] et laissez nuds sur le carreau l'espace de 
trois jours. Quelques autres, se pensans mieux sauver 
seuls qu'avec leurs capitaines et leurs compagnons, 
s'escartèrent et furent assommez par la populasse, 
mais ceux qui demeurèrent en la troupe furent tous 
sauvez et ramenez à Navarrenx. Gramont y arriva en 
mesme tems, et comme il avoit esté autheur de la prise 
d'Esgarrebaque, aussi fut-il cause de le mettre en 
liberté avec tous ceux qui estoient avecluy, sous jure- 
ment qu'il donneroit licence de sortir aux ministres et 
à tous autres de la religion ' réformée qui estoient à 
Oloron et les fairoit conduire en seurté à Navarrenx, 
mais il fit tout le contraire. 

[Les conseils chancellans et irrésolus sont très dan- 
gereux aux affaires extrêmes et Esgarrebaque ne 
devoit estre arresté, si on n' avoit délibération de le 
retenir et le réprimer à bon escient. Car tout ainsi 
qu'un petit d'eau jettée sur un grand feu ne fait que 
l'allumer au lieu de l'esteindre, pareillement une légère 
et petite exécution augmente plustot qu'elle n'appaise 
une grande sédition et irrite d'avantage les séditieux, 
car l'injure qu'on prêtent avoir receue accroît l'animo- 

1. On a ajouté : prétendue. 



198 HISTOIRE DE BÉARN 

site et le désir de vengence fournit un spétieux pré- 
texte d'exécuter ouvertement les passions couvertes 
sous couleur de se venger. Aussi tous ceux qui solici- 
toient ou désiroient le changement de la protection, 
prinrent de cest emprisonnement une apparente 
occasion de commencer manifestement leur sédition, 
conmie s'ils eussent esté contraints de recourir aux 
armes pour défendre leurs propres vies, et hastèrent 
l'entrée de Tarride. Et les compagnies qui estoient à 
Tarbe entrèrent en Béarn pour joindre Bonasse qui 
estoit à Oloron et commencer ensemble l'hostilité, et à 
ces fins Sainte-Colome escrivit la lettre suivante audit 
Bonasse : 

« Monsieur mon capitaine, devant que j'aye receu 
vostre lettre, je vous avoi escrit et vous faisoi entendre 
comme Monsieur de Tarride n'estoit point encores 
arrivé à cause que Monsieur de Monluc a envoyé qué- 
rir le capitaine Thiboville\ commissaire de l'artillerie, 
pour ce qu'il bat Mucidan*. Mais nous y avons envoyé 
deux gentilshommes pour le faire avancer à toute 
bride. Mais les eaux sont si grandes qu'il n'est possible 
de passer et en aurons responce dans quatre ou cinq 
jours. Cependant je fais avancer le capitaine Gohas 
avec six compagnies de gens de pié et deux petites 
pièces que Messieurs les gouverneurs de Bigorre nous 
ont prestées et pense que cette nuict nous exécuterons 
le fort de Pontac^ Avisez, si vous voulez que je passe 

1. Claude de Thiboville. 

2. Mussidan, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Ribérac 
(Dordogne). 

3. Pontacq, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau 
(Basses-Pyrénées). 



ET NAVARRE. 199 

avec lesdites compagnies, pour m'aller joindre avec 
vous à ArudiS mais seroit besoin que m'en advertis- 
siez de bonne heure et j'ensuivray vostre volonté, 
pour nous aider de ce que nous avons, attendant la 
venue du dit sieur de Tarride. Monsieur de Peire s'en 
est allé du costé du Vicvieil pour amasser tout ce qu'il 
pourra, et je luy despèche à l'heure présente pour le 
faire marcher avec sa troupe droit à nous. Quand à 
Monsieur de Gramont, je viens d'estre adverty asture 
mesme qu'il se retire à Hagetmau et à grand peine 
qu'il se mesle de cette guerre. Monsieur le baron de 
Larboust est avec luy pour l'engarder tant qu'il peut, 
jusques à asseurer qu'il s'asseure que Monsieur de Gra- 
mont ne prendra jamais les armes contre le service du 
Roy, jusques en donner les démenties. Je vous prie de 
faire marcher avec vous les valées d'Aspe et de Barétons. 
[Je praticque tant que je puis sur vostre parole.] Si 
vous escrivez à Peirot de Pey * à Nay, ce seroit bien 
fait, et vous prie m'advertir de vostre délibéra- 
tion. Vous adviserez si vous devez faire rompre un 
arche du pont d'Oloron de deçà pour la seureté de la 
ville et me semble que l'artillerie n'y pourroit aller. 
De Saint-Pée, 2 april 1569. [Vostre meilleur voisin 
prest à vous faire service. A. de Sainte-Colomme.] » 
Pareillement Gramont, qui avoit tousjours asseuré 
Arros d'employer sa personne et ses biens pour la 

1. Arudy, chef- lieu de canton de l'arrondissement d'Oloron 
(Basses-Pyrénées) . 

2. Peyrot de Pey figure souvent dans les registres des notaires 
de Nay; en 1558 il était sous-fermier de la bailie de cette ville 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1732, P^ 100 et 276). En 1538, il 
possédait quatre maisons à Nay et un domaine rural (même dépôt, 
B. 720, fo 83). 



k 



200 HISTOIRE DE BÉARN 

défence du pais, et mesmes avoit retiré dedans Navar- 
renx, une bonne partie de ses plus prétieux meubles 
prétendant, ainsi qu'il disoit, d'y retirer sa famille à 
la nécessité, changeant lors d'opinion, fit raporter ses 
dits meubles à Vidache, où il se retira, prenant 
excuse sur l'infidélité des Béarnois et le peu de 
forces qui demeuroient avec le lieutenant général, 
car déjà la plus part des soldats avoient quitté les 
enseignes et estoient joints aux ennemis; et le desbor- 
dement de leur infidélité estoit si grand, que ceux qui 
ne pouvoient se desrober le jour par la porte, se jet- 
toient la nuict par la muraille estans en sentinelle. [Et 
la noblesse et les soldats ne se révoltèrent pas seule- 
ment, mais aussi tout] le menu peuple, ou fort peu 
exceptés, de tous ceux qui fesoient profession de la 
religion [romaine^] print aussi les armes pour l'ennemi; 
et ceux qui, pour l'imbécilité du sexe, aage ou indis- 
position du cors, ne les pouvoient porter, donnoient 
signes certains de la joye qu'ils avoient de ce change- 
ment [de seigneur, et les capitaines Béarnois de la 
protection, qui avoient jà receu secrètement la com- 
mission de lever des compagnies sur le pais, n'eurent 
pas grande peine de les dresser, car les soldats les 
vindrent volontairement trouver et la plus part armez 
des armes de la Roine que le lieutenant général leur 
avoit fait bailler du magazin de Navarrenx.] 

Esgarrebaque relasché et Gramont retiré, Arros 
fit un tour jusques à Pau pour entendre Testât des 
affaires de ce quartier, où les révoltes commençoient 
aussi bien qu'ailleurs, et la guerre ouverte y conmiença. 

1. Variante : catholique 



ET NAVARRE. 201 

Le 3 d'avril les compagnies des capitaines Gohas, 
Lisos*, Baudian% Vielle-Pinte% Bégole*, Vielle-Nave% 
Aiirout% Sainte-Vif et Angosse* arrivèrent à Pontac. 
Le temple estoit assés fort pour la main, et Abbadie, 
gendarme de la compagnie de Gernac^, y commandoit 
à ceux de la religion [romaine *"] qui, ayans mis dehors 
tous ceux de la réformée, avoient promis de le garder 
fidèlement, mais ils le rendirent l'endemain sans avoir 
jamais tiré une seule harquebusade. [Les maisons de 
ceux de la religion réformée, qui s'estoient retirez où 
ils avoient peu, furent pillées et toutes cruautés exer- 
cées à rencontre des personnes qui furent apréhen- 

1. Sans Ûoute le seigneur de Lizos, canton de Pouyastnic, 
arrondissement de Tarbes (Hautes-Pyrénées). En 1495, cette 
seigneurie appartenait à Marguerite Dufour, mariée à Pierre de 
Forges (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 385). 

2. Le seigneur de Baudéan, canton de Gampan, arrondissement 
de Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées). 

3. Jean, seigneur de Viellepinte ; il avait un fils nommé Ar- 
naud; tous deux en 1568, à Rabastens, vendirent la seigneurie de 
Viellepinte (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 2153, f»* 91 et 191). 

4. Antoine de BégoUe, marié à Jeanne de Bourbon-Lavedan. 

5. Peut-être le seigneur de Villenave, canton d'Ossun, arron- 
dissement de Tarbes (Hautes-Pyrénées). — On trouve aussi Jean 
de Viellenave, enseigne de Gabriel de Luxe, capitaine navarrais 
en 1566 (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 147, f" 15). 

6. Nous ignorons quel était ce capitaine. 

7. Nous n'avons aucun renseignement sur ce personnage qui 
n'était pas Bernard de Saint- Abit, gouverneur de Navarrenx 
avant les troubles. 

8. Probablement le seigneur d'Angos, canton et arrondissement 
de Tarbes (Hautes-Pyrénées). 

9. Samson d'Abbadie, homme d'armes de la compagnie de 
M. de Jarnac, marié à Catherine de Bescat (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. 2001, f' 124). — Dans un acte de 1562, il est désigné 
comme étant de Pontacq (même dépôt, E. 1735, f° 5). 

10. Variante : catholique. 



202 HISTOIRE DE BÉARN 

dées et un cordonnier, homme impotent, fut pendu à 
la fenestre du logis du capitaine Gotias.] 

Ce mesme jour Gerderest et Peire, accompagnés 
quasi de toute la noblesse et de la populasse de ces 
quartiers, se saisirent de tout le Vicvieil^ et firent pri- 
sonniers Pierre de l'Ostau et Mathieu du Bédat^ 
ministres à Lembeye^ et saccagèrent tous ceux de la 
religion'' réformée. De là ils allèrent à Morlas, où ils 
furent joyeusement receus par tout le peuple. Ceux de 
la religion furent pillez et Loys de La Borde ^ qui 
avoit esté mis dedans le couvent des Jacopins avec 
trente soldats, ayant esté abandonné d'eux, le rendit à 
la première sommation. Sus de Bougarbé^ fut envoyé 
au chasteau de Navailles'. De Pontac les troupes vin- 
drent devant Nay où les joignirent Luxe avec sept 
compagnies de Basques et Bonnasse avec les popu- 
lasses d'Ossau, Aspe et Barétons. Le capitaine Espa- 
lengue estoit dedans Nay avec sa compagnie qui estoit 
fort descreue et ce qui restoit remply de mauvaise 
volonté, car une grande partie de ses soldats s'estoient 
secrètement desrobez et quasi tous ceux qui lui res- 
toient avoient intelligence avec l'ennemi. Lequel ils 

1. Le pays de Vic-Billi est compris dans l'arrondissement de 
Pau (Basses-Pyrénées). 

2. En 1566 ce ministre étudiait à Genève (Livre du Recteur, 
p. 14). 

3. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau (Basses-Py- 
rénées), 

4. On a ajouté : prétendue. 

5. Louis de La Borde, seigneur de Beucaire, jurât de Morlàas, 
général des monnaies de Béarn, trésorier de Bigorre. 

6. Le seigneur du château de Sus, situé à Bougarber, canton de 
Lescar, arrondissement de Pau (Basses-Pyrénées). 

7. Canton deThèze, arrondissement de Pau (Basses- Pyrénées). 



ET NAVARRE. 203 

eussent mis dedans dès le premier jour, sans la vigi- 
lence du capitaine et de ceux de sa religion, tant de la 
ville que d'autres lieux, qui s'y estoient retirez, pen- 
sans sauver leurs vies, mais non pas en tel nombre 
que ceux de la religion [romaine^] n'y fussent les plus 
forts. Lesquels, le 7 d'avril environ trois heures après 
midy, conduits par Julian de Castets^, sergent de 
ladite compagnie, comme ceux qui avoient veillé toute 
la nuit reposoient, ayans promptement rompu une 
porte à coups de hache, mirent les ennemis dedans la 
ville. Du commencement tous les habitans receurent 
pareil traittement ; mais s'estans reconnus, le pillage 
cessa pour le regard de ceux de la religion [romaine '] 
et continua sur ceux de la réformée. Le sac fut grand, 
car la ville estoit marchande, et ceux de la religion 
n' avoient rien desplacé comme avoient les autres, qui 
avoient mis dehors le plus précieux et le plus maniable 
de leur bien. Ceux de la religion réformée sortirent 
comme ils peurent par la porte du pont, à travers la 
compagnie d'Angosse qui y estoit en garde. Les uns 
furent faits prisonniers, les autres se sauvèrent et n'en 
y eut de tuez qu'un, [l'avarice des assiégeans qui 
s'attendirent au pillage, leur donnant la commodité de 
se sauver]; mais lapopulasse des villages les poursuivit 
avec une plus grande animosité [et cruauté.] Glave- 
rineS de Pontac , fut massacré et noyé à Coar- 

1. Variante : catholique. 

2. Nous pensons que Castet est ici le nom d'un village du canton 
d'Arudy, arrondissement d'Oloron (Basses-Pyrénées). 

3. Variante : catholique. 

4. Peyroton de Glaverine, dit Larriu (Arcli. des Basses-Pyré- 
nées, B. 800, f° 7). En 1605 nous retrouvons cette famille: Domenge 
de Glaverine, de Pontacq, régent des écoles de cette ville, marie 



204 HISTOIRE DE BÉARN 

rase*, et Antoine Bonfil, clavetier *, [aagé de 70 ans], fut 
tracassé par les rues de Nay avec un licol au col par 
Marc Estienne et Arnaud l'Organiste ^ serviteurs 
domestiques de Gohas, qui n'ayans trouvé personne 
qui le voussit racheter seulement d'un teston, l'arque- 
bousèrent et puis le jettèrent dedans la rivière ; et 
Auge Du FaurS de Beuste^, qui durant le siège avoit 
esté blessé d'une harquebusade, après avoir esté trainé 
nud, battu et tourmenté, fut jette dedans un feu. A 
Peyrot de Pey, jurât dudit Nay, [ne servit rien d'estre 
de la religion romaine, car la nuict suivante] il fut tué 
[de sang froid ^] et jette dedans la rivière par comman- 
dement de ceux qui commandoient aux . troupes , 
faschez de ce qu'il s'estoit rengé du costé [de ceux qui 
défendoient le droit] de la Roine ; car il avoit esté du 



Judith, sa première fille, avec Pierre Le Maistre, de Montgé- 
roult près Pontoise ; les fiançailles furent faites par Jean Dufaur, 
ministre de Pontacq, le 9 décembre 1605 (même dépôt, E. 2092, 
fo 4). 

1. Goarraze, canton de Nay-Est, arrondissement de Pau (Basses- 
Pyrénées). 

2. Gloutier. Cette industrie est encore très-répandue dans les 
villages voisins de Nay. — Antoine Bonfilh, de Nay, avait marié 
Pierre, son fils, en 1561 avec Marie, petite-fille de Ramonet de 
La Borde, seigneur de Gère (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 
1730, f° 87). 

3. En 1557 (v. s.) nous trouvons Monaud Des Bems, de Lescar, 
organiste, témoin d'un contrat relatif aux premières prédications 
de Henri de Barran à Nay (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1 732, 
P 95). 

4. La maison Du Faur existait à Beuste dès 1385 (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 306, f° 49). 

5. Ganton de Nay-Est, arrondissement de Pau (Basses-Pyré- 
nées). 

6. Variante : aussi/. 



ET NAVARRE. 205 

commencement de l'intelligence des autres, et ils 
s'estoient promis d'avoir par son moyen Nay sans le 
combattre. 

Pendant ces choses , Arros avoit envoyé le 
capitaine Nays' avec vingt soldats au chasteau de 
Montané ^ pour y commander avec La Bassère^, qui en 
estoitchastelain, et auquel depuis le commencement de 
ces troubles trente soldats estoient payez pour la 
garde de la place qui estoit forte ; au lieu desquels 
il n'avoit que deux ou trois paisans, et ne voulut rece- 
voir Nays ny ses soldats, combien qu'il ne fit conscience 
de prendre la solde que Nays luy apportoit pour ce 
mois et lui* délivra, pensant par ce moyen l'induire à le 
recevoir; mais comme ils contoient l'argent, la popu- 
lasse se jetta sur les soldats de Nais, qui, oyant le 
bruit, sortit du chasteau et les treuvant déjà en route 
et la plus part desbalisez et prisonniers, voussit r' en- 
trer dedans le chasteau, mais la porte luy fut fermée 
et lui tellement chargé par tout le peuple, qu'avec 
grande difficulté il se sauva. 

Arros estoit encores à Pau, mais voyant qu'il luy 
estoit impossible, avec ce peu de forces qu'il avoit, de 
s'opposer à l'ennemi, et que tous les jours ce qui lui 
restoit en ces compagnies s'escartoit, pensa de se reti- 
rer à Navarrenx. Ce qu'il fit si bien à point, que s'il 
ne l'eust lors fait, à peine y fut-il jamais entré, car les 
ennemis lui couppoient chemin. Les gens du conseil de 

4 . Samson de Nays, seigneur de Gastaing de Lucgarrier, marié 
à Catherine, fille de Tristan de Navailles, abbé laïque de Béré- 
renx (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1626). 

2. Montaner, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau 
(Basses-Pyrénées). Le château existe encore en partie. 

3. Jean de Durban, seigneur de Labassère. 



206 HISTOIRE DE BÉARN 

Pau luy voulurent persuader de remettre le gouverne- 
ment du pais aux mains de Gramont pour le garder 
à Monsieur le Prince, car ses bonnes gens, commandées 
plus par leur propre pusillanimité que d'aucune infi- 
délité, se persuadoient que le roy de France se con- 
tenteroit si le pais estoit mis au pouvoir dudit de 
Gramont, d'autant qu'il n'avoit prins les armes pour 
ceux de la religion' depuis les premiers troubles. Mais 
Arros leur respondit qu'ils se trompoient fort, s'ils 
pensoient que ceux qui avoient déjà les armes en main 
les posassent pour cela, car ils avoient fait estât d'un 
autre Prince que la Royne ; mais qu'il avoit receu le 
pais de la Roine, qui en estoit la dame naturelle et pro- 
priétaire, et ne le pouvoit mettre aux mains d'autre, 
sans le mandement exprès d'icelle, à laquelle il le gar- 
deroit de tout son pouvoir, au moins Navarrens, s'il ne 
pouvoit tout le reste, puis que tous les Béarnois lui 
est oient les premiers contraires, et couroient volon- 
tairement à leur ruine, laquelle il rachepteroit de sa 
propre vie s'il pouvoit. Avant de se retirer, il voulut 
savoir la volonté de ceux de Lesca où commandoit 
Eslayou^, qui lui refusa l'entrée, ce qu'il ne fit pas à 
neuf compagnies de Gascons qui y arrivèrent l'ende- 
main, [guidées par Caubios^, gentilhomme béarnois.] 
Elles furent receues par le chapitre et les habitans avec 
grande alégresse et acclamations de tout le peuple. 
Mais en peu d'heure leur joye fut convertie en pleurs, 
car elles pillèrent et saccagèrent toutes les maisons 

1. On a ajouté : prétendue réformée. 

2. Jean de Soulenx, de Lescar, seigneur d'Eslayou. 

3. Auger, seigneur de Gaubios, marié à Jeanne de Brualh (Arch. 
des Basses-Pyrénées, B. 2161, f" 34; E. 349). 



ET NAVARRE. 207 

sans mesmes espargner l'évesque, [combien qu'il 
fut de leur faction]. Et outre cela commirent de si 
énormes vilainies que les plus barbares n'en commirent 
jamais de pires, car après avoir violé quelques autres 
femmes, quinze ou seze violèrent publiquement une 
misérable ladresse, mariée avec un ladre demeurant à 
la ladrerie, et après pour triomphe de leur exécrable 
vilainie, la trainèrent par force en dançant par toute 
la ville. Deux jours après, ses compagnies furent 
remandées pour aller faire escorte à l'artillerie qu'on 
tiroit d'Aqs^ et Baionne. Le baron de Larboust, che- 
valier de l'Ordre et lieutenant de la compagnie 
d'hommes d'armes du seigneur de Gramont, à la 
réquisition du conseil de Pau, continuoit tousjours ses 
pratiques pour empescher l'entrée de Tarride, avec 
promesse que tout le pais de Béarn recevroit la pro- 
tection du Roy, pourveu qu'il eut liberté de choisir un 
gouverneur, mais il fut renvoyé par les Béarnois de la 
protection avec telles reproches qu'il fut contraint de 
se retirer, non pas sans leur prédire tout haut le mal 
qu'il leur adviendroit de leur entreprise. 

Tarride [fut bien fasché du commencement de cette 
guerre, et] trouva fort mauvais que, sans lui et à son 
desceu et au grand mespris de l'autorité que le Roy 
luy avoit donnée sur tout ce négoce, les villes de Béarn 
eussent esté prises et saccagées et les habitans tuez et 
rançonnez par ceux qui n'avoient puissance ni com- 
mandement d'autre que de leur propre ambition, pas- 
sion et avarice, Parquoy il leur envoya un gentil- 
homme ^ qui trouva les troupes logées au long de la 

1. Dax (Landes). 

2. Bordenave avait écrit auparavant : Audatix. 



208 HISTOIRE DE BÉARN 

rivière entre NayetPau. Il leur déclara sa charge et leur 
remonstra qu'ils avoient fait contre l'intention du Roy 
et la commission de Tarride, qui ne portoit comman- 
dement d'user de force ny d'hostilité, qu'en cas de 
refus, après que le pais auroit entendu la volonté de Sa 
Majesté et eut esté sommé en pleins Estas de recevoir 
la protection; que Tarride requéroit les dits Estas estre 
promptement assemblez, afin qu'il leur peut déclarer 
l'intention du Roy et leur présenter sa commission. 
Tous approvèrent cette voye et assignèrent les Estas 
pour le 1 4 dudit mois, et s'excusèrent envers Tarride 
en la manière qui s'ensuit : 

«Monsieur de Tarride, lieutenant général pour le Roy 
à la conduite de l'armée envoyée par Sa Majesté pour 
prendre en protection et garde le pais de Béarn [et 
gens des trois Estas], entendra, s'il lui plaist, ce qui 
s'ensuit, par manière d'avertissement, et afin qu'il 
n'ignore rien de ce qui a esté fait jusques à présent et 
semble devoir estre fait à l'avenir. En premier lieu les 
sieurs Béarnois de la protection l'ont déjà averti pour 
quelles considérations ils ont esté contraints de 
prendre les armes, asavoir pour la défense et protec- 
tion de leurs vies, pour sauver Monsieur d'Esgarre- 
baque, gouverneur d'Oloron, sa vie et son honneur, 
que l'on vouloit faire mourir par la main d'un bour- 
reau, et pour sauver aussi ladite ville d'Oloron que 
l'on vouloit saisir depuis la prise et emprisonnement 
dudit sieur d'Esgarrebaque, et parce qu'ils n'a voient 
ville pour se pouvoir tenir en seureté et asseurance 
dans ledit pais, d'autant que les rebelles, bannis et 
ennemis du Roy se sont saisis des chasteaux, villes et 
places fortes dans ledit pais, ladite noblesse a advisé 



ET NAVARRE. 209 

pour l'asseurance de leurs vies et pour tirer aussi de 
captivité les habitans bons serviteurs du Roy de Nay, 
de se saisir et entrer dans ladite ville et d'illec se 
défendre et conserver pour son service. Et pour ce 
que depuis ils auroient receu [Monsieur d'Audaux, 
chevalier de son Ordre et séneschal dudit pais, qui 
ensemblement] its avoient résolu, suivant le comman- 
dement dudit seigneur de Terride, de luy aller au 
devant et l'aller trouver la part qu'il seroit avec leurs 
compagnies, ils le supplioient prendre en bonne part 
s'ils ne le font incontinant, pour ce que le peuple qui 
universellement s'est eslevé contre les perturbateurs 
susditz et détenteurs des villes en faveur des dits sei- 
gneurs du pais, leur a requis de ne les abandonner, 
d'autant que les ennemis ne font que courir contre 
eux, ravir leurs bestails et biens, et démolir et ruiner 
leurs maisons. A cette cause, lesdits seigneurs ont 
envoyé vers ledit seigneur pour très humblement le 
supplier de considérer que, puisque le peuple s'est jà 
déclaré pour son secours et qu'il porte la croix blanche 
pour luy, ils seroient endommagez si les forces se 
retiroyent des lieux où elles sont à présent pour s'en 
aller à la frontière, y ayant unze lieues de plaine, qui 
n'est peu de pais, s'il estoit saccagé par les dits per- 
turbateurs, comme ils s'en mettent en devoir. Qu'est 
cause qu'on le supplie très humblement qu'il veuille 
trouver bon qu'on ne bouge des environs dudit Pau, 
jusques à ce qu'on saura le jour de son entrée audit 
païs, que nous supplions estre le plus tôt qu'il lui sera 
possible; et s' approchant dans ledit païs nous luy irons 
au devant, car on ne veut entreprendre sur ladite ville 
de Pau qu'il n'y arrive ; encores bien que s'ilz se pré- 

14 



210 HISTOIRE DE BÉARN 

sentoyent à ladite ville, ils ne pourroient tenir. Or, suy- 
vant la forme que ledit seigneur a mandée pour 
semondre ledit pais, les ditz sieurs ont fait assembler, 
en la ville de Lescar, les gens des Trois Estaz pour 
faire effectuer la volonté du Roy et sienne ; lesquels il 
pourra sommer dans deux jours d'aujourd'huy qu'ils 
seront assemblez en corps avec le sindic. Et parceque 
dans cette troupe seront tous ceux qui, rondement et 
sans dissimulation, veulent de tout leur pouvoir faire 
efifectuer la volonté de Sa Majesté, et qui de longtems 
se sont déclarez pour la faire exécuter, sans attendre 
si son ennemy estoit fort ou foible et s'il a perdu la 
bataille ou non, pour suivre lèvent, ledit seigneur de 
Tarride est très humblement supplié de ne recevoir 
aucun autre que se présente à capitulation aucune, 
qui ne soit en cette troupe, laquelle se fait forte de 
toutes les villes, du peuple, du bas pais et des mon- 
tagnes, sauf des [susdites] trois villes rebelles^ les- 
quelles ledit seigneur domptera aisément avec ledit 
païs et le canon. » 

« Et semble à ladite noblesse , si ainsi le trouve 
bon, que le premier logis que ledit seigneur doit 
faire dans le païs doit estre aux Bordes d'Es- 
poey% aux villages de Nostin^ et de Somolon% qui est 
le logis le plus apte et commode pour sommer de là 



1. Pau, Navarre nx et Orthez. 

2. Sur la route de Tarbes à Pau, village dépendant de la com- 
mune de Soumoulou. 

3. Nousty, canton de Pau-Est, arrondissement de Pau (Basses- 
Pyrénées). 

4. Soumoulou, canton de Pontacq, arrondissement de Pau 
(Basses-Pyrén ées) . 



ET NAVARRE. 211 

lesditz Trois Estaz et pour luy aller au devant, ce que 
luy supplions ne trouver mauvais, car il n'y a lieu 
commode près de Pau que ces villages. Et fera con- 
duire, s'il luy plait, son artillerie après soy. Et d'ail- 
leurs envoyera une compagnie d'hommes d'armes au 
devant les grans pièces, avec les compagnies à pied 
que luy semblera bon ordonner pour leur tenir escorte, 
pour ce qu'il n'y a qu'une grande lieue, d'où nous 
serons à luy et luy servirons d'avant-garde. Le che- 
min qu'il aura à tenir le meilleur est de Grenade^ à 
Serron*, et de là à Sévignac' et puis à Morlàas. Ledit 
seigneur dit dernièrement qu'il envoieroit à Grenade 
pour advertir quel chemin il tiendroit, de quoy nous 
luy supplions se souvenir, afin que l'artillerie sache où 
elle doit passer. Aussi, s'il lui plait, faira reveue de ses 
gens et aura des prévosts. Et pour ce que ce pais est 
mangé par les dits rebelles, la principale chose que 
ledit sieur doit faire, c'est de commander au sieur de 
La Chapelle^ de faire suivre force vivres et qu'il ne 
bouge de là pour nous addresser les dits vivres. Fait à 
Bordes^ ce 12! d'apvril 1569. » 

Ces articles lèvent le fard de toute cette protection 
et monstrent clèrement l'intention de ces gens. Tou- 
chant ce qu'ils disent des ravages de ceux qu'ils 

1. Grenade-sur- l'Adour, chef-lieu de canton de l'arrondissement 
de Mont-de-Marsan (Landes). 

2. Sarron-Saint-Agnet, canton d'Aire, arrondissement de Saint* 
Sever (Landes). 

3. Canton de Thèze, arrondissement de Pau (Basses-Pyrénées). 

4. Antoine Lanusse, seigneur de La Chapelle, vice-sénéchal de 
Guienne. 

5. Canton de Nay-Est, arrondissement de Pau (Basses-Pyré- 
nées). 



211^ HISTOIRE DE BÉARN 

appelent séditieux et rebelles, il est certain que jusques 
à leur entrée, nul ri'avoit esté offensé en sa personne 
ni en ses biens. Le septiesme article est expressément 
contre Gramont, qui depuis la mort du prince de 
Condé, s'estoit fort refroidy de l'intelligence qu'il avoit 
avec Arros, et avoit comme tirée son esplingue du 
jeu, et ceux-ci craignoient qu'il ne se voussit joindre 
à Tarride, et que sa grandeur et autorité ne diminuast 
la leur et que le Roy lui fît part des plus honnorables 
charges de cette guerre. 

Pour ne perdre cependant tems ces Messieurs 
menèrent leurs forces devant Pau, où ils trouvèrent 
plus grande résistance qu'ils ne pensoient. Dedans 
la ville estoient le capitaine Augar avec environ 
trente soldats Béarnois, qui lui estoient demeurés de 
reste de sa compagnie , et le capitaine Lubardès^ avec 
autant d'estrangers, et le capitaine La Borde * dedans le 
chasteau avec quelques habitans, qui estoient la plus 
part à la dévotion de ceux de dehors. Et le séneschal, 
accompagné de Luger^, sindic du pais, alla sommer la 
ville d'Orthez de se rendre à Tarride, qu'il disoit avoir 
charge du roy de France de mettre tout le pais en sa 
protection, avec promesse que ledit pais demeu- 
reroit à la Royne et au Prince , son fils, et qu'il ne 
seroit rien changé ni altéré aux fors et libertez du païs, 

1. Probablement le seigneur de Lucbardez, canton et arrondis- 
sement de Mont-de-Marsan (Landes). 

2. Bernard de Laborde, capitaine châtelain de Pau. 

3. Martin de Luger, nommé syndic de Béarn le 9 avril 1568, 
destitué pour crime de lèse-majesté le 25 septembre 1570 (Inven- 
taire-sommaire des archives des Basses-Pyrénées, tome lit, intro- 
duction, p. 92). Il avait épousé Jeanne de Forbet (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 2000). 



ET NAVARRE. 213 

ni aucun, de quelque religion qu'il fut, outragé en sa 
personne ou biens. Le gouverneur Gouse sortit avec 
quelques habitans des principaux pour parler à eux et 
leur refusa la reddition de la ville, mais bien tost après 
les soldats et tout le peuple, qui se révoltèrent en 
faveur de ceux qui estoient à la porte, le contraignirent 
de leur faire ouverture, ce qu'il fit le 15 d'avril, après 
avoir fait retenir acte de la réquisition du sindic, qui 
se disoit parler au nom de tout le païs, et des pro- 
messes du séneschal au nom de Tarride , et se retira 
en sa maison ; mais son enseigne, le jeune capitaine La 
Motte \ avec le drapeau et le sergent et une vingtaine 
de soldats ou habitans prinrent le chemin de Navar- 
renx. Le lendemain la messe, accompagnée des dances 
publiques, fut remise dedans la ville et ceux de la reli- 
gion réformée pillez, emprisonnez et rançonnez, et le 
capitaine Pierre Du Til, qui y estoit aussi en garnison, 
print la croix blanche et se mit avec toute sa compa- 
gnie avec les ennemis, et le capitaine Gratian, estant 
abandonné de ses soldats, rendit le chasteau. 

En ce mesme tems^ Damazan avec six ou sept cens 
hommes, après quelque légère escarmouche, passa la 
rivière au dessous de Sauveterre et se vint présenter 
devant la ville où estoit le capitaine Menant deBellocet 
environ vingt-cinq soldats qui luy restoient de la révolte 
de sa compagnie, et Arboët^ dedans le chasteau avec 



1. Pierre de La Motte, de Bosdarros, marié à Jeanne, fille du 
capitaine Pierre Du Tilh (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1632, 
f» 388). C'était le frère de Jean de La Motte, capitaine. (Voy. p. 194.) 

2. On a ajouté : d'avril. 

3. Le seigneur d'Arbouet, commune du canton de Saint-Palais, 
arrondissement de Mauléon (Basses -Pyrénées). — Peut-être 



214 HISTOIRE DE BÉARN 

quelques soldats qui, estans sommez, sans autre résis- 
tance remirent la ville et chasteau, aux conditions qu'elle 
ne seroit aucunement pillée ny ceux de la religion' ré- 
formée forcez en leur conscience. Les soldats sortirent 
avec les espées seulement et les capitaines avec leurs 
armes et bagage, qui se retirèrent en leurs maisons au 
lieu de se retirer à Navarrenx, comme firent plusieurs 
autres qui sortirent avec eux. Cependant les Basques 
ne tindrent rien de ce qu'ils avoient promis, mais 
incontinant qu'ils furent dedans, saccagèrent [tous 
ceux de la religion réformée^], et ayans restituée 
la messe, contraignirent plusieurs d'y aller. Ceux de 
Saliis% entendans comme le pais estoit traitté, vindrent 
à Sauveterre pour capituler avec Damasan auquel ils 
donnèrent dix mille livres, aux conditions que leur 
ville ne seroit point pillée. Mais ceux de Belloc^ [ai- 
mèrent^] mieux attendre en patience ce qu'il plairoit à 
Dieu leur envoyer, qu'entrer en accord ny capitulation 
avec les ennemis de leur Royne et de leur religion. De 
quoy les Basques furent tant despitez qu'ils y envoyèrent 
quelques compagnies conduites par le baron Du Hart^, 
lieutenant de Damasan, et Armendaris ', Barrante % 

Gaston, seigneur de La Salle d'Arbouet (Arch. des Basses-Pyré- 
nées, B. 1416, f 7). 

1. On a ajouté : prétendue. 

2. Variante : tout. 

3. Salies, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Orthez 
(Basses-Pyrénées). 

4. Bellocq, canton de Salies, arrond. d'Orthez (Basses-Pyrénées). 

5. Variante : disoient qu'ilx aimoyent. 

6. Jayme, baron d'Uhart, lieutenant de Valentin de Domezain. 

7. Jean, seigneur d'Armendarits, châtelain de Saint- Jean-Pied- 
de-Port. 

8. Bertrand de Navailles, seigneur de Barraute, 



ET NAVARRE. 215 

Ilhare^ Apechez *, La Sale^ et Oliseri^ A leur arrivée 
tous les habitans quittèrent leurs maisons et ne 
demeura en toute la ville que deux hommes et trois 
femmes de la religion [romaine '^J et un bon homme 
vieux de la ^ réformée, qui fut soudain assommé à 
l'entrée de sa maison. Et quelques-uns de ceux qui 
avoient quitté la ville estans attrapez furent menez 
devant Armendaris qui rançonna Saubat d'Abbadie', 
jurât, mille francs, et fit massacrer deux autres 
hommes qui n'avoient moyen de lui donner argent, [et 
voulut contraindre par feu et autres cruels torments 
un jeune homme laboureur, nommé Jean Monginot *, 
de renoncer sa religion. Ce que n'ayant peu obtenir, à 
la fin estonné de sa constance le laissa aller. Mais le 
capitaine Melet à Puyos % qui est tout auprès de Betloc, 



1. Il y avait deux seigneuries de ce nom dans le pays basque: 
l'une dans la commune de Larribar, l'autre est une commune du 
canton de Saint-Palais, arrondissement de Mauléon (Basses- 
Pyrénées) . 

2. Le nom basque est Apesetche. 

3. Bernard de La Salle, capitaine (Arch. des Basses-Pyrénées, 
E. 1627). 

4. Probablement le seigneur d'Élicéiry, commune de Lantabat, 
canton d'Iholdy, arrondissement de Mauléon (Basses-Pyrénées). 

5. Variante : catholique. 

6. On a ajouté : prétendue. 

7. En 1538, Saubat d'Abbadie, qui devint jurât de Bellocq, 
possédait une maison et 53 arpents de terre (Arch. des Basses- 
Pyrénées, B. 2081, fo 10). 

8. Probablement fils d'Arnaud-Guilhem de Monginot, petit 
propriétaire de Bellocq, qui en 1538 possédait un arpent un quart 
déterre (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 2081, f 33). 

9. Puyoo, canton de Salies, arrondissement d'Orthez (Basses- 
Pyrénées). 



216 fflSTOiRE DE BÉARN 

ne fit pas ainsi à Artigosse \ auquel, l'ayant attaché à un 
pau *, il trancha la teste et puis se mit à table pour 
disner.] Betloc doncques fut tout à plat pillé par les 
Basques, et outre cela plusieurs qui estoient esgarez 
parmi les bois furent massacrez et maints autres ran- 
çonnez. [Toutesfois Dieu fortifia tellement ces povres 
gens qu'il n'y eut péril, danger, perte ne cruauté qui 
les fit abandonner la fidélité de leur Princesse ny leur 
religion et ne se trouva en tout Betloc que deux 
hommes et trois femmes qui retournassent à la messe.] 

Les Estas, qui n'avoient jamais peu estre assemblez 
par Arros, se trouvèrent à l'assignation à Lesca et 
l'évesque d'Oloron (qui, ayant tousjours esté sommé 
par ledit Arros de se trouver aux assemblées qu'il 
avoit faites pour aviser à la défense du pais, s'estoit 
excusé sur sa prêtrise et ignorance de l'art millitaire) 
estoit déjà joint aux troupes protectrices et fut le prin- 
cipal conseiller et le président de ceste assemblée. La 
lettre suivante escrite aux jurats de Pau par Monsieur, 
frère du royde France et son lieutenant général, y fut 
leue , laquelle j'ay pensé devoir icy ajouster pour 
mieux représenter le fonds de toute cette protection 
et la contradiction du Roy avec ses parlemens de 
Tholose et de Bourdeaux. 

« Chers et bien aimez, estimant qu'il pourroit estre 
pour le peu d'affection que les sieurs de Gramont et 
d' Arros portent au Roy, mon seigneur et frère, ils 

i . La famille Artigosse était de Ramous, village contigu à Bel- 
locq. En 1538, elle était représentée par Vidau d'Artigosse et 
Johanot d'Artigosse, dit Du Tosaa, son gendre (Arch. des Basses- 
Pyrénées, B. 801, f" 14). 

2. Poteau. 



ET NAVARRE. 217 

VOUS voulussent empescher de vous assembler aux 
Estas, pour vous oster l'occasion d'entendre le juste 
désir et affection que Sa Majesté a de conserver et 
garder sous sa protection les terres et seigneuries 
souveraines du pais de Béarn, et vous oster les moyens 
de pouvoir entendre ce que Sa Majesté escrit en géné- 
ral à tous les Estas dudit pais. J'ay bien voulu, à toutes 
aventures, vous escrire la présente pour vous faire 
entendre le contenu en ladite lettre générale, afin que, 
nonobstant leur mauvaise volonté, vous puissiez con- 
noistre ce qu'elle contient, qui est qu'en l'absence de 
la Roine et du prince de Navarre, voz souverains, il se 
veut monstrer conservateur et protecteur de leurs 
terres et seigneuries de Béarn, et empescher par tous 
moyens qu'elles ne soient surprises, usurpées ni pos- 
sédées par force, violence ou autrement par aucun 
Prince ou autre estranger quelquonque, ne voz fors, 
loix et costumes violées et enfraintes ; lesquelles pour 
le désir et affection que Sa Majesté porte au prince de 
Navarre, vostre souverain seigneur, et pour l'espé- 
rance qu'elle a de se servir quelque jour de lui es 
grandes affaires de ce Royaume, il veut estre gardées 
et conservées, sans qu'il y soit fait aucune violence ; 
ne désirant rien tant en ce monde que le voir hors des 
mains de ceux qui le possèdent et le détiennent, for- 
cent son bon naturel et la générosité de son cœur, afin 
qu'il le puisse retirer près de lui et lui faire tout le bon 
traittement qu'il est convenable à un tel parent qu'il 
luy est. Escrit au camp de Segousne, le 210 de mars 
1569. Henry. Plus bas : Fizes^ » 

1. Simon Fizes, baron de Sauves, mort en 1579. C'était le mari 
de la favorite de Gatiierine de Médicis. 



218 HISTOraE DE BÉARN 

Tarride leur envoya aussi Fauroux ^ guidon de sa 
compagnie, pour leur présenter sa commission et les 
sommer de remettre en la protection du roy de 
France le pais avec leurs personnes et biens. J'ay 
ajousté ici la sommation au long : 

« Antoine de Lomaigne , seigneur et baron de Tar- 
ride, visconte de Gimois, chevalier de l'Ordre du Roy, 
capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordon- 
nances, lieutenant général, chef et conducteur de 
l'armée par Sa Majesté ordonnée pour la protection et 
sauvegarde du pais de Béarn, au premier, second et 
tiers Estât et sindic de Béarn, salut. Comme s'estans 
les rebelles et ennemis du Roy saisiz et emparez par 
leurs ruses et astuces des personnes des royne de 
Navarre et prince de Navarre, son fils, qu'ils détien- 
nent encores par force pour, de leur nom et autorité, 
bailler prétexte à leurs damnées entreprises et machi- 
nations, et se prévaloir et aider des biens et facultez 
desditz Royne et prince de Navarre, le pais et souve- 
raineté de Béarn, causant mesmement leur longue 
absence, soit en danger d'estre exposé en proye, 
chose qui desplairoit grandement au Roy; lequel pour 
empescher l'interdit et commis dudit pais au premier 
conquérant proposé au concile dernier, l'auroit advoué 
estre sous sa protection, tant pour la conservation de 
Testât et biens desdits Royne et Prince, espérant par 
tous offices de bénigne Roy et bon parent les retirer et 
réduire du pouvoir desditz rebelles, qu'aussi pour la 
manutention des sujetz dudit païs de Béarn en leurs 
fors, privilèges et coustumes, restablissant et mettant 

1. Peut-être le seigneur de Fauroux, canton de Bou^-de-Visa, 
arrondissement de Moissac (Tarn-et-Garonne). 



ET NAVARRE. 219 

en leur vigueur, si aucuns auroyent estes rompus ou 
enfraintz par le passé. A cette cause, nous de son 
exprès commandement vous sommons de sousmettre 
voz personnes et biens à la protection de Sa Majesté 
pour estre traittez, maintenuz et deffenduz suivant 
vos fors, privilèges et costumes. Autrement en vostre 
refus ou mespris, délibérons d'employer les forces et 
main armée que Sadite Majesté nous a ordonnées pour 
cest effect, pour vous y contraindre et réduire en son 
obéissance. Et d'autant que nous sommes asseurez du 
bon vouloir et ferme intention que Sadite Majesté et 
Monsieur son frère ont de vous vouloir traitter douce- 
ment et humainement, nous vous exhortons d'accep- 
ter ladite protection, qui vous est présentée pour 
vostre grande utilité et repos, et nous faire prompte 
responce, afin qu'autrement ne soyons contrains, au 
très grand regret de Sadite Majesté et nostre, user de 
la rigueur des armes en vostre endroit. Signé : Ter- 
ride. Plus bas : GfflROUSE. » 

Les Estas firent autant l'estonné d'entendre ceste 
sommation, comme s'ils n'eussent jamais ouy parler 
de ce fait et demandèrent dilay pour avertir la Royne 
de cette sommation, ce qui leur fut refusé. Parquoy 
députèrent de chascun Estât ^ avec le sindic Luger pour 
aller remonstrer à Terride, qui estoit lors logé au vil- 
lage d'Espoiey * en Béarn, que les Estas ne pouvoient 
recevoir cette protection. 

1. La première rédaction deBordenave portait : députèrent pour 
le premier Estât l'abbé de La Reule, pour le second Gerderest, 
Audaux, Sainte-Colonie et Bonasse, et pour le tiers les jurats de 
Morlas, Nay et volée d'Osau. L'auteur a fait cette correction de 
sa main. 

2. Il s'agit probablement non de la commune d'Espoey, située 



21310 HISTOIRE DE BÉARN 

« D'autant , disoient-ils , Monsieur, que vous nous 
avez déclaré ne pouvoir accorder le terme par les 
Estas demandé, afin d'avertir la Roine et nostre sei- 
gneur le Prince de vostre sommation, lesdits Estas, 
attendu que les capitaines qui avoient la charge, forces 
et armes en leurs mains et gouvernement d'iceles, pour 
le service de ladite Dame et défense du pais, l'ont 
abandonné et se sont retirez dedans Navarrens, voyans 
et considérans vos grandes forces et puissante armée, 
afin que le pais ne soit pris par rigueur et par force 
d'armes, et par tel moyen estant conquis les habitans 
d'iceluy privez de leurs fors, costumes, privilèges et 
libertés, et veues les offres et présentations que vous 
faites au nom et de la part du Roy Très-Chrestien, les 
Estas ont accepté et acceptent vos présentations et 
offres, singulièrement en ce qu'il plait à Sa Majesté 
recevoir le présent pais et habitans d'iceluy en sa pro- 
tection et sauvegarde, sous l'autorité et domination de 
la Royne, dame souveraine de Béarn, et Monsieur le 
Prince, son fils. Protestans lesdits Estas qu'ils veulent 
vivre sous la dommination de leur Dame naturelle et 
de sa postérité et sous la protection de Sa Majesté, et 
notamment acceptent la déclaration de la souverai- 
neté du païs de Béarn, faite en vostre sommation, et 
semblablement l'offre qu'il plait à Sa Majesté leur faire 
de les vouloir maintenir en leurs fors, privilèges, et 
libertez et les restablir et remettre en leur vigueur, au 
cas qu'ils se trouvassent avoir esté enfraintz, rompus 
ou violez. Vous proposant qu'entre autres privilèges 



dans les terres, mais des Bordes d'Espoey, village sur la route 
de Tarbes à Pau. 



ET NAVARRE. %%\ 

et libériez, qui sont au livre de leurs fors et cous- 
tumes, est que les capitaines des chasteaux, villes 
et autres forteresses du pais et les magistratz et admi- 
nistrateurs de la justice seront tous natif du pais, 
joinct que la justice a esté de tout tems et est encores 
de présent administrée en souveraineté et dernier 
ressort, dedans les limites et bornes dudit païs, sans 
que les habitans d'iceluy puissent estre tirez hors ledit 
pais en jugement, par voye d'appel ne par autre quel- 
quonque. Parquoy vous requièrent et supplient, qu'en- 
suivant vos présentations contenues en vostre somma- 
tion, leur accorder lesdits privilèges et libertez et 
autres plus amplement contenus audit livre de leurs 
fors et costumes, arresté et conclu par le défunt roy 
Henry avec les gens du pais. Et avec les conditions 
susdites et non autrement, les Estas se sont sousmis et 
sousmettent sous la protection de Sa Majesté, sans 
préjudice de continuer en la fidélité, obéissance et 
domination de ladite Dame etsadite postérité. Protes- 
tans qu'ilz aimeroient mieux mourir que se desmettre 
de telle fidélité et obéissance sous la protection et 
sauvegarde dudit sieur Roy. Signé : P.^ Du Luger,' 
sindic de Béarn. » 

Toutes ces protestations et conditions leur furent 
accordées par Tarride avec jurement et acte publique. 
Et cela eust eu quelque apparence de sincérité, si les 
mesmes protestans n'eussent prattiquée et solicitée la 
protection, et n'eussent eux-mesmes donné commen- 

1 . Bordenave a commis une erreur dans le prénom en mettant 
un P. — Luger se nommait Martin, c'est toujours ainsi qu'il est 
désigné dans les registres des délibérations des États de Béarn et 
dans les actes des notaires. 



222 fflSTOraE DE BÉARN 

cémenta la guerre, [mais la desloyauté est sans aucune 
honte.] Cette protestation faite, Tarrideprint le chemin de 
Pau, pour voir la defFense que fesoient ceux de dedans, 
et de là alla à Lesca, où il fut receu de tous les Estas 
avec grands signes de joye et de contentement, [et, 
sans nulle forme de justice, procédure ou sentence, 
les Estas ^] firent donner le garrot par le borreau à 
J. de Lostau% M. Bédat et J. Du Luc, ministres, 
Thomas Blanc et Benauges, les cors desquels furent 
après portez et jettez dedans la rivière [avec grandes 
risées de toute cette compagnie, qui, forcenée du désir 
de changer de Prince, rioit au milieu des cendres de 
ses concitoyens, et dançoit insencée sur le tombeau de 
sa propre patrie, et se mouquoit avec plusieurs bro- 
cards de la constance de ces povres gens qui ne peu- 
rent jamais estre induits d'abjurer leur croyance.] A la 
réquisition des Estas tout exercice de la religion^ 
réformée fut interdit [et celui delà romaine rétabli], et 
pour le commencement des frais de la guerre, six mille 
escus furent imposez sur le pais, qui furent mis es 
mains de Pardies *, de Pau, qui futcréé receveur géné- 
ral, et l'évesque d'Oloron, surintendant des finances. 
De là Tarride, après avoir envoyé sa compagnie 



1. Variante: lesquelz toutaussy tost. 

2. Il s'agit du ministre de Lembeye appelé plus haut (p. 202) 
Pierre de L'Ostau. En 1577 la veuve et les deux enfants d'un 
Lostau, ministre, recevaient une pension de 40 écus 13 sols 
4 deniers (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 2368, f» 307). 

3. On a ajouté : prétendue. 

4. Pierre de Pardies, collecteur de la « donation » faite par le 
Béarn à Tarride (Archives des Basses-Pyrénées, B. 258, f- 1). Il 
devint commis d'Auger de La Roze, trésorier général (même 
dépôt, B. 148, f 12). 



ET NAVARRE. 223 

d'hommes d'armes pour reconnoistre Navarrenx, 
revint voir ceux de Pau qui se défendoient tousjours 
bravement et firent mourir plusieurs des assiégeans, 
avant de vouloir recevoir composition quelquonque. 
Mais estans arrivées trois grosses pièces, n'ayans mu- 
nitions nécessaires pour soustenir un long siège ni 
espérance d'estre secourus, estans sommez de nou- 
veau, mirent dehors deux des gens du conseil pour 
parlementer; l'endemain la ville se rendit et receut 
la protection, suivant les conditions faites par les Estas, 
et leur fut promis que la ville ne seroit pillée, ny les 
habitans, de quelque religion qu'ils fussent, faschez ne 
molestez, que les estrangers se retireroient la part où 
ils voudroient hors du pais avec les armes et bagage. 
Touchant les ministres, qui estoient seze en nombre, 
[personne ne se fourmalisa pas beaucoup pour eux.] 
Ils eurent [donques] par toute composition qu'ils 
seroient reserrez en une chambre du chasteau, atten- 
dant ce qu'il plairoit au roi de France ordonner estre 
fait d'eux. [Cependant jasoit que tout ce que leuravoit 
esté promis ne fut pas gardé aux habitans, sy est ce 
que pour lors les ministres n'eurent autre mal ; 
mesmes, par un miracle de Dieu, Pierre Viret\ duquel 
mille fois ceux qui entrèrent avoient juré la mort et 
l'opprobre de sa famille, fut tellement respecté qu'il 
n'y eut homme d'autorité en l'armée, jusques Tarride 
mesmes, qui ne le visitast et honnorast, et lui fit Dieu 
cette grâce que, sans perdre jamais de veue sa famille, 

1. Né à Orbe (Suisse) en 1511, mort en 1571. Son testament, 
daté de Pau en 1571, est conservé aux Archives des Basses-Pyré- 
nées (E. 2001, ï" 1); il a été publié dans le Bulletin de la Société 
de l'Histoire du Protestantisme français, XIV, p. 297. 



224 HISTOIRE DE BÉÀRN 

il fut fi délie tesmoin de la pudicité d'icelle. Les 
familles des autres furent mises dehors et eux mis en 
la prison des criminels par le sieur de Peyre, establi 
gouverneur de la ville.] Plusieurs se malcontentèrent 
de la composition de Pau, pour ce qu'ils ne la pouvoient 
saccager, tout ainsi qu'ils avoient fait Nay. Sur tous 
les autres Luxe fut le plus fasché, qui voyant que 
quelques uns y estans entrez, sous ombre de faire 
observer la capitulation , prenoient là dedans ce qui 
plus leur plaisoit et arrestoient prisonniers ceux qu'ils 
vouloient, s'irrita tellement qu'il s'en alla avec ses 
Basques. Quelques Gascons mirent le feu aux faux- 
bourgs et les compagnies des capitaines Lisos et Bau- 
dian, ayans demandé congé à leurs capitaines, la corde 
sur la serpentine^ s'en allèrent, comme firent aussi 
maintes troupes de Gascogne qui estoient plus venues 
en Béarn pour desrober que pour combattre. La con- 
dition de ceux de la religion ^ réformée, qui déjà estoit 
fort misérable, fut lors du tout déplorable, car ils 
estoient^ exposés à la discrétion de [l'enragée^] popu- 
lasse, et [à l'avarice, insolence, cruautez et lubricité] 
des gens de guerre [qui, avec toute liberté et impunité, 
les tourmentoient en leurs biens et personnes.] Toutes- 
fois maints se garentirent aux maisons des sieurs de 
Gramont, du viscomte de Labedan et de Bénac, [et 
les sieurs de Campagne ^ et de La Motte- Gondrin '^ 
firent beaucoup de biens à plusieurs qui se retirèrent 

1. C'est-à-dire avec menace de faire feu. 

2. On a ajouté : prétendue. 

3. On a ajouté : lors. 

4. Variante : la. 

5. Antoine ou Jean de Montesquieu, seigneur de Campanes {?). 

6. Antoine de Pardaillan, mort en 1572. 



ET NAVARRE. 2S|5 

chez eux.] L'endemain Sabatier, conseiller, et Mire- 
mont, avocat général en la cour de parlement de Tho- 
lose, envoyez pour exécuter les arrests d'icelle du 1 5 
de fébrier contre la souveraineté de Béarn et mettre 
icelle sous la main du Roy, comme seigneur souverain 
de Béarn, et à lui acquise pour ne lui avoir esté fait 
l'hommage par eux prétendu, arrivèrent à Tarbe en 
Bigorre ; et ne voulans entrer en Béarn que par l'avis 
de Tarride, comme ils avoient arresté avec lui avant de 
partir de sa maison, lui escrivirent la lettre présente 
pour savoir sa volonté : 

« Monsieur, nous deux. Monsieur l'avocat général de 
Miramont et moy, sonmies envoyez par Messieurs de 
la cour de Parlement pour l'exécution des arrests par 
elle donnez concernans le viscomté et terre de Béarn ; 
et pour [tant *] que nous sommes encores incertains de 
ce qui a esté fait par delà, nous envoyons ce porteur ex- 
près devers vous. Monsieur, pour vous prier affecteuse- 
ment nous informer comme les choses y passent, et si 
elles pourront vous sembler disposées à ce que nous 
avons à faire sur les lieux et de quoy je vous parlay 
chez vous quelques jours y a. En quoy nous délibérons 
nous porter et en toutes autres choses comme vous 
nous conseillerez. De Tarbe, ce 26 d'avril 1 569. Vostre 
humble serviteur. P. Sabatier. » 

Tarride et tous ceux de la protection furent faschez 
de l'arrivée de ses gens, qui, par leur précipitation, 
cuidèrent gaster tout et descouvrir le pot aux roses. 
Par ainsi ils ne voulurent qu'ils entrassent pour lors 
en Béarn, afin de ne troubler le peuple et ne le des- 

1. Variante : aultant. 

15 



226 HISTOIRE DE BÉARN 

goûter de la protection qu'il pensoit avoir receue, 
voyant que, sous le masque d'une protection, on l'as- 
sujettissoit à une nouvelle jurisdiction. Ils envoyèrent 
donc devers eux le sindic Luger et Bausé ^ pour leur 
faire sursoyer l'exécution de leur commission, au moins 
jusques à l'entière réduction du pais, ainsi qu'il appert 
par la lettre suivante dudit Miramont à Tarride : 

« Monsieur, je receus hier soir les vostres du 27 
respondant à celles que je vous avoy escrit par celuy 
que vous avois envoyé ce matin, et par les seigneurs 
de Bausé et Luger, sindic du pais de Béarn, autres 
vostres du 26, par où je voy que vous trouvez bon et 
expédiant au service de Sa Majesté que je tienne, 
encores en surcéance l'exécution de la charge (jui m'a 
esté commise par deçà, de quoy je me rapporteray 
tousjours à vous. Monsieur, tant pour vous y connoistre 
affectionné, que pour estre vous sur les lieux où pas- 
sent plusieurs particularitez que je ne puis connoistre 
d'icy. C'est pourquoy je rapporte à la cour de vostre 
part, comme partie de ma créance, que vous trouviez 
bon de n'entreprendre l'exécution de la saisie de 
Béarn, ordonnée par elle, sans savoir de vous comme 
les choses passeroient. Toutesfois ayant sceu Monsieur 
le président, par lettres de l'unsiesme du présent, 
comme la ville de Pau et plusieurs autres du païs de 
Béarn estoient entre les mains du Roy, et l'espérance 
qu'on avoit de retirer le chasteau, elle trouva bon de 
me commander de m' acheminer par deçà, à la charge 



1 . Bernard de Vauzé, seigneur de Pardies, qui devint gentilhomme 
servant du roi de Navarre et homme d'armes de sa compagnie 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1745). 



ET NAVARRE. 227 

toutesf'ois, devant de bouger d'ici, de vous avertir de 
ma venue, comme j'ay fait. Les seigneurs de Bausé et 
de Luger m'ont dit de vostre part, Monsieur, que ce 
pourroit estre reculer le bien du service du Roy, si je 
deslogeoys pour continuer mon chemin vers vous; 
craignans eux que je veuille mettre la main à l'immu- 
tation et changement de leurs fors, loix et costumes, 
dont vous leur avez promis l'entretènement, comme 
ils disent, et contre les délibérations prises aux Estas 
du pais de Béarn, sous les sommations qui leur ont esté 
faites de vostre part et contre la promesse que le Roy 
leur a faites par lettres closes qu'il a particulièrement 
escrites aux villes duditpais. Et après quelques autres 
raisons admenées, iceluy Luger, commesindicdu pais, 
m'a prié tant faire pour le moins que de ne bouger 
devant Navarrenx rendu, de peur de desgoutter par 
nouvelles procédures les habitans du pais et leur 
donner occasion de repentance, pour avoir receue 
comme familièrement autre sujection ou bien retarder 
la volonté que les autres ont d'en faire le mesme. Sur 
quoy, Monsieur, je vous supplie humblement croire 
que ce qui viendra de vostre part me sera tousjours 
aussi cher à garder, suivre et obéir que ma vie 
mesme, et puisqu'il vous plait ainsi. Monsieur, et que 
la jacteure de quelques jours n'en peut guères impor- 
ter, sinon pour les frais que je fais icy au Roy; et pour 
la bonne volonté et intention que j'ay connu es sieurs 
de Bausé et Luger, j'ay volontiers accordé de retarder 
mon voyage par delà, tant que je sache que le reste de 
voz affaires pourra devenir, sans craindre tort ou 
injure quelconque de la main du peuple, puisque vous 
les tenez sous vostre main. De peur toutesfois que 



2218 HISTOIRE DE BÉARN 

Messieurs du Parlement treuvent mauvais mon séjour 
sans en avoir l'occasion, je leur despescheray présen- 
tement un homme avec la coppie de voz deux lettres et 
de ma responce ; m'asseurant, Monsieur, qu'ils pren- 
dront en bonne part que j'aye suivy ce que vous 
m'avez conseillé. DeTarbe, ce 28 d'avrir 1 569. Vostre 
humble serviteur. P. Sabattier. » 

De l'autre costé le parlement de Bourdeaux préten- 
doit joindre à son ressort le pais de Béarn, et à ces 
fins escrivit la lettre suivante à Terride : 

« Monsieur, le mois d'octobre dernier la cour de 
Parlement receut lettres patentes du Roi pour la saisie 
des terres de la roine de Navarre et de Monsieur le 
Prince, son fils, et principalement du pais de Béarn ; 
desquelles saisies et pour assister à ceux que Sa Ma- 
jesté commettoit pour la réduction dudit pais en son 
obéissance, nous fusmez dès lors députez suivant la 
volonté et intention dudit sieur portée par lesdites 
lettres-patentes. Mais au moyen que l'exécution de 
cette entreprise a demeuré longuement en surcéance, 
nous avons pour cette occasion retardé nostre voyage, 
jusques à ce que ladite cour de Parlement a receu un 
second commandement de Sa Majesté par les lettres 
closes du 21 de mars ; la copie desquelles nous vous 
envoyons, parle présent porteur exprès, pour enten- 
dre de vous le lieu auquel nous nous devons rendre, 
pour faire en cest endroit le service que nous devons 
Net désirons faire au Roy. Cependant nous nous ache- 
minerons et approcherons de vous le plus qu'il sera 
possible. Vous priant sur ce nous faire entendre bien 
au long vostre avis. De Bourdeaux ce 26 d'avril 1 569. 
Voz bien affectionez amis à vous faire service. Antoine 



ET NAVARRE. 2219 

DE BelcierS président; Baulon *, Du Poinet, Ma- 
BRUM, conseillers; J. de Lahet, procureur général du 
Roy. » 

Ce Parlement ne parle poinct de mettre Béarn en la 
protection du Roy, mais de le réduire en l'obéissance 
dudit seigneur, or tous ces deux Parlemens ressem- 
blans celui qui avoit acheté et payé la peau de l'ours, 
qui estoit encore vivant en toute liberté dedans les plus 
hautes montagnes, débatoient entre eux, [tant l'ambi- 
tion et l'avarice des gens de justice de ce tems estoit 
grande], la souveraine jurisdiction du pais de Béarn, 
qui estoit encor à conquester, donnèrent, par la hasti- 
veté de leur indiscrétion, l'alarme si chaude aux 
Béarnois de la protection qui désiroient le changement 
de seigneur, non pas de seigneurie et à estre au roi 
de France, mais cela sans perte de leur souveraine 
justice, ny estre incorporez à l'un ou à l'autre de ces 
deux Parlemens. Pour obvier donques de bon heure 
au mal qui panchoit sur leurs testes, ils dressèrent, en 
forme de remonstrance et protestation, les mémoires 
suivantes pour les présenter au Roi, lesquelles j'ay 
recouvertes escrites de la propre main du sindic 
Luger : 

« Le sindic de la seigneurie et pais souverain de Béarn, 
par ses causes d'oposition et remonstrance pardevant 
le Roy contre les gens tenans les cours des parlemens 
de Tholose et Bourdeaux, requérans et demandans la 
jurisdiction et connoissance de la justice de Béarn, 
souveraineté et dernier resort tant sur les personnes 

1. Parent de Montaigne (Archives historiques de la Gironde, 
Vin, p. 243). 

2. François de Baulon , conseiller au parlement de Bordeaux. 



230 HISTOIRE DE BEARN 

que bien des habitans dudit pais, pour remonstrer et 
faire entendre à Sa Majesté que, par droit et raison, aux 
habitans dudit pais de Béarn la justice leur doit estre 
administrée en souveraineté et dernier ressort dans 
ledit pais, et que les gens desdits Parlemens et tous 
autres doivent estre déboutés de leurs fins et réquisi- 
tions, comme injustes et inciviles, dit en premier lieu 
que depuis le tems de Charles Martel, prince et maistre 
du Palais de France, et dès l'an de grâce sept cens et 
vingt, la seigneurie de Béarn a esté establie et entrete- 
nue en souveraineté de justice dans ledit païs ; estans 
les habitans d'iceluy conduits, régis et gouvernez par 
leurs establimens, fors et costumes, sans avoir ou 
reconnoistre aucun seigneur ny au fait de la justice ny 
autrement, jusques à ce que quelque tems après, ne 
se trouvans pas bien de Testât et gouvernement de la 
démocratie, ils auroient arresté, pour plus grand 
repos et tranquilité de cest estât, de choisir un Sei- 
gneur pour les gouverner en monarchie ; et de fait, ils 
l'auroient esleu, lequel à son advènement promit et 
jura à la cour, barons, gentilshommes et à tous autres 
habitans de Béarn de leur estre bon et fidèle Seigneur, 
de les maintenir, garder et entretenir en leurs fors, 
costumes, privilèges et libertés, et leur administrer et 
faire administrer justice, tant au povre comme au 
riche, sans exception de personnes, dans le pais et 
souveraineté en dernier ressort ; sans que pour de- 
mander ou poursuivre justice, ilz fussent tirez hors 
dudit pais. Et à ces fins, par les fors tant anciens que 
modernes, avoit esté nommément establi que le sei- 
gneur de Béarn, en cas qu'il s'absentast dudit pais, 
seroit tenu laisser un lieutenant général , tant pour 



ET NAVARRE. 231 

administrer justice dans ledit pais, que pour faire et 
ordonner toutes autres choses concernantes son ser- 
vice et le bien public. Lequel serment, en la forme 
susdite, auroit esté preste par tous les Seigneurs et 
Dames qui avoient esté jusques à présent audit pais, 
et ils l'auroient tousjours depuis entretenu et gardé 
au peuple avec tous leurs fors, costumes, privilèges 
et libertez, ou mal leur en est advenu. Et nommément 
leur avoient administré et fait administrer justice dans 
ledit pais en souveraineté et dernier ressort depuis 
ledit an 720, dequoy estoient passés 849 ans, sans 
qu'il fut mémoire du contraire entre les hommes, pour 
avoir ouy dire ou autrement, et moins pouvoit appa- 
roistre par preuve légitime que le parlement de Tho- 
louse ou Bordeaux eust jamais eu connoissance ou fait 
acte ou exercice quelconque de jurisdiction, en aucune 
manière, aux terres dudit païs, en souveraineté ou 
autrement ; ains au contraire tous les Seigneurs qui 
avoient esté audit Béarn depuis le susdit tems, avoient 
fait administrer justice aux habitans et fait juger leurs 
causes et procès définitivement dans les terres dudit 
païs en souveraineté et dernier ressort ; et cela publi- 
quement, continuellement et paisiblement avec juste 
titre et bonne foy, sans que lesdits Parlemens ny autres 
y ayent jamais légitimement contredit, comme aussi 
ils n'ont jamais eu droit, action ne moyen d'y contre- 
dire, pour avoir esté tenue et possédée de tout tems 
cette seigneurie en souveraineté par les habitans et 
après par les Seigneurs qui ont esté, sans que pour 
raison d'icelles ils ayent jamais recognu supérieur par 
hommage ne autrement* Dont tout ainsi que par la 
très longue possession, accompagnée de juste titre et 



232 HISTOIRE DE BÉARN 

bonne foy confirmée par leurs fors , costumes et 
libertez, aux habitans est acquis le droit par lequel 
tout Seigneur, et à plus forte raison tout protecteur, est 
tenu de leur faire administrer justice dans ledit pais 
en souveraineté et dernier ressort. Semblablement 
lesdits parlemens de Tholouse et Bourdeaux, quand 
bien seroit ainsi qu'ils y eussent eu jamais aucun droit, 
comme ils prétendent, l'ont perdu par prescription, 
laquelle a couru par l'espace de 849 ans en faveur des 
Seigneurs et habitans dudit pais souverain de Béarn, 
et contre lesdits Parlemens qui peuvent estre juste- 
ment repoussés par l'exception de prescription. » 

« D'autre part le bon plaisir de Vostre Majesté a esté 
d'expédier commission au sieur de Terride, chevalier 
de son Ordre et capitaine de cinquante hommes 
d'armes de ses ordonnances, donnée à Mets le 1 8 de 
mars 1569, pour, en vertu d'icelle, mettre le pais de 
Béarn sous la garde et protection de Sa Majesté, don- 
nant expresse charge et mandement au sieur commis- 
saire de convoquer et assembler les Estas, capituler 
avec eux, non seulement pour l'entretènement de 
leurs fors, costumes, privilèges et libertez, mais aussi 
pour la restauration et amplification d'icelles. Suyvant 
la teneur et disposition de cette commission, les Trois 
Estas assemblez en la ville deLescar, le 17 d'apvril, 
estans sommez par ledit sieur de Terride, après avoir 
meurement délibéré et conféré sur la sommation, 
auroyent capitulé avec luy, ayant au préalable requis 
et demandé ce qu'estoit à requérir, tant pour Testât 
et conservation de tout le païs, et afin d'obvier que le 
païs ne fut conquis par la rigueur et force d'armes, et 
que par tel moyen, par la calamité de la guerre, ne fut 



ET NAVARRE. 233 

entièrement destruit et ruiné, et les fors, libériez et 
privilégez d'iceluy abolis et perdus, se seroyent mis 
sous la garde et protection de Vostre Majesté. Cela 
toutesfois aux actes, qualitez et conditions déclarées 
en la convention de ladite capitulation passée entre 
ledit sieur de Terride, en qualité que dessus, et les gens 
de Trois Estas dudit pays et non autrement. Par 
laquelle, entre autres chef, nomméement estoit porté et 
avoit esté convenu et accordé que, suivant les fors, 
libériez, privilèges et costumes dudit pais, tous les 
capitaines des chasteaux, villes et forteresses d'iceluy, 
et les magistrats et officiers de la justice seroient, 
comme tousjours avoient esté, natif dudit pais, et que 
la justice seroit administrée aux habitans d'iceluy, 
comme elle avoit esté de tout tems, par Vostre Majesté 
ou vostre lieutenant général et cour souveraine dans 
le païs en souveraineté et dernier ressort, sans que 
les habitans puissent estre tirez en jugement hors le 
païs, par voye d'appel ou autrement, directement ou 
indirectement par quel moyen que ce fût. Laquelle 
capitulation et convention, en la forme, avec les con- 
ditions susdites, le sieur de Terride, commissaire, avoit 
acceptée, promis et juré de la faire avoer, ratifier et 
confermer à Vostre Majesté, en la forme qu'elle est, 
et leur en faire despécher patente en bonne et deue 
forme. Que maintenant à l'importunation desdites gens 
de parlemens de Tholouse et Bordeaux de tirer les 
Béarnois hors de leur païs, pour aller demander et 
poursuivre justice ailleurs en terres estranges, seroit 
directement contrevenir à la dispositive et termes 
exprès de ladite commission, rompre la foy, conven- 
tion et pactes de ladite capitulation, violer le serment 



234 HISTOraE DE BÉARN 

par ledit sieur de Terride preste, enfreindre et per- 
vertir les loix, fors, costumes, privilèges et libertez 
dudit pais; seroit aussi contre l'intention de Sa Majesté 
expressément déclarée par ladite commission et contre 
la promesse par elle faitte par lettres envoyées tant 
aux Estas que particulièrement à plusieurs barons et 
autres seigneurs. Par ainsi, Sire, faisant vous office 
digne d'un bon et juste Roy, tel que vous estes, par la 
grâce de Dieu, pouvez et devez denier ausdits Parle- 
mens ce qu'ils demandent injustement et sans seule- 
ment apparence de droit, et en préjudice de ce qui a 
esté convenu et accordé par ladite capitulation et de la 
promesse particulière qu'il a pieu à Vostre Majesté 
faire aux Estas par ses lettres missives. » 

« Davantage, Sire, plaira à Vostre Majesté considérer 
ce qui est fort paremptoire, que par sa commission, elle 
s'est déclarée seulement protecteur et conmie telle veut 
mettre sous sa sauvegarde et protection le pais de Béarn , 
pour le garder et conserver à Monsieur le prince de 
Navarre; en tesmoignagedequoy il vous a pieu ordonner 
que les officiers seroient establis sous le nom et autorité 
de Vostre Majesté et de celle dudit seigneur Prince. Or 
donc ayant vous trouvé, au tems de la protection 
receue audit pais, la justice en souveraineté et dernier 
ressort, pendant le tems de ladite protection, la rendre 
inférieure et resortable ailleurs, seroit non pas lui 
conserver son païs, ains détériorer et diminuer gran- 
dement le premier et principal estât dudit sieur Prince 
et de la souveraineté de Béarn, qui seroit contre tout 
bon office de protecteur. Par toutes lesquelles raisons 
apparoit clairement les réquisitions et demandes des- 
dits Parlemens estre contre tout droit et bonne raison, 



ET NAVARRE. 235 

en ce qu'ils requièrent et demandent la souveraineté 
de la justice dudit païs. Et supposé que le droit dudit 
syndic et desditz Parlemens fut pareil, et la descision 
de leur différent fut arbitraire, ce que non, par la 
remonstrance et dispute des commoditez et incommo- 
ditez, Vostre Majesté entendra en ce que lesdits Parle- 
mens demandans que la justice de Béarn ressortisse à 
leurs cours en dernier ressort, ils requièrent chose, 
laquelle ayans obtenue, tourneroit au grand desservice 
de Vostre Majesté, charge de vostre conscience, grand 
préjudice et diminution de vostre bien et totalle et en- 
tière ruine des Béarnois, et que par conséquent ils 
doivent estre déboutez tout à plat de leurs fins et 
conclusions, et qu'aux habitans de Béarn doit estre 
entretenue et administrée la justice dans leur propre 
pais en souveraineté et dernier ressort par les raisons 
suivantes : 

« La première, d'autant que comme tout bon 
suject doit reconnoistre son Prince et magistrat souve- 
rain dans sa propre maison, en luy payant les tributs 
et luy rendant l'honneur et l'obéissance, deue et com- 
mandée de Dieu, et toutes autres choses qui luy appar- 
tiennent ; semblablement le propre et le plus digne 
d'un juste Roy, c'est d'entretenir ses sujets ou autres 
peuples que Sa M. prent sous sa garde et protection, 
en toute équité et droiteure , et si possible est admi- 
nistrer justice à chascun dans sa maison, ou pour le 
moins dans le pais et province en laquelle le sujet 
habite et a pris sa naissance et nourriture. La seconde 
est que, d'autant que la grandeur des Roys se monstre 
et reluit d'avantage en la pluralité et diversité des 
pais, seigneuries et provinces ausquelles ils comman- 



236 HISTOIRE DE BÉARN 

dent en souveraineté et y font administrer justice en 
dernier ressort, pareillement, comme il n'y a rien plus 
honneste, mieux séant ne plus digne de cette grandeur 
ne qui soit tant à la descharge de la conscience des 
Princes que de faire toutes choses pour le bien et 
profit de tous leurs sujets ; aussi après l'utilité d'iceux 
Leurs Majestés peuvent justement procurer ce qui leur 
sera le plus profitable et le plus revenant. Soit donc 
que Vostre M. retienne le pais de Béarn comme pro- 
tecteur ou que par accort, qui pourroit estre fait avec 
mondit seigneur le Prince, il demeure en vostre main, 
il seroit grandement préjudiciable à V. M. d'en faire 
ressortir la justice dudit pais aux parlemens de Tholose 
ou de Bourdeaux, pour ce qu'il est certain qu'il n'y a 
greffes de Parlement en France, ayant si peu de terres 
en son ressort, de laquelle Sa Majesté prenne tant de 
revenu et de profit que fait le seigneur de Béarn du 
greffe de la cour souveraine de son pais. » 

« Par ainsi tenantVostreMajesté ce pais en protection, 
autemsque son bon plaisir sera dele rendre au seigneur 
Prince, de toute nécessité elle se trouvera en double 
incommodité ou despense. La première en ce qu'il luy 
conviendra despendre pour faire la vérification de la 
diminution du domaine de Béarn pour lui avoir osté 
la souveraineté de la justice. La seconde en ce que la 
vérification faite, il faudra réparer la diminution et au 
cas que, par accord ou autrement, le païs demeure en la 
main de V. M. et un y à la couronne de France, en 
estant du pays la souveraineté de la justice, le domaine 
en sera de beaucoup diminué, pour ce que les affermes 
des greffes seront revalées de beaucoup. Et de ce peu 
d'accroit qui en pourroit venir aux greffes des parle- 



ET NAVARRE. 237 

mens de Tholouse ou de Bordeaux, son domaine n'en 
accroistroit que fort peu , et elle en recevroit de très 
grandes incommoditez et despences ; car si la justice 
ressortissoit par voye d'appel ausditz Parlemens ou à 
l'un d'iceux, tous les criminels qui seroient condamnez 
en appelleroient pour différer leur supplice. Et pour 
ce que communément telle manière de gens est de 
coquins et pauvres belistres, il faudroit qu'ils fussent 
conduits aux despens de Vostre M., ce qu'admèneroit 
chascun an une grande despense ou au contraire y au- 
roit beaucoup d'espargne, si laissant la souveraineté 
de la justice audit pais, comme elle y est et a esté de 
tout tems,. la justice est administrée diffinitivement 
sur les lieux où les délictes et crimes auront esté per- 
pétrés, comme aussi, tant pour la punition prompte 
des délinquans que pour servir d'exemple aux autres, 
le droit l'ordonne et le dispose. » 

« Or pour ce que le profit d'un Prince est telle- 
ment uni et conjoint à l'utilité et commodité de son 
peuple, que ceux qui ont traitté de Testât des 
Princes et des républiques n'en ont jamais fait 
séparation, ayant remonstré ce qui est honneste, 
utile et profitable à Vostre M. , afin de ne discon- 
tinuer le procès, ne faire séparation de la remons- 
trance concernant l'utilité ou dommage, commo- 
ditez ou incommoditez du peuple dudit pais, ledit 
sindic dit qu'il n'y a homme qui ne voye clèrement, si 
ses yeux ne sont fermez par ambition, avarice ou autre 
désordonnée affection, qu'il est très utile et profitable 
aux habitans de chascun païs d'avoir ce bien et bon- 
heur, que la justice leur soit administrée en souverai- 
neté et dernier ressort dedans leurs maisons et villes 



238 HISTOIRE DE BÉARN 

OU par le moins dedans le pais et provinces es quelles 
ils habitent; car le conspect du magistrat souverain 
contient le peuple en la crainte de Dieu et l'obéissance 
deue au Prince, et le fait vivre en toute honnesteté, 
continence et modestie, sans que nul offence l'autre, 
rend à chacun ce qui luy appartient, et par la punition 
des meschans entretient les bons en tranquilité et 
repos. Et au contraire au pais auquel n'y a souverai- 
neté de justice, et mesmement en Béarn où la plus 
part du peuple habite es montagnes, ayant les armes 
en main et sentent son aigre naturel, mesprisera le 
magistrat inférieur, et les meschans par une audace 
effrénée se licentieroient à tous crimes, espérans que 
par le bénéfice d'appel ils seront conduits loin de leur 
pais et que, estans en chemin, seront ostez par force et 
délivrez de la main de la justice par le moi en de leurs 
parens amis ou complices ; d'où s'ensuivront de très 
grands maux, comme battemens, meurtres et assassi- 
natz tant contre les parties instigantes que contre les 
procureurs et mesmes contre les magistrats inférieurs, 
qui ne seront craints ni révérez ; et sera une voye et 
porte ouverte à l'impunité des crimes, chose la plus 
pernicieuse et calamiteuse qui pourroit avenir en une 
république bien instituée et entretenue. Et tout ainsi 
que, pour le fait de la criminauté, la sublation de la 
souveraineté de la justice seroit pernicieuse à Testât et 
repos des habitans de ce pais, semblablement l'incom- 
modité et le dommage ne luy seroient pas moindres 
pour la poursuite des matières civiles. Car comme les 
habitans de Béarn, qui sont fort povres pour l'infertilité 
des terres et peu de moyens qu'ils ont, ayant tousjours 
eu ce bien, par la grâce de Dieu, que la justice leur a 



ET NAVARRE. 239 

esté administrée en souveraineté, en leur propre pais, 
en si grande brièveté, équité , droiture et à si peu de 
frais que, si à présent leur falloit aller poursuivre et 
demander justice par devant le parlement de Tholouse 
ou Bordeaux, ils seroient contraints de quitter et 
remettre leurs droits, tant à cause de leur povreté 
que pour les peines, fascheries, misères, foule et 
grande despense qu'il leur conviendroit souffrir à la 
poursuitte de leurs causes pour la distance des lieux, 
longueur et difficulté du chemin, que à cause de la 
forme de procéder de laquelle lesdits Parlemens usent, 
qui est de si longue traînée que les procès y sont ren- 
dus immortels, de façon que plus tôt que les parties 
puissent avoir seulement une audience ou voir la fin 
de leurs procès, elles sont entièrement ruinées. Et à la 
vérité, s'il plaisoit à Vostre M. penser un peu de près 
à cest affaire, il luy seroit for aisé et facile de voir que 
lesdits Parlemens requièrent et demandent la souve- 
raineté de la justice du pais Béarnois plus par ambi- 
tion ou avarice que pour zèle qu'ils ayent à vostre ser- 
vice bien et soulagement de vostre povre peuple. Ce 
que V. M. connoistra incontinant s'il lui plaisoit com- 
mander que les procès pendans et indécis auxdits 
Parlemens fussent vérifiez, où elle trouveroit un nombre 
quasi infini depuis l'introduction desquels sont passez 
les dix, vingt, trente et quarante ans. Davantage qu'ils 
respondent devant Dieu et Vostre M., Sire, si telles 
immortalitez de procez canonisées en leurs cours sont 
aucunement de justice, et s'ilz ne feroient pas beau- 
coup mieux, pour vostre service, pour le bien public 
et pour le salut et descharge de leurs consciences, de 
se despécher desdits procès si anciens, faisant droit 



240 HISTOIRE DE BÉARN 

aux parties, que demander inculcation de nouveaux 
affaires. Car il faut imputer l'immortalité de tant 
procès ou à leur négligence ou à la multitude et plu- 
ralité d'affaires qu'ils ont en leurs cours. Que s'ils ne 
se peuvent excuser de négligence, il n'est jà besoin 
que V. M. leur donne rescharge d'affaires, attendu 
qu'ils ne peuvent satisfaire à ceux qu'ils ont en main. 
Et si d'avanture ils vouloient s'excuser sur la multi- 
tude des causes et affaires qui sont en leurs cours, 
comme à la vérité ils le peuvent faire, pour la grande 
estendue, nombre et pluralité des provinces et pais 
qui y ressortent, il seroit meilleur, pour le service de 
Vostre M., bien et soulagement de vo.stre peuple, de 
leur retrancher plustot quelques provinces de leurs 
ressorts, que non de leur en y adjouster de nouvelles. 
Ce que sans leur dommage et incommodité, V. M. 
peut faire, Sire, si ainsi luy plaist, laissant le Parle- 
ment et cour souveraine comme elle est au pais de 
Béarn et en la ville de Pau, et lui ajouster la souverai- 
neté de la justice tant des matières civilles que crimi- 
nelles des pais de Soûle, de la Basse-Navarre, de 
Labourt, d'Armaignac et de Bigorre, qui sont pais 
circonvoisins et limitrophes dudit païs de Béarn; et 
ainsi vos sujets habitans èsditz païs seront de beaucoup 
soulagés ayant lors, comme ils auront, la justice beau- 
coup plus briefve et à moindres frais et despences 
qu'ils ne l'ont à présent, et cela pour la proximité, 
commodité et voisinage desdits païs avec celuy de 
Béarn. De quoy lesdits parlemens de Tholouse et 
Bordeaux ne seront en rien ou fort peu incommodez, 
d'autant que desmembrées lesdites provinces de leurs 
ressorts, ils n'auront encores que trop d'affaires, et le 



ET NAVARRE. 241 

service, le bien et le proffitde V. M. et de vosdits sujets 
en seront de beaucoup augmentez, comme l'expérience 
le monstrera par efFect. Toutesfois, Sire, si Vostre M. 
ne trouve duisant pour son service, bien, profit, 
soulagement de vostre peuple, que la justice des 
susdits pais et provinces resortit en souveraineté au 
parlement de Béarn, à tout le moins elle doit, comme 
très humblement ledit sindic l'en supplie, entretenir 
la souveraineté de la justice au dedans le pais souverain 
et seigneurie de Béarn pour les habitans d'iceluy, afin 
de les garder et conserver en leurs fors, privilèges, 
libertés et costumes, qui sont, ainsi que dit Pindare, 
comme le Roy dominant sur tous. Pour la conservation 
et entretènement desquelles les Estas du pais de Béarn 
ont expressément commandé à moy, leur sindic, de 
vous déclarer par ceste remonstrance et causes 
d'opposition que le plus grand grief que leur pourroit 
estre fait, après la sublation du service de Dieu, est 
de leur oster la souveraineté de la justice du pais et 
qu'ils aiment plus tôt mourir tous avec leurs fenrmies 
et enfans que de consentir qu'en cela leurs fors, droits, 
loix, libertez et costumes soient violées. Parquoy 
concluant, demande ledit sindic débouter les gens des 
ditz parlemens de Tholouse et Bordeaux de la réqui- 
sition, fins et conclusions par eux faites pour le regard 
de la jurisdiction du pais de Béarn en souveraineté ou 
autrement et déclarer par un arrest diffinitif de vostre 
conseil privé qu'il ne leur compète aucun droit de 
jurisdiction sur le païs de Béarn, et leur faire inhibition 
et défense d'y faire aucuns actes de justice, à peine de 
cinq cens mille livres; et maintenant, gardant et entre- 
tenant les habitans dudit païs béarnois sous vostre 

16 



242 HISTOIRE DE BÉARN 

garde et protection en leurs fors, privilèges, droitz, 
libertez et costumes, entretenir un Parlement ou cour 
souveraine audit pais pour cognoistre de toutes causes 
civilles et criminelles et administrer justice en souve- 
raineté et dernier ressort dedans le pais. Etnéantmoins 
retranchant des ressorts desdits parlemens de Tholouse 
et Bourdeaux les susdits païs de Soûle, Labourt, 
Armaignac et Bigorre, ordonner et commander que 
les habitans de sesdits païs ressortiront à l'advenir au 
parlement et cour souveraine de Béarn et condamner 
lesdits parlemens de Tholouse et Bordeaux à tous 
despens, dommages et intérests ou autrement, comme 
Vostre M. connoistra estre de raison et de droit. » 

Cette remonstrance ne fut poinct présentée pour ce 
que le sindic attendoit la fin du siège de Navarrens qui, 
estant contraire à ce que la pi'otection s'estoit promis, 
osta de peine le sindic. 

J'ay esté constraint d'ajouster tant de commissions, 
conventions, lettres, instructions et mémoires pour ce 
qu'il estoit impossible de bien représenter au lecteur la 
vérité de tout ce fait sans cela, et l'historien ne doit 
pas seulement escrire les choses faites, mais aussi 
recercher diligement et déduire fidèlement les causes, 
les conseils et les intentions de ceux qui les ont faites ; 
car le plus souvent les hommes et principalement les 
Princes ont toute autre fin de leurs actions qu'il ne 
semble en apparence, laquelle ils ne veulent estre 
connue du peuple ni mesmes de ceux ausquels ils 
auront à faire. Pareillement d'autant qu'une grande 
partie de ceux qui ont commandé, conduit et exécuté 
tout cest affaire, sont encor vivans, ils m'eussent peut- 
estre accusé de faux, si j'eusse narré le fait simplement 



ET NAVARRE. 243 

et sans produire les tesmoignages de leurs comman- 
demens, délibérations, négotiations, accords, instruc- 
tions et missives, lesquelles ayant esté prises à Orthez 
et ailleurs m'ont esté conmiuniquées en leur propre 
original. 

Il ne restoit plus que Navarrens que tout Béarn ne fut 
françois et Tarride l'envoya sommer par un trompeté, 
le 27 d'avril, qui fut si bien receu, qu'il n'y retourna 
plus, et Tarride partit de Pau le premier de may pour 
l'aller assiéger et arriva ce mesme jour à Orthez. 
Dedans Navarrens avoit environ de quatre à cinc cens 
honuDes, desquels à grand peine cinquante, les chef 
exceptez, avoient jamais veu guerre, et une bonne 
partie eut voulu du commencement estre dehors, de 
manière que quelques uns ne pouvans sortir par la 
porte, sortirent par la muraille. Toutesfois Dieu, qui 
donne le courage et l'oste quand bon luy semble, 
fortifia tellement ces bisognes ^ craintif, qu'en peu de 
jours on estoit empesché de les garder de sortir sur 
l'ennemi. Ceux qui commandoient dedans estoient 
Arros, lieutenant général, ses deux enfans, braves 
jeunes gentilshommes, Bassillon, gouverneur de la 
ville, avec deux compagnies, les capitaines La Motte, 
Moret, Barselay * et Cortade avec ce qui leur estoit 

1. Recrues. 

2. La France Protestante attribue le prénom de David au capi- 
taine Brassalay. Nous croyons qu'il faut rectifier cette assertion. 
La famille de Brassalay tirait son nom d'un château situé dans la 
commune de Biron, canton de Lagor, arrondissement d'Orthez 
(Basses-Pyrénées). Arnaud, seigneur de Brassalay, qui vivait en 
1573, avait deux fils : 1° Fortic de Brassalay, seigneur de Claverie 
de Loubieng, capitaine et gouverneur d'Orthez, de 1571 à 1587; 
2* Bernard de Brassalay, marié à Guirautine de Bonnefont, 



2)44 HISTOIRE DE BÉARN 

resté de leurs compagnies, qui estoit fort peu, le 
capitaine Poqueron, sergent majeur, les sieurs de 
Sales S Espalengue, Caseban, les deux frères Lurbes *, 
et quelques autres gentilshommes y estoient sans 
charge. Le 3 ils sortirent jusques au village d'Audaux ^ 
où ils bruslèrent quelques maisons; cela fit haster 
Terride pour les cerner, afin qu'ils ne peussent sortir 
prendre des vivres. Ses compagnies se logèrent aux 
villages à l'entour de Navarrenx. Celle du capitaine 
Pierre Du Til, qui avoit esté devant ces guerres 
lieutenant de Bassillon, estoit à MéritainsS dont il 
solicitoit Bispali ^, contreroleur des munitions, et Fray 
Joan % homme riche, d'exécuter leur promesse de 
faire mettre le feu aux mum'tions, ce qu'ils voulurent 
faire par le moyen d'un frère dudit Fray Joan et un 
autre, tous deux jeunes enfans ; mais [Dieu, sans lequel 

d'Ogeu, veuve d'Amanieu de Saint-Cricq, seigneur de Pomps. 
Bernard était capitaine entretenu à Navarrenx en 1588, il fit son 
testament le 5 mars 1593. Le Brassalay nommé dans !'« Histoire» 
de Bordenave est Fortic (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1236, 
1238, 1240, 1634, 1641, 1643, 1645, f» 180). David, fils de Fortic 
ou Fortis, fut nommé gouverneur du château d'Orthez en 1603. 

1. Arnaud de Gachissans. — Voy. p. 284. 

2. Simon et Gratien de Lurbe. 

3. Canton de Navarrenx, arrondissement d'Orthez (Basses- 
Pyrénées). 

4. Méritein, canton de Navarrenx, arrondissement d'Orthez 
(Basses-Pyrénées) . 

5. Jacques de Vispalie, d'Arthez, marié à Jeanne de Bouillon. 
L'inventaire de ses biens saisis pour crime de trahison a été con- 
servé (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 362). 

6. Jean de La Salle , dit Fray Joan, de Navarrenx (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1636, f° 752). Le même personnage est 
appelé Fortic de La Salle, de Navarrenx, dit Fray Joan, dans le 
compte des restitutions des biens saisis au préjudice des rebelles 
(même dépôt, B. 259, f» 72). 



ET NAVARRE. 245 

on veille et garde en vain, voulut qu'ils fussent ^] 
attrapez portans feu pour l'exécution. Ces deux enfans 
sans grande contrainte dirent la vérité, asavoir qu'ilz 
avoient esté incitez par le serviteur dudit Bispaly et 
par Fray Joan. Parquoy tous trois furent promptement 
captionnez, ouis et questionnez, et le contreroleur 
et Fray Joan exécutez à mort par le valet dudit 
contreroleur qui se fit bourreau, et leurs testes furent 
mises au bout de deux piques sur la tour de Mont- 
cauyole^. Cette exécution faschafort ceux Me la protec- 
tion, qui par ses intelligences s'estoient toujours repeuz 
d'une vaine espérance de tenir Navarrens en la main. 
Terride, qui avoit attendu l'artillerie de Baionne 
jusques au 1 8, faisoit estât de la mener devant Navar- 
renx, quand il eut nouvelles que la roine de Navarre 
le venoit trouver en personne avec grandes forces. 
Ce que l'estonna si bien, qu'ayant fait serrer son artil- 
lerie dedans le chasteau d'Orthez, envoya les compa- 
gnies qu'il avoit d'hommes d'armes et d'hargolets * au 
long de la rivière de L'Adou^ prendre langue. Elles 
donnèrent jusques au Mont-de-Marsan et trouvèrent 
que s'estoit le sieur de Lons° qui, pensant se jetter 
dedans Navarrenx avec environ quarante salades ' et 

1. Variante : Us furent. 

2. Moncayolle est le nom d'une commune du canton et de l'ar- 
rondissement de Mauléon (Basses-Pyrénées), à onze kilomètres de 
Navarrenx. La tour de Moncayolle était probablement vers la route 
de ce village. 

3. Bordenave avait écrit d'abord : la noblesse béamoise. 

4. Cavalerie étrangère. 

5. L'Adour. 

6. Jean, seigneur de Lons, capitaine du château de Pau en 1570 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 2001). 

7. Troupes coiffées d'un casque léger, sans visière. 



246 HISTOIRE DE BÉARN 

quelques harquebusiers à cheval, avoit traversé les 
Landes; mais ayant oui qu'elle estoit cernée, avoit 
rompu sa troupe et s'estoit retiré. Cette alarme 
passée et les compagnies de retour, Terride partit 
d'Orthès avec toute son armée qui estoit de deux 
compagnies d'hommes d'armes, la sienne et celle du 
comte de Nègrepelisse\ trois d'harquebusiers à cheval 
et trente-trois d'infanterie, avec une bande de vingt 
pièces d'artillerie. Basillac estoit le maistre de l'artil- 
lerie, Thiboville, commissaire, Fauroux, mareschalde 
camp, Gohas, maistre de camp. Serres, sergent ma- 
jeur, La Chapelle, Fleur-de-Lis * et Montant % commis- 
saires des vivres. 

Avant de faire tirer les pièces, diverses opinions 
furent au conseil de Terride : les uns vouloient qu'on 
les braquast en batterie pour faire bresche, les autres 
qu'on fit des blocus autour de la ville, mais enfin ils 
se résolurent de départir leurs forces en trois. Luxe 
fut envoyé delà la rivière du Gave à Susmion * avec 
quatre pièces; Sainte-Colome avec autant à Bérérenx ^; 
le demeurant fut logé à Montbalon qui est une coline 
environ cinq cens pas de la ville et qui descouvre tout 
au long des rues. 

1. Louis de Garmain, seigneur de Nègrepelisse. 

2. Il y avait un fief de ce nom dans la commune d'Ainhice- 
Mongelos, canton de Saint-Jean-Pied-de-Port, arrondissement de 
Mauléon (Basses-Pyrénées) . 

3. Peut-être Arnaud de Montant, de Bielle, capitaine catholique, 
dont les biens furent saisis en 1569 (Arch. des Basses- Pyrénées, 
B. 2154, f» 11; E. 1739 et 1859). 

4. Susmion, canton de Navarrenx, arrondissement d'Orthez 
(Basses-Pyrénées) . 

5. Village aujourd'hui réuni à la ville de Navarrenx. 



ET NAVARRE. 247 

Le 24 ceux de Montbalon saluèrent la ville avec 
douze volées de quatre grosses pièces. Beaucoup, non 
accoustumez d'ouyr ces tonnantes chansons, s'estonnè- 
rent du commencement, mais ils s'y apprivoisèrent si 
bien, qu'en peu de jours elles leur servoient de leur 
accroistre plus que d'oster le courage et de les resjouir 
en travaillant, en quoy ils firent une telle diligence que 
Navarrenx estoit plus fort à la fin du siège qu'au com- 
mencement. 

Le 27 à la faveur de la nuict, voulant les assaillans 
oster la commodité du pont à ceux de dedans, essayè- 
rent de le brusler avec force poix, soufre et poudre à 
canon ; mais ils furent si bien saluez par ceux de la 
ville qu'ils s'en retournèrent sans rien faire, avec telle 
haste et vitesse qu'ils oublièrent deux sacs de poix. 
Et le soir après, cuidans mieux faire, y retournèrent et 
l'avoient une fois si bien enflambé qu'il s'en alloit 
bruslé , sans la prompte et grande diligence des 
assiégés qui dès lors y mirent garde ordinaire jour et 
nuict. Depuis non seulement ceux de dedans demeu- 
rèrent maistres dudit pont, mais aussi de la rivière où 
ils alloient pescher, laver les lexives et abreuver les 
chevaux. Et les gojats durant tout le siège sortoient 
ordinairement couper le fourrage pour les chevaux. 

Ce mesmejour Bertrand Ponteto et Antoine Buisson *, 



1. Antoine Buisson était ministre de l'église Saint-Pierre 
d'Oloron qui avait en même temps comme curé catholicpie 
Guilhem de Gami (Chronique d'Oloron par M. l'abbé Menjoulet, 
in-8°, Oloron, 1864-1869; U, p. 89). —On verra ci-dessous la 
mort de la femme de Buisson. Ils laissèrent deux orphelins qui, 
en 1577, recevaient encore une pension de 25 écus 16 sols 8 de- 
niers (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 2368, f» 307). 



248 fflSTOIRE DE BÉARN 

ministres d'Oloron, qui peu avisez s'estoient laissez 
attraper dedans la ville, sous l'asseurance que Esgar- 
rebaque leur avoit donné de ne recevoir la protection, 
ne donner jamais entrée aux ennemis; par commande- 
ment de l'abbé de Saubelade, fils dudit Esgarrebaque, 
furent [massacrez ^] au bois de Laurence ^ par Jean 
d'Esporin ^, d'Oloron, et environ douze autres, et puis 
jettez dedans un ruisseau, [estant le père Esgarrebaque 
party le matin d'Oloron expressément pour donner 
loisir au fils de faire faire cette exécution.] Leurs livres 
furent bruslés [et leurs maisons pillées] et leurs 
femmes jettées dehors la ville avec leurs enfans, sans 
qu'il leur fut permis d'emporter autre chose qu'un 
pain pour chacune. Et pour ce que ceux du village de 
Luc avoient enterré ces deux cors, Saubalade les fit 
désensevelir et conduire tous nuds au camp, où après 
avoir esté visitez et mauditz par les plus grands,* furent 
jettez dedans le Gave. La femme de Buisson, qui 
estoit damoiselle de la maison de Bonas * en Pardiac, 
fut [deshonnorée et] conduite au camp où elle fut 
retenue devant fout le monde en opprobre et igno- 
minie jusques à la venue du comte Mongomeri qu'elle 
fut tuée à Orthez par ceux qui la retenoient, [afin 
qu'elle ne se peut plaindre de l'injure qui lui avoit esté 
faite et nommer ceux qui l'avoient honnie.] 

1. Variante : tuez. 

2. Le bois et le ruisseau de l'Auronce; ce bois est sur le terri- 
toire de la commune de Lucq, canton de Monein, arrondissement 
d'Oloron (Basses-Pyrénées). 

3. Jean Despourrin , d'Oloron , abbé laïque d'Accous (Ar- 
chives des Basses-Pyrénées, E. 1788). C'était un ancêtre du poète 
béarnais. 

4. Canton de Valence, arrondissement de Condom (Gers). 



ET NAVARRE. 249 

[Le 29 la Sainte Cène fut célébrée à Navarrenx, à 
laquelle participa de bon matin Arros et quelques 
capitaines avec une partie des soldats qui firent la 
garde pendant que le reste y communiquoit à huict 
heures. Les assiégeans en avoient eu avertissement, 
mais ils n'estoient certains du lieu. Parquoy ils cano- 
nèrent fort tout ce matin, tantost vers le temple ^ 
tantost vers la haie*, pensans qu'en l'un ou en l'autre 
dé ces lieux se fairoit l'assemblée . Mais ceux de dedans, 
qui n'estoient pas moins avisez que leurs ennemis, 
s'estoient assemblez ailleurs.] 

Le dernier de mai pour ce que les gojats avoient esté 
quelquefpis chasez comme ils coupoient le fourrage , ceux 
de dedans s'avisèrent d'en faire sortir quelques uns 
armez de quelques canes comme d'harquebuses ; lesquels 
ne furent plus tôt en campagne qu'ils furent chargez par 
plus de cent harquebusiers qui furent si doucement 
receuz par quelques harquebusiers et une vingtaine de 
chevaux, qui estoient en embuscade derrier une petite 
motte, qu'ils les menèrent battant plus outre que leurs 
tranchées et logis, qu'ils abandonnèrent avec tel effroy 
que ceux qui les poursui voient eurent loisir, après 
avoir pris ce qui leur pleut, d'y mettre le feu, et com- 
bien que les fuyars fussent basques, si en demeura 
il sur la place plus de cinquante qui n'eurent assés 
bonnes jambes poiir courir. Les capitaines Poqueron, 
Moret, Cortade etBraselaymenoientles harquebusiers, 
et le baron d' Arros, les capitaines Espalengue, Caseban 

1. L'église actuelle de Saint-Germain. 

2. Cette halle avait été construite en 1549 par .les soins de 
Bernard, seigneur d'Abère, gouverneur de Navarrenx (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1623). 



250 fflSTOIRE DE BÉARN 

et La Renaudie estoient avec la cavalerie. En ces 
mesmes jours furent descouvertes les reliques de la 
trahison de Bispali et de Fray Joan avec lesquels s'en- 
tendoient Bernard de Marimpoey^, serrurier et cano- 
nier. Sa trahison fut sceue par le moien d'un sien 
serviteur et de sa chambrière, qui, sous ombre d'aller 
cercher quelque chose dehors la ville , alloient ordi- 
nairement parler avec les ennemis ; et comme un jour 
la chambrière parloit dedans un blé avec les ennemis, 
la sentinelle qui estoit sur la muraille l'ayant apperceue, 
en avertit le lieutenant-général et le gouverneur qui 
la firent attendre à l'entrée de la porte par le sergent 
majour. Sur sa déposition, le maistre et le serviteur 
furent pris et leur ayant esté fait le procès, le maistre 
eust la teste tranchée et les serviteur et chambrière 
eurent le fouet. Outre le fait de Bispaly, Marimpoey 
fut aussi convaincu d'avoir promis aux ennemis de 
faire esventer l'artillerie de la ville et de fait il en fit 
rompre ou esventer trois pièces. 

Le cinquiesme jour le capitaine Cortade fit une sortie 
sur ceux qui estoient aux tranchées vers le village de 
Méritain qui s'enfuirent quasi avant la charge. Il y tua 
pionniers ou soldats environ vingt hommes et emporta 
un rondache^, trois harquebuses à croc et dix et neuf 
conmiunes, et mena un prisonnier qui fut renvoyé après 
avoir pris langue. Le dixiesme voyant les assiégez que 
les assiégeans approchoient leurs tranchées fort près 
de la muraille, le capitaine Barsselay et le sergent 

1. Il figure comme soldat de « crue » dans la compagnie du 
gouverneur Bassillon sur un rôle de distribution de grains de 
1569 (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 952). 

2. Bouclier rond et convexe. 



ET NAVARRE. 264 

Bertranet ^ avec cinquante hommes furent mis dehors 
pour recognoistre lesdites tranchées, ausquelles ils par- 
vinrent si couvertement que ceux de dedans furent 
attrapez, les uns dormans, les autres jouans, les autres 
banquetans ; et après avoir tiré quelques harquebu- 
sades, ils se fourrèrent pesle et mesle parmi eux avec 
teUe furie, qu'ils laissèrent morts sur la place environ 
cent soldats avec le capitaine Roquelaure ^ et son lieu- 
tenant et les capitaines Cabenac et Abère ^, heutenant 
et enseigne de Gohas. Ceux de dedans ne perdirent 
qu'un homme et trois blessez, et outre les morts qu'ils 
laissèrent pleurer à leurs amis, ils menèrent prisonnier 
le capitaine Bertrand d'Arras *, enseigne du capitaine 
Lisos, avec un autre soldat, et rapportèrent dedans 
Navarrenx deux harquebuses à croc, quarante et huict 
communes, sept cors de cuirasses, dix halebardes, 
plusieurs manteaux et autre bagage. Cette exécution 
estonna et fascha tellement les assaillans que, par des- 
pit, la nuict suivante ils firent pendre le laquay du sieur 
de Lobie, qui avoit esté pris sortant pour la seconde 
fois de Navarrenx, et un serviteur d'Auger de LaRose^, 
général des finances de la Roine, qui avoit esté aussi 
attrapé conmie il vouloit entrer dedans la ville, venant 

1. Bertranet de Belloc était sergent de la compagnie du gou- 
verneur Bassillon (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 952). 

2. Bernard, seigneur de Roquelaure, second fils de Géraud, sei- 
gneur de Roquelaure, et de Catherine de Besolles. 

3. Johanot de Cauna, seigneur d' Abère près Morlaas (Basses- 
Pyrénées). 

4. Arras, canton d'Aucun, arrondissement d'Argelès (Hautes- 
Pyrénées). 

5. Auger de La Roze fut trésorier général depuis 1557 jusqu'en 
1569. 



252 HISTOIRE DE BÉARN 

de La Rochelle. Ceux de dedans les allèrent despendre 
l'endemain en plein jour et les portèrent dedans la 
ville, sans que ceux de dehors osassent tirer le nez 
pour regarder seulement ce qu'ils fesoient, car ils 
avoient esté tant de fois batus aux sorties par ceux de 
dedans, qui sembloient plus tôt assaillans qu'assaillis, 
qu'ils n'en voyoient sortir un que la plus part ne s'en- 
fuit ; et leurs soldats, pour n'estre contraints d'aller 
aux tranchées, se desbandoient de telle sorte qu'il fut 
tems que devant Navarrenx avec tous les drapeaux 
n'avoit pas huictcens hommes. Qui donna occasion à 
Terride de vouloir lever le siège, mais les [gentilshom- 
mes] béarnois et les Basques le retinrent, sous pro- 
messe qu'ils feroient venir tout le pais de Béarn et 
Basques pour continuer le siège. Néantmoins leurs 
commandemens sur peine de la mort, ni les prosnez 
des curez [avec promesse de planière indulgence et de 
la vie éternelle] n'en peurent assembler grande troupe. 
Ce fut un grand bien pour le service de la Roine et 
pour lui faciliter le recouvrement de son païs, que la 
volonté de Terride de lever le siège ne fut suivie, car 
s'il eut retiré son armée et l'eust logée aux villes et les 
eut un peu fortifiées, le secours qui y arriva après 
n'eut eu moien ni loisir de les assiéger ny de les 
prendre. 

[Environ le 1 1 de juing le collier de l'ordre de Saint- 
Michel fut apporté à Oloron à Esgarrebaque, en récom- 
pense des grands et notables services qu'on luy fesoit 
entendre qu'il avoit fait au roy de France.] Et environ 
le 1 5 de juin arriva de France La Marque, valet de 
chambre du Roy, qui portoit lettres de Sa Majesté aux 
Estas de Béarn qui furent convoquez pour le cinquiesme 



ET NAVARRE. 253 

de juillet à Lue^ Là furent leues lesdites lettres par 
lesquelles le Roy remercioit tout le pais de ce qu'il 
avoit fait pour son service, et pour ce qu'il avoit déli- 
béré de mettre ordre à la justice, finances et forces 
nécessaires pour garder le pais de Béarn, [tant qu'il le 
tiendroit en sa protection,] ne l'ayant voulu faire sans 
l'avis desdits Estas, il les prioit lui mander ce qu'il 
leur sembleroit estre nécessaire. Ils arrêtèrent qu'el- 
lection seroit faite de certains personnages, natif de 
Béarn, estansde la religion [romaine^], pour exercer la 
justice, et que tous les biens de ceux de la réformée et 
de tous ceux qui estoient dedans Navarrenx ou absens 
du païs, de quelque religion qu'ils fussent, n'ayans 
voulu recevoir la protection, seroient saisis et affer- 
mez au profit dudit Roy. L'évesque d'Oloron fut establi 
surintendant sur ce négoce, auquel les jurats de chas- 
cun quartier seroient tenus de rapporter le nom et 
dénombrement de ceux de ladite religion et autres 
leurs complices, présens ou absens; fut aussi arresté 
que tous les jurats qui avoient fait profession de 
la religion ^réformée seroient déposez de leurs charges, 
et d'autres de la religion [romaine^] mis en leur place, 
de quoy la commission fut donnée au séneschal. Et 
d'autant que l'argent defifalloit à l'armée de Terride, 
ils arrestèrent qu'il seroit empronté aux intérests en 
Espagne trente mille ducats pour les frais de la guerre, 
desquels tout le pais s'obligeroit ; et pour faire ledit 
empront procuration fut faite à Esgarrebaque et 

1. Lucq-de-Béarn. 

2. Variante : catholique. 

3. On a ajouté : prétendue. 

4. Variante : catholique. 



254 mSTOlRE DE BÉARN 

Jaques Du Puy avec ample puissance d'hippotéquer 
les biens des évesques, abbés et de la noblesse 
de la protection et en commun de tout le païs de 
Béarn. Et Peirelongue^ fut envoyé en France pour 
remercier Sa Majesté du soin et bonne mémoire qu'elle 
avoit du païs de Béarn et la supplier y vouloir establir 
officiers pour l'exercice de la justice et des armes des 
naturels béarnois, suivant leurs anciens fors et faisans 
profession de la religion catholique [romaine] et non 
autres. Pareillement pour ce qu'il estoit impossible 
d'entretenir la guerre sans argent, qu'il pleut à Sa 
Majesté ordonner certaines sommes pour le payement 
de l'armée qui estoit devant Navarrenx, devant la 
prise de laquelle il leur seroit impossible de faire 
dénombrement des forces nécessaires pour garder à 
l'avenir le païs. Pour l'exercice de la justice Pierre 
d' Arbusio ^ et Bernard de Sorbério ^ furent faits con- 
seillers en la place de ceux^ de la religion^ réformée, 
et Jean Bordenave, ancien conseiller, président, et Jean 
Supersantis de simple advocat, advocat et procureur 
général , ensemblement au lieu de Guillaume d'Areau ^ 

1. Bernard de Gassagnère, seigneur de Peyrelongue , dit 
l'écuyer Vauzé. Il avait été écuyer tranchant de la reine de 
Navarre. 

2. Pierre d'Arbus, avocat au Conseil souverain de Béarn. 

3. Bernard Sorbério ou de Sorber, de Lescar. Le procès-verbal 
de saisie de ses biens, en 1569, contient un inventaire sommaire 
de ses papiers et de sa correspondance (Arch. des Basses-Pyré- 
nées, B. 2154). 

4. On a ajouté : qui estoient. 

5. On a ajouté : prétendue. 

6. Après les troubles, il présida la Chambre des comptes de Pau 
(Archives des Basses-Pyrénées, B. 257, f° 37), — Il cumulait cette 
charge avec celle d'avocat général au Conseil souverain de Béarn. 



ET NAVARRE. 255 

et Jean de Gaxion\ Ils commencèrent de tenir au- 
dience le quinziesme du mois de juillet, ayant au 
conmiencement déposé tous les advocats et greffiers 
faisans profession de la religion^ réformée, [usant le 
président de ces mots : « Huguenots meschans, sortez au 
diable, comme indignes d'exercer aucun estât. »] Mais 
sa présidence ne fut pas si longue ne si paisible qu'il 
s'estoit persuadé, car la Roine sachant l'extrémité de 
Navarrenx à faute de vivres, où les chairs et les vins 
manquoient déjà et y avoit fort peu de blez, moienna 
que charge fut donnée à Gabriel, comte de Mongomeri, 
de venir lever le siège, prenant avec soy les forces 
des visçomtes qui estoient en Quercy, Albigeois et 
Foix. Il vint donc premièrement à Montauban et de là 
à Castres, d'où il despécha le laquay du sieur de Mon- 
^mat qui, le vingt et cinquiesme de juillet, entra en 
plein jour dedans Navarrenx. L'aise qu'eurent les 
assiégez d'ouir si bonnes nouvelles les fit haster d'exé- 
cuter la délibération qu'ils avoient auparavant, mais 
ne l'osoient exécuter, craignans de faire perte notable, 
de donner sur le cors de garde des tranchées et sur 
un autre qui couvroit l'artillerie de Montbalon. Ils 
mirent donc devant la diane trois cens hommes dehors 
aians chacun une chemise blanche sur ses habits pour 
s'entreconnoistre ; mais ils trouvèrent lesdits cors de 



Il mourut en 1571 (Arch. de M. le baron de Laussat, reg. de la 
Chambre des Comptes). 

1. Jean de Gassion, né à Oloron, élevé aux frais de la reine de 
Navarre, syndic de Béarn le 25 mai 1566, procureur général en 
1568, plus tard second président au Conseil souverain de Béarn. 
Il avait épousé Catherine de La Salle. 

1. On a ajouté : prétendue. 



256 HISTOIRE DE BÉARN 

garde remuez et approchez du gros du camp, fut que 
les assiégeans eussent eu avertissement de cette entre- 
prise, comme ils avoient dedans la ville plusieurs qui 
leur servoient d'espions, ou qu'ils craignissent quelque 
surprise. Le premier semble le plus vray, car le 
remuement se fit cette mesme nuict. La retraitte des 
enchemisez eut esté heureuse si le plus jeune baron 
d'Arros^ n'y eut esté blessé d'une harquebusade, de 
laquelle il mourut quatre ou cinq jours après. G'estoit 
un jeune gentilhomme hardi et de grande espérance. 

Mongomeri dressa ses troupes à Castres en Albigeois 
en telle célérité et taciturnité qu'elles commencèrent 
de marcher à la fin de juillet et furent quasi au bort de 
la rivière de Garonne avant qu'on sceut qu'elles deus- 
sent marcher. En cette armée avoit huict cornetes de 
cavalerie, celle du comte et des viscomtes de Borni- 
queP, de PauHn^, et de Calmont^ des sieurs de Mon- 
tamat et de Sérignac^ et de Bérillac, d'Iolet® et deux 
d'harquebusiers à cheval, Bisquerre et Saint-Victor, et 
trois régimens d'infanterie, celuy du viscomte de 
Moncla' et des sieurs de Solan et de Sénégas% qui 
fesoient tous trois vingt et huict compagnies. Tarride 



1 . Enseigne de la compagnie du capitaine La Motte. 

2. Bernard-Roger de Gomminges, vicomte de Bruniquel. 

3. Bertrand de Rabastens, vicomte de Paulin. 

4. François de Gaumont, seigneur de Gastelnau, tué à la Saint- 
Barthéiemy. 

5. Géraud de Lomagne, vicomte de Sérignac, frère de Terride. 

6. Pierre de Malras, baron d'Yolet, maréchal de camp en 1575, 
maître d'hôtel ordinaire de Gatherine, sœur de Henri IV. 

7. Antoine de Rabastens, vicomte de Monda. 

8. Gharles Durand , baron de Sénégas, gouverneur de Puylau- 
rens en 1572. 



I 



ET NAVARRE. 257 

eut avertissement de plusieurs pars de la levée de 
ces troupes et de leur intention de le venir affron- 
ter ; mais il n'en tint pas grand conte du commen- 
cement , s'asseurant que le maresçhal d'Anville \ 
Monluc et Bellegarde * les empescheroient de faire si 
long voyage, et borderoient si bien la rivière de 
Garonne qu'elles n'auroient loysir d'arriver jusques à 
luy. [Si grande estoit l'asseurance que ces gens avoient 
des forces catholiques, qu'ils pensoient les huguenots 
n'estre assés suffisens pour parer seulement à leurs 
coups.] Néantmoins pour ne sembler avoir mesprisé 
cest avertissement contre l'art de la guerre, Terride 
assembla.à Bastanès ^ le conseil de Pau et les princi- 
paux de la noblesse béarnoise pour aviser à ce qui 
seroit nécessaire pour la conservation du pais. Là fut 
arresté que, pour oster le moyen de vivre à cette 
armée et d'avituailler Navarrenx, ledit conseil députe- 
roit quelques-uns de son cors qui feroient incontinant 
fournir les villes et chasteaux défensables de toutes 
sortes de vivres pour trois mois, selon le nombre des 
compagnies qui y seroient mises en garnison ; car d'au- 
tant que ce secours ne menoit point d'artillerie, ils 
fesoient estât de défendre tout ce qui estoit clos de 
murailles ; que le reste des fruicts, demourans au pou- 
voir des particuliers, seroit serré ausdites places où les 
jurats seroient tenus de leur faire bailler logis et 
retraitte ; que les gouverneurs et capitaines en toute 

1. Henry, duc de Montmorency, baron de Damville, né en 
1534, mort en 1614. 

2. Roger de Saint-Lary, seigneur de Bellegarde, maréchal de 
France en 1574, mort empoisonné à Saluées en 1579. 

3. Commune du canton de Navarrenx, arrondissement d'Orthez 
(Basses-Pyrénées) . 

17 



258 HISTOIRE DE BÉARN 

diligence feroient prendre les armes et faire monstre à 
toute sorte et qualité d'hommes, depuis dix-huict ans 
jusques à soixante, leur faisant commandement de se 
tenir prests avec leurs armes, lorsqu'ils seront avertis 
par un beffroy général ou autrement ; et à ces fins les- 
dits gouverneurs subrogeroient personnages catho- 
liques fidèles et expérimentez à la guerre. Et afin que 
les ennemis domestiques, ministres ou autres, qui ne 
s'estoient réduits à la religion romaine ou parti du Roy 
et du païs, n'eussent moyen de favorir ^ en quelque 
sorte ceux qui venoient, fut ordonné qu'il seroit pro- 
cédé contre eux au jour et par le moyen qu'il avoit 
esté arresté ; et à cette fin lettres seroient mandées 
aux gouverneurs, capitaines, jurats et autres person- 
nages fidèles, et ceux qui s'estoient réduits seroient 
enfermés seurement pour autant de tems que les 
troubles dureroient. [Or l'ordre et moyen duquel est 
faite mention au dernier article pour estre exécuté 
contre ceux qui estoient demeurez fermes en leur 
religion, estoit de les faire tous mourir.] Mais [Dieu ne 
leur donna pas le loisir d'exécuter si cruel arrest ;] ils 
n'estoient pas encores séparez qu'ils receurent certain 
avertissement que Mongomeri avoit passé la rivière 
de Garonne au pont de Miremont^ après avoir defPait 
quelques harquebusiers qui le gardoient, et que Belle- 
garde, qui avoit fait mine de le vouloir empescher 
avec quelques compagnies de gendarmes et quelque 
harquebuserie, ayant abandonné le bord de la rivière, 
s'estoit disparu. 

1. Variante -.favoriser. 

2. Miramont , canton et arrondissement de Saint-Gaudens 
(Haute-Garonne). 



ET NAVARRE. 259 

Tarride estoit toujours devant Navarrens, de quoy 
mal luy en print, car il fut contraint de faire à lahaste 
ce qu'il devoit avoir fait à loisir ; mais il envoya le capi- 
taine Horgues en Bigorre, pour savoir plus asseurées 
nouvelles de ce fait. Il se trouva si à propos à Tarbe, 
qu'estant sur la muraille, il vit passer toutes les troupes 
auprès de la ville et retourna en diligence faire le rapport 
à ceux qui l'attendoient devant Navarrenx. Je ne sçay 
s'il vit toutes les troupes, mais il rapporta qu'il n'y avoit 
pas plus de deux mille hommes fort mal armez et pire- 
ment montez. [Jean le Frère, de LavaP, impudent men- 
teur en toute son histoire , escrit ce fait avec aussi 
grande infidélité qu'avec ignorance : il dit que la rivière 
deL'Adouse va rendre à la Garonne et puis à Baionne.] 

Le sixiesme d'aoust l'armée arriva en Béarn et 
logea à Pontac. Montamat avec sa cornete et une autre 
compagnie s' avança jusques àBénéjac*, et le septiesme 
toute la troupe passa la rivière du Gave au dessus de 
Coarrase. La cavalerie passa à gué et l'infanterie sur 
un pont de charrettes chargées de pierres qu'on fit 
promptement dresser. De quoy le capitaine Bonnasse, 
qui estoit à Nay, advertit promptement Tarride, luy 
asseurant l'armée estre d'environ six mille hommes, 
où avoit plus de quatre cens bons chevaux, qui mar- 
choient en ordonnance de gens de guerre ; parquoy le 
prioit de penser bien à ses affaires, car il les auroit 
bien tost sur les bras. Bonnasse les voulu aller recon- 
noistre comme ils passoient auprès de Nay, mais 
quelques coureurs lui chaussèrent les espérons de si 

i. Polygraphe catholique, mort en 1583. 
2. Commune du canton de Nay-Est, arrondissement de Pau 
(Basses-Pyrénées) . 



260 HISTOIRE DE BÉARN 

près, que s'il n'eust eu la retraite si prochaine, il y 
estoit demeuré; s'en retournant ils bruslèrent une 
sienne maison qu'ils trouvèrent sur le chemin. Sur 
cest avertissement Tarride fît conduire en diligence, 
mais avec confusion, son artillerie à Orthez, à Oloron 
et à Mauléon de Soûle , deux pièces demeurèrent en- 
gravées, et envoya quelques compagnies à Oloron, Pau 
et Lesca. Les Basques se retirèrent en leur pais et lui 
avec le demeurant de l'armée à Orthez, où il arriva le 
huictiesme d'aoust. Ils estoient tous en tel effroy qu'ils 
ne pouvoient prendre aucune résolution de ce qu'ils 
dévoient faire pour prouvoir aux affaires qui se pré- 
sentoient, et leur semblant que toutes choses leur 
manquassent, couroient çà et là, pensans trouver ce 
de quoy ils estimoient avoir faute. Combien que s'ils 
eussent sceu prendre leur avantage, ils avoient assez 
de force pour se défendre en ce Heu , en attendant 
leur secours qui estoit prochain. Mais cela arrive ordi- 
nairement à ceux qui attendent de se résoudre jusques 
au plus fort des affaires. Or, devant que Tarride 
descampast, ceux de dedans, connoissans à la conte- 
nance des ennemis qu'ils avoient volonté de desloger, 
sortirent sur les Basques qu'ils firent un peu partir 
plus tôt qu'ils ne pensoient, les chargeans si brusque- 
ment que ceux qui avoient les chevaux bridez n'eurent 
loisir de monter dessus, ny ceux qui avoient la viande 
sur la table de la manger. Ils prinrent ce qu'ils voulu- 
rent et s'en retournèrent chargez de vivres, armes et 
bagage avec huict chevaux et quatre pipes de vin. Ce 
mesme jour, passant auprès de Sainte-Colome', Mongo- 

1. Sainte-Golomme, canton d'Arudy, arrondissement d'Oloron 
(Basses-Pyrénées) . 



ET NAVARRE. 261 

meri envoya sommer quelques-uns qui s'estoyent mis 
dedans le chasteau avec le capitaine Faron qui leur 
respondit par harquebusades ; un soldat y fut tué. 
Pour la vengeance duquel quatre enseignes y furent 
envoyées, qui ayans mis le feu à la porte, tout le 
chasteau s'embrasa tellement que tout ce qui estoit 
dedans se brusla, exceptée une fille qui fut descendue 
par une fenestre. Une autre maison de plaisance dudit 
Sainte-Golome fut aussi pillée et brnslée. Ce mesme 
jour Bonasse envoya trente harquebusiers à la maison 
du sieur d'Abère d'Asson ^ [gentilhomme fort affec- 
tionné à la religion romaine et au service de son 
Prince et aagé de près de nouante ans,] qui n'avoit 
bougé de sa maison de toutes ces guerres ; lequel en 
haine de ce que Mongomery avoit esté en passant 
prendre le vin chez luy, après avoir saccagé sa maison, 
bruslé sa borde et violé une sienne fille bastarde, ils 
le massacrèrent vilainement avec sadite fille et puis les 
jettèrent tous deux dedans la rivière. 

[Le neufviesme bon matin tous les soldats et habi- 
tans de Navarrens se trouvèrent à la prédication où 
furent rendues grâces solennelles à Dieu de la déli- 
vrance qu'il luy avoit pieu leur faire.] Durant ce siège 
furent tirez 1777 coups de canon, non pas en batterie, 
mais à coup perdu contre les maisons, qui ne firent 
pas autant de dommage que les munitions, qui y avoient 
esté employées, valoient. Dedans la ville moururent 

1 . Pascal, seigneur d'Abère d'Asson, écuyer panetier de Jeanne 
d'Albret, porté au compte du trésorier de la reine de Navarre de 
1561 pour 100 livres de pension, avec la mention « ne bougeant 
de sa maison » ( Arch. des Basses-Pyrénées, B. 9) . — Le cbâteau 
d'Abère existe encore à Asson. 



262 fflSTOIRE DE BÉARN 

de coups trente-quatre hommes et six de maladie, et 
dehors, si le dénombrement de ceux qui y estoient est 
véritable, plus de mille. Ceux de Navarrens n'avoient 
encores nouvelles que leur secours fut si près ; mais 
ayans envie de s'aller pourmener un peu plus loin de 
leur tanière que de coustume, Arros sortit avec quel- 
ques chevaux et harquebusiers, tant pour entendre 
quelle route l'ennemi avoit prise, que pour visiter l'as- 
siete de leur camp; lequel ayant trouvé vuide, il donna 
jusques à Audaux qui fut pillé et bruslé par les soldats, 
et comme il retournoit, trouva que le secours arrivoit 
à Navarrenx où le comte logea cette nuict avec quel- 
ques-uns et le reste aux villages des environs. Et 
Tarride [et ceux qui avec lui s'estoient retirez à Orthez, 
ayant ouy l'exploit d' Audaux , fit jetter dedans la 
rivière un homme, nommé Arotis \ aagé de plus de 
quatre-vingts ans, pour ce qu'il estoit de la religion 
réformée et avoit un fils dedans Navarrens; et d'autant 
qu'il s'efforçoit d'en sortir, le firent tuer par harque- 
busades.] 

Ce mesme jour Peyre, gouverneur de Pau, qui dès 
le sixiesme avoit fait serrer en prison tous les hommes 
qui avoient fait profession de la religion * réformée, 
[fussent-ils retournez à la messe ou non,] et mis les 
familles des ministres dehors la ville, commença après 
souper d'exécuter l'arrest de faire mourir tous ceux 
qui estoient demeurez [constans en la religion^], et, 

1. En 1538, il y avait à Orthez Jean, Auger et Bernard d'Arrot, 
tous petits propriétaires (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 712, f»» 7, 
8 et 17). 

2. On a ajouté : prétendue. 

3. Variante : fermes. 



ET NAVARRE, 263 

[sans nulle forme de procès et sans les ouyr ni con- 
damner,] fit pendre Micheau Vignau S ministre de Pau, 
et Jean*, jardinier de la Roine. [Au devant d'eux 
marchoient tabourins et phifres, suyvis de quelques 
harquebusiers qui sonnoient et tiroient tousjours 
durant l'exécution, afin que le peuple qui joyeux y 
assistoit, avec la femme du dit Peyre % ne peut ouir 
ce qu'ils disoient aux prières et louanges qu'ils ren- 
doient à Dieu.] L'endemain au matin Pierre du Bois \ 
ministre de Lesca, et Micheau Chanbon, tailleur de la 
Roine, furent exécutez en la mesme forme, et N. Ale- 
zieu, ministre de Garlin% et Guillaumes L'Escout, 
chirurgien , l'après disnée. Le neufiesme Peyre se 
reposa ; mais le 1 Antoine Porrat ^, ministre de 
Tarbe, Augier Plantier', ministre de Beuste, Guil- 

1. Voy. p. 123 la note 7. 

2. Jean Olignon, marié avec Antoinette Piton par contrat du 
28 mars 1563"(Arch. des Basses-Pjrénées, E. 1999, f 68). — La 
veuve resta pendant fort longtemps titulaire de l'office de son 
mari, sans doute en considération de sa mort tragique. 

3. Micheile de Corcelles ; elle avait été commensale d'Isabeau 
de Navarre, dame de Rohan, qui lui avait donné 1,000 écus d'or 
pour son mariage. Elle testa à Arbus le 22 juillet 1583 (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1496, f*" 153). 

4. La même année il y avait à Pau un libraire protestant nommé 
Pierre Dubois ; il reçut en 1570 un don delà reine de Navarre de 
100 livres (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 16). Il mourut avant 
1573 (même dépôt, E. 2002). 

5. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Pau (Basses- 
Pyrénées). 

6. En 1605, Jean Pourrat était ministre à Garresse, canton 
de Salies , arrondissement d'Orthez (Basses-Pj'rénées) (Arch. des 
Basses-Pyrénées, E. 1204). 

7. Ce ministre laissa une veuve et un enfant qui recevaient 
encore en 1577 une pension de 29 écus H sols 4 deniers {Arch. 
des Basses-Pyrénées, B. 2368, f° 306). 



264 HISTOIRE DE BÉARN 

laumes La Vigne \ second président, et Guillaumes 
More^, qui avoitestépreslre, passèrent le mesme che- 
min. Cependant Bellegarde, qui avoit suivie l'armée 
de Mongomeri, arriva à Tarbe et Monluc à Ayre^, espé- 
rans que Tarride leur donneroit loisir, en temporisant 
l'eniiemi, d'assembler plus grandes forces pour le com- 
battre. Monluc manda à Tarride le dénombrement des 
forces desquelles il pouvoit faire promptement estât, 
asçavoir mille harquebusiers qui estoient à Manciet et 
cent-cinquante au Mont-de-Marsan, deux compagnies 
d'Aurensan * et d'Arblade , six-vingts hargolets, sa 
compagnie de gens d'armes, celle de Gondrin, qua- 
rante salades de la compagnie du comte de Nègrepe- 
lisse qui s'estoient retirez en leurs maisons, vingt de 
LaValete^ la compagnie de Fontenilles % celle du 
capitaine Monluc, son fils'. Et Bellegarde avoit six 

1. Guillaume de Lavigne, fils d'Arnaud de Lavigne, avocat 
d'Oloron, et de Gracie de Bordères, jurât d'Oloronen 1539, notaire 
de cette ville en 1540, juge deBéarn, second président au Conseil 
souverain, marié à Philippe de Gamblong; sa fille Marie épousa 
en 1562 Hervé Boullard, architecte du roi de Navarre et maître 
général des réparations en Guienne. Guillaume fit son testament 
l'avant-veille de sa mort, le 8 août 1569 (Arch. des Basses-Pyré- 
nées, E. 1772, 1773, 1997, f° 172; 2001, f» 81). 

2. Il y avait en 1571 un ministre de ce nom attaché à la maison 
de Henri de Navarre; il fut massacré à la Saint-Barthélémy. 

3. Aire-sur-l'Adour, chef-lieu de canton de l'arrondissement de 
Saint- Sever (Landes). 

4. Le seigneur d'Aurensan, canton de Riscle, arrondissement 
de Mirande (Gers). 

5. Jean de Nogaret, baron de La Valette, mort en 1575. C'était 
le père du duc d'Épernon. 

6. Philippe de La Roche, baron de Fontenilles, épousa Françoise, 
fille de Biaise de Monluc, mort en 1594. 

7. Fabien de Monluc, marié en 1570 à Anne de Montesquieu, 



ET NAVARRE. 265 

cens harquebusiers, sa compagnie de gens d'armes et 
celle de son fils et des sieurs de Lausun' et de Sarla- 
boust^. Ainsi estans tous deux joints, ils auroient cinq 
cens salades et deux mille harquebusiers. Parquoy il 
prioit instament Tarride de lui mander où ils se 
pourroient aisément joindre, afin de combattra en- 
semble l'ennemi ; cependant le prioit de ne s'engager 
en lieu où il peut recevoir quelque escorne, ains que 
plus tôt il abandonnast l'artillerie ; car s'il estoit une 
fois defFait, les affaires se porteroient mal en Gascogne, 
et il ne voudroit après bazarder l'entrée de Béarn avec 
ce qu'il avoit. Et le 14 respondit à Peyre qui luy avoit 
mandé ce que ceux du secours fesoient et ce qu'il 
avoit commencé de faire de ses prisonniers, que sans 
faute il seroit joint le dimenche avec Bellegarde et 
qu'ils joueroient des ongles ; qu'il lui avoit fait plaisir 
d'avoir fait pendre les ministres, et le prioit de conti- 
nuer à l'exemple de Monsieur, frère du Roy, qui n'en 
laissoit eschaper un à meilleur marché que de la 
corde, mais qu'il en gardast deux des plus chéris et 
aimez, afin qu'en eschange de l'un, il peut recouvrer 
son guidon qui estoit détenu prisonnier à Montauban ; 
gardast aussi Pierre Viret, mais qu'en sa présence il 
fit pendre ses compagnons, le menaçant qu'il passeroit 
par le mesme lieu, afin par ce moyen, disoit-il, l'in- 
duire de escrire à Mongomeri de faire cesser la tuerie ; 

tué en 1573 au siège de Nogaro. C'était le dernier fils de Biaise 
de Monluc. 

1. François Nompar de Caumont, comte de Lauzun, mort en 
1575. 

2. Raymond de Gardaillac, seigneur de- Sarlaboust, colonel de 
l'infanterie sous Charles IX, tué en 1570 à l'île d'Oléron. 



366 HISTOIRE DE BÉARN 

fit aussi pendre les présidens et conseillers qu'il tenoit 
prisonniers, qui estoient les plus grands ennemis 
qu'eussent ceux qui estoient pour le Roy en Béarn, et 
le Roy leur en donneroit d'autres au chois et élection 
du pais; et mandast partout qu'on massacrât les hugue- 
nots, comme il feroit de son costé ; les biens desquels 
pourroient estre donnez aux catholiques pour aider à 
garder le pais sans suspition ; qu'il advertit Bonnasse 
de brusler les maisons du sieur d'Arros ^ et de tous 
ceux qui estoient à Navarrens, luy asseurant que le 
Roy ne seroit que très aise de toutes ces choses. 

Bellegarde avoit pareillement escrit audit Peyre de 
Vic-Bigorre 2, qu'il alloit joindre Monluc pour desgager 
ceux d'Orthez, s'il estoit possible, et qu'il avoit mandé 
à Viellanbits^, qui estoit à Tarbe, d'aller joindre Bonasse 
à Nay avec son régiment pour favorir les affaires du 
costé de Pau ; qu'il le pourvoiroit d'hommes, s'il en 
avoit besoin pour la garde de Pau, mais qu'il avisast 
sur toutes choses de faire la plus grande espargne de 
vivres qu'il pourroit, car il estoit à craindre qu'avant 
la fin de la feste, ils n'en eussent faute. 

L'unsiesme, environ midi, le secours arriva à la 
veue d'Orthez, d'où sortit quelque cavalerie qui vint 
jusques à Meigret \ où fut attaquée l'escarmouche; mais 
avant qu'elle s'eschaufat guère, la cavalerie se retira à 
la faveur de quelques harquebusiers qui estoient au 



1. Le château d'Arros était près de Nay où se tenait Bonnasse. 

2. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Tarbes (Hautes- 
Pyrénées). 

3. Gautier de Goffitte, seigneur de Lucarré, marié à N. de Vil- 
lambits (?). 

4. Magret, hameau de la commune d'Orthez. 



ET NAVARRE. 267 

bout du faux-bourg de Départ \ couverts de quelques 
barricades. Ils se défendirent si bien au commence- 
ment qu'outre qu'ils firent mourir quelques hargolets 
qui, ayans mis pié terre, se vouloient trop avancer, 
repoussoient aussi cette charge, quand le viscomte de 
M ontcla arriva , suy vi d' environ cinq censharquebusiers , 
qui affoncèrent si brusquement tout ce qui estoit aus- 
dites barriquades et en tout ce fauxbourg, que peu 
s'en falut qu'ils n'entrassent dedans la ville pesle et 
mesle avec ceux qui se retiroient en desroute. Le capi- 
taine Calvet ^ et quelques soldats dudit viscomte furent 
tuez à cette charge, mais des ennemis le nombre des 
morts fut beaucoup plus grand. Le capitaine Grec de 
Podens ^ y fut pris prisonnier et quelques-uns, se cui- 
dans sauver à travers la rivière avec une corde qui 
traversoit ladite rivière, se noyèrent. 

Mongomeri remarquoit cependant la contenance des 
ennemis qui se présentoient au combat avec moins de 
gayeté, d'asseurance et de fureur, qu'il n' estoit conve- 
nable à un si grand nombre de grands capitaines et 
vieux soldats et qui avoient une si bonne retraitte et le 
secours si prochain ; dont ayant pris espérance de les 
forcer en leur propre logis, il passa incontinent la 
rivière avec toute sa cavallerie et mille harquebusiers 
en croupe. Le gué estoit si mauvais que jamais aupa- 



1. Faubourg d'Orthez, séparé de la ville par le Gave de Pau. 

2. Le 30 janvier 1585 André Calvet, serviteur du prince de 
Condé, donna tous ses biens à son neveu Gabriel Calvet (Arch. 
des Basses-Pyrénées, E. 2005, f" 785). Ce dernier pouvait être le 
fils du capitaine Calvet, 

3. La seigneurie de Poudenx, canton de Hagetmau, arrondisse- 
ment de Saint-Sever (Landes). 



268 HISTOIRE DE BÉARN 

ravant personne n'y osa passer, toutesfois il ne perdit 
que le capitaine La Sale^ et un gendarme qui se noyè- 
rent. Les ennemis se présentèrent avec tout ce qu'ils 
avoient de chevaux et quelques harquebusiers auprès 
de l'eau pour l'empescher, mais trouvant desjà une 
partie passée et estonnez d'une si brave entreprise, 
reprinrent le chemin de la ville où ils se retirèrent, 
ayant fait mettre le feu aux fauxbourg par les harque- 
busiers. Une partie de la cavalerie s'enfuit sans r' en- 
trer dedans la ville, abandonnant leurs chef, leurs 
compagnons et leur bagage, si grande est la puissance 
que l'effroy a sur les cœurs pusillanimes, qu'il leur 
fait oublier toutes choses honnorables. Ceux qui s'en- 
fermèrent furent talonnez de si près qu'à peine les 
portes estoient closes, que , sans marchander ny re- 
connoistre la muraille, quelques meschantes escheles, 
trouvées d'aventure en quelques estables, furentpromp- 
tement plantées et, encores qu'elles fussent courtes , 
ceux qui les avoient dressées, qui sembloient plus tôt 
voler que marcher, gravirent si isnellement qu'ils 
furent plus tôt dessus, que les assaillis pensassent qu'ils 
eussent la hardiesse de leur donner l'escalade en plein 
jour. Mais d'autant que la montée avoit esté coura- 
geuse, la descente se trouva si hazardeuse et périlleuse, 
car il estoit impossible de marcher sur ladite muraille; 
toutesfois ceux qui estoient montez les premiers des- 
cendirent à la faveur de quelque trille ^ qui se treuva 
à l'endroit d'eux et allèrent ouvrir la porte aux autres. 
Cela augmenta tellement l'effroy aux assaillis que, 

1. Ce nom très -répandu en Béarn empêche de l'identifier 
sûrement. 

2. Ce mot a les deux sens de treille et de corde. 



ET NAVARRE. 269 

jasçoit qu'ils fussent seze compagnies de infanterie, 
deux d'hommes d'armes et deux d'harquebusiers à 
cheval, beaucoup de gentilshommes et bons capitaines, 
ils n'eurent néantmoins la hardiesse de se présenter 
à la deffense de la muraille ; ains effrayez et troublez 
s'enfuirent dedans le chasteau , sans faire que fort 
petite résistance, non toutesfois si viste qu'il n'en 
demeurast environ mille par le chemin. 

Depuis que les troupes furent dedans, il y eut plus 
de tuerie que combat ; et y avoit une telle confusion 
entre les soldats que plusieurs tuèrent leurs compa- 
gnons, ne se reconnoissans l'un l'autre; et les cris, les 
pleurs, les hurlemens et les gémissemens estoient si 
grands par la ville, que les plus asseurés en avoient 
horreur, et ceux qui espouvantoient les autres n'es- 
toient guère moins espouvantez qu'eux ; car outre le 
massacre des habitans,qui fut quasi universel, la ville 
qui estoit en plusieurs endroits embrasée, fut tout à 
plat pillée. Et les Orthésiens changèrent lors de mu- 
sique , car comme ils avoient receu Tarride avec 
processions [et dances publiques], chantans : Birat s' es 
lo beti, Ninetes, birat s'es de Vautre estrem^; à l'arrivée 
de Mongomeri, pleurans et gémissans, crioient : Merci, 
miséricorde, sauvez-moi la vie. 

Tarride qui, avec les principaux de son armée, 
s' estoit retiré dedans le chasteau d'Orthez , fut 
soudainement assiégé et sur le soir sommé ; mais 
pour ce qu'il espéroit avoir secours de Monluc, 
il ne se voulut rendre. Parquoy le canon fut en- 
voyé quérir à Navarrens, qui arriva l'endemain sur 

1. Phrase béarnaise qui signifie : Le vent a tourné, Ninette, il 
a tourné de Vautre côté. 



270 HISTOIRE DE BÉARN 

le soir. Cela estonna les assiégez qui, n'ayàns plus de 
vivres ni nouvelles de secours, mirent dehors par une 
corde Saint-Salvy\ frère de Terride, et Basillac pour 
parlementer et capituler ; mais n'estans peu tomber 
d'accord, Basillac s'en retourna et Saint-Salvy demeura 
au camp. L'endemain, pressez de la faim et de la 
crainte, ils firent de rechef sortir Basillac avec Amou^. 
Ils accordèrent, mais trop tard, que les ministres, qui 
avoient été pris à Pau, seroient mis en pleine liberté ; 
que Tarride demeureroit prisonnier entre les mains du 
comte, jusques à tant qu'il auroit fait mettre en liberté 
Corteville^, frère dudit comte, ou baillé huict cens 
escus pour une partie de la rançon en laquelle il avoit 
esté taxé, et fait mettre en liberté le baron de Paulin 
qui estoit prisonnier ; que les vies seroient sauvées à 
tous les autres chef, lesquels demeureroient cependant 
prisonniers jusques à tant qu'ils eussent rachapté d'au- 
tres de leur qualité ou eussent satisfait à la rançon à 
laquelle ceux de la religion * seroient cottisez ; que les 
soldats sortiroient avec le baston blanc et se retire- 
roient où bon leur sembleroit, toutesfois si aucun d'eux 
vouloit suivre l'armée, y seroit receu ; que l'artillerie 
qui estoit dedans le chasteau et en la ville demeureroit 
entre les mains de Monsieur le prince de Navarre. 
Dedans le chasteau estoient Tarride, lieutenant-géné- 
ral, Gerderest, Amou et Sai net-Félix, chevaliers de 



1. Gabriel de Lomague, seigneur de Saint-Salv^. 

2. Jean Paulon, seigneur d'Amou. 

3. En 1569 une « demoiselle de Gourteville » était attachée à la 
maison de Jeanne d'Albret (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 15, 
fo 24). 

4. On a ajouté : prétendue réformée. 



ET NAVARRE. 271 

l'Ordre, Gohas, maistre de camp, Fauroux, mareschal 
de camp, Bazillac, maistre de l'artillerie, Sainte- 
Colome, Saint-Pée \ Pordiac^, Candau ^ Abidos^ les 
capitaines Ségalas, Aurout, Nébot, Saliis, Sus% Perrens 
et la plus part de la compagnie des gendarmes de 
Tarride et quelques-uns du comte de Nègrepelisse, 
avec trois cens harquebusiers et environ cent hommes 
ou femmes de la ville qui sortirent tous le quinziesme 
d'auost. Les chef furent conduits le mesme jour à Na- 
varrens. Cette faction n'estonna pas seulement le pais 
de Béarn, mais aussi toute la Gascogne, et lesEspagnes 
voisines estoient en effroy de crainte que cette armée 
n'y entr^st. 

Peyre et ceux du conseil de Pau continuoient tous- 
jours leurs exécutions et se travailloient fort pour 
retenir le peuple de leur party qui, espouvanté et 
esbranlé, nesavoit ce qu'il devoit faire, car [la coulpe 
de leur faute geinoit leurs consciences, et] la crainte de 
la peine les faisoit mourir toutes les fois qu'ils se resou- 
venoient des choses passées, tellement qu'il leur sem- 
bloit sentir desjà sur leurs tètes l'espée du soldat victo- 
rieux ou la doloire ^ du bourreau ; et n'y avoit rien qui, 
en cette grande désolation, leur présentast quelque 
alégeance, que l'espérance de la bonté de leur Prince 

1. Jean de Lalanne, seigneur de Saint-Pée de Salies. 

2. Bernard de Léaumont, baron de Pardéac. 

3. François de La Salle, seigneur de Candau, marié à Germaine 
de Saint-Abit (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 259, f° 64). 

4. Henri, seigneur d'Abidos, marié à Louise de Grabessous 
(Arch. des Basses-Pyrénées, B. 259, f° 58). 

5. Antoine-Gabriel, seigneur de Sus, près Navarrenx. 

6. Vieux synonyme de hache, dans le sens d'instrument de sup- 
plice ("Voy. Littré). 



272 HISTOIRE DE BÉÂRN 

et le bon traittement qu'ils oyoient avoir receu tous 
ceux par où les gens du secours av oient passé, sans 
avoir offensé autres que ceux qui portoient les armes 
avec les protecteurs, ou avoient en quelque sorte 
favori la protection. Et la commission de Mongomeri, 
laquelle il avoitfait publier en Ossau en passant, appor- 
toit d'user de toute douceur envers le peuple ; ce qui 
avoit si bien asseuré ceux dudit Ossau, qu'ils avoient 
quitté la protection et avoient reconnu et receu Mon- 
gomeri pour lieutenant-général de la Royne, leur, 
dame, et lui avoient administré vivres ; et plusieurs 
s'estoient joints à luy, comme avoient aussi fait quel- 
ques autres de Pontac, Nay, Coarrase, Asson, desquels 
Incamps avoit fait une compagnie. De quoi le conseil 
de Pau avoit esté tant irrité que, ne sachant encore 
rien de la capitulation et reddition du chasteau d'Or- 
thez, escrivit à ceux de la vallée d' Ossau la lettre 
suivante : 

« Messieurs de jurats et habitans de la vallée d'Ossau, 
nous avons esté advertis, à nostre grand regret, que 
à la persuasion de quelques-uns, vous avez délibéré 
vous disunir et séparer du cors de tout le pais et 
quitter la protection du Roy, laquelle vous avés volon- 
tairement receue avec tous les Estas du pais ; ce que 
nous esmerveilleroit grandement et inciteroit tout le 
pais vous courir sus comme à proditeurs de la patrie. 
Parquoy nous vous avons voulu exorteret prier, pour 
vostre grand bien et proffit et repos publique, de conti- 
nuer en ladite protection et vous venir joindre avec 
toutle cors. Et à faute de faire à ce coup vostre debvoir, 
comme chascun a délibéré de faire, nous serons con- 
traints, pour le debvoir de nostre charge, vous publier 



ET NAVARRE. 273 

traistres et proditeurs, atteints et convaincus du crime 
de lèze-majesté, et comme telz vous punir et confis- 
quer voz biens. Toutesf ois nous espérons que ne vous 
ferez un si grand tort, vous priant nous advertir de 
vostre volonté, laquelle nous prions Dieu estre autre 
que le rapport que nous en a esté fait. De Pau, le 16 
d'aoust 1569. Voz bons amis et très affectionnez, les 
gens tenans le Parlement. Par mandement du Parle- 
ment : J. DE BORDENAVE. » 

Le sindic Luger leur escrivit la suivante : 
« Messieurs de la valée d'Ossau, la république de 
Béarn, par la grâce de Dieu, a esté composée de trois 
Estas, assavoir : de l'Eglise, de la Noblesse et le Tiers- 
Estat, et vous estans du cors du pais, avec consente- 
ment desditz Estas, avez receue la protection du Boy 
Très-Chrestien, afin que les hugenotz hérétiques ne se 
peussent saisir du présent pais, comme ce faire ils 
avoient déjà longtems arresté. Je suis asseuré que la 
plus part de vous estes chrestiens et bons catholiques 
par la grâce de Dieu ; toutesfois effrayez de quelques 
troupes de huguenotz larrons, meurtriers, sacrilèges, 
incendiaires qui se sont jettez dedans le pais, ou bien 
estans séduitz et trompez pour vous avoir donné faux 
entendre, vous vous êtes esbranlez et avez favory les- 
ditz ennemis d'hommes et vivres et autre secours 
qu'ils vous ont demandé, comme l'on a fait entendre 
à la noblesse et au cors du pais composé de personnes 
catholiques, ce que je n'ay encores peu me persuader, 
estant plus que asseuré que vous estes hommes preux, 
qui ne voudriez avoir fait chose aucune contre voz 
consciences et la protection receue par le cors du pais 
composé de personnes catholiques. Toutesfois afin 
V 48 



274 HISTOraE DE BÉARN 

d'en estre asseuré, il m'a esté commandé par Mes- 
sieurs de l'Eglise, de la Noblesse et gens du Tiers-Estat 
catholiques, vous escrire la présente et vous sommer 
de nous faire déclaration par escrit si avez intention 
de suivre leur party ou vous unir avec les huguenotz 
larrons, qui sont entrez dedans le pais, et porter les 
armes contre tout le présent pais et personnes catho- 
liques et contre le Roy Très-Chrestien, nostre protec- 
teur, et contre le pais d'Aragon et d'Espagne, qui sont 
catholiques et nous veulent favorir et aider à soustenir 
la querelle de Dieu ; ou bien si vous délibérez vous 
entretenir avec tout le cors du pais sous ladite protec- 
tion et nous favorir et aider tant d'hommes que de 
vivres et armes et de toutes autres choses nécessaires 
pour nuire et confondre nosdits ennemis. Je vous prie 
donc , pour l'honneur de Dieu , recevoir ma remons- 
trance comme de vostre très humble et fidèle servi- 
teur, et considérer si vous avez moyen de vous passer 
du corps du pais, des royaumes de France et d'Espagne, 
et principalement penser qu'il est aujourdhuy question 
de la gloire de Dieu et de soustenir son église. Aussi 
vous vous pouvez asseurer que le comte de Mongomeri 
et ses troupes larronnesses ne peuvent estre autres 
que vos ennemis, veu les saccagemens, bruslemens, 
meurtres et rançonnemens et autres actes d'hostilité 
qu'ils exercent. Ce que vous doit faire croire qu'ils ne 
sont envoyez par la Royne, car s'ils estoyent ses bons 
serviteurs ne brusleroient son pais , ne tueroyent ses 
bons et fidèles serviteurs, ains plustot luy conserve- 
royent ; sinon que Sa Majesté ait intention de nous 
faire tous exterminer, comme elle a commandé par 
lettre audit comte de Mongomery, surprise par le sieur 



ET NAVARRE. 275 

de Monluc, le double de laquelle je vous envoyé ; par 
laquelle vous pourrez voir que Sa Majesté commande 
que tous les catholiques, tant hommes, femmes qu' en- 
fans, soient mis au fil de l'espée, afin qu'il n'en 
demeure aucune semence en Béarn, et elle baille le 
pais et noz biens et maisons aux huguenotz estrangers. 
Les valées d'Aspe et de Barétons sont unies avec le 
corps du pais catholique. Parquoy je vous somme, 
comme sindic, me déclarer si vous vous en voulez 
séparer et refuser la protection, afin de vous traitter 
comme hérétiques et ennemis de Dieu et de son église 
catholique et en général de tout le cors du païs et des 
roys de France et d'Espagne, qui de tous costés nous 
envoyoient secours, faveur et aide. Messieurs de 
Monluc et de Bellegarde sont jà jointz ensemble avec 
deux mille chevaux de service, et s'en vont droit à 
Orthès pour secourir Messieurs de Tarride, Sainte- 
Colome et les autres, et combattre noz ennemis. Mon- 
sieur de Viellambitz, chevalier de l'Ordre du Roy, 
avec un bon nombre d'enfanterie, se vient joindre 
avec le sieur de Bonasse. Dieu nous veuille aider. Ce- 
pendant je vous supplie et requiers encores un coup 
me faire responce par escrit. De Pau, ce 16 d'aoust 
1569. Vostre humble amy et serviteur, De Luger, 
sindic de Béarn . » 

La lettre mentionnée par le sindic avoit esté fine- 
ment supposée pour entretenir par crainte le peuple 
du costé de la protection. Car elle portoit commande- 
ment à Mongomeri de faire tuer ceux de la religion 
romaine sans discrétion d'aage ni de sexe. Mais sa 
commission qu'il avoit jà fait publier, passant par 
Ossau, et le traittement que tous ceux qui ne se met- 



2i76 HISTOraE DE BÉARN 

toient en deffense rece voient de son armée, descou- 
vroient l'imposture de cette lettre et donna occasion au 
peuple de la juger fausse et de rejetter celles du Parle- 
ment et du sindic. Cependant Bonasse avec Vielleam- 
bits, qui avoit un régiment de sept compagnies de 
fanterie et quelques hargolets du conseiller Marqua, 
sous prétexte d'aller couper chemin à l'armée du 
secours, laquelle pour tromper le povre peuple ils 
disoient s'enfuir par le pié de la montaigne, fut audit 
Ossau, pour regaigner le peuple par amour ou par 
force ou piller ceux qui s'estoient joints aux troupes 
du secours; mais ayant commencé de pillerJes villages 
d'Arudi et Loubié, il entendit la reddition du chasteau 
d'Orthez, qui luy fit promptement rebrousser chemin 
et quitter son pillage. 

Le jour après la reddition du chasteau d'Orthez 
Gramont et Mongomeri parlèrent ensemble en la mai- 
son de Vaure ^ près d'Orthez. Tous désiroient fort que 
Gramont suivit cette armée et chacun l'espéroit, et n'y 
eut autre empeschement, sinon d'autant qu'il avoit esté 
autres fois lieutenant général en Béarn. Il demandoit 
d'estre associé et receu pour compagnon en la lieute- 
nance générale dudit Mongomeri, et que lors qu'ils 
feroient quelques despêches en commun, le secrétaire 
du comte les despèchant, mettroit : Gabriel, comte de 
Mongomeri, lieutenant général de la roine de Navarre 
en toutes ses terres et seigneuries, et le sieur de Gra- 
mont; et si le secrétaire de Gramont escrivoit, mettroit : 
Le seigneur de Gramont et te comte de Mongomeri, lieu- 



\. Le château de Baure dans la commune de Sainte-Suzanne, 
canton et arrondissement d'Orthez (Basses-Pyrénées). 



ET NAVARRE. 277 

tenant général de la Roine , et que lorsqu'ils seroient 
hors de Béarn, ils s'accorderoient par ensemble selon 
l'avis des gentilshommes qui seroient en l'armée. Ce 
que Mongomeri ne voulant accorder, Gramont se retira 
en sa maison ; et lui fut mandé de ne costoyer l'armée 
de deux lieues. 

Cela rompu, le comte prit le chemin de Pau et 
envoya le sieur de Lons et saisir de Lesca avec 
charge de faire sommer Peyre de luy rendre la ville 
de Pau, qui pour ce coup fit l'oreille sourde. Tou- 
tesfois le dix-neufviesme , craignant d'estre cerné, 
comme il eut esté l'endcmain, ayant envoyé le prési- 
dent Etchard et Beudoat ^ à Lesca vers Lons, comme 
s'il eut voulu capituler de la reddition de la ville, mais 
plustot craignant qu'ils luy donnassent cmpesche- 
ment à sa fuite qu'il préparoit. Incontinent qu'ils 
furent partis, avec haste, crainte et estonnement, 
n'ayant eu loisir d'achever de souper, ny mesmes de 
prendre ses botes, et dire à Dieu à ses soldats et aux 
habitans, fit secrettement mener ses chevaux dehors 
la ville, monta dessus et se sauva à course de cheval. 
Les prisonniers de la religion*, qui du haut de la tour 
descouvroient cela, furent bien aises de le voir fuir [et, 
ayans rendu grâces à Dieu,^] descendirent^ et s'estans 
saisis des armes de ceux qui estoient au cors de garde, 
se rendirent maistres du chasteau de Pau. L'alarme 
s'estoit cependant eschaufée si bien dedans la ville 

1 . Il s'agit peut-être de Raymond Du Beudat, capitaine et 
valet de chambre du roi de Navarre en 1582. 

2. On a ajouté : prétendue réformée. 

3. Variante : lesqueh. 

4. On a ajouté : tout aussy tost. 



/ 



278 HISTOIRE DE BÉARN 

qu'estans les portes fermées, les femmes commencè- 
rent de desbaliser les soldats qui, trouvans les portes 
closes, demeuroyent si effrayez et si esperdus qu'ils 
n'avoient la discrétion ne la puissance de se defifendre, 
néantmoins nul fut offensé en sa personne. LaRoquete, 
enseigne de Gohas, Sanson\ lieutenant de Peyre, et 
un frère dudit Roquete avec quelques autres furent 
faits prisonniers ; mais la nuict ceux qui avoient fait 
plaisir aux habitans furent relaschez, et les Roquetes, 
ayans aydé les deux présidens Saleté * et Etchard de 
n'estre pendus, furent mis en liberté à leur requeste. 
Bonasse estoit encores à Nay et promettoit aux habi- 
tans de demeurer avec eux et de mieux garder sa 
ville que n'avoient fait ceux d'Orthès, et leur asseuroit 
avec grands blaphèmes de garder les ennemis d'y 
entrer s'ils n'avoyent des ailes ; et comme s'il eut fait 
estât d'attendre un siège, fit empoisonner quelques 
pièces de vin qui estoient aux faux-bourg avec des 
crapauts qu'il fit mettre dedans par un appotiquaire, 
qui en fut depuis pendu. Mais deux heures après, envi- 
ron huict heures du matin, ayant fait assembler le 
peuple en la place, il leur proposa que la Roine avoit 
commandé à ceux du secours de coupper les mamelles 
à toutes les femmes de la religion [romaine^] et de 
massacrer tous les hommes et deschirer en pièces les 
enfans, et accompagnant ses paroles de beaucoup de 



1. Bertrand de Miossens, seigneur de Samsons. 

2. Jean de Salettes, président à la Chambre des Comptes de 
Pau et au Conseil souverain de Béarn, marié à Astrugue de 
Bussy, testa le 7 juin 1571 (Arcli. des Basses-Pyrénées, E. 2001, 
f- 191). 

3. Variante : catholique. 



ET NAVARRE. 2179 

souspirs feints, il exortoit le peuple troublé et effrayé 
de sortir du pays de Béarn en sa compagnie avec 
leurs femmes et enfans, leur asseurant [avec blaphêmes 
exécrables] qu'il ne quitteroit la ville que pour éviter 
que telle inhumaine cruauté ne fut exercée contre 
leurs personnes innocentes, mais que bien tost il les 
ramèneroit et les rcmettroit en leurs maisons. Cette 
remonstrance remplit la ville de gémissemens, cris et 
hurlemens lamentables accompagnez de plusieurs exé- 
crables inprécations. Néantmoins, au milieu de toutes 
ces désolations. Bonasse faisoit charger dix chars du 
plus riche butin de ses pillages, sans que ce misérable 
peuple troublé, à qui la peur avoit osté le cœur et le 
sens, eust la discrétion de connoistre la fraude de celuy 
qui leur faisoit abandonner femmes et enfans et quitter 
leurs maisons et tous autres biens, et cependant tiroit 
de la presse sa femme et ses enfans et emportoit le 
meilleur de ses biens, si grande est la force de la 
frayeur qu'elle oste tout bon jugement et connoissance 
des choses les plus clères et les plus manifestes. Ses 
chars sortis et ayant remis les clef de la ville es mains 
d'Arnaud Du Four \ jurât, qu'il tenoit prisonnier pou^ 
estre de la religion ^ réformée. Bonasse deslogea avec 
telle confusion, que tout ainsi que les moutons chassez 
et pressez montent l'un sur l'autre, aussi ces personnes 
effrayées se pressoient tellement les unes les autres au 
sortir que la porte ne leur pouvoit suffir. Les compa- 
gnies de Viellambits, qui estoient logées à Nay et aux 
environs, deslogèrent avec les autres en tel effroy que 

1. Arnaud Du Four ou Du Forn était déjà jurât de Neiy en 
1564 (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1735, f" 51). 

2. On a ajouté : prétendue. 



280 HISTOIRE DE BÉARN 

plusieurs, laissans le potage et la viande sur la table, 
gaignèrent la garite de telle vitesse qu'ils ne s'arrestè- 
rent qu'ils ne fussent dehors tout le pais béarnois. Et 
Du Four envoya incontinent à Pau donner avertisse- 
ment de la fuite de Bonasse, et le capitaine Poqueron 
y arriva ce mesme jour pour la Roine. Le comte, qui 
receut novelles à Artis ^ de la reddition de Pau et de 
Này, fesoit estât d'aller à Oloron, mais il entendit 
qu'Esgarrebaque l'avoit abandonné avec la mesmes 
crainte et désordre que les autres et s'en estoit fuy en 
Espagne. A Oloron furent trouvez quatre gros canons 
et deux pièces de campagne avec leurs attelage. 

[Dieu , qui veille ordinairement pour les siens , 
aveugla de telle sorte tous cesfuyars, qu'ils n'eurent le 
sens de mener avec eux les prisonniers qu'ils tenoient 
pour desgaiger leurs compagnons ou pour en tirer 
finance ; car ils avoient les deux présidens Saleté et 
Etchart, Viret et cinc autres ministres et maints des 
plus riches bourgeois et marchans de Béarn , par le 
moyen desquels ils eussent peu racheter la plus part 
de leurs complices.] 

Toutes les places donc réduittes en l'obéissance de 
la Roine, le comte s'en alla à Pau, où le 22 d'auost 
[furent rendues^] grâces solennelles à Dieu de la déli- 
vrance qu'il avoit fait de son église et de la liberté qu'il 
avoit donnée au pais ^ ; Vire! fit le presche [sur le 
seaume 124]. Ce mesme jour furent pendus six sol- 
dats [des plus meschans] de la compagnie de Peyre, 

1. Artix, canton d'Arthez, arrondissement d'Orthez (Basses- 
Pyrénées). 

2. Variante : fist rendre. 

3. On a ajouté -.et. 



ET NAVARRE. 381 

et Sanson, son lieutenant, estoit déjà entre les mains 
du bourreau, mais pour ce qu'il avoit usé de quelque 
humanité en l'endroit de ceux de la religion ^ réfor- 
mée, ils firent tant de requestes pour lui qu'il fut 
délivré. Le 24 Bertrand de La Torte, dit Audiyos% cha- 
noine de Lesca, et Jaques Du Puy, l'un des principaux 
soliciteurs de la protection [et des plus cruels ennemis 
de ceux de la religion réformée], furent pendus. 

La célérité servit plus que ses forces au comte, l'exé- 
cution duquel fut si prompte qu'il pouvoit dire ce que 
disoit César après la defFaite de Pharnaces : « Je suis 
venu, j'ay veu et vaincu » ; ou ce que disoit le pape 
Alexandre^ du roy de France Charles VIII, qu'il estoit 
venu à Naples avec des espérons de bois et la croye en la 
main de ses fourriers ; car en moins de quinze jours 
ledit comte conquit tout le pais de Béarn et en déchassa 
les ennemis, [ce qui doit estre plus tôt attribué à Dieu 
qu'àluy, qui *] mit un tel espouvantement au cœur de 
l'armée protectrice et de tout le pais, que nul osa s'opi- 
niastrer en la défense de quelque place ; ce qu'ils 
pouvoient avoir fait, veu le nombre d'hommes de 
guerre qu'ils avoient et la faveur de tout le pais et le 
secours prochain du mareschal d'Anville, Monluc et 
Bellegarde, qui sans doubte fussent entrez dedans le 
pais, si seulement une place fut demeurée à la dévotion 
du Roy. [Mais ce grand Dieu des armées voulut faire 
connoistre aux hommes que celuy se trompe qui se fie 

1. On a ajouté : prétendue. 

2. Fils de Bertrand de La Torte, prêtre de Nay, qui testa le 
14 juin 1516 (Arch. des Basses-Pyrénées, E, 1718, f 68). 

3. Alexandre VI.- 

4. Variante : il. 



HISTOIRE DE BÉARN 

en ses forces et qui pense par son bras abolir sa 
vérité. Et tout ainsi que la guerre avoit chassé le 
presche du pais, semblablement la guerre en chassa 
la messe, car tous les prestres s'enfuirent lors telle- 
ment de tout Béarn que jamais depuis nul y est entré 
pour y chanter messe , ne fere aucune cérémonie 
romaine. Et ce qui est plus admirable : la sédition qui 
avoit retenue la Roine d'oster du pais les cérémonies 
romaines, fut celle qui les en banit entièrement.] 

Mais l'exécution de Sainte-Golome , Gerderest , 
Gohas, Abidos, Gandau, Saliis, Sus, béarnois, et Por- 
diac, gascon, et un sien serviteur, qui, sept ou huit 
jours après la reddition d'Orthès, furent tués de sang- 
froid en prison à Navarrenx ',. osta quelque chose de 
son lustre à cette [glorieuse] victoire. Gest exploit fut 
diversement interprété par plusieurs de l'une et 
l'autre religion, selon que les diverses affections de 
ceux qui en parloient les possoient. Les uns disoient 
que celuy qui avoit monstre par ses faits n'avoir point 
de foy, n'en devoit point aussi trouver ; que ceux de 
la protection n'avoient rien tenu de ce qu'ils avoient 
promis et juré à ceux de la religion - réformée , car 
contre les capitulations faites à Pau et Orthès et les 
promesses d'Esgarrebaque pour Oloron, les lettres du 
Roy, la commission de Tarride et son jurement en sa 
réception, plusieurs avoient esté meurtris et massa- 
crez ou exécutez par le bourreau et tous en général 
pillez ou rançonnez ; par ainsi qu'on ne devoit trouver 
plus mauvaise cette exécution, encores qu'elle fut répu- 

1. L'exécution eut lieu, comme on le voit, à Navarrenx et non 
dans le château de Pau, ainsi que la plupart des historiens l'ont écrit. 

2. On a ajouté : prétendue. 



ET NAVARRE. 283 

gnante à la capitulation d'Orthez que celles que les 
protecteurs avoient fait contre leur foy et promesse. 
Outre que ces hommes par leur crédit pouvoient 
exciter de nouveaux troubles pires que les premiers. 
Les autres alléguoient que tout ainsi que ceux de la 
religion ^ réformée se disoient avoir une meilleure reli- 
gion, qu'aussi de voient-ils estre plus religieux à garder 
la foy donnée, veu principalement que la parole de 
Dieu commande de garder la foy promise, et les payens 
mesmes avoient esté si religieux en cela qu'ils avoient 
mieux voulu souffrir la mort que rompre la foi donnée 
à leurs ennemis, où ceux de la religion [romaine *] 
estoient dispensez par les Papes et les canons de ne 
garder la foy aux hérétiques; que si on craignoit 
quelque remuement du costé des occis, il les faloit 
séparer et bien serrer. 

J. de Monluc% évesque de Valence, en sa harangue 
qu'il fit aux Polonois pour la défence que le duc 
d'Anjou, frère du Roy, n'avoit esté cause du massacre 
de la Saint-Bartélemy 1 572 , dit que ces gentils 
hommes avoient esté gardez prisonniers neuf mois et 
après iceux avoient esté massacrez ; [ce qui est faux et 
une grande impudence audit évesque, qui savoit la 
vérité du fait, car il estoit en ce tems en sa maison de 
Gaube \ à moins de quinze lieues de Navarrenx.] 



t. On a ajouté : prétendue. ' 

2. Variante : catholique. 

3. Mort à Toulouse en 1579 ; c'était le frère de Biaise de 
Monluc. 

4. Quartier de la commune de Perquie, canton de Villeneuve, 
arrondissement de Mont-de-Marsan (Landes). Le château de 
l'évéque de Valence a été détruit , mais une métairie voisine 



284 HISTOIRE DE BÉARN 

Le meurtre de Bassillon qui, peu de jours après, fut 
massacré sur la rue à Navarrenx par Marchastel et le 
capitaine PujoP, fut pris aussi diversement ; car, disoit- 
on, s'il avoit intelligence avec l'ennemi ou avoit com- 
ploté de se rendre maistre de Navarrenx, comme il y 
en avoit de grandes présomptions et quelque avertis- 
sement, il devoit estre convaincu et puni par la justice ; 
et s'il n'y avoit que des présomtions urgentes, il 
devoit estre mis hors de charge et retenu tant que la 
guerre eut duré. Mais le bruit et le cliquetis des armes 
empeschent souvent de pouvoir entendre ce que 
les loix commandent. Toutefois c'est un pernicieux 
exemple, et de pire conséquence, de faire mourir les 
hommes sans les ouir, convaincre ne condamner, et 
ne doit être pratiqué qu'en un danger très éminent, et 
autrement inévitable, et qu'on n'ayt moyen d'y procéder 
par la voye de justice. Arnaud de Gachissans, sieur de 
Sales ^, fut fait gouverneur de Navarrenx en la place 
de Bassillon. 

Le comte fît publier à Pau un pardon général, avec 
défense de molester les personnes et biens de ceux qui 
demeureroient paisibles en leurs maisons ou pren- 
droient les armes pour le service de leur Dame souve- 
raine. Mais cela ne peut empescher que ses soldats ne 



porte encore le nom de l'Abescat (Communication de M. Tartière, 
archiviste du département des Landes). 

1. Jean de Fargues, dit La Mothe-Pujols, tué à Caussade, près 
Montauban, en 1572. 

2. Marié en premières noces à Marguerite de Saut, d'Oloron, 
en secondes à Gracie de Maument, déjà veuve : 1° de N. de 
Charritte, 2° de N. d'Olce. Le fils d'Arnaud de Gachissans, Jean- 
Bertrand, fut après lui gouverneur de Navarrenx jusqu'en 1620. 



ET NAVARRE. 2l85 

fissent prou de désordres; car eneores qu'ils ne 
rançonnascent pas ouvertement les personnes, ils 
fouilloient couvertement dedans les bourses de leurs 
hostes, et ceux qui gouvernoient dedans les villes pre- 
noient non pas des rançons mais des présens des plus 
craintif, qui désiroient de demeurer en asseurance en 
leurs maisons . Cette bénignité de la Roine ne peut cepen- 
dant adoucir le cœur de plusieurs, ains elle sembloit leur 
avoir plus tôt servi de souflet pour accroistre leur 
mauvaise volonté; car peu ou point de ceux qui estoient 
dehors le pais revinrent, et maints qui estoient dedans 
massacroient tous ceux qu'ils pouvoient attraper por- 
tans armes pour la Roine, fussent béarnois ou estran-, 
gers ; et quelques uns usèrent de telle cruauté, qu'ils 
enterrèrent quelques soldats tous vifs. 

Pour entretenir à l'avenir le pays en la dévotion de 
la Roine et retenir le peuple en devoir, l'exercice de la 
justice fut restabli au mesmes estât qu'il estoit devant 
la venue de Tarride et les officiers qui avoient esté 
déposez par luy remis, et ceux qu'il avoit faits desmis. 
Et garnisons et gouverneurs furent ordonnez par 
toutes les places tenables : Lons fut mis à Pau, Lobié à 
Oloron, Poqueron à Nay, Espalengue en Ossau, Brasse- 
lay à Orthez. Après cela l'armée partit de Pau pour 
aller vers le Vie- Vieil où le capitaine La Borde ^ fut mis 
dedans le chasteau de Montaner. De là elle print le 
chemin de Bigorre où estoit Bellegarde , qui lui fit 
aussi belle place qu'il avoit fait au passer de la 
Garonne. Tarbe se remit à sa volonté et le sieur de 



1. Bernard de Laborde, 1570 (Arch. des Basses-Pyrénées, E. 
2001). 



^86 HISTOIRE DE BÉARN 

Bénac fut envoyé sommer Lourde ^ et le chasteau, mais 
il trouva que le capdet Bertran d'Antin l'avoit jà aban- 
donné ; Gaseban fut ordonné gouverneur de la ville et 
du chasteau. La reddition de Lourde fascha fort 
Bonasse qui, partant de Nay, s'estoit retiré aux mon- 
tagnes de Labedan % desquelles Lourde estoit la porte. 
Par quoy n'osant faire plus long séjour là, il pensa de 
passer par la valée d'Ossau, pour se retirer en Aspe 
et en la Basse-Navarre où Luxe avoit encore quelques 
forces en pié. Mais arrivant aux premiers villages 
d'Ossau , tout le peuple luy courut sus et lui fit 
rebrousser chemin avec perte de tout son bagage et 
équipage et vingt hommes morts ou prisonniers. 
Depuis il print le chemin par Espagne. 

Et la Bigorre remise es mains de sa comtesse , 
l'armée tourna la teste devers la Chalosse pour faire 
mesmes exploit sur la viscomté de Marsan, où l'effroy 
de ses troupes victorieuses n'estoit pas moindre 
qu'ailleurs. Et Flamarens, séneschal de Marsan et gou- 
verneur de la ville du Mont-de-Marsan, n'eut plus tôt 
nouvelles que Mongomeri avoit pris cette route, qu'il 
quitta la ville avec tel espouvantement qu'il ne 
fut possible aux habitans, qui le prioient de les aider 
à se défendre ou de capituler avec l'ennemi, selon que 
l'avantage ou la nécessité leur enseigneroit, de l'arres- 
ter. Ains pour ce que le maire ne voulut prendre les 
clef du chasteau, craignant qu'on ne lui demandast 
conte des choses qui s'y estoient perdues durant les 

1. Lourdes, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Argelès 
(Hautes-Pyrénées). Le château est encore une place forte. 

2. Le Lavedan est compris dans le département des Hautes- 
Pyrénées. 



ET NAVARRE. 287 

troubles, Flamarens les jetta sur la rue et monta à 
cheval. Cela fit retirer les Mont-Marsanois à Monluc, 
duquel ils n'eurent aucune responce, sinon qu'il estoit 
marri de la lascheté de Flamarens, mais qu'ils fissent 
comme ils pourroient, car il n'avoit lors moyen de 
leur envoyer autres forces. Sur quoy ils receurent la 
garnison que le comte leur envoya et promirent dix 
mille livres pour la cause. Saint-Sevé^ fit le mesmes 
et promit quinze mille livres. Les deux compagnies qui 
estoient à Sainct-Sevé se retirèrent à Aqs^. Le comte 
fut fort fasché contre Bassillon, de ce qu'il avoit entre- 
pris de faire ladite capitulation, sans son sceu et sans 
son commandement, et ottroyé la rettraitte aux deux 
compagnies à d'Aqs, lequel le comte espéroit trouver 
despourveu. Ce fut le commencement du supçon qu'on 
eut de Bassillon, les actions duquel on commença dès 
lors d'observer. 

Le mareschal Banville et Monluc , qui avoient 
durant ce tems mis sus de belles forces , commencè- 
rent de s'approcher du comte , les forces duquel 
estoient fort affoiblies par les grandes maladies qui 
s' estoient mises en son armée, qui ne voulant mettre 
au hazard d'une bataille le fruict de ses victoires, se 
retira sur la frontière de Béarn, et de là dedans le pais 
vers Saliis, pour mettre la rivière du Gave entre luy 
et l'ennemi, s'il le vouloit suivre pour l'attirer à un 
combat désavantageux. Mais Monluc s'adressa vers le 
Mont-de-Marsan et le print en plein jour par escalade, 
car il n'y avoit que bien peu de soldats qui mesmes 



1. Saint-Sever (Landes). 

2. Dax (Landes). 



9188 HISTOIRE DE BÉARN 

n'avoient pas beaucoup de poudres. Toutesfois les 
capitaines Fabas ^ et Lucbardès, qui y estoient arrivez 
le jour auparavant avec trente ou quarante hommes, 
se delFendirent tant qu'ils peurent et en combattant se 
retirèrent dedans le chasteau où, s'estans rendus à 
composition, turent la plus part massacrez, en despit 
de ce que Tilladet ~, maistre de camp de l'infanterie 
de Monluc, avoit esté tué d'une harquebusade à l'en- 
trée. Et jaçoit que les habitans n'eussent rien fait que 
ce que Monluc leur avoit conseillé, si est-ce que la ville 
fut tout à plat saccagée et n'y eut sorte de mal ni 
d'ottrage qui ne fut prattiqué par les victorieux ; et 
sans l'arrivée de Banville, ils eussent eu pis, mais il 
fit cesser le pillage et se courrouça contre Monluc de 
ce qui avoit esté fait. 

Cette exécution remit le cœur au ventre aux parti- 
sans de la protection, tellement que ceux de Bigorre 
reprinrent la ville de Lourde, et le chasteau leur fut 
rendu fort laschement par Lestrem, lieutenant de 
Caseban, qui pour ceste lascheté fut pendu à Pau. Et 
Luxe alla assiéger le chasteau de Mauléon de Soûle où 
est oit Aramis^, qui fut secouru par le régiment du 
viscomte de Moncla et quelques compagnies béarnoises 
et les cornetes de cavalerie de Sérignac, Montamat et 
Lons qui bruslèrent la ville et le chasteau et rembar- 
rèrent les Basques en leur montagne et les eussent 
poursuivis plus longuement si le comte ne les eut 

1. Jean de Fabas, mort en 1612. 

2. Antoine de Gassagnet, seigneur de Tilladet, Cassagnet et 
Gaussens, frère aîné de Saint-Orens. 

3. Pierre d'Aramits, marié à Louise de Sauguis (Arch, des 
Basses-Pyrénées, E. 1168 et 1170). 



ET NAVARRE. 289 

rapellez pour aller costoier l'armée de Damville, qui 
se retirant vers Tholouse passoit au long de la fron- 
tière de Béarn. Il fit semblant d'assiéger Rabastenx^ 
en Bigorre, où estoit le capitaine Payrol qui tint si 
bonne mine de se vouloir bien défendre, qu'il passa 
outre, ne voulant consumer le tems, ne bazarder les 
hommes qu'il avoit besoin pour la garde de son gou- 
vernement de Languedoc en un siège long et dange- 
reux et au gouvernement d'autruy. Il laissa le sieur 
d'Arné, lieutenant de Roy en Bigorre, Rivière et 
Pardiac. Son gouvernement fut fort court, car comme 
il estoit venu descouvrir les forces dudit comte, qui 
estoit à Vielle-Condau% il fut chargé si à propos par 
quelques gendarmes qui le découvrirent, comme ils 
commençoient de se loger, qu'il fut blessé et prins pri- 
sonnier, et les membres de sa compagnie mors ou pris 
avec plusieurs de ses gens d'armes. Il mourut quel- 
ques jours après de sa blesseure , fort regreté pour 
son honnesteté et valeur. 

Bonasse estoit cependant es montagnes d'Aspe et y 
avoit rassamblé tout le peuple qui estoit très mal 
affectionné à sa Princesse, et tous les jours sa troupe 
grossissoit de plusieurs de ceux qui de tous les quar- 
tiers de Béarn se joinoient à luy ; et estoit à craindre 
qu'il n'attentast quelque chose ou s'unit à Luxe, auquel 
il pouvoit aller par les montagnes, ou qu'il se dressast 
une dangereuse retraite en ces lieux si inaccessibles, 
aboutissans à l'Espagne. Ce qu'il eut indubitablement 

1. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Tarbes (Hautes- 
Pyrénées) . 

2. Villecomtal, canton de Miélan, arrondissement de Mirande 
(Gers). 

19 



290 HISTOIRE DE BÉARN 

fait, sy on luy eut donné guère plus de loisir. Mais 
Arros y alla de bonne heure avec quelques troupes 
béarnoises et le régiment de Soulan ; toutesfois à cause 
du mauvais temps, il fut contraint de s'en retourner 
sans rien faire. Mais peu de jours après ils y retour- 
nèrent et, ayans forcé les cors de garde qui estoient aux 
destroits et avenues des chemins, ils entrèrent dedans 
la valée par la Pêne d'Escot\ et chassèrent Bonasse 
jusques auprès de Lescun^ Ils brûlèrent les villages 
de Sarrance% Vedos\ Acous% Osse^, Lez, Atas' et 
Joers% et le capitaine Espalengue brusla Urdos®. 

Mongomeri partit après de Béarn prenant le chemin 
de Gascogne où du commencement il fut receu partout, 
et s'il n'eut renvoyé l'artillerie en Béarn, il y eut fait 
de si bons logis, que de toute cette guerre on ne l'en 
auroit deslogé. Ceux qui estoient à Euse ^M'abandon- 
nèrent avant qu'il y arrivast. Tarride mourut là de 
maladie. Monluc abandonna aussi Condomet se retira 
à Agen, et toutes les autres villes receurent garnison 



1 . Rochers situés dans la commune d'Escot, dont l'extrémité 
surplombe la route d'Espagne. 

2. Canton d'Accous, arrondissement d'Oloron (Basses-Pyrénées). 

3. Canton d'Accous, arrondissement d'Oloron (Basses-Pyrénées). 

4 . Bedous, canton d'Accous, arrondissement d'Oloron (Basses- 
Pyrénées). 

5. Accous, chef-lieu de canton, arrondissement d'Oloron 
( Basses-Pyrénées) . 

6. Canton d^ccous, arrondissement d'Oloron (Basses-Pyrénées). 

7. Léès-Athks, canton d'Accous, arrondissement d'Oloron 
(Basses- Pyrénées) . 

8. Section de la commune d'Accous. 

9. Canton d'Accous, arrondissement d'Oloron (Basses-Pyrénées). 

10. Eauze, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Condom 
(Gers). 



ET NAVARRE. 291 

OU se rachetèrent par promesse d'argent pour la cause, 
Leitore^ exceptée. Mais le bruit de la bataille de Mon- 
contour* et le défaut que le comte avoit d'artillerie 
leur remit si bien le cœur, que ceux du chasteau de 
La Cassaigne% tenu par Monluc, par permission dudit 
Mongomeri, à la prière de la noblesse gasconne qui 
estoit avec luy , commencèrent ouvertement l'hostillité ; 
et ceux d' Aux * ayans mis quelques compagnies dedans 
leurs villes refusèrent de compter les dix mille livres 
qu'ils avoient promises, et à leur exemple, toutes les 
autres villes firent de mesme, de manière que Condom 
fut entourré de tous costez d'ennemis. Toutesfois l'ar^ 
méey séjourna jusques à tant que les Princes, après la 
bataille de Moncontour retirez au long du bord de la 
Garonne, partirent du Port-Sainte-Marie ^. Avec eux 
s'en alla le libérateur de Béarn que nous laisserons 
aller pour revenir aux affaires de Béarn, où Montamat 
avoit esté ordonné par la Roine lieutenant- général 
ensemblement et également avec Arros, et tous deux 
lieutenans de Roy au deçà la Garonne en absence du 
prince de Navarre. 

Prenant donc le chemin de son gouvernement avec 
sa compagnie de cavalerie et deux ou trois d'infan- 
terie, Montamat séjourna quelques jours à La Bastide 



1. Lectoure (Gers). 

2. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Loudun (Vienne) 
où le duc d'Anjou battit les protestants commandés par Goligny, 
3 octobre 1569. 

3. Canton et arrondissement de Condom (Gers). 

4. Auch (Gers). 

5. Chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Agen (Lot-et-Ga- 
ronne). 



^92 HISTOIRE DE BÉARN 

d'Armaignac^ pour recuillir plusieurs troupes du comte 
qui, s'amusans trop longuement à piquorer, estoient 
demeurées deçà l'eau et commençoient d'estre cou- 
rues par les ennemis, qui s'estoient jà fortifiez et ren- 
dus maistres de la campagne ; ce qui donna occasion 
à Montamat de changer de logis et s'approcher de sa 
rettraite de Béarn. Arrivé à Grenade sur l'Adou, à quatre 
lieues de Béarn et deux de Saint-Sevé, Boi'y et Guyot 
avec leurs compagnies, Balis, cornete du capitaine 
Yolet, le vinrent trouver, qui s'amusans trop à Nérac 
furent surpris par l'ennemi et Yolet fait prisonnier. 
Arblade , gouverneur d'Euse , y arriva aussi , ayant 
quitté la ville sans rien dire et avec telle haste qu'il n'eust 
loisir de la desmanteler, comme Montamat luy avoit 
expressément mandé. De Grenade il alla à Saint-Sevé, 
où, pour ce que le capitaine Estopignan*, qui en estoit 
gouverneur, estoit demouré de là la Garonne, il mit 
le capitaine Artigues ^ et fît fort bien remparer et avi- 
tuailler la ville; et en la place du capitaine Casallis% 
qui estoit aussi demeuré avec les Princes, mit Faget à 

1 . Canton de Roquefort, arrondissement de Mont -de-Marsan 
(Landes). 

2. En 1515 Barthélémy d'Estoupignan, bourgeois de Saint- 
Sever, et en 1532 Pierre d'Estoupignan, étaient médecins du roi 
de Navarre (Archives des Basses-Pyrénées, E. 1982, 1983 et 
1986). 

3. Le capitaine Artigues, de Lembeye, en 1569 (Arch. des 
Basses-Pyrénées, B. 2153, f» 23). Il y avait un fief de ce nom 
dans la commune de Gastillon, près Lembeye. 

4. Le capitaine Pierre Barre, dit de Gondom, reçut du roi et de 
la reine de Navarre, en 1560, à titre viager, la seigneurie de 
Casalis, canton de Hagetmau, arrondissement de Saint-Sever 
(Landes); le l*' juillet 1563 elle lui fut vendue (Reg. de la 
Chambre des Comptes, arch. de M. le baron de Laussat). 



ET NAVARRE. 293 

Tartas^ Delà il alla à Tarbe où les Bigordans commen- 
çoient de se fortifier et la print par sape et escalade. 
Le capitaine Horgues, qui avoit esté pris à Orthez, y 
fut repris. La tuerie n'y fut pas fort grande, pour ce 
qu'il y avoit peu de soldats, et les habitans furent 
espargnez. 

Le bruit du deslogement de Mongomeri et de ses 
troupes hauça tellement le courage aux Béarnois de la 
protection qui estoient en Aspe, la Basse-Navarre et 
Soûle, qu'ils prinrent espérance de pouvoir recouvrer 
le pais, si le roy de France vouloit joindre quelques 
forces à celles qu'ils espéroient faire, tant des Béarnois 
fugitif que des Basques, desquels ils s'asseuroient faire 
vingt-deux compagnies. Par ainsi envoyèrent Armen- 
daris devers ledit Roy pour luy déclarer leur intention 
et leurs moyens, et le supplier de leur envoyer quel- 
ques cornetes de cavalerie et permettre que les quatre 
mille Espagnols que le roy Philipe devoit faire passer 
en France, en faveur des catholiques, les assistassent 
pour quelque peu de tems. Et afin que ceux d'Aspe 
ne se laissassent cependant disunir d'eux, ils les firent 
obliger par sindicat de persister jusques à la mort en 
l'obéissance de la Roine, sous la protection du roy de 
France, et d'obéir à tout ce que pour cest effect leur 
seroit commandé par Luxe, Damasan et Bonasse. Ces 
gens retournoient tousjours au mesmes erreur et vou- 
loient oster le pais à celle qui le possédoit, pour lui 
garder après qu'elle l'auroit perdu. Voilà comme la 
passion offusque les yeux de la raison, car pensans 



1. Chef-lieu de canton de l'arrondissement de Saint-Sever 
(Landes) . 



294 HISTOraE DE BÉARN 

mieux tromper le simple peuple, ils remirent en avant 
la prison de la Roine et de ses enfans et la protection 
du roy de France ; mais ils continuoient tousjours en 
leur premier dessein d'approprier la souveraineté de 
Béarn au François et à eux le domaine, ainsi qu'il 
appert manifestement par les deux lettres suivantes, 
escrites du camp devant Saint-Jean-d'Angeli, le 1 8 de 
décembre 1569, et responsives à celles que Bonasse 
avoit écrites au Roy et à Monsieur son frère. 

« Monsieur de Bonasse, je vous feray particulièrement 
ce mot pour vous dire que j'ay plus d'envie de vous 
gratifier que ne m'en sauriez requérir, et encores que 
les affaires de Béarn ne soient pas de sorte que je 
puisse aisément disposer de ce qui y est, néantmoins 
je trouve bon, attendant que vous puissiez estre mieux 
pourveu et avec plus de seurté de la seigneurie de 
Nay, que vous en jouissiez et mettiez en possession, 
attendant qu'avec les moyens que Dieu m'a donnez, je 
vous puisse rendre plus certain et paisible sieur dudit 
lieu, comme aussi je feray à l'endroit de tous les autres 
gentilshommes qui m'ont requis de leur faire du bien 
et les gratifier, y estant la volonté telle qu'il ne reste 
que de bien exécuter. Et remettant le tout sur le sieur 
d'Armendaris, asseurez-vous qu'en tout ce qui se pré- 
sentera pour vostre bien et avancement, je y tiendray 
tousjours la main de bien fort bonne volonté pour 
vous en faire avoir le fruict que vous en pourriez 
attendre. Et en cest endroit je prieray Dieu, etc. > _^ 

Monsieur, frère du Roy, luy escrivit le mesmes en 
ces termes : 

« Monsieur de Bonasse, le Roy, mon seigneur et frère, 
vous fait particulièrement entendre par la lettre qu'il 



ET NAVARRE. 295 

VOUS escrit la bonne volonté qu'il a en vostre endroit, 
et comme il est marry que les affaires de Béarn ne 
soient mieux disposez pour le vous faire connoistre 
davantage. Toutesfois, en attendant qu'il y ait donné 
l'ordre qu'il y a à donner, vous regarderez à vous 
mettre en possession de Nay. Vous entendrez aussi 
par le sieur d'Armendaris tout ce que vous avez à 
faire pour le service du Roy, mon seigneur, par delà. 
Je ne vousdiray donc pour le présent autre chose, sinon 
que je vous prie croire qu'en tout ce qui se présentera 
pour vostre bien et avancement, je y tiendray tous- 
jours la main pour vous en faire avoir le fruict que 
vous en pourriez attendre. » 

Par ces deux lettres apert que les compagnons de 
Bonasse avoient fait pareilles demandes au Roy, et 
que, pensans tenir le pais de Béarn comme en leurs 
mains, ils l'avoient partagé entre eux. 

Armendarits apporta aussi commission à Luxe de 
faire levée de vingt-deux compagnies de fanterie, des- 
quels Bonasse fut ordonné maistre-de-camp , et de 
commencer la guerre contre Béarn en attendant l'arri- 
vée de Losses, auquel fut baillé le commandement 
général de toute cette guerre en la place de Tarride. 
Et d'autant que Losses, à qui ceste charge n'estoit pas 
beaucoup agréable, tardoit trop, Lansac escrivit de 
Bordeaux à Luxe, son gendre, qu'il solicitoit tousjours 
Losses qui se préparoit, toutesfois puisque les troupes 
de Mongomeri avoient passé vers les Princes et le jadis 
amiral (tels sont les mots de sa lettre) , il le prioit 
cependant d'employer le bon moyen qu'il avoit pour 
entreprendre quelque chose sur Béarn pour le ser- 
vice du Roy. Sur cette commission et lettre, Luxe 



296 fflSTOlRE DE BÉARN 

mit sus toutes les forces qu'il peut, mais non pas telles 
qu'il avoit promis ; et ayant entendu par quelque faux 
bruit que Montamat avoit esté deffait en Bigorre par 
Monluc, print asseurance de pouvoir faire quelque 
heureux exploit sur Béarn, qu'il pensoit effrayé et affoi- 
bly par cette deffaite qu'il tenoit asseurée. Il fit son 
assemblée à Barcus en Soûle \' lieu assés prochain 
d'Oloron, qu'il pensoit attraper le premier et l'empor- 
ter par escalade, et escrivit secrètement aux jurats de 
la valée de Barétons et à ceux de Sainte-Marie lez 
Oloron et autres de ce quartier de se tenir prests et 
faire, le plus secrètement qu'ils pourroient, provision 
de vivres ; les asseurant que dedans peu de jours, il 
visiteroit de si près les ennemis, qu'ils seroient bien 
mauvais s'ils ne lui fesoient large. Et pour asseurer 
son premier logis, qu'il prétendoit faire à Sainte Marie, 
envoya quelques harquebusiers prendre la tour de 
Momor* appartenante à l'évesque d'Oloron. Mais Lou- 
bié, gouverneur d'Oloron, y envoia si promptement 
quelque troupe, que les preneurs, aussi mal asseurez 
que proveus de ce qu'il leur falloit, furent renvoyez 
d'où ils estoient venuz, et fut la tour quasi aussi tost 
reprise que prise. Cela troubla l'entreprise de Luxe, 
plus tost que rompre, car deux jours après, espérant 
recevoir incontinent les Aspées^ et cinq cens bando- 
liers^ que le merin' de Jaque® luy avoit promis à la 

1. Canton et arrondissement de Mauléon (Basses-Pyrénées). 

2. Moumour, canton d'Oloron-Sainte-Marie-Ouest, arrondisse- 
ment d'Oloron (Basses-Pyrénées). La tour existe encore. 

3. Habitants de la vallée d'Aspe. 

4. Soldats organisés en bande. 

5. Chef de merindad ou district. 

6. Jaca, ville de la province de Huesca en Aragon. 



ET NAVARRE. 297 

solicitation de Supersantis, avec tout ce qu'ils avoient 
peu ramasser, il entra en Béarn et surprit les compa- 
gnies des capitaines Moret, Cortade et Brasselay, 
comme elles se logeoient à Sainte-Marie, qui ne pen- 
sant l'ennemi si prochain, chargées au despourveu et 
chassées de tout le village, se retirèrent en désordre à 
Oloron, abandonnant tous leurs chevaux et la plus part 
leurs armes. Plusieurs qui ne furent bien ingambe 
furent tuez ou demeurèrent prisonniers, et eut esté le 
nombre plus grand sans l'arrivée de Cortade qui, 
ayant ralié quelques-uns, leur fit faire ferme au bout 
du pont et arresta les ennemis. Il y fut blessé d'une 
harquebusade par les deux pies. Ce premier exploit 
fit hausser les cornes à Luxe et luy donna espérance 
de regaigner bien tost tout le pais ; mais Arros arriva 
cependant à Oloron avec quelques compagnies béar- 
noises pour luy faire teste, en attendant la venue de 
Montamat, qui estoit allé deffaire quelque Béarnois 
fugitif, qui, s'estans fortifiez au pont du Serain', cou- 
roient en Béarn avec beaucoup de maux. Ils furent 
deflfaits avec deux compagnies de Basques qui les 
venoient favorir et deux des plus séditieux pendus et 
plus de quatre-vingtz tuez, et tout le village bruslé. 

L'intention des deux lieutenans estoit d'assaillir 
Luxe dedans Sainte - Marie , où il avoit si bien for- 
tifié la maison épiscopale et toutes les avenues du 
village, qu'elles ne pouvoient estre forcées par la 
main seulement, sans grande perte d'hommes. Par- 
quoy ils fesoient venir de Navarrenx deux pièces 
pour rompre les rempars. Luxe, qui n'avoit faute 

1. Pont d'Osserain. 



298 HISTOIRE DE BÉARN 

d'espions parmi les troupes béarnoises , en fut adverti 
et deslogea la nuict si coyement, qu'il estoit hors de 
danger auparavant qu'on en sentit rien. Il prit le che- 
min de la Basse-Navarre et Bonasse celuy d'Aspe. 
Luxe fut suivi par les lieutenans qui le chassèrent 
de toute la Basse-Navarre. Et Bonasse, ne se voulant 
plus fier aux Basques, qu'il disoit avoir trop de con- 
fiance en leur bien enjambe, pour s'arrestcr aux com- 
bats fermes et tenir teste à l'ennemi aux combats de 
la main, se voussit approcher de Gascogne, dont il espé- 
roit plus de support que de secours ; et ayant d'une 
corvée traversé tout le pais de Béarn, avec sa compa- 
gnie d'infanterie et celles du Grec de Podens et Abba- 
die d'Iseste^ arriva en Bigorre à Saint-Pée-de-Gerès*, 
sans que les troupes d'Ossau et d'Oloron, qui estoient 
à sa queue, le pensent accoussuyvre. Toutesfois, si elles 
ne se fussent arrestées au village d'Asson, l'eussent 
attrapé et defFait au passage delà rivière, où il employa 
plus de deux heures, car il fut contraint de passer ses 
gens sur des chars, qui d'autre costé estoient si haras- 
sez qu'ils ne se pouvoient bouger et à grand peine une 
vingtaine avoient corde ni feu. Il séjourna là six jours 
et se joignirent à luy plusieurs Béarnois qui, fesans 
bonne mine, s'estoient tenus cois en leurs maisons 

1 . Jean d'Abbadie, d'Izeste, marié à Isabelle, fille de Louis de 
Tardets, seigneur de Sauguis- (Archives des Basses-Pyrénées, E. 
1491 et 1859). — Il existe dans le même dépôt (E. 1888) une 
pièce intéressante , c'est le testament de Louise d'Abbadie , 
d'Izeste, mère du capitaine : elle déclare que son frère Raymond, 
curé d'Izeste, lui a prêté 40 francs pour que Jean, son fils, n'aille 
pas à la guerre. Ce testament est de 1565. 

2. Saint-Pé, chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Argelès 
(Hautes-Pyrénées) . 



ET NAVARRE. 299 

depuis l'arrivée de Mongomeri. Il envoyoit secrètement 
la nuict par les villages pour pratliquer le peuple et, 
[pour mieux tromper les simples,] fesoit rendre le 
bestail et tout autre butin à ceux de la religion 
[romaine^], leur disant qu'il avoit bazardé un passage 
si dangereux, non pas pour les piller, mais pour les def- 
fendre et les délivrer de la tyrannie des huguenots [et 
restablir la religion romaine.] Tout le peuple, qui pan- 
choit de son costé plus que de l'autre, luy prestoit 
volontairement l'oreille et déjà commençoit secrette- 
ment à gronder et se remuer, quand Bonasse, adverti 
qu'Arros et Montamat le venoient trouver, se retira 
dedans Lourde, où ils le furent reconnoistre, mais lui, 
se connoissant foible pour le combat en gros, comme 
il estoit homme de guerre, se tint dedans son fort où 
il* eut esté promptement assailli, sans que les lieute- 
nans craignoient que la forteresse du chasteau les 
retint si longuement que Monluc eut le loisir de les 
venir trouver, par ainsi se retirèrent. Cette rettraite 
accreut l'audace à Donnasse qui se promettoit d'estre 
invincible aux Béarnois et, pour se loger plus au large, 
quittant Lourde, s'en alla à Tarbe avec huict compa- 
gnies de fanterie qui furent tous receues par les habi- 
tants. Le chanoine Idron*, béarnois, Viele-Pinte et 
Bégole l'allèrent incontinent trouver avec tout ce qu'ils 
peurent ramasser, de manière qu'en peu de jours il 
eut plus de mille hommes ensemble. Il fist accoustrer 
la ville et la prouvoir de toutes choses nécessaires. Et 
d'autant qu'il n' avoit aucun commandement sur la 



1. Variante : catholique 

2. Jean d'idron, chanoine de Lescar. 



300 HISTOiaE DE BÉARN 

ville, laquelle l'avoit volontairement receu, et qu'elle 
commençoit à se fascher de lui, il pria Monluc de lui 
envoyer commission pour y demeurer et y commander, 
afin de pouvoir plus facilement exécuter plusieurs 
belles et grandes entreprises qu'il disoit avoir sur 
quelques places de Béarn; pour l'exécution desquels il 
asseuroit Monluc d'avoir mile bons harquebusiers , 
outre l'asseurance que tout le pais se déclareroit en sa 
faveur, mais qu'il avoit manqué de cavalerie, et le 
prioit luy vouloir envoyer deux compagnies. Et au 
mareschal Banville demandoit de l'artillerie, qui lui 
refusa. Mais Monluc lui envoya la commission et lui 
escrivit [que, de par Dieu ou de par le diable, (ce sont 
les mots de sa lettre) ^ il] attendit qu'il eut préparé aux 
Béarnois le soupper que le Roy luy avoit commandé, 
auquel il donneroit si bon ordre, que la viande ne lui 
défaudroit point au milieu du repas, comme elle avoit 
fait à Tarride. Cependant il envoya commission au 
viscomte de Labatut ^ de faire un grand magasin de 
vivres à Tarbe, où se commissaire fut tué d'une har- 
quebusade par les soldats de Bonasse, comme ils le 
pensoient honorer d'une escarmouche dressée entre 
eux, pour lui donner plaisir le soir quand ils s'assem- 
bloient pour entrer en garde. Les Béarnois fugitif par 
la Gascogne ne se tenoient pas moins asseurez que 
Bonasse que Béarn seroit à ce coup emporté; et estoient 
bien marris qu'ils n'y pouvoient estre, tant pour sau- 
ver leurs biens que pour butiner celuy des autres, et 
escrivirent de Tholouse à Bonasse et au chanoine 



1. Variante : qu'il. 

2. Jean de Rivière, vicomte de Labatut. 



ET NAVARRE. 804 

Idron qu'ils avoient entendu que les catholiques 
avoient délibéré, entrant en Béarn, de saccager indi- 
férement tout le pais, ce qu'ils leur prioient vou- 
loir empescher et ne permettre que les catholiques et 
bons serviteurs du Roy fussent traittez comme les héré- 
tiques et rebelles, leur asseurant que, de leur costé, ils 
travailloient le plus qu'ils pouvoient de se mettre en 
équipage pour se trouver à la feste. [Et l'évesque 
d'Oloron, escrivant de Sangoesse, se plaignoit de ce 
qu'il estoit incapable du maniement des armes, et inci- 
toit Bonasse de poursuivre courageusement l'œuvre 
qu'il avoit si bien et heureusement commencée, et 
de continuer d'estre tousjours semblable à soy- 
mesme. Ces gens chantoient le triomphe devant la 
victoire.] 

Les lieutenans béarnois qui recevoient tous les jours 
nouveaux advertissemens des entreprises de Bonasse 
et des préparatifs de Monluc, pensant qu'il leur falloit 
rompre ce coup par la deffaite de Bonasse, qui leur 
estoit plus aisée et plus utile que celle de Monluc, qui 
avoit les forces de Guienne en main et n'avoit tant 
de passion en ceste cause que Bonasse, auquel l'animo- 
sité ne permettoit de prendre aucun repos, ni conseil. 
Le silence et la célérité estoient nécessaires à cette 
exécution et lui pouvoient donner aussi heureuse fin 
que la trop longue attente et le trop parler luy eussent 
donnée malheureuse. Mais le long chemin de l'artillerie, 
qui devoit sortir de Navarrenx, apportoit grande lon- 
gueur et le bruit du charroy descouvert, qui mettoit 
les lieutenans en telle peine qu'ils ne se pouvoient 
résoudre à une résolution si hazardeuse, en laquelle il 
alloit de la perte de tout le pais, si la ruine, qui vrai- 



302 HISTOIRE DE BÉÂRN 

semblablement pouvoit advenir, leur fut avenue. Mais 
deux choses se présentèrent qui les firent résoudre et 
haster. La première et principale l'eslongnement de 
Monluc, qui pour quelques affaires s'eslongna de la 
frontière de Béarn, l'autre que Bonasse envoya l'abbé 
de Saubalade au village de Pontac pour le piller ; ce 
qu'il fit aux maisons qu'il ne trouva résistance, laissant 
les autres sans leur rien dire, combien qu'il ne se peut 
.tenir si loin des coups, qu'il ne perdit six hommes et 
quatre blessez. Jugeant donc lesdits lieutenans que la 
tollérance de ces choses enhardissoit et accommodoit les 
soldats de Bonasse et lui aquéroit la faveur du peuple, 
ils arrestèrent de l'aller assaillir avant que Monluc en 
eut nouvelles et n'eut loisir de tourner la teste vers eux. 
Le dixiesme d'avril donc, les gouverneurs de Béarn 
commencèrent de faire marcher leurs troupes avec 
deux colobrines, et le 1 2 sur le midi arrivèrent devant 
Tarbe qu'ils cernèrent incontinent. Bonasse fit mettre 
le feu aux faux-bourgs et combatit quartier par quar- 
tier la ville, qui est divisée en cinq bourgs par murailles, 
portes et ponts ; et de mesmes que les soldats estoient 
chassez d'un bourg, ils y mettoient le feu en se reti- 
rant, afinque les assaillans ne les peussent aisément 
suivre, car en Tarbe ni a qu'une seule rue, par laquelle 
il estoit impossible de passer pendant que les maisons 
estoient embrasées. Toutesfois ils furent tous clusez 
dedans le bourg vieux, contre lequel l'artillerie fut 
tantost braquée et ne tira longuement que la bresche 
ne fut raisonnable, tant les murailles estoient foibles 
et de mauvaise estofe. Néantmoins de tout ce jour 
l'assaut ne fut point donné. Gela devoit avoir donné 
autant de courage aux assiégez qu'il leur donna de 



ET NAVARRE. 303 

temps pour se fortifier et retrancher ; mais ils en 
devindrent plus espouvantez et plus lasches, de sorte 
que l'endemain, environ dix heures du matin, Bonasse 
sortit sur la muraille parlementer avec Arros et Mon- 
tamatqui lui ottroy oient, suivant sa réquisition mesme, 
que s'il rendoit la place avant l'assaut, lui et tous les 
autres capitaines gentilshommes demeureroient pri- 
sonniers à la discrétion de la Roine, et les soldats sor- 
tiroient avec le baston blanc. Il avoit demandé un 
quart d'heure pour communiquer avec ses compa- 
gnons, mais comme il tardoit trop de faire responce 
et que de dedans on eut tiré une harquebusade, ceux 
qui durant le pourparler s'estoient approchez de la 
muraille, se jetèrent dedans la bresche qui fut si mal 
deffendue qu'il ne s'i tira jamais dix harquebusades, 
desquelles néantmoins le capitaine La Taste fut tué, et 
Bougier, lieutenant du capitaine Estopignan, si bien 
blessé qu'il mourut l'endemain. Les capitaines La 
Motte et La Roche' [qui portoit l'enseigne du capitaine 
Poqueron, béarnois,] aussi blessez. De ceux de dedans 
furent tuez le capitaine Bonasse qui s'estoit rendu à 
Blanc Castet, l'aisné Esgarrebaque et son frère Sauba- 
lade, le chanoine Idron et plus de neuf cens soldats 
[ou^] habitans. Le capitaine Podens fut fait prisonnier. 
Le capitaine Abbadie estoit jà dehors, auparavant 
l'assaut, es mains du capitaine Espalengue. Durant le 
siège, Loubié, colonel de l'infanterie béarnoise, et plu- 
sieurs soldats furent blessez et quinze ou seze tuez. 
Ainsi Tarbe fut quasi tout bruslée et tout ainsi 

1. Cornélis de La Roche, marié à Gabrielle de Harambure 
(Arch. des Basses-Pyrénées, E. 1736, 1738, 2001 et 2002). 

2. Variante : que. 



304 HISTOIRE DE BÉARN 

qu'elle s'estoit réjouie au sac, povreté, destresse et 
pleurs de Béarn, et enrichie de ses despouilles, elle fut 
misérable, saccagée et souillée en son propre sang par 
les Béarnois. [Ce fut un grand miracle du Dieu des 
batailles, qui enhardit les couards et timides et accouar- 
dit les hardis, que si bons guerriers que le capitaine 
Bonnasse et ses compagnons estoient, n'eurent le sens 
de réparer leur bresche, ny le courage de la défendre, 
car elle estoit plus qu'aisée à l'un et à l'autre, estant 
faite contre une maison, et pour entrer en la- ville faloit 
nécessairement, ayant passé par deux portes, sortir 
en une basse-court, fermée de hautes murailles et flan- 
quée de tous costés, et n'avoit qu'une porte pour sortir 
à la rue, laquelle fermée et la muraille percée pour 
l'harquebuserie, il estoit impossible de comparoistre 
dedans la basse-court sans mort ou blessure. Mais 
Dieu leur osta le jugement et le cœur.] 

Pensant attraper les capitaines Mansan et Sole' avec 
leurs compagnies dedans Vic-Bigorre, les troupes 
béarnoises partirent le mesme jour de Tarbe, avant 
quasi d'avoir achevé de fouiller les maisons, ce qui vint 
bien à point pour beaucoup qui ne furent trouvez el 
se sauvèrent. Et pour ce que les munitions de l'artil- 
lerie estoient falies, et qu'on craignoit de la perdre, 
elle fut renvoyée à Pau, et le camp marcha droit à Vie, 
où le mesme soir furent sommez lesdits capitaines qui, 
ayans eu advertissement que les pièces tiroient le che- 
min de Pau, respondirent par harquebusades. Et le 
dix et septiesme, voyant qu'ils ne fesoient rien à Vie et 
entendans que La Valete estoit parti expressément de 

1. Bernard Du Soûler, seigneur d'Eslourenties-Dabant. 



ET NAVARRE. 305 

Gimont \ avec quelques compagnies de gendarmes, 
pour lever le siège de Tarbe, et que Montespan^ venoit 
du costé de Marsiac^ espérant l'un et l'autre butiner 
l'artillerie, Arros et Montamat retirèrent leurs troupes 
dans le païs de Béaj^n. Ainsi La Valete et Montespan 
furent contraints de s'en retourner sans combattre, 
hors mis La Valete, qui ayant trouvé soixante harque- 
busiers avec le capitaine Léger * dedans le village de 
La Gassagne^, et ayant escarmouche environ deux 
heures avec eux, se retira sans avoir fait ni receu grand 
dommage; et Montespan, conduit par Peyrelongue, 
Guillassot® et quelques autres béarnois, vint jusques à 
L'Embeye' où il tua quelques paisans qui estoient au 
marché et fit quelques prisonniers. 

La Roine désirant repatrier son peuple, outre le 
pardon général queMongomeri, son lieutenant général, 
avoit fait publier à son entrée, le dernier de may en 
envoya un autre de La Rochelle, exceptant seulement 

1. Chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Auch (Gers). 

2. Antoine de Pardaillan, baron de Gondrin et Montespan, mort 
en 1572. 

3. Marciac, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Mirande 
(Gers). 

4. Jean Léger, auparavant officier de la compagnie de Bassillon, 
gouverneur de Navarrenx en 1569 (Archives des Basses-Pyrénées, 
B. 952). 

5. Canton de Rabastens, arrondissement de Tarbes (Hautes- 
Pyrénées). 

6. Ramonet d'Ostabent, dit le capitaine Guilhassot; il avait un 
frère, Ramon d'Ostabent, dit Barbaust; ils étaient du lieu de 
Gerderest, mais la maison Guilhassot était située à Juillac, sec- 
tion de la commune de Maspie, canton de Lembeye, arrondisse- 
ment de Pau (Basses-Pyrénées) (Arch. des Basses-Pyrénées, B. 
2153, fo« 48, 51 et 142; 2155, f" 36). 

7. Lembeye. 

20 



306 HISTOIRE DE BÉARN 

les chef des complots. Il fut publié, mais nul des absens 
se retira pour cela^ ains au contraire ils s'animoient 
d'avantage. La cause qui les entretenoit en cette mau- 
vaise volonté et leur faisoit ainsi mespriser la grâce 
que la Roine leur présentoit, estoit l'espérance qu'ils 
avoient que Monluc, auquel le roi de France avoit très 
expressément commandé d'assaillir Béarn, les mettroit 
bien tost dedans et en déchasseroit les autres, et ainsi 
non seulement ils se promettoient l'entrée de leurs 
maisons, mais aussi fesoient estât de tous les biens de 
ceux qui portoient les armes contre eux, comme s'ils 
les eussent déjà en leurs mains. Cette mesme espé- 
rance fit de rechef révolter les Navarrois, et Luxe escri- 
vit le 1 2 de juillet aux jurats de la valée de Barétous 
que le roy de France avoit trouvé mauvais qu'il eut fait 
accord avec ses ennemis et lui avoit commandé de recom- 
mencer la guerre mortelle à tous les Béarnois. Parquoy 
il leur commandoit de mettre dehors de leur valée tous 
les soldats qui portoient les armes pour la roine de 
Navarre contre ledit seigneur Roy, et les sommoit de 
se remettre incontinent sous sa protection. Et pour 
intimider mieux le peuple, leur mandoit que dedans 
peu de jours ils verroient de plus grandes et plus 
cruelles exécutions qu'ils n'avoient encore fait. Il 
escrivit aussi à Elisséry^ qu'à ce coup le Roy avoit 
bonne volonté de les revancher et qu'il avoit très 
expressément commandé à Monluc d'exécuter Béarn, 
ce qu'il feroit bien tost, et en peu de jours il s'asseu- 
roit qu'ils boiroient du bon vin clairet de Lagor *, et cela 

1. Voir la note 4, p. 215. 

2. Chef-lieu de canton de l'arrondissement d'Orthez (Basses- 
Pyrénées). 



ET NAVARRE. 307 

sur le lieu mesme. Or ils s'estoient adressez de rechef 
à Monluc, d'autant que Losse avoit esté malade ou 
l'avoit contrefait. Monluc donc, pressé par tant de réi- 
térés commandemens du Roy de venir en Béarn, com- 
mença de dresser à Noguero^ et aux environs ses 
forces et y faire conduire son artillerie et toutes autres 
choses nécessaires pour son exécution, et envoya qué- 
rir quelques autres pièces à Aqs* et quelque quantité 
de poudres et balles à Tholose. Et ayant receu 
lettres du cardinal de Lorraine de faire à ce coup 
quelque .chose remarquable contre la maison qui 
l'avoit agacé, se mit aux champs et tira droit à Rabas- 
tens, ville du comté de Bigorre, qui couvroit la plus 
grande partie du Béarn. Le 17 de juillet il commença 
de battre la ville, laquelle ceux de dedans quittèrent 
voyans la bresche raisonnable et se retirèrent dedans 
le chasteau, qui fut aussi tost si furieusement battu 
qu'il fut quasi rasé de coups de canon. 

Toutesfois cela n'estonnoit aucunement les assaillis, 
qui se défendirent fort bien jusques au vingt-troisiesme 
que, les meilleurs soldats estans blessez et les autres 
qui avoient tousjours à combattre, pour le peu de gens 
qu'ils estoient, si haracez qu'à peine se pouvoient-ils 
remuer, n'osèrent attendre la furie de l'assaut, auquel 
Monluc se trouva en personne, secondé des meilleurs 
hommes de son armée. A leur venue ceux qui dévoient 
défendre la bresche l'abandonnèrent et se retirèrent 
en la tour du donjon, où ils furent surprins en parle- 



1. Nogaro, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Gondom 
(Gers). 

2. Dax (Landes). 



308 HISTOIRE DE BÉARN 

mentant avec le capitaine Castéra^ Nulle espèce de 
cruauté et vilainie fut oubliée par les assaillans qui, 
sans diférencc d'aage ni de sexe, massacrèrent et vio- 
lèrent tout ce qui tomba en leurs mains. Le capitaine 
Guiot avec quelques autres fut jette du haut de la tour 
en bas, et les femmes après avoir esté violées, quasi à 
la veue de toute l'armée, furent massacrées [et y eut 
des soldats si vilains, chose horrible, qui depuis se 
sont vantez d'avoir rassasié leur exécrable lubricité 
sur des femmes mortes.] Devant Rabastens moururent 
plus de deux cens hommes, Monluc y fut blessé d'une 
harquebusade par le nez. De ceux de dedans, hommes, 
femmes ou enfans, en eschappa fort peu et y mou- 
rurent plus de cent-cinquante personnes. Le capitaine 
Ladou qui y estoit gouverneur, y avoit une compa- 
gnie de fanterie, de laquelle Garlin estoit lieutenant, 
Perueil* enseigne. Le capitaine La Borde, enseigne du 
capitaine Moret, y estoit aussi ; y ayant esté envoyé 
quelques jours auparavant avec cinquante hommes, 
desquels lorsqu'il fut question d'entrer ne s'en trouva 
que vingt-un, s'estans les autres escartez et cachez et 
perdus. Durant le siège, les capitaines Léger et Pinson* 
une nuict furent jusques dedans les fossez porter quel- 
ques poudres qui furent mises dedans avec une corde, 
et s'ils eussent mené seulement une vingtaine d'hommes 
pour refreschir les assiégez, à peine Monluc y fut 



1. En 1578 on trouve Jean Gastéran, dit Baptiste, capitaine des 
châteaux d'Ordan et Vizan, dans le comté de Pardiac (Arch. des 
Basses-Pyrénées, B. 1593). 

2. Arnaud de Navailles, seigneur de Pérulh. 

3. Il faut lire Pinsun; cette famille était de Maslacq, canton de 
Lagor, arrondissement d'Orthez (Basses-Pyrénées). 



ET NAVARRE. 309 

jamais entré. Combien que le capitaine Ladou, plus soi- 
gneux de son profit que de la place, ne l'avoit accous- 
trée comme il devoit et en avoit eu le pouvoir et le 
loisir, et n' avoit fait munition de poudres, plomb, 
hôtes, pelles, besches et autres choses nécessaires pour 
se défendre et remparer. Durant le siège les troupes 
béarnoises estoient à Nay et es environs, qui ne favo- 
rirent jamais d'une seule alarme les [povres] assiégez, 
j'asoit que le pays leur fut fort favorable et propre 
pour se retirer, voire devant une beaucoup plus grosse 
armée que celle de Monluc, et qu'ils eussent le chasteau 
de Montané, à deux lieues dudit Rabastens, à leur com- 
mandement. 

Après la prise de Rabastens, Monluc contraint de se 
retirer, laissa le commandement de l'armée à Montes- 
pan et Saint-Thorens ' qui allèrent sommer le chasteau 
de Montané en Réarn, s'asseurans que l'exécution de 
Rabastens, qui ne devoit rien de forteresse audit Mon- 
tané, leur auroit mis tel espouventement au cœur que, 
craignans une pareille issue, ceux de dedans seroient 
aises de recevoir une honncste composition. Mais le 
capitaine La Rorde, qui commandoit dedans, encore 
que tous ses soldats, son lieutenant et quinze autres 
exceptez, l'eussent quitté, s'estans desrobez par dessus 
la muraille, leur respondit par harquebusades. Et 
l'endemain, ayant receu la nuict quelques hommes 
conduits par le jeune capitaine Lurbe*, enseigne de la 
colonelle, sortit sur quelques troupes qui s'estoient 



1. François de Cassagnet de Tilladet, seigneur de Saint-Orens 
et de La Roque, sénéchal du Bazadais ; frère de Tilladet, tué en 
1568. 

2. Simon de Lurbe. 



310 HISTOIRE DE BÉARN 

logées dedans le village, qui en furent chassées avec 
perte de quelques hommes, chevaux et armes et le 
drapeau des harquebusiers à cheval du capitaine 
Cantet. Delà le dernier de juillet Saint-Torens et Mon- 
tespan, avec toute la cavalerie et harquebusiens à cheval, 
vinrent jusque devant Nay en pareille ordonnance que 
s'ils eussent voulu donner une bataille. Arros et Mon- 
iamat, ne voulans hazarder Testât de Béarn, qui estoit 
lors entier à l'issue d'une bataille dangereuse et incer- 
taine, ayant fait passer toute leur cavalerie delà la 
rivière et mis quelques harquebusiers aux guez, leur 
firent parade de la ville et d'un bon nombre d'har- 
quebusiersaufauxbourg. Ainsi après une petite escar- 
mouche, ces deux chef se retirèrent le mesme chemin 
qu'ils estoient venus, mais quelques Béarnois, qui 
estoient en leurs troupes, massacrèrent quelques pai- 
sans et en menèrent tout le bestail qu'ils peurent ras- 
sembler. Le sieur de Mieussens* estoit dedans la ville 
et sortit avec quelques chevaux. 

La troisiesme paix fut cependant publiée en France 
l'unsiesme d'aoust, qui mit fin aux guerres et troubles 
de Béarn, où les garnisons et les compagnies béar- 
noises furent cassées et les estrangères licentiées, qui 
se retirèrent et à Saint-Sevé en Gascongne où elles 
furent délivrées par Montamat au sieur de Lau ^ pour 
les conduire jusques à leur retraite. Et fut derechef 
publiée en Béarn une abolition générale avec l'enterre- 

1. Henri d'Albret, baron de Miossens et Goarraze, fils de Jean 
d'Albret et de Suzanne de Bourbon, gouvernante de Henri IV 
enfant. 

2. Gabriel de Mauben, seigneur du Laur (Arch. des Basses- 
Pyrénées, E. 1783, P 158). 



S. 



ET NAVARRE. 311 

ment de toutes choses passées sous le tombeau d'ou- 
bliance. Cela fut un grand bien au pais, qui en peu 
d'années se remit des pertes et despenses passées. 

J'ay escrit ces troubles et guerres de Béarn un peu 
au long, d'autant que tous ceux qui ont escrit l'histoire 
de ce tems en ont fait mention, mais fort briefvement 
et quasi tout au rebours de la vérité ; les uns par 
malice, les autres pour n'avoir eu des instructions 
suffi sentes et bien certaines ; mais j'ay esté présent à 
tout et employé aux affaires et négociations plus im- 
portantes, et fus fait prisonnier par ceux de la 
protection. 

La Navarre demeuroit encor en quelque trouble et 
l'effroy du peuple y estoit fort grand, qui craignoit 
d'estre recerché et puni par la justice, quand la Roine 
manda à Arros d'y aller tenir les Estas et y faire 
publier pareille rémission que celle de Béarn, et y re&- 
tablir la justice au mesmes estât qu'elle estoit aupara- 
vant des guerres, et de mettre la religion [romaine'] 
dehors et y restablir la ^ réformée. Le peuple receut 
volontiers et avec grandes louanges et remerciemens 
les deux premiers , mais l'abolition de la religion 
romaine lui fut fort griefve ; néantmoins la crainte de 
revenir aux misères passées leur imposa tellement 
silence qu'ils ne firent nulle résistence. Cinq ministres 
y furent envoyez pour y prescher en langage du pais, 
et le Nouveau Testament fut imprimé en la mesme 
langue.^ 

1. Variante : catholique. 

2. On a ajouté : prétendue. 

3. Pierre Haultain, libraire de La Rochelle, reçut, en 1572, 336 
livres pour cette impression (Archives des Basses-Pyréaées, B. 
148). 



312 raSTOIRE DE BÉARN 

Incontinent après la paix de France le mariage du 
prince de Navarre avec Madame Marguerite, sœur du 
roy Charles, et la guerre du Païs-Bas contre l'Espa- 
gnol furent mis en avant pour réunir, disoit-on, tous 
les François en un corset, leur ostant toutes deffiances, 
les faire marcher sous mesmes enseignes, pour recou- 
vrer à la France les terres que l'empereur Charles V, 
comte de Flandres, vassal et honame lige de la cou- 
ronne françoise, avoit par force, mais non sans crime 
de lèze-majesté, extorqué du roi François P^ estant 
son prisonnier en Espagne après la bataille de Pavie. 

Le roy Charles fesoit grande démonstration de désirer 
l'un et l'autre, et solicitoit fort la royne de Navarre du 
premier, et délibéroit secrettement du second avec 
l'amiral de Chastillon\ le comte Ludovic de Nausau% 
frère du prince d'Orenge, qui avoit de grandes intelli- 
gences audit pais. Le party du mariage sembloit à la 
mère honnorable et profitable, mais la différence de 
la religion l'empeschoit d'y donner si prompt consen- 
tement qu'elle mesme désiroit. Car connoissant par 
longue expérience le naturel dissimulé de ceux à qui 
elle avoit à faire, elle craignoit la poursuitte de ce 
mariage tendre plustot à la ruine de sa religion et de 
toute la maison de Bourbon qu'à leur conservation et 
avancement, comme lui disoient journellement ceux 
qui solicitoient ledit mariage. Et les principaux et les 
meilleurs de sa religion estoient ceux qui plus l'en 
importunoient, lesquels lassez de souffrir tant de 
peinnes et de fascheries par les ennemis et encore 



1. Gaspard de Coligny, né en 1517, tué à la Saint-Barthélémy. 

2. Ludovic de Nassau, mort en 1574. 



ET NAVARRE. 313 

plus d'estre témoins de tant d'impiétez et meschaii- 
cetés des leurs propres, s'asseuroient de voir, par ce 
mariage, quelque heureuse fin aux calamitez de la 
France et quelque relasche aux souffrances du misé- 
rable peuple et plus grande liberté à la religion ' 
réformée. La Roine ne voufoit leur desplaire ne leur 
estre à contredire, car ils la menaçoient à toute heure 
de l'abandonner et l'accusoient de vouloir estre cause 
des maux qui, à l'advenir, aviendroientà la France, qui 
ne pourroit trouver autre médecine si propre pour la 
guérir de la maladie mortelle que les guerres civilles 
lui avoient causée , ne sa religion une plus forte 
colonne. pour le bien estançonner en ce Roiaume que 
ce mariage, ne rien qui deut tant lever les deffiances 
que les choses passées avoient engendrées entre le 
Roy et ceux de la religion *. A quoy le Roy, disoient-ils, 
sembloit regarder en la poursuite de ce mariage plus 
qu'à toute autre chose, car il disoit ordinairement 
qu'il vouloit marier le presche avec la messe et ras- 
sembler en un cors son peuple disuni, faisant une 
mesme armée de catholiques et de huguenots. 

Mais quelques autres, non pas en si grand nombre ni 
de telle qualité que les premiers, luireprésentoient que 
les loix humaines et divines vouloient que les enfans 
fussent mariez parle conseil et advis de leurs pères et 
mères, qui dévoient donner mari ou femme à leurs 
enfans ; que Sa Majesté devoit donc regarder non pas 
tant au bien qui sembloit en apparence devoir réussir 
de ce mariage, qu'au mal qu'infaliblement suivroit la 



1. On a ajouté : prétendue. 

2. On a ajouté : prétendue. 



314 HISTOIRE DE BÉARN 

consumation d'iceluy. Que les payens avoient dit les 
meilleurs mariages estre entre pareils ; or de la religion 
sortoient les plus grandes disparités, et la vraye reli- 
gion estoitle plus fort lien pour bien unir les hommes, 
de quelque estât qu'ils fussent, et le mari avec la 
femme, qui est la plus estroite conjonction qui se 
treuve entre les humains et celle qui a plus de puis- 
sance sur les espritz et volontez, qui sont facilement 
destournez par le commandement de l'homme sur la 
femme ou par les mignardises et alèchemens d'icelle 
envers le mari. Que pour ceste raison, Dieu avoit 
défendu à Israël de prendre mari ou femme idolâtre à 
leurs enfans, afin qu'ils ne fussent distraits du pur ser- 
vice de Dieu et attirez aux pointions et immondicités 
des autres peuples. Et combien que ceux de Juda et 
d'Israël fussent un mesme peuple et eussent une 
mesme circoncision, néantmoins Dieu avoit condam- 
nées les aUiances qu'ils fesoient entre eux, pour ce 
qu'Israël s'estoit destourné de son vray service et 
avoit corrompu la religion par plusieurs additions et 
substra étions. Et l'apostre admonestoit les fidèles de 
ne s'accoupler ny mesler avec les infidèles. Et combien 
qu'on ne mit ceux de la religion [romaine ^] au mesme 
reng de ceux desquels Moïse et l'apostre parloient, 
pour les traces qui y estoyent encore de l'alliance de 
Dieu avec son éghse, toutesfois le christianisme estoit 
tellement corrompu parmi eux par les traditions 
humaines, qu'il restoit en leur religion fort peu de la 
pureté du service de Dieu et des mystères de la foy, 
comme ils avoient esté enseignez et laissez en escrit 

1. Variante : catholique. 



ET NAVARRE. 315 

par Jésus-Christ, les prophètes et apostres. Qu'il 
estoit donques à craindre que ce jeune Prince qui, par 
ce mariage, espouseroit maistre, mère et femme, ne 
fut distrait de sa rehgion et attiré à la romaine par le 
commandement du roy Charles, la rusée autorité de 
la Roine mère et les attrayans alèchemens de la 
femme, car la loy de la chafr est tousjours plus puis- 
sante en l'homme, quelqu'il soit, que celle de l'esprit ; 
et nous descendons tous plustot du bien au mal, que 
nous ne montons du mal au bien, et nous détériorons 
plustot que méliorons. Que ce Prince n'estoit pas plus 
sage ny plus constant que Salomon, qui avoit esté des- 
voyé de. sa religion et attiré à l'idolâtrie par l'alliance 
d'Egipte et les mignardises de sa femme Egiptienne. 
Que le Roy, son conseil et ses principaux officiers 
avoient autres fois juré la paix, et Sa Majesté 
avoit fait plusieurs grandes promesses de l'entretenir, 
ce qu'il n'avoit pas fait ; mais contre la religion du 
serment et l'honneur de la foy royale l'avoit rompue 
jà par deux fois, avec grandes calomnies, fausses 
accusations et cruautez sur tous ceux de la religion '; 
et estoit à craindre qu'il ne seroit pas plus religieux 
de garder ceste troisième que les deux précédentes. 
Car l'un des principaux préceptes des politiques ma- 
chiavélistes estoit qu'il falloit tromper les hommes par 
le serment comme les enfans avec des pommes. Et la 
religion romaine enseignoit que, sans offenser Dieu, 
blesser sa conscience ni son honneur, on pouvoit 
rompre la foy aux hérétiques ; et ils tenoient ceux de 
la religion ^ réformée pour les plus exécrables héré- 

1 . On a ajouté : prétendue réformée. 

2. On a ajouté : prétendue. 



316 HISTOIRE DE BÉARN 

tiques qui eussent jamais esté. Parquoy vraysemblable- 
ment ils useroient contre eux de la licence que leur ^ 
religion leur donnoit et de mesmes injustices et 
cruautez qu'ils avoient fait par le passé ; à quoy ils 
estoient journelement incitez par les sermons de leurs 
prédicans, et les magistratz n'avoient encore fait nulle 
punition de tant de massacres et assassinats qui 
avoient esté faits sur ceux de la religion, ains faisant 
plustot office d'avocats que de juges, les excusoient, 
comme ayans esté poussez par la conscience et zèle 
fervent de leur religion à commettre ces horribles 
maléfices, qu'ils estimoient sacrifices plaisans et 
agréables à Dieu, et s'asseuroientde mériter envers sa 
divine Majesté toutes les fois qu'ils fesoient mourir 
quelqu'un de la religion, fut par la main du bourreau 
ou quelque autre massacreur. Que Sa Majesté devoit 
avoir souvenance de ce que lors que le Roy et son 
conseil fesoient plus grandes promesses de vouloir 
entretenir l'édit de pasification, devoit estre exécuté à 
Noyers sur les personnes de son beau-frère, le prince 
de Gondé, et de l'amiral, et à Tanlay sur celle d'An- 
delot, et sur la sienne et celle de ses enfans par Losses. 
Car celuy qui avoit donné ce commandement et ceux 
qui l'avoient conseillé, estoient encores vivans et 
avoient la mesme autorité et puissance qu'ils avoient 
lors, et estoient ceux-là mesmes qui pressoient plus ce 
mariage, [quivraysemblablement n'avoient changé leur 
volonté,] ce qui lui devoit rendre d'autant plus suspect 
tout ce négoce, et luy donner juste occasion de penser 
qu'ils s'estoient dissimulez plustot que changez, et 
avoient couvert leur maltalent plustot qu'osté. Que les 
Rois tenoient à grand deshonneur que leurs comman- 



ET NAVARRE. 317 

démens n'eussent eu la fin qu'ils s'estoient promise, et 
encore à plus grande injure que leurs sujets opposas- 
sent leurs armes à l'exécution de leurs volontez pour 
quelque chose que ce fut. Et le Pape et l'Espagnol 
fesoient ordinairement ces reproches au Roy : qu'il 
estoit plustot serviteur que maistre de ses sujets, et 
qu'il n'avoit la hardiesse ny la force pour se faire 
obéir; qu'il prenoit la loy de ceux ausquels il la 
devoit donner, à la grande ignominie de la dignité 
royale, laquelle ne se devoit moins maintenir avec les 
finesses et ruses qu'avec la force, et où la peau du 
lion ne sufisoit on devoit user de celle du renard. Car, 
disoient-ils, il n'estoit pas moins licite ni expédient aux 
Princes, offencez par leurs sujets, de les punir par 
justice que par injustice, par fidélité qu'infidélité, par 
armes que par cautelle. Et encore qu'on peut croire la 
jeunesse du Roy estre exempte de toute dissimulation 
et perfidie, néantmoins il estoit tellement possédé par 
son conseil, esclave du Pape et pensionnaire du roy 
d'Espagne et commandé par sa mère, et révéroit tant 
le Pape, redoutoit l'Espagnol et craignoit sa mère, 
qu'il ne feroit autre chose que ce qui seroit délibéré 
par son conseil, ordonné par le Pape, dicté par l'Es- 
pagnol et commandé par sa mère ; et estoit à craindre 
qu'ils ne luy fissent exécuter, en ce festin nuptial, ce 
qu'il n'avoit peu faire par tant d'assassinats, massacres, 
escarmouches, assauts, rencontres et batailles ; ren- 
dant les nopces de sa sœur aussi funestes à tous ceux 
de la religion réformée qu'avoient esté celle de Dina 
aux Sichémites et d'Antonin Caracalla aux Parthes. 
Cette diversité d'advis troubloit fort l'esprit de la 
Roine qui eut volontiers suivi le dernier, si elle eut 



318 HISTOIRE DE BÉARN 

osé, mais elle craignoit d'irriter le Roy et mescontenter 
ceux de sa religion, lesquels elle s'asseuroit désirer ce 
mariage plus pour le repos général de tout le Royaume 
et l'avancement de sa religion, que pour leur particu- 
lier. Parquoy, après leur avoir proposé les inconvéniens 
et dangers qu'elle prévoyoit devoir suivre ce mariage, 
duquel elle craignoit sortiroient plus de maux qu'ils 
n'espéroient de biens, condescendit à leur volonté, 
pour n'estre estimée avoir voulu par son opiniastreté 
reculer tant de biens qu'ils se promettoient en devoir 
réuscir pour toute la France et la religion réformée ; 
pour lesquelles ceste Dame protest oit de ne faire 
jamais difficulté de sacrifier sa propre personne et 
celles de ses enfans, et prioit Dieu y vouloir jetter sa 
bénédiction et luy donner l'heureuse fin que tant de 
gens de bien de l'une et l'autre religion en attendoient. 
Toutesfois elle voussit avoir l'avis des plus doctes 
théologiens, comme elle s'y devoit porter pour le fait 
de la religion, car quoi qu'en deut avenir, elle ne vou- 
loit rien faire qui fut contre Dieu et blessast sa cons- 
sience ni celle de son fils. 

Cependant, pour n'offenser le Roi, qui eut peu 
prendre en mauvaise part tant de longs délays, 
Beauvais, l'un des gouverneurs du Prince [et qui 
avoit plus de crédit envers la mère que tout autre], 
fut envoyé en cour pour remercier les Majesté? 
du Roy et de sa mère et entendre leurs volontez. Il 
fut recuilli avec si bon visage du Roy et de sa mère, 
qui estoient à Biais >, qu'enivré des fumées de la cour, 
il luy tardoit d'estre de retour pour mener incontinent 
en France la mère et le fils. Estant donques arrivé en 
i. Blois. 



ET NAVARRE. 319 

Béarn, il ne se pouvoit taire du bon accueil qui lui 
avoit esté fait ; mais ceux qui n'avoient l'entendement 
opilé par les cruditez et viscositez de l'ambition et de 
l'avarice, avoient ces trop grandes caresses pour sus- 
pectes, se fondans sur ce proverbe commun : qui 
caresse plus qu'il ne souloit, trompé avoit ou tromper 
vouloit. 

Pendant le voyage de Beauvais la Roine, avec ses 
enfans et les princes de Gondé et de Conti et le comte 
Ludovic de Naussau, frère du prince d'Orenge, partit 
de La Rochelle pour faire un tour en Béarn, où elle 
arriva sur la fin d'aoust, et ayant fait un voyage aux 
Eaux-Chaudes pour sa santé, assembla les Estas à 
Pau. L'abolition générale de toutes les choses passées 
pour raison des troubles y fut confirmée et le tableau 
des proscrits abbattu. Et le dernier d'octobre, l'an 
1 571 , les Estas de Béarn demandèrent par requeste à 
la Roine que, veu qu'il apparoissoit par la parole de 
Dieu la religion romaine estre pleine d'erreurs, idolâ- 
tries et superstitions, qu'il n'estoit assés que les 
images et autels de la Papauté eussent esté abatus et 
démolis et l'exercice de cette religion chassé par les 
armes, si par l'autorité de la justice souveraine le démo- 
lissement n'estoit confirmé et interdit de jamais rebastir, 
redresser, remettre, prescher ni enseigner rien qui fut 
de la Papauté ; car ce qui en avoit esté fait jusques lors 
sembloit l'avoir esté plus tôt par violence que par 
raison ; qu'ils supplioient donc Sa Majesté vouloir faire 
passer par la loy inviolable ladite abolition, avec défense 
à peine de la vie de faire à l'avenir en tout le pais, 
publiquement ou secrètement, aucun exercice de la 
Papauté, et que tout le peuple fut instruit de sa 



320 fflSTOmE DE BÉARN 

croyance par la parole de Dieu. Sur cette réquisition 
certaines loix furent dressées sous le titre d'ordon- 
nances ecclésiastiques. [Non pas pour ajouster ou 
diminuer quelque chose de la loy de Dieu ny aux arti- 
cles de la foi, car telle chose appartient au seul Dieu et 
doit emmaner du seul livre de la Bible, mais seule- 
ment pour faire recevoir au peuple ceste doctrine 
divine et la faire enseigner et administrer en pureté et 
bon ordre, comme tous les bons Princes et vrais nour- 
rissiers de l'Eglise ont tousjours fait, ainsi qu'il se lit 
es saints livres, en l'histoire ecclésiastique et au droit 
romain. Ainsi au commencement de ses ordonnances 
la confession de foi de l'église béarnoise fut insérée, à 
l'imitation des empereurs qui ont fait des loix et cons- 
titutions ecclésiastiques pour restablissement et entre- 
tènement de la pureté de la religion, afin que tout le 
monde peut connoistre que ce qui estoit enseigné, 
receu et creu en ce pais, estoit cela mesmes que Dieu 
avoit commandé d'enseigner, recevoir et croire ; et ce 
qui y avoit esté aboli, déchassé et défendu estoit 
rejette, chassé, condamné et interdit de Dieu en sa 
parole. Par ainsi qu'en rejettant et interdisant la 
Papauté, les Estas n'avoient requis l'abolition du chris- 
tianisme et la Roine ne l'avoit prohibé, ainsi que 
quelques-uns vouloient malicieusement faire entendre 
auxignorans.] 

Par ces ordonnances [la Papauté '] fut banie de tout 
le pais, et l'exercice d'icelle défendu au peuple, et le 
ministère [de l'Evangile] remis sus [selon la parole 
divine], et fait commandement au peuple d'assister aux 

1. Variante : la religion catholique. 



ET NAVARRE. 321 

prédications, pour estre instruict de ce qu'il devoit 
faire pour bien servir Dieu et croire pour estre sauvé ; 
et aux maistres d'escole fut défendu d'enseigner les 
enfans que selon la religion réformée. L' [abominable] 
prophanation du nom de Dieu par les juremens, bla- 
phèmes et sorceleries et la paillardise et la [lubrique] 
dissolution des dances publiques et l'avaricieuse rapa- 
cité des jeux de hazard furent pareillement défendues, 
comme contraires à l'invocation et louanges de Dieu, 
santification et charité des chrestiens, et réprouvées et 
défendues aussi bien par les loix politiques et les plus 
modestes payens que par la parole de Dieu et l'Église. 
Et pour ce que la piété et la religion sont les pre- 
mières et principales vertus, qui doivent estre en tous 
magistrats, fut ordonné que nul ne seroit receu à ceste 
dignité qui ne fit profession de la religion réformée, 
approuvée et requise par tous les Estas et le Prince ; 
car il ne sembloit raisonnable que celuy qui, par opi- 
niastreté plustot que par raison, réprouvoitetcondam- 
noit ce que les Estas requéroient et le Prince comman- 
doit, conforme à la parole de Dieu, fut juge de ceux 
qui, par un préjugé, il tenoit pour exécrables héré- 
tiques et dignes des plus grands suplices, que les plus 
inhumains périlles pourroient excogiter. 

Les mariages y furent réduits [selon la parole de 
Dieu] , et les degrez de parentage et affinité mis en [la 
mesme ^] liberté [que Dieu et les anciennes loix politi- 
ques les mettent; car puisque le mariage a son insti- 
tution et sa vigueur de l'ordonance divine, il est 
raisonable de recevoir de sa sagesse les degrés de 

l. Variante : toute. 



322 HISTOIRE DE BÉARN 

parantage et affinité, auxquels ils doivent estre con- 
tractez, et ne doit-on estimer mauvaises et deshon- 
nestes les conjonctions matrimoniales que Dieu a 
laissées en nostre volonté, liberté et puissance, mais 
ouy bien celles qu'il a défendues ; lesquelles nuls Papes, 
Empereurs ne Rois ne peuvent rendre licites, expé- 
dientes ni honnestes par leurs bulles, indulgences ou 
dispences, et telles conjonctions sont plustot abomi- 
nables et incestes que couche sans macule.] 

Et pour ce que , depuis l'entrée du secours , les 
biens de l'église avoient esté maniez par le receveur 
général des finances , ladite Roine, en plein synode 
convoqué au mesme lieu de Pau, fît publique déclara- 
tion que puisque rien ne pouvoit estre plus justement 
acquis et possédé que ce qui estoit volontairement 
donné, par ceux qui avoient puissance et juridique 
liberté de ce faire, elle confessoit les biens donnez à 
l'église de Béarn, tant par les seigneurs souverains des 
prédescesseurs que par autres bonnes personnes, estre 
acquis et appartenir de tout droit divin et humain à 
ladite Eglise, non pas aux seigneurs ni autres qui les 
avoient donnez. Car tout donnateur se dépouille de la 
possession, propriété et usufruict de ce qu'il donne 
simplement en faveur de celuy auquel il l'aura donnée, 
qui, estant fait maistre et seigneur de ce qui lui est 
donné, a aussi la puissance de le mesnager, recuillir 
et dispenser selon qu'il connoistra luy estre plus pro- 
fitable ; que donques l'Eglise ne pouvoit estre fraudée 
de ce droit et liberté, si on ne vouloit faire sa condi- 
tion pire que celle des autres donnataires, et lui ravir 
par sacrilège ce que justement lui appartenoit et lui 
oster la libre puissance que la parole de Dieu lui don- 



ET NAVARRE. 3213 

noit sur ses biens et l'exemple des sacrificateurs, 
lévites et apostres et la pratique de tout tems et de 
tous peuples enseignoient et confirmoient. Car c'est 
une chose notoire que l'Eglise a tousjours eu l'écono- 
mie et dispensation de ses biens, sans que les Princes 
et magistrats lui ayant jamais donné aucun empesche- 
ment, ny se soyent immiscuez en rien de cest affaire 
qu'en cas d'abus. Et mesmes tout ce qui, durant le 
paganisme, avoit esté donné pour la religion a esté 
remis au pouvoir de l'Eglise, après qu'elle avoit esté 
dressée, et tout ainsi qu'elle a succédé à l'idolâtrie et à 
la fausse religion aussi a elle à leurs biens. Que vui- 
dant donc ses mains de tous les biens ecclésiastiques 
de ses pais souverains , elle les rendoit à l'Eglise * 
comme à leur légitime maitresse , tant en propriété 
qu'en usufruict, et en interdisoit tout maniement et 
connoissance à tous ses généraux, thrésoriers, finan- 
ciers et chambre des Comptes, exortoit et, en tant que 
besoin seroit, commandoit à l'Eglise de bien et fidèle- 
ment prouvoir de personnes sages et fidèles à l'œco- 
nomie de ces biens par une canonique élection, faite 
selon la parole de Dieu, anciens canons, loix poli- 
tiques, exemple et pratique des anciens; et sur toutes 
choses que lesdits biens fussent fidèlement employez 
à ce que Dieu et les gens de bien, qui les avoient libé- 
ralement donnez, les avoient destinez, asavoir pour 
l'entretènement du ministère [évangélique,] desescoles 
et subvention des povres. Ainsi par ledit syriode 
furent esleus un receveur ou diacre général, un pro- 
cureur ecclésiastique et neuf œconomes nommez le 

1. On a ajouté : prétendue réformée. 



324 HISTOraE DE BÉARN 

Conseil ecclésiastique, qui estoient tellement surinten- 
dans de tous les dits biens, que le diacre ny le procu- 
reur ne fesoient rien que par leur mandement. Ce 
Conseil estoit pris des plus qualifiez hommes de tout 
le pays et se renouvelloit tous les ans, mais le procu- 
reur et le diacre demeuroient trois ans en charge. Et 
pour empescher que les abus, qui se glissent ordinai- 
rement aux choses les plus sainctes et les mieux 
ordonnées, n'entrassent en l'administration de ces 
biens, le synode nommoit chacun an douze hommes 
pour ouir les comptes dudit diacre, auxquels par les 
loix ecclésiastiques mesme puissance estoit donnée 
qu'à la chambre de Comtes sur les financiers et com- 
tables du Prince. Le corps de ces auditeurs estoit 
composé de deux gentilshommes, deux de gens du 
Parlement, deux de la chambre de Comtes, deux jurats 
des villes, deux ministres et deux diacres des églises 
particulières. [En ceste manière tous savoient Testât 
et la despense de ses biens qui, ayans tant de gens de 
bien et d'honneur pour œconomes et contreroleurs, ne 
pouvoient estre mal dispensez.] 

Les patrons laies demandoient l'usufruict des 
bénéfices de leur présentation , alégans , puisque 
les offices estoient déchassez pour lesquels ces 
bénéfices avoient esté donnez, qu'ils dévoient aussi 
retirer lesdits bénéfices. Il leur fut respondu les 
biens légitimement donnez n'appartenir plus au don- 
nateur qui, en les donnant, s'en estoit tellement 
despouillé pour en investir celuy à qui il les avoit 
donnez, que ne s'y aiant rien réservé, il n'avoit plus 
aucun droit de les retenir ou répéter, comme il appa- 
roissoit par l'exemple d'Ananias et Saphira. Et les 



ET NAVARRE. 325 

loix déboutoient le donnateur de répéter la chose 
donnée, encore qu'il avint quelque mutation en la 
forme ou accessaire en la chose pour laquelle elle avoit 
esté donnée, comme au fait duquel il estoit maintenant 
question estoit avenu. Car la substance des choses 
estant restée, il avoit esté fait seulement quelque chan- 
gement en la forme de la chose et l'office pourquoi les 
biens ecclésiastiques avoient esté donnez, mais que la 
chose ny l'office n'avoient pas esté ostez, ains seule- 
ment réformez. Car ces biens avoient esté donnez 
pour tout l'entretènement de la piété ou religion qui 
n'avoit pas esté déchassée du pais, mais corrigée [et 
réduite au-mesme estât que la parole de Dieu l'avoit 
premièrement mise, et duquel elle estoit descheue par 
les traditions humaines.] Si donc l'abus, non pas l'usage 
d'icelle, avoit esté seulement osté, les choses dédiées à 
l'usage lui demeuroient avec le mesme droit et puis- 
sance que l'abus les possédoit auparvant. Et l'inten- 
tion de ceux qui les avoient donnez n'estoit point pour 
cela aucunement frustrée, ce qu'elle seroit sy on ren- 
doit aux patrons ce qu'ils demandoient, car l'intention 
du donnateur ou fondateur avoit esté de les donner 
pour le ministère, l'escole et la charité. Combien donc 
qu'en la forme de la religion, qui estoit en vogue lors 
qu'une partie de ces biens avoient esté donnez, eut 
beaucoup d'abus, néantmoins la substance d'icelle etl'in- 
tention du donnateur demeureroient tousjours entiers 
et la donnation en sa vigueur. Car l'intention du patron 
avoit esté de despouiller desdits biens tant soi-mesmes 
■que ses successeurs et en investir l'Eglise, qui en 
avoit esté saisie et rendue maistresse par le contrat de 
la donnation, acception, stipulation et émologation, 



326 HISTOIRE DE BÉARN 

tellement qu'il ne pouvoit estre maintenant rompu ny 
révoqué par le fondateur ou donnateur, ainsi qu'il avoit 
esté plusieurs fois jugé non seulement par les magis- 
trats chrestiens, mais aussi par les payens. Outre que 
plusieurs avoient droit de patronage sur des bénéfices, 
qu'eux ne leurs prédécesseurs n'avoient jamais fondez; 
et les patrons n'estoient pas propriétaires ni usufruc- 
tuaires des bénéfices de leur présentation, mais seule- 
ment tuteurs et protecteurs en cas d'abus et de frau 
par le présenté ; ainsi qu'il apparoissoit, tant par la 
signification du mot de patron que par les canons, les 
loix et la prattique de l'Eglise, et les patrons ne pou- 
voient exiger sur les bénéfices de leur patronage, que 
subvention pour leur vie en cas de nécessité. 

Toutesfois pour éviter toute contestation et leur don- 
ner quelque contentement, il fut concédé aux patrons de 
présenter un enfant, deux ou trois, selon la valeur du 
bénéfice de leur présentation, à 1 62 livres pour chacun 
par an, pour estudier douze ans en l'Université de 
Béarn ou ailleurs; et ce terme expiré, ils pourroient 
remettre un autre en la place de celui qui auroit achevé 
son tems. Car pour l'instruction de la jeunesse et dres- 
ser une pipinière pour la justice et le ministère, une 
[très belle] Université a esté dressée en Béarn, en 
laquelle y a un collège [qui ne doit rien à autre quel- 
quonque de l'Europe] auquel a huict régens classiques, 
qui enseignent la langue grecque avec la latine depuis 
la quatriesme classe, deux philosophes pour enseigner 
la philosophie, un musicien et un escrivain qui mons- 
trent de chanter et d'escrire, un principal et un pro- 
fesseur en grec, un en hébrieu, un en mathématiques 
et un en théologie et cinquante enfans entretenus des 



ET NAVARRE. 327 

biens ecclésiastiques, vingt de la nomination du Roy et 
trente de l'Eglise, qui s'obligent de servir au ministère, 
quand ils y seront canoniquement appelez ; mais ceux 
de la présentation du Prince ne sont obligez à une 
vocation plus qu'à autre. [Cette Université a produit 
plusieurs doctes jeunes hommes, qui servent aujour- 
d'huy doctement et heureusement au pais, tant en la 
justice qu'en l'Eglise.] 

Après cela la Roine, importunément solicitée par le 
seigneur de Biron \ envoyé expressément vers elle par 
le roy de France pour l'acheminer en cour, partit de 
Béarn. Elle receut en chemin l'avis des [théologiens^] 
estranger^ touchant le mariage de son fils. Tous 
s'accordoient en la validité d'iceluy, pour ce que les 
seaux de l'alliance de Dieu^ sont point abolis en la 
Papauté, bien qu'ils y soient fort pervertis; mais la 
plus part s'arrestans sur le dire de l'apostre, que tout 
ce qui est Ucite n'est pas expédiant, lui proposoient 
plusieurs choses contre l'inexpédience de ce mariage. 
Et d'autant que leurs raisons estoient quasi les mesmes 
que celles qui ont esté déduites cy-dessus, je ne les ay 
poinct répétées pour n'ennuyer le lecteur. Cela tour- 
mentoit beaucoup l'esprit de la Royne qui n'eut voulu, 
si le pouvoir eut accompagné sa volonté, séparer le 
licite de l'expédient, allégant le chrestien n'estre guère 
moins obligé à l'un qu'à l'autre et se devoir abste- 
nir de l'inexpédient quasi autant que l'illicite, tant 
pour sa propre conscience que pour celle du pro- 

1. Armand de Gontaut, baron de Biron, né en 1524, maréchal 
de France en 1577, mort en 1592. 

2. Variante : ministres. 

3. On a ajouté : disoient-Us. 



328 HISTOIRE DE BÉARN 

chain infirme, que pour les maux et mauvaises con- 
séquences que les actions non expédiantes engen- 
drent le plus souvent. Néantmoins elle ne laissa 
pas pour cela de continuer son chemin, avec réso- 
lution de donner à ce mariage la consumation que 
tant de gens de bien ses parens, alliez et plus confidans 
serviteurs désiroient. Mais le Pape et le roy d'Espagne, 
qui ne réprouvoient et n'enpeschoient pas moins ce 
mariage que ceux-là l'approvoient et le solicitoient, 
proposoient au Roy le scandale que ce mariage don- 
neroit à tous ceux de sa religion, tant dehors que 
dedans le Royaume, et l'ignominie qui redonderoit à 
toute l'Église catholique que la fille et sœur de Roy s 
Très-Ghrestiens fut mariée par le Roy Très-Chrestien, 
principal défenseur de [Sainte mère] église avec un 
hérétique ennemi [de l'Église catholique et] de la foy 
chrestienne. Ce qui feroit, disoient-ils, une très grande 
bresche à l'honneur de Sa Majesté et irriteroit grande- 
ment contre elle tous les potentats et [les] peuples 
[adhérans à*] l'Église catholique [romaine.] Car ce 
mariage ne pouvoit estre consommé qu'au très 
grand opprobre et diminution de la foy catholique, 
gloire et avancement de cette hérésie, qui ne prendroit 
pas petit accroît ny petite audace, ayant la sœur du 
principal monarque de la chrestienté avec soy et pour 
soy ; outre que cela seroit comme avouer et authoriser 
l'hérésie, qu'il devoit plus tôt arracher qu'apuyer et 
exterminer et honnir tous ses sectaires, que les 
entretenir et honnorer par son alliance et autorité. Et 
devoit donner mari à sa sœur de sa religion et qui fut 

1 . Variante : de. 



ET NAVARRE. 329 

respondant à la grandeur de sa maison et agréable à 
tous ceux de sa religion, comme il le pouvoit faire en 
la mariant avec don Sabastien, roy de Portugal, prince 
catholique, très riche, très grand terrien et grand Roy 
non seulement de nom mais aussi de fait ; de quoy le 
Pape et le Roy Catholique l'importunoient fort. Et 
pour ce que la vive voix a plus d'efficace que l'escri- 
ture, l'Espagnol en faisoit tous les jours soliciter le 
Roy par son ambassadeur ; et le Pape lui envoya le 
cardinal Salviat' et fit passer son nepveu le cardinal 
Alexandrin de la cour d'Espagne en celle de France 
avec tiltre et autorité de légat, non pas tant pour 
induire le Roy d'entrer en ligue contre le Turc, encore 
qu'il prit cela pour la principale couverture de sa léga- 
tion, que pour le destourner de la conclusion de ce 
mariage avec le Navarrois et le faire accorder avec le 
Portugois. Le Roy refusa tout à plat ce qu'il deman- 
doit contre le Turc, avec lequel il ne voussit rompre 
l'alliance que ses ayeul, père et frère avoient commen- 
cée et fidèlement entretenue. Touchant le mariage de 
sa sœur, il respondit la nécessité de ses affaires le con- 
traindre de la donner au prince de Navarre, mais qu'il 
prioit Sa Sainteté avoir telle asseurance de sa dévotion 
et sincère affection envers l'Eglise catholique, apos- 
tolique, romaine, que pour cela il ne fairoit aucun avan- 
tage à l'hérésie luthérienne ni aux huguenots et que 
[le Pape^] s'apercevroit avec le tems que tout ce qu'il 
en faisoit tendoit totalement à l'exaltation et accroisse- 

1. Bernard Salviati, aumônier de Catherine de Médicis. II y eut 
au xvie siècle trois cardinaux de ce nom : Jean, Bernard et An- 
toine-Marie, leur neveu. 

2. Variante : Sa Saincteté: 



330 HISTOIRE DE BEARN 

ment de [Sainte mère] église et à la honte et ruine des 
hérétiques et de leur secte. De quoy il donna tant 
d'asseurances au légat, qu'il s'en retourna fort [joyeux 
et] content, et le Pape accorda depuis [fort volontiers] 
au Roy la dispence pour le parentage et la diversité 
de religion qui estoit entre les mariez, [ce que jusques 
lors il avoit opiniastrement refusé.] Cela et maints 
autres clairs présages, qui se manifestèrent depuis 
tous les jours jusques à la consumation du mariage, ont 
fait estimer à plusieurs que dès lors le Roy [donna 
asseurance au Pape du^] massacre qui suivit les nopces 
de sa sœur, et^ à l'Espagnol de la tromperie [de laquelle 
fut usé^] en l'endroit de ceux qui, par permission et 
commandement secret dudit Roy, allèrent au Pays-Bas 
et y furent tous deffaits par le duc d'Albe. * Je ne veux 
asseurer l'un ny nier l'autre, encore que les conjec- 
tures fassent plus pour l'affermative que pour la néga- 
tive, et tant de choses, qui se disoient et faisoient cepen- 
dant en cour et à Brouage et quasi par tous les 
quartiers de la France, en donnassent tant de certaines 
prédictions et advertissemens que les plus aveugles 
le pouvoient voir et les plus lourdauts juger. [Mais 
Dieu qui, pour sa gloire et l'espreuve de la foy des siens 
et la manifestation de la justice de cette cause, avoit 
préordonné et décrété cest esclandre, esblouit tellement 
la vue des plus clairs voyans, et estourdit l'entende- 
ment des plus habiles, qu'ils ne le peurent voir, 

1 . Variante : avoir intention de faire fere le. 

2. On a ajouté : donna asseurance. 

3. Variante : qui se fist'. 

4. Ferdinand- Alvarez de Tolède, duc d'Albe, né en 1508, mort 
en 1582. 



ET NAVARRE. 331 

cognoistre ne croire.] Auprès de Poitiers, le légat 
Alexandrin rencontra la royne de Navarre en chemin, 
et passa auprès du coche d'icelle sans la saluer ny 
seulement regarder ; mais elle luy fut plus courtoise, 
car ayant un de ses officiers trouvé une petite valise 
avec une notable somme de deniers, qui estoit tombée 
à un des gens du légat, la Roine luy fit fidèlement 
raporter sans aucune perte. 

Le cardinal de Bourbon, le marquis de Vilars' 
et Monsieur de Foix vinrent audevant de la Roine 
à Tours, où elle connut incontinent à leurs propos 
que ce qui lui avoit esté dit en chemin estoit vray, 
ascavoir que le Roy ni son conseil ne marchoient 
point en sincérité en ce mariage et qu'il y avoit 
un garde-derrière, qui fut cause qu'elle entra en 
quelque délibération de rebrousser chemin et s'en 
retourner; mais on lui dit qu'elle estoit venue trop 
avant et n'estoit plus tems, et qu'il lui falloit passer 
outre et faire bonne mine en mauvais jeu, avec appa- 
rente démonstration de faire, de bonne volonté et sans 
force ni contrainte, ce qu'aussi bien on lui fairoit meshui 
faire bon ou mauvais gré. Ainsi elle passa outre et 
arriva à Blois, où le mariage fut arresté le 1 1 d'avril 
sous ces articles : que le Roy doteroit sa sœur de trois 
cens mille escus à cinquante et quatre sols tournois 
pièce, et elle renonceroit en faveur de son frère à tous 
les droits qu'elle avoit ou avoir pouvoit sur tous les 
biens paternels et maternels, et l'endemain des nopces 
avoeroit et ratifieroit ladite renonciation, avec la per- 



1. Honorât de Savoie, marquis de Villars, amiral de France 
après Goligny. 



332 HISTOIRE DE BÉARN 

mission et autorité de son mari. La mère lui promit 
deux cens mille livres et ses deux autres frères, les ducs 
d'Anjou et d'Alençon, chacun vingt-cinq mille. Toutes 
ces sommes dévoient estre employées à l'achat de 
rentes équivalentes sur la Maison-de-Ville de Paris pour 
l'entretènement de Testât de la mariée. Ce qui n'a 
jamais esté fait, et a esté ce mariage plus en charge 
qu'en desçharge à ce Prince, qui estoit engagé quasi 
de pareilles sommes pour les debtes que le roy 
Antoine, son père, avoit faites et en payoit l'intérest, 
de quoy il se fut déchargé s'il eut touché deniers , et 
eut mieux peu entretenir sa femme qui, pour son 
entretènement, tire le plus beau et le plus net des rentes 
du mari. Mais le foible contractant avec le fort est 
tousjours contraint de passer sous le joug et prendre 
la loy telle qu'on luy veut imposer. 

Le lieu et la forme du mariage demeuroient encore 
en controverse entre les deux mères. La Françoise 
vouloit que les nopces se fissent à Paris et selon 
l'église [romaine^], et la Navarroise refusoit Paris 
comme ville [factieuse et] ennemie capitale de sa reli- 
gion et mal affectionnée à la maison de Bourbon, et ne 
vouloit consentir que son fils fit rien [contre sa cons- 
cience ne] qui peut apporter scandale à ceux de sa 
religion ne donner approbation à la prestrise [et tra- 
ditions de la Papauté.] L'autre avoit les mesmes raisons 
pour le regard des ministres et de leur doctrine. Mais 
le Roy, y interposant son authorité, voulut le mariage 
estre fait à Paris et non ailleurs, où le cardinal de 
Bourbon les espouseroit au devant la grande porte de 

^. Variante : catholique. 



ET NAVARRE. 333 

l'église Nostre-Dame, [et cela en qualité de Prince non 
pas de prestre.] La royne de Navarre, n'ayant autorité 
ny force pour y contredire, y aquiesa plus par con- 
trainte que de bonne volonté, avec l'avis cependant de 
quatre ministres qui conclurent cela pouvoir estre fait. 
Ce qui fut trouvé fort mauvais par tous les autres et 
apporta un grand scandale à toute l'Église réformée et 
ne fit pas petite bresche à la discipline des églises * de 
ce Royaume ; mais la peur plus que la raison leur fit 
accorder plustot qu'approver ceste forme [bastarde.] 
Cela arresté, la roine de Navarre alla à Paris pour 
préparer les choses nécessaires pour la magnificence de 
la solennité des nopces, où elle tomba malade et y mou- 
rut le 10 de juin 1572, aagée de quarante-quatre ans 
seulement. Les uns eurent opinion qu'elle avoit esté 
empoisonnée en une collation faite chez le prévost des 
marchans ; les autres par un parfumeur italien avec une 
paire de gans parfumés; d'autres asseurent qu'elle mou- 
rut d'une plurésie, et de fait les médecins la pensèrent 
comme atteinte de cette maladie. Je ne scay si bien ou 
mal et s'ils furent, comme plusieurs pensent, trompez 
aux signes de cette maladie et prinrent par un faux 
jugement une cause pour autre, comme souvent aux 
maladies internes telles gens prennent Montmartre 
pour Paris. Deux jours avant son décez, elle fit son 
testament et laissa son fils héretier universel, réser- 
vant à la Princesse, sa fille, les droits de légitime que 
les loix et costumes lui donnoient sur toutes les terres 
qu'elle possédoit, outre le tiers de toutes ses bagues et 
joyaux (le grand colier et le grand ruby balay, enga- 

1. On a ajouté : réfoitnées. 



334 HISTOIRE DE BÉARN ET NAVARRE. 

gez en Angleterre , exceptez) , lesquels elle vouloit 
demeurassent héréditaires à la maison de Navarre. 
Par ce mesme testament, elle exortoit le fils de persé- 
vérer en la' religion [réformée], l'entretenir et mainte- 
nir en sa souveraineté deBéarn, où elle vouloit aussi la 
Princesse, sa fille, estre ramenée, pour y estre nourrie 
jusques à ce que Dieu lui offrit parti de mariage de sa 
religion et dignité; que son corps fut rapporté au 
mesme pais, pour y estre enterré au sépulcre de ses 
ancestres * sans nulle pompe ny sompteuse cérémo- 
nie, ains suivant la simplicité des enterremens de ceux 
de sa religion. Mais la malice du tems n'a encore per- 
mis l'exécution de cest article, et son cors est demeuré 
à Vendosme'. 



1. Variante : sa. 

2. La cathédrale de Lescar. 

3. Pour transporter le corps de la reine de Navarre à Vendôme 
et pourvoir à ses obsèques, il fallut emprunter 6,000 livres à Jean 
Viala, conseiller au parlement de Paris (Arch. des Basses-Pyré- 
nées, B. 35). 



TABLE ALPHABETIQUE 



Abbadie (Guillaume d') , cha- 
noine d'Oioron, s'empare de 
la maison épiscopale, 119. 

Abbadie (Samson d'), homme 
d'armes, commande à Pon- 
tacq pour les catholiques, 201. 

Abbadie (Saubat d'), jurât de 
Bellocq, rançonné par les ca- 
tholiques, 215. 

Abbadie d'Izeste (Jean d'), capi- 
taine catholique, 298; fait pri- 
sonnier à Tarbes, 303. 

Abère (Johanot de Cauna, seign. 
d'), capitaine catholique, tué à 
Navarrenx, 251. 

Abère d'Asson, château (Basses- 
Pyrénées), saccagé par les ca- 
tholiques, 261. 

Abère d'Asson (Pascal, seign. 
d'), sa mort, 261. 

Abidos (Henri, seign. d'), capi- 
taine catholique, fait prison- 
nier à Orthez, 271; massacré 
à Navarrenx, 282. 

AWuration du catholicisme par 
Jeanne d'Albret, 108. 

Accous (Basses-Pyrénées), brûlé 
par les protestants, 290. 

Acier. — Vov. Genouillag. 

Adour (1'), fleuve, 245, 259. 

Afrique (!'), 112. 

Agen (Lot-et-Garonne), 177 ; 
Monluc s'y retire, 290. 

Agenais (les officiers d') invités 
par le roi de France à favori- 
ser la conquête du Béarn, 
176. 



Agriculture en Béarn, favorisée 
par Henri H, roi de Navarre, 
41. 

Aire (Landes). Monluc y arrive, 
264. 

Alain, sire d'Albret, tuteur de 
Henri H, roi de Navarre, 3. 

Albany (Jean Stuart, duc d'), 
17. 

Albe (Frédéric de Tolède, duc 
d'), prend Saint-Jean-Pied-de- 
Port en 1512. 6. 

Albe (Ferdinand- Alvarez de To- 
lède, duc d'), bat les Français 
dans les Pays-Bas, 330. 

Albigeoi s (l') . Les troupes protes- 
tantes s'y rassemblent, 255, 
256. 

Albon (d'). — Voy. Saint- André. 

Albret. — Voy. Alain , Jean , 
Jeanne, Miossens. 

Albret (sirerie et duché d'), 53. 

Albret (Louis d'), évêque de 
Lescar, conseiller de Henri, 
prince de Navarre, 56. 

Albuquerque (Bertrand de La 
Gueva, duc d'), 64. 

Alençon (Gharles IV, duc d'), 
mari de Marguerite d'Angou- 
lême, 31. 

Alençon (le duc d'), frère de 
Gharles IX, 151, 154 ; promet 
25,000 livres de dot à Margue- 
rite, sa sœur, 332. 

Alexandre le Grand. Henri IV 
lui est comparé, 1 . 

Alexandre VI, pape. Ses paroles 
à propos de l'expédition de 
Charles VIII en Italie, 281. 



336 



TABLE 



Alexandbini (le cardinal), légat 
en France, 329; manque de 
respect à Jeanne- d'Albret, 
331. 

Alezieu, ministre protestant â 
Garlin, sa mort, 263. 

Allemagne. François I" y cher- 
che des alliances, 32 ; le duc 
de Clèves y mènerait Jeanne 
d'Albret, sa femme, 34, 36, 
37j il y retourne, 39 ; protes- 
tants de cette région, 179. 

Amaro (le capitaine), prisonnier 
échangé contre le capitaine 
Lalanne, 145. 

Amboise (conjuration d'), 79, 
101. 

Amou (Jean Paulon, seign. d'), 
capitaine catholique, parle- 
mente à Orthez avec Mon- 
gommery, 270. 

Ananias, cité 324. 

Andelot (François de Goligny, 
seign. d'), poursuivi par les 
Guises, 151, 316. 

Andelys (les) (Eure), lieu de la 
mort d'Antoine, roi de Na- 
varre, 114. 

Andoins (Paul de Béarn, seign. 
d'), sénéchal de Béarn, 115. 

Andoins. — Voy. Corisande. 

Andraut (le receveur), massacré 
à Bordeaux, 47. 

Angleterre. Marie Stuart y est 
exécutée, 110; Jeanne d'Al- 
bret écrit à la reine Elisabeth, 
164 ; les joyaux de Jeanne 
d'Albret y sont engagés, 333 
et 334. 

Angosse, capitaine catholique, 
arrive à Pontacq, 201 ; prend 
Nay, 203. 

Anjou (le duc d') plus tard 
Henri III, 151, 154; Jeanne 
d'Albret lui écrit, 156; son 
capitaine des gardes tue le 
prince de Gondé, 192 ; sa lettre 
aux jurats de Pau, 216, 217; 
cité dans une lettre de Tar- 
ride, 219 ; Monluc écrit que 
le duc fait pendre tous les mi- 
nistres protestants, 265 ; il est 



excusé par l'évêque de Va- 
lence d'avoir trempé dans la 
Saint-Barthélémy, 283 ; sa 
lettre à Bonnasse, 294, 295; 
il promet 25,000 livres de dot 
à Marguerite, sa sœur, 332. 

Antin (Arnaud d'), sénéchal de 
Bigorre, abondonne le parti 
de la reine de Navarre, 174. 

Antin (Bertrand d') rend le châ- 
teau de Lourdes à Mongom- 
mery, 286. 

Antoine de Bourbon, roi de Na- 
varre, épouse Jeanne d'Albret, 
39, 40 ; succède à Henri II de 
Navarre, 51, 52; ouitte le 
Béarn, 53 ; reçoit Le â-ay com- 
me ministre de l'église réformée 
de sa maison, 54 ; il est soup- 
çonné de protestantisme par 
le roi de France, 55 ; il donne 
congé à Le Gay, 56 ; il pro- 
tège Henri de Barran, 58, 61; 
il demande à être compris 
dans le traité de Gàteau-Cam- 
brésis, 62 ; fait faire une ex- 
pédition contre Fontarrabie, 
62 à 64 ; il essaie de faire 
soulever les provinces basques 
espagnoles, 64 à 66 ; prétend 
avoir la tutelle de François H, 
67 ; il en est écarté par les 
Guises, 68 ; le connétable l'en- 
gage en vain à prendre le 
gouvernement, 70 à 72 ; il 
promet aux protestants de les 
défendre, 73 ; ses conseillers 
le trahissent en faveur des 
Guises, 74 ; il se rend à la 
cour; accueil qu'il y reçoit, 
75, 76; intrigues des Guises 
contre lui, 77 ; accusé par 
eux d'être le chef des conjurés 
d'Amboise, 79 ; il est rejoint 
par le prince de Conde en 
Gascogne, 80 ; les députés des 
églises réformées l'invitent à 
se rendre aux Etats-Généraux, 

81 ; les Guises poussent le roi 
de France à l'attirer à la cour, 

82 ; ses plaintes contre les 
Guises, 83 ; il est regardé 



ALPHABETIQUE. 



337 



comme le chef des protestants, 
84 ; remontrances que lui fait 
le cardinal d'Armagnac à ce 
sujet, 84 à 86; sa réponse, 87; 
il fait chanter la messe à Né- 
rac, 88 ; la cour lui envoie 
M. de Grussol pour le décider 
à venir trouver le roi de 
France, 88 à 90; remontrances 
des députés des églises réfor- 
mées sur son voyage en 
France, 90 à 101 ; il renou- 
velle ses promesses, 101 ; il 
renvoie Théodore de Bèze, 
104 ; il est traité à Orléans 
comme un criminel, 104, 105; 
les Guises complotent sa 
mort, 105 ; ses paroles à 
Ranti, 106; la Reine mère 
arrête les. Guises dans leurs 
desseins meurtriers, 107 ; il 
se réconcilie avec eux, 107; 
Jeanne d'Albret le détourne 
de la religion réformée, 108 ; 
il provoque le colloque de 
Poissy, favorise les protes- 
tants,' puis s'unit aux Guises 
contre la Réforme, 109; il veut 
divorcer et faire enfermer sa 
femme, 110; il interdit la re- 
ligion réformée en Béarn, 111; 
on lui promet la royauté de 
Sardaigne, 112, 113 ; sa mort, 
114 ; sa mémoire rappelée 
dans une lettre de Jeanne 
d'Albret à Elisabeth, reine 
d'Angleterre, 160 ; l'intérêt dd 
ses dettes payé par son fils 
Henri de Navarre, 332. 

Antoine, duc de Lorraine, fils 
de René de Vaudemont, 92. 

Apesetche, capitaine basque ca- 
tholique, arrive à Bellocq, 
215. 

Aragonais (les) campent à 
Sainte - Marie - d'Oloron , 28 ; 
favorisent l'expédition des ca- 
tholiques contre le Béarn, 
274. 

Aramits (Pierre d'), capitaine 
protestant, assiégé dans le 
château de Mauléon. 288. 



Arblade (d'), capitaine catho- 
lique de l'armée de Monluc, 
264. 

Arblade (d'), capitaine protes- 
tant , gouverneur d'Eauze , 
292. 

Arbouet, capitaine du château 
de Sauveterre pour les pro- 
testants; il capitule, 213, 214. 

Arbus (Pierre d ), dit Arbusio, 
avocat, est nommé conseiller 
par les catholiques au Conseil 
souverain de Béarn, 254. 

Areau (Guillaume d'), avocat 
général au Conseil souverain, 
destitué par les catholiques, 
254. 

Areu (Jean d'), avocat général 
au Conseil souverain, envoyé 
en France près de Jeanne 
d'Albret, 125. 

Argence (d') , chambellan de 
Charles IX ; le prince de 
Condé se rend à lui, 191. 

Arius, son hérésie condamnée à 
Nicée, 102. 

Armagnac (l') (Gers). Les États 
de Béarn demandent que ce 
pays soit compris dans le 
ressort du Conseil souverain de 
Pau, 240, 242. 

Armagnac (Georges, cardinal d'), 
écrit à Charles IX que le Pape 
menace Antoine de Bourbon 
d'excommunication comme hé- 
rétique, 55 ; il tient les États 
de Béarn, 56; il persécute 
Henri de Barran, 57 à 61 ; 
envoyé comme légat en Na- 
varre et Béarn, 84 ; ses re- 
montranc's à Antoine de 
Bourbon, 85, 86 ; il avertit la 
cour d>3 France des projets du 
roi de Navarre, 87 ; les Guises 
l'emploient |iOur engager ce- 
lui-ci à venir à la cour sans 
troupes, 99; il écrit à Jeanne 
d'Albret, 118. 

Armendarits f-Tean, seisjneurd'), 
capitaine basque catholique, 
arrive à Bellocq, 214 ; ses 
cruautés, 215; les catholiques 

22 



338 



TABLE 



l'envoient vers le roi de France 
pour demander des secours, 
293 ; cité dans une lettre de 
Charles IX, 294 ; dans une 
lettre du duc d'Anjou, 295 ; il 
rapporte des commissions 
pour les levées de troupes, 
295. 
Arnaud l'Organiste, serviteur 
du capitaine Gohas, assassine 
un vieillard au sac de Nav, 
204. 
Arné (François d'), lieutenant 
de la compagnie d'hommes 
d'armes d'Antoine de Bourbon, 
tente de surprendre Fontarra- 
bie, 62; les catholiques le 
nomment lieutenant de Roi en 
Bigorre, sa mort, 289. 
Arotis, vieillard protestant noyé 

par ordre de Tarride. 262. 
Arras (Bertrand d'), capitaine 
catholique, fait prisonnier au 
siège de Navarreux, 251. 
Arros (François, baron d') faci- 
lite la fuite de Henri II, roi 
de Navarre, prisonnier dans 
le château de Pavie, 30; gar- 
dien du château Trompette à 
Bordeaux, 49. 
Arros (Bernard, baron d'), capi- 
taine de la vallée d'Ossau, 
prend part à l'expédition de 
Fontarrabie, 63; lieutenant- 
général de Jeanne d'Albret en 
Navarre et Béarn, 168; se 
prépare à la lutte contre les 
catholiques, assemble les États 
de Béarn, 170, 171 ; biàme la 
convocation illégale des Etats 
de Navarre, 172 ; il attaque 
les troupes catholiques, 173 ; 
il reçoit les lettres des chefs 
basques qui promettent de dé- 
poser les armes, 174 ; sa ré- 
ponse à l'envoyé de Monluc, 
176; ses troupes sont infidèles, 
180, 181 ; il distribue le com- 
mandement des places fortes 
du Béarn, 181; il se retire à 
Navarrenx, 182; il tente de 
s'emparer d'Oloron , 192 à 



197 ; Gramont l'abandonne , 
199, 200; il se rend à Pau, 
200; il rentre dans Navarrenx, 
205 ; il refuse de remettre sa 
charge à Gramont, 206 ; il est 
assiégé dans Navarrenx, 243 
à 259 ; il fait une sortie et 
pille le camp ennemi, 262; son 
château est brûlé par Bon- 
nasse, 266 ; il chasse celui-ci 
de la vallée d'Aspe, 290 ; la 
lieutenance générale est par- 
tagée entre lui et Montamat, 
291 ; il déloge les troupes ca- 
tholiques d'Oloron, 297 ; il 
n'ose attaquer Bonnasse dans 
Lourdes, 299; il fait le siège 
de Tarbes, qu'il prend, 301 à 
304 ; il rentre en Béarn, 305 ; 
se retire à Nay, 310 ; tient les 
États en Navarre, 311. 
Arros (les deux fils de Bernard 
d'), capitaines protestants, re- 
tirés dans Navarrenx, 243 ; le 
plus jeune est tué dans une 
sortie, 256. 
Artigosse, protestant décapité 
à Puyôo par les catholiques, 
216. 
Artigues, capitaine protestant, 
met Sain t-Se ver en état de 
défense, 292. 
Artix (Basses-Pyrénées). Mon- 
gommery y reçoit la nouvelle 
de la prise de Pau et de Nay 
par les protestants, 280. 
Arudy(Basses-Py rénées) . Sainte- 
Goromme écrit à Bonnasse, 
de l'y joindre, 199; pillé par 
Bonnasse, 276. 
Arzacq (Basses-Pyrénées). Dix 
compagnies de troupes catho- 
liques y sont logées, 192. 
AsA, cité 136. 
Ascain (Basses-Pyrénées). Bon- 

nivet y loge, 19. 
Aspe (la vallée d') (Basses-Py- 
rénées). Les Aragonais y 
entrent, 28 ; ses fors et cou- 
tumes, 43 ; ses milices se mu- 
tinent, 63 ; ses députés diri- 
gent la révolte contre Jeanne 



ALPHABÉTIQUE. 



339 



d'Albret, 1-27 ; elle fournit 
cent arquebusiers, 130 ; les 
prisonniers protestants y sont 
envoyés, les chefs séditieux 
s'y retirent, 132; Sainte-Go- 
lomme écrit à Bonnasse de 
faire marcher les troupes 
q^u'elle fournit. 199; elles ar- 
rivent devant Nay, 202 ; Lu- 
ger, syndic, écrit aux jurats 
de la vallée d'Ossau qu'elle 
est du parti catholique, 275 ; 
Bonnasse s'y réfugie, 286 ; il 
v rassemble des troupes, 289; 
ïes habitants s'engagent par 
écrit à rester dans le parti ca- 
tholique, 293 ; Bonnasse s'y 
retire de nouveau, 298. 
Asson (Basses-Pyrénées). Ses 
milices se mutinent, 64 ; les 
habitants* se joignent aux 
troupes protestantes, 272 ; 
l'armée protestante s'y at- 
tarde, 298. 

ASTARAC. — Voy. FONTARAILLES, 

MONTAMAT. 

Auch (Gers) refuse de nayer 
tribut aux troupes de Môn- 
gommery, 291. 

Audaux (Basses-Pyrénées). La 
garnison de Navarrenx y brûle 
des maisons, 244 ; en repré- 
sailles, Tarride fait noyer un 
protestant, 262. 

Audaux (Armand de Gontaut, 
seign. d'), lieutenant de Roi 
en Béarn, protège l'arrivée de 
Jeanne d'Albret en Béarn , 
110; nommé sénéchal de 
Béarn, 1 16 ; dénonce à la 
reine de Navarre une conju- 
ration formée contre elle, 128, 
129; il apaise une sédition, 
130, 131; l'un des chefs du 
parti catholique, 179 ; cheva- 
lier de l'Ordre, 209 ; il somme 
Orthez de se rendre, 212,213; 
reçoit commission des États 
de Béarn pour destituer les 
jurats protestants, 253. 

AuDÉjos (Bernard de la Torte, 
dit), chanoine de Lescar, l'un 



des chefs du parti catholique, 
pendu à Pau, 281. 

AuGA. — Voy. GouzE. 

AuGA (Jean d'), seigneur de 
Susmiou, capitaine protestant, 
gouverneur à Pau, 181 ; ré- 
siste aux troupes catholiques, 
212. 

Augustins (la porte des) à Bor- 
deaux, Anne de Montmorency 
y passe pour châtier les sédi- 
tieux, 48. 

AuMALE (Claude de Lorraine, 
comte de Guise et duc d'), 
prend part à l'expédition con- 
tre la Navarre, 17, 18; de- 
mande la ruine de Fontarra- 
bie, 21. 

AuRE (d'). — Voy. Larbocst. 

AuREssAN (d'), capitaine catho- 
lique de l'armée de Mon lue, 
264. 

AuRiGNAc (le seign. d'), capitaine 
du pays de Foix, tué a Tie- 
bas, 15. 

Auronce (le bois de 1'), à Lucq 
(Basses-Pyrénées). On y tue 
deux ministres d'Oloron* 248. 

AuROUT , capitaine catholique , 
arrive à Pontacq, 201 ; fait 
prisonnier à Orthez, 271 . 

AvALOS. — Voy. Pescaire. 

AvENELLEs (Pierre), avocat au 
Parlement de Paris, dénonce 
la conjuration d'Amboise, 79. 

Avignon (Vaucluse). Antoine 
de Bourbon songe à s'en em- 
parer, 113. 

Aydie. — Voy. Saiste-Colomme. 



B 



Balis, capitaine protestant, 292. 

Bar (René, duc de), 92. 

Barcus (Basses-Pyrénées). Les 
troupes catholiques s'y ras- 
semblent, 296. 

Barétons fia vallée de) (Basses- 
Pyrénées). Ses fors et coutu- 
mes, 43 ; ses milices se muti- 
nent, 63 ; Sainte-Golomme 
écrit à Bonnasse d'y prendre 



340 



TABLE 



des troupes, 199 ; Bonnasse 
les mène à Nay, 202 ; Luger, 
syndic, écrit aux jnrats d'Os- 
sau qu'elle est du parti ca- 
tholique, 275 ; les jurais sont 
secrètement prévenus de pré- 
parer de>i vivres, 296 ; Luxe 
les invite à chasser les trou- 
pes protestantes, 306. 

Bahran (Pierre-Henri de), mi- 
nistre; son séjour à Pau, 57; 
persécuté par le cardinal d'Ar- 
magnac, 58 à 61 ; sa présence 
à la cour d'Antoine de Bour- 
bon, 84 ; ce prince le prend 
sous sa protection, 87. 

Bahraute (Bertrand de Navail- 
les, seign. de), capitaine ca- 
tholique, arrive à Bellocq, 214. 

Barry. — Voy. La Renaudie. 

Basillac (Jean, baron de) ac- 
compagne Henri de Navarre 
dans le pays basque, 145; se 
range dans le parti catholi- 
que, 174; maître de l'artille- 
rie de l'armée catholique, 
246; parlementaire et prison- 
nier au siège d'Orthez, 270, 
271. 

Basque (prédication de la reli- 
gion réformée et impression 
de livres saints en), 116, 
311. 

Basques (les) en garnison à Fon- 
tarrabie, 23 ; se révoltent 
contre Jeanne d'Albret, 139; 
ils viennent à Nay, 202 ; ils 
saccagent les maisons des pro- 
testants de Sauveterre, 214; 
pillent Bellocq, 216; ils aban- 
donnent Pau. 224; empêchent 
Tarride de lever le siège de 
Navarrenx, 252 ; le quittent et 
retournent chez eux, 260 ; les 
protestants les chassent dans 
leurs montagnes, 288 ; ils re- 
commencent la guerre, 293; 
battus par les protestants au 
pont d'Osserain, 297 ; Bon- 
nasse trouve qu'ils ont trop 
de confiance en leurs jambes, 
298. 



Bassac (Charente). Le prince de 
Gondé y est tué, 191. 

Bassillon (Bertrand , seigneur 
de), gouverneur de Navar- 
renx, colonel de l'infanterie de 
Béarn, 172; l'un des défen- 
seurs de Navarrenx, 243; sa 
mort, 284; soupçons de Mon- 
gommery sur sa fidélité , 
287. 

Bastanès (Basses - Pyrénées). 
Tarride y assemble les chefs 
du parti catholique, 257. 

Bastide-Glairence (la) (Basses- 
Pyrénées) . Leiçarrague y est 
envoyé comme ministre, 116. 

Bastide d'Armagnac (la) (Lan- 
des). Montamat y séjourne, 
291. 

Baudéan, capitaine catholique, 
arrive à Pontacq, 201; sa 
compagnie se mutine devant 
Pau, 224. 

Baulon (François de), conseiller 
au parlement de Bordeaux, 
siorne une lettre de cette cour 
à Tarride, 229. 

Baure, château (Basses-Pyré- 
nées). Gramont et Mongom- 
merv v ont une entrevue , 
276.' 

Bayonne (Basses-Pyrénées). Les 
fuyards français s'y réfugient, 
16 ; Bonnivet s'y rend avec 
des troupes, 18; la garnison 
espagnole de Béhobie y est 
envoyée prisonnière, 20; La 
Palice se dirige sur cette ville, 
23 ; Lautrec la met en défense 
et soutient le siège, 24, 25 ; 
le prince d'Orange entre en 
Guienne près de la ville, 26 ; 
Antoine de Bourbon y sé- 
journe, 65 ; les officiers sont 
invités à favoriser l'expédition 
catholique contre le Béarn, 
176; les catholiques en tirent 
de l'artillerie, 207, 245. 

Bazas (Gironde). Un cordelier de 
cette ville est massacré à Bor- 
deaux, 48. 

Béarn. — Voy. Andoins, Bon- 



ALPHABETIQUE. 



Ui 



NASSE, Charles, Fors, Gerde- 

REST, LOUVIE. 

Beaumont. — Vov. Lérin. 
Beaumont (Don Francisco de) 
fait Esparros prisonnier à 
Tiebas, 15. 
Beauvais (Louis Goulard, seign. 
de), gouverneur de Henri de 
Navarre, 115 ; envoyé à la 
cour de France pour le ma- 
riage de Henri, 318; son re- 
tour en Béarn, 319. 
Bédat (Mathieu du), ministre à 
Lembeye, arrêté par les ca- 
tholiques, 202; mis à mort, 
222. 
Bedous (Basses-Pyrénées), brûlé 

par les protestants, 290. 
Bègolle (Antoine de), capitaine 
catholique, arrive à Pontacq, 
201 ; se joint à Bonnasse à 
Lourdes, 2'J9. 
Bégueyre ou Béqueyre (la rue) 
à Bordeaux; un pâtissier de 
cette rue, chef d'une sédition, 
47. 
Béhobie( Basses-Pyrénées). Bon- 
nivet y passe la rivière, 19 ; il 
fait le siège du château, 20. 
Belasco (Ini{50 de), connétable 
de Castille, rassemble des 
troupes contre les Français, 
11 ; il entre à Sanguesa, 13 ; 
gagne la bataille de Tiebas sur 
les Français, 14. 
Belcier (Antoine de), président 
au parlement de Bordeaux, 
sie;ne une lettre de cette cour 
àTarride.229. 
Bellay (Guillaume du), seign. 
de Langeais; son opinion sur 
Esgoarrabaque, 12. 
Bellegarde (Ro,i,'er de Saint- 
Lary, seign. de), l'un des gé- 
néraux de l'armée catholique, 
257; il laisse passer la Ga- 
ronne à Mongommery. 258 ; 
se prépare à joindre l'armée 
de Monluc, 264, 265 ; écrit à 
Peyre qu'il va joindre Monluc, 
266 ; le syndic Luger écrit aux 
jurats d'Ossau qu'il va au se- 



cours d'Orthez, 275 ; n'ose 
entrer en Béarn, 281 ; laisse 
l'armée protestante entrer en 
Bigorre, 285. 

Bellocq (Basses-Pyrénées), pris 
et pillé par les catholiques, 
214 à 216. 

Bellocq. — Voy. Bertranet. 

Bellocq (Menant de), capitaine 
protestant, commande à Sau- 
veterre, 181 ; il capitule, 213. 

Belzunce (Jean de), gouverneur 
de Soûle, 170. 

Bénac (Philippe de Montant, 
baron de) accompagne Henri 
de Navarre dans le pays bas- 
que, 145 ; des protestants se 
réfugient chez lui , 224 ; il 
somme et prend Lourdes, 
286. 

Benauges, protestant mis à mort 
, à Pau, 222. 

Bénéjac (Basses-Pyrénées). Les 
troupes protestantes y arri- 
vent, 259. 

Bérérenx (Basses - Pyrénées). 
Sainte - Golomme y installe 
l'artillerie pendant le siège 
de Navarrenx, 246. 

Bergara (Pierre de), maître- 
d'hôtel de Jeanne d'Albret, 
envoyé en Navarre pour cal- 
mer une sédition, 141. 

Bergerac (Dordogne). Jeanne 
d'Albret y arrive, 156; elle y 
écrit à Charles IX, 159. 

Bérillac (de), capitaine protes- 
tant de l'armée de Mongom- 
mery, 256. 

Berry (Charles, duc de), frère de 
Louis XI, 96. 

Bertranet (Bertranet de Bel- 
locq, dit), sergent de l'armée 
protestante, fait une sortie de 
Navarrenx, 251. 
Beudoat, prisonnier , envoyé 
par Peyre pour traiter avec 
les protestants de la reddition 
de Pau, 277. 
Beuste (Basses-Pyrénées). Un 
habitant protestant est brûlé 
par les catholiques, 204 ; son 



342S 



TABLE 



ministre est mis à mort à 
Pau, 263. 

Bèze (Théodore de). Antoine de 
Bourbon le renvoie, 104 ; 
son Histoire ecclésiastique ci- 
tée, 108. 

Biarritz (Basses-Pyrénées), pillé 
par le prince d'Orange, 29. 

Bidache (Basses-Pyrénées), pris 
par le prince d'Orange, 27 ; 
Gramont s'y retire, 200. 

Bidassoa (la), rivière; Bonnivet 
la passe, 19; les Français s'y 
arrêtent, 63. 

Bielle (Basses- Pyrénées). Jeanne 
d'Albret y apprend une con- 
juration ourdie contre elle, 129. 

Bigorre (la) (Hautes-Pyrénées), 
se révolte contre Jeanne d'Al- 
bret, 173 ; les troupes catho- 
liques s'y rassemblent, 177, 
192 ; les gouverneurs prêtent 
de l'artillerie aux catholiques, 
198 , les États de Béarn de- 
mandent sa réunion au res- 
sort du Conseil souverain de 
Béarn, 240, 242; Tarride y 
envoie des éclaireurs au-de- 
vant des troupes protestantes, 
259 ; l'armée de Mongom- 
mery y entre, 285; elle est 
réduite à l'obéissance de 
Jeanne d'Albret, 286 ; elle se 
révolte de nouveau , 288 ; 
d'Arné y est nommé lieute- 
nant de !koi, 289 ; fausse nou- 
velle d'une défaite de Monta- 
mat, 296 ; Bonnasse v arrive, 
298. 

BiRAN. — Voy. GOHAS. 

BiRON (Armand de Gontaut, ba- 
ron de), sollicite Jeanne d'Al- 
bret pour le mariage de Henri 
de Navarre, 327. 

BiSQUERRE, capitaine protestant 
de l'armée de Mongommery, 
256. 

Blanc (Thomas), protestant mis 
à mort à Pau, 222. 

Blanc-Gastet, capitaine protes- 
tant. Bonnasse se rend à lui, 
303. 



Blois (Loir-et-Cher). François II 
y séjourne, 79 ; Charles IX et 
sa mère y reçoivent un envoyé 
de Jeanne d'Albret, 318 ; cette 
reine y décide le mariage de 
Henri de Navarre, 331. 

BoDiN (Jean). Son explication 
de l'incendie de Nay, 46. 

Bois (Pierre du) , mmistre de 
Lescar, mis à mort à Pau, 
263. 

Bois.NORMAND. — Voy. Le Gay. 

BoNAS en Pardiac. Là femme du 
ministre Buisson, fille de cette 
maison, 248. 

BoNFiLH (Antoine), cloutier de 
Nay, protestant mis à mort, 
204. 

Bonnasse (François de Béarn, 
seign. de), capitaine catholi- 
que, débauche des soldats du 
parti protestant, 180 ; amène 
des troupes à Oloron, 196 ; les 
Bigourdans viennent l'y join- 
dre, 198 ; il assiège Nay, 202; 
il prévient Tarride de l'arri- 
vée des protestants, 259 ; ceux- 
ci brûlent sa maison, 260 ; il 
fait massacrer le seigneur 
d'Abère d'Asson, 261 ; il re- 
çoit l'ordre de secourir Pau, 
266, 275; se retire dans la 
vallée d'Ossau, en pille les 
villages, 276 ; abandonne Nay, 
278, 279 ; se réfugie en Lave- 
dan, 286 ; rassemble des trou- 
pes dans la vallée d'Aspe, 
289 ; il est chassé jusqu'à Les- 
cun, 290 ; se met à la tête des 
catholiques, 293; reçoit les 
lettres de Charles IX et du 
duc d'Anjou qui lui donnent 
la seigneurie de Nay, 294, 
295 ; il se retire dans la vallée 
d'Aspe et se défie des Bas- 

aues, 298 ; se réfugie à Lour- 
es, 299 ; ses soldats tuent 
par mégarde un commissaire 
aux vivres, 300 ; il est assiégé 
dans Tarbes, 301, 302; sa 
mort. 303. 
BoNNEFo.NT (Pierre de), conseil- 



ALPHABETIQUE. 



343 



1er au Conseil souverain de 
Béarn, chargé d'établir l'église 
réformée à Oloron, 119. 

BoNNivET (Guillaume Gouffier, 
seign. de;, gouverneur de 
Guienne, commande l'expédi- 
tion française en Navarre, 17, 
18 ; il prend Fontarrabie, 21 ; 
il ramène ses troupes en 
France, 22. 

Bordeaux (Gironde). Bonnivet y 
arrive, 18 ; théâtre d'une sédi- 
tion, 47 à 49 ; procédures du 
parlement contre le Béarn, 
168, 176 à 178; il écrit à Tar- 
ride 228, 229; remontrances 
du syndic au sujet de sa lettre, 
229 à 242 ; Lansac écrit de 
cette ville pour exciter la 
guerre en Béarn, 295. 

Boiu)enaVe (Jean de), conseiller 
au Conseil souverain de Béarn, 
l'un des chefs catholiques, 
126 ; chaîné de rassembler des 
vivresàNavarrenx, 191 ; nom- 
mé président du Conseil sou- 
verain par les catholiques, 
254 ; son apostrophe aux avo- 
cats protestants, 255 ; sa lettre 
aux jurats d'Ossau, 272, 273. 

Bordes AVE (Nicolas de), auteur 
de VHistoire de Navarre et 
Béarn. Renseignements bio- 
graphiques, I à V. 

Bordes (Basses-Pyrénées). Les 
Etats de Béarn y écrivent à 
Tarride, 211. 

Bordes d'Espoey (les) (Basses- 
Pyrénées), lieu d'étape dési- 
gné pour les troupes catholi- 
ques, 210. 

BoRDiu (Du). — Voy. Poqueron. 

BoRY, capitaine protestant, s'atn 
tarde à Nérac, 292. 

Bouchard (Amaury), chancelier 
de Foix et Béarn, trahit An- 
toine de Bourbon, 87. 

BouGiER, capitaine protestant, 
tué au siège de Tarbes, 303. 

Boulogne (Jean Lescrivain, dit), 
secrétaire d'Antoine de Bour- 
bon, chargé d'interdire la re- 



ligion réformée en Béarn, est 
arrêté par ordre de Jeanne 
d'Albret, 111. 

Bourbon. — Voy. Antoine, Ca- 
therine, CONDÉ, CONTI, La 
Roche-sur- YoN, Lavedan. 

Bourbon (la maison de). Ani- 
mosité des Guises contre elle, 
77 ; sa ruine méditée par la 
cour de France, 312; Paris 
mal disposé pour elle, 332. 

Bourbon (le duc de), beau-frère 
du roi Charles V, tuteur de 
Charles VI, 98. 

Bourbon (Charles, dit le conné- 
table de), conduit l'armée im- 
périale en Italie, 29. 

Bourbon (Charles, cardinal de) 
accompagne la reine d'Espa- 
gne, 76 ; envoyé par Charles 
IX auprès du roi de Navarre, 
84, 88; son discours à An- 
toine de Bourbon, 89 ; ses 
craintes pour ses frères, 99, 
100 ; il les décide à venir à la 
cour de France, 103; Jeanne 
d'Albret lui écrit, 156 ; cité 
dans une lettre de cette reine 
à Catherine de Médicis, 162 ; 
va au-devant de Jeanne d'Al- 
bret à Tours, 331 ; Charles IX 
décide qu'il célébrera le ma- 
riage de Henri de Navarre. 
332. 

Bourbon (Suzanne de), femme 
de Jean d'Albret, baron de 
Miossens , gouvernante de 
Henri de Navarre, 53, 56. 

Bourguignons (les) dirigent les 
affaires en Espagne, 5. 

Boursiers de l'Université de 
Béarn, leur organisation, 326. 

Brassalay (Fortic de), capitaine 
protestant, fait partie de la 
garnison de Navarrenx, 243 ; 
exécute des sorties, 249, 250 ; 
nommé gouverneur d'Orthez, 
285 ; sa compagnie se retire 
en désordre de Sainte-Marie- 
d'Oloron, 297. 

Bretagne (la). D'Andelot devait 
v être arrêté, 152. 



344 



TABLE 



Bretchaire, conseiller de Thier- 
ry m, 94. 

Brodeau (Victor), secrétaire d'E- 
tat de Navarre. Sa remon- 
trance à Antoine de Bourbon, 
64. 

Brouage (Charente-Inférieure). 
Cité à propos de la Saint Bar- 
thélémy, 330. 

Bruxiquel (Bernard -Roger de 
Gomminges, vicomte de), ca- 
pitaine protestant de l'armée 
de Moni^ommery, 256. 

Buisson (Antoine), ministre d'O- 
loron, mis à mort ainsi que sa 
femme, 247, 248. 

BuRiE (Charles de Coucy, seign. 
de), lieutenant de Henri II, 
roi de Navarre, en Guienne, 
dirige une expédition contre 
Fontarrabie, 62; ses troupes 
se débandent, 63. 



G 



Gajbexag, capitaine catholique, 
tué au siège de Navarrenx, 
251. 

Galvet, capitaine protestant , 
tué devant Orthez, 267. 

Campagne (le seign. de) recueille 
des protestants, 224. 

Gandau (François de la Salle, 
seign. de), capitaine catho- 
lique, pris à Orthez, 271 ; tué 
à Navarrenx, 282. 

Gandé (le sieur de), secrétaire 
d'Etat de Jeanne d'Albret, 
communique une pièce à l'au- 
teur. 122. 

Gantet, capitaine catholique ; 
ses arquebusiers à cheval per- 
dent leur drapeau, 310. 

Caracalla, empereur romain, 
ses noces citées, 317. 

Gardaillac. — Voy. Sarla- 

BOUST. 

Carmain. — Voy. Nègrepelisse. 
Carhèges, capitaine français, tué 

en Espagne, 21. 
Garsusan (Pierre- Arnaud de) , 

clianoine d'Oloron. l'un des 



chefs du parti catholique, 127, 
128. 

Casabant (Assibat de Casanabe, 
dit), capitaine protestant, re- 
vient de La Rochelle, 181; fait 
partie de la garnison de Na- 
varrenx, 244 ; exécute une 
sortie, 249; nommé gouver- 
neur de Lourdes, 286 ; son 
lieutenant rend cette place 
aux catholiques, 288. 

Casalis, capitaine protestant , 
gouverneur de Tarias, rem- 
placé, 292. 

Casanabe. — Voy. Casabant. 

Case (Arnaud de), juge-mage de 
Bigorre, destitué par les ca- 
tholiques, 174. 

Cassagnère. — Voy. Peyre- 

LONGUE. 

Cassagnet. — Voy. Saint- 

OaENS, TiLLADET. 

Gastéran (Jean) , capitaine ca- 
tholique, parlemente au siège 
de Rabastens^ 308. 

Castet (Julian de), sergent de 
la compagnie d'Espalungue, 
livre une porte de Nay aux 
catholiques, 203. 

Castille (la). Elle se soulève 
contre le roi d'Espagne, 4 ; 
les adversaires du roi de Na- 
varre s'y retirent, 10; Lo- 
grono, ville réunie à ce royau- 
me, 12. 

Castille (l'amiral de), chef de 
l'armée espagnole, 11; s'em- 
pare de Logrono, 13. 

Castres (Tarn). Mongommer^' y 
séjourne, 255 ; il y rassemble 
ses troupes, 256. 

Càteau-Cambrésis (Nord). La 
paix y est signée entre la 
France et l'Espagne, 61 ; le 
roi de Navarre y est omis 
dans le traité, 71. 

Catherine, reine de Navarre, 3 ; 
censurée par le Pape, perd 
son royaume, 85. 

Catherine de Bourbon, sœur de 
Henri de Navarre ; les catho- 
liques veulent s'en emparer. 



ALPHABETIQUE. 



345 



127; revient en Béarn avec 
sa mère^ 139 ; Charles IX et 
Catherine de Médicis désirent 
la « caresser », 150; guet-à- 
pens dressé par la cour de 
France pour la saisir, 152 ; 
craintes des protestants pour 
elle, 153; elle quitte Nérac 
avec sa mère, 155; citée dans 
une lettre de Jeanne d'Albret 
à Catherine de Médicis, 160 ; 
dans une lettre de sa mère à 
Elisabeth d'Angleterre, 164, 
167 ; dans les lettres d'Arros 
aux villes de Navarre, 172; 
le roi de France veut la pren- 
dre sous sa protection, 183 ; 
citée dans un discours du pré- 
sident Etchart, 190; guet-à- 
pens contre elle rappelé, 316; 
part de la Rochelle avec sa 
mère pour venir en Béarn, 
319; ses droits à la suc- 
cession de sa mère , 333 ; 
vœux de celle-ci à son égard, 
334. 
Catherixe de Médicis, tutrice 
du roi Henri II, son fils, 67 ; 
son irritation de la faveur des 
Guises, 69 ; elle fait chasser 
de la cour Diane de Poitiers, 
70 ; Antoine de Bourbon pro- 
teste de sa confiance en elle, 
82 ; elle envoie M. de Crussol 
auprès du roi de Navarre, 88; 
elle sauve ce dernier de la 
mort, 107 ; elle lui montre 
que le roi d'Espagne le trom- 
pait, 112; elle reproche à 
Jeanne d'Albret l'abolition du 
catholicisme, 118 ; désire voir 
la reine de Navarre et ses en- 
fants, 150 ; ses projets contre 
les réformés, 153 ; lettre que 
lui écrit Jeanne d'Albret, 156, 
159 à 163; craintes des pro- 
testants à son égard, 315 ; 
son empire sur Charles IX, 
317; son bon accueil à l'un 
des gouverneurs du prince de 
Navarre, 318 ; elle veut que le 
mariage de ce prince se fasse 



à Paris et devant l'église ro- 
maine, 332. 

Caubios (Auger, seign. de), ca- 
pitaine catholique, conduit les 
troupes à Lescar, 206. 

Caumont. — Voy. Lauzun. 

Caumont (François de), capitaine 
protestant, fait partie de l'ar- 
mée de Mongommery, 256. 

Cauna. — Voy. Abère. 

César. Ses paroles citées, 281. 

Chabannes. — Vov. La Palice. 

Chalon. — Voy. Orange. 

Chalosse (la) (Landes). Monlnc 
y met des garnisons, 177; 
l'armée protestante y passe, 
286. 

Chambon (Michel), tailleur de 
Jeanne d'Albret, mis à mort 
à Pau par les catholiques, 263. 

Chambord (Loir-et-Cher). Char- 
les IX commande à Antoine 
de Bourbon de s'y rendre, 
106. 

Champagne (la), envahie par les 
troupes de Charles-Quint, 23, 
24. 

Charlemagne. Sa postérité rneurt 
avec Charles, duc de Lorraine, 
91; les Guises se donnent 
faussement pour ses succes- 
seurs, 92. 

Chables-le-Chauye, 98. 

Charles IV le Bel, 94. 

Charles V, roi de France, règle 
la tutelle de son fil§, 98. 

Charles VI, 98. 

Charles VIII. Les États-Géné- 
raux lui donnent des tuteurs, 
98 ; paroles du Pape sur son 
expédition en Italie, 281. 

Charles IX (son nom revenant 
presque à chaque instant de- 
puis la page 115, cette table 
eut été surchargée de trop 
nombreuses citations.) 
Charles, duc de Mosellane et de 
Lorraine, ancêtre des Guises, 
92. 
Charles, prince de Navarre, dit 
le Vacher de Béarn, est pris 
et meurt devant Naples, 31. 

2r 



34^ 



TABLE 



Ghahles-Martel, 230. 
Charles - Quint. Craintes de 
François I*"" sur une alliance 
de Henri II, roi de Navarre, 
avec lui, 3 ; il est élu empe- 
reur, 4 ; des seigneurs espa- 
gnols feignent de quitter son 
parti, 10; il attaque la Cham- 
pagne, 23 ; prend Pedro Na- 
varre à son service, 26 ; son 
armée entre en Italie, 29 ; 
le roi de France cherche des 
alliances en Allemagne contre 
lui, 32, 38 ; le duc de Clèves 
lui dispute l'héritage de Bour- 
gogne, 35 ; ils se réconcilient, 
39 ; il appelle son fils, Phi- 
lippe II, en Flandres, 49 ; ses 
conquêtes rappelées, 312. 
Chastelier (le sieur du), lieute- 
nant général de l'armée de 
mer, envoyé par Jeanne d'Al- 
bret à la reine d'Angleterre, 
167. 
Château-Pignon (Basses-Pyré- 
nées). Assiégé par les Fran- 
çais, 7, 18. 
Château-Trompette (le), à Bor- 
deaux. Le lieutenantgénéral en 
Guienne en sort, 47 ; les sédi- 
tieux s'en emparent, 49. 
Chàtellerault (Vienne). Le ma- 
riage de Jeanne d'Albret et 
du duc de Clèves y est célé- 
bré, 38. 
Chatillon (Gaspard de Coligny, 
dit le maréchal de), meurt à 
Dax, 22. 
Chenonceaux (Indre-et-Loire). 
Charles IX y mande Antoine 
de Bourbon, 106. 
Chirouse, secrétaire de Tarride, 

219. 
Claverine (Peyroton de), pro- 
testant de Pontacq , mis à 
mort à Goarraze, 203. 
Clèves (Guillaume, duc de), 
épouse Jeanne d'Albret, 32 ; 
les Etats de Béarn s'opposent 
à ce mariage, 33 à 38 ; il 
quitte sa femme, 39. 
Coarraze (Basses-Pyrénées). Les 



catholiques y noient un pro- 
testant, 204 ; les troupes pro- 
testantes y passent, 259 ; les 
protestants en tirent des trou- 
pes, 272. 
Cognac (Charente). Jeanne d'Al- 
bret y arrive, 164. 
Coimbres, capitaine espagnol, 
facilite l'évasion de Henri H, 
roi de Navarre, du château de 
Pavie, 30. 
Coligny. — Voy. Andklot, Cha- 
tillon. 
Coligny (Gaspard de), amiral. 
Sa vie menacée par les Gui- 
ses, 151 ; il accompagne le 
prince de Condé, 155; 
il échappe aux catho- 
liques, 156 ; vient à Cognac, 
163 ; prépare une expédition 
dans les Pays-Bas, 312; les 
embûches des Guises contre 
lui rappelées, 316. 
Collège deLescar. Son entretien; 

117. 
CoLOMiÈs ( Archambaud de) , 
juge d'Oloron, chargé d'éta- 
blir l'église réformée à Olo- 
ron, 119. 
CoMMiNGES. — Voy. Bruniquel. 
Condé (Louis I«", prince de), 
chef de la conjuration d'Am- 
boise, 79 ; il échappe aux 
Guises, 80 ; ceux-ci lui en- 
voient le maréchal Saint-An- 
dré, 82 ; le roi de France lui 
ordonne de venir à la cour, 
83; le cardinal d'Armagnac 
l'accuse d'hérésie, 84 ; il l'en- 
gage à aller trouver le roi de 
France pour se disculper, 85 ; 
les Guises le rendent odieux 
au Roi, 87 ; le cardinal de 
Bourbon ébranle ses résolu- 
tions, 88 ; Crussol lui fait es- 
pérer qu'il balancera l'influen- 
ce des Guises, 89; les réformés 
demandent qu'il aille en ar- 
mes aux Etats-Généraux, 95; 
son voyage à la cour de Fran- 
ce est résolu, 99 à 101 ; il part 
malgré sa femme, 103 ; il est 



ALPHABÉTIQUE. 



347 



arrêté, emprisonné et con- 
damné à mort, 104 et 105 ; la 
mort de François II le sauvé, 
107; il prévient Jeanne d'Al- 
bret de la prise d'armes des 
protestants, 139 ; guet-à-pens 
des Guises, 151 ; il erre en 
France, 155, 157 ; haine des 
Guises contre lui, 162 ; il ar- 
rive à Cognac, 163 ; il prend 
le commandement des trou- 
pes protestantes, 164; il se 
retire à la Rochelle, 185 ; il 
est tué à Bassac, 191 ; sa 
mort cause la défection de 
Gramont, 212; la haine de la 
cour contre lui rappelée, 316. 

GoNDÉ (Henri I", prince de), 
quitte La Rochelle avec Jean- 
ne d'Albret et vient en Béarn, 
319. 

Gondom (Gers). Monluc l'aban- 
donne, 290 ; les troupes catko- 
liaues l'environnent, 291. 

Gondomois (le) (Gers). Les offi- 
ciers favorisent l'expédition 
catholique contre le Béarn, 
176. 

Conjuration d'Amboise, 78 à 80. 

Conseil ecclésiastique de Béarn, 
son institution, 322. 

Conseil souverain de Béarn, 
créé par Henri H, roi de Na- 
varre, 42. 

Constantin le Grand convoque 
le concile de Nicée, 102. 

CoNTi (François de Bourbon, 
prince de), quitte La Rochelle 
avec Jeanne d'Albret et vient 
en Béarn, 319. 

CoBCELLEs (Michelle de), femme 
de Peyre, gouverneur de Pau. 
Elle assiste à l'exécution des 
protestants, 263. 

CoRiSANDE d'Andoins. Sou ma- 
riage, 149. 

CoRTADE (Guillaume de), capi- 
taine protestant, fait partie de 
la garnison d'Oloron; arrête 
l'abbé de Sauvelade, 129; se 
retire à Navarrenx, 243 ; exé- 
cute des sorties, 249, 250 ; sa 



compagnie abandonne en dé- 
sordre Sainte-Mari e-d'Oloron, 
297. 

GoucY. — Vov. BuRIE. 

CouRTEViLLE, frère de Mongom- 
mery, prisonnier des catho- 
liques, échangé contre Tarride, 
270. 

Courtoisie, sergent d'Esgoarra- 
baque, ouvre parmégarde une 
porte d'Oloron aux protes- 
tants, 194. 

Couserans (l'évêque de). — Voy. 
Gramont. 

Coutumes. — Voy. Fors. 

Grussol (Antoine, comte de), 
envoyé du roi de France vers 
Antoine de Bourbon, 84 ; fa- 
vori de Catherine de Médicis, 
88 ; ses remontrances au roi 
de Navarre, 89. 

CUNIGA. — Voy. MiRANDA. 



D 



Daillon. — Voy. Lude. 

Damville (Henn de Montmo- 
rency, baron de), maréchal de 
France, commande un corps 
d'armée catholique, 257, 281 ; 
il s'approche du Béarn, 287 ; 
il arrête le pillage de Mont- 
de-Marsan, 288 ; se retire vers 
Toulouse, 289; il refuse de 
l'artillerie à Bonnasse, 300. 

Dangu (Nicolas), évèquedeMen- 
de, chancelier de Navarre, 
trahit Antoine de Bourbon, 
74, 87. 

Dauphin (le), fils du roi Jean, 
99. 

David, ministre protestant, sé- 

i'ourne près d'Antoinede Bour- 
)on, 84 ; menacé d'excommu- 
nication, 86 ; Ant". de Bour- 
bon le prend sous sa protec- 
tion, 87. 
Dax (Landes). Le maréchal de 
Châtillon y meurt, 22 ; les ca- 
tholiques en tirent de l'artil- 
lerie, 207 ; deux compagnies 
de catholiques s'y retirent. 



348 



TABLE 



287 ; Monluc y envoie cher- 
cher de l'artillerie, 307. 

Dédicace de VHistoire de Béarn 
et Navarre à Henri IV, 1 
et 2. 

Départ, faubourg d'Orthez (Bas- 
ses-Pyrénées). Les catholiques 
s'y défendent, 267. 

Despourrin (Jean), d'Oloron, 
met à mort deux ministres 
protestants, 248. 

Dessault (Raymond), capitaine 
de Bordeaux, décapité à la 
suite d'une sédition, 48. 

Diane de Poitiers, duchesse de 
Valentinois, chassée de la 
cour, 70. 

Dîna (les noces de) citées, 317. 

DoMEZAiN ( Valentin de) , capi- 
taine basque catholique, se 
révolte contre Jeanne d'Al- 
bret, 139; confère avec Mon- 
luc, 142; la reine de Navarre 
lui pardonne, 150; il convo- 
que illégalement les Etats de 
Navarre, 172; il prend Sau- 
veterre et Salies, 213, 214; se 
met de nouveau à la tête des 
catholiques, 293. 

Dona-Maria, capitaine espagnol, 
abandonne le roi de Navarre, 
10 ; fait prisonnier le sieur de 
Tour non, 15. 

Draperie. Henri II, roi 'de Na- 
varre, en encourage l'indus- 
trie dans le Béarn, 41, 42. 

Duras (Symphorien de Durfort, 
seigu. de), accompagne An- 
toine de Bourbon dans une 
expédition contre la Navarre, 
65. 

Durban. — Voy. Labassère. 

Durfort (Hugues d'Espagne , 
seign. de), capitaine" français, 
tué à la bataille de Tiebas, 
15. 

E 

Eaux-Chaudes (les) (Basses- Py- 
rénées. Jeanne d'Albret s y 
rend, 129 ; elle y séjourne 
pour sa santé, 319. 



Eauze (Gers). Les catholiques 
l'abandonnent ; Tarride y 
meurt, 290; les protestants 
en partent en hâte, 292. 

Ebre (1'), fleuve d'Espagne. Es- 
parros se retire en deçà, 13. 

Ebroïn, maire du palais sous 
. Thierry III, 94. 

ÉcHAUX (Antoine, vicomte d'), 
capitaine basque catholique, 
obtient son pardon de la reine 
de Navarre, 150. 

ÉcHAUx (DoUique d'), capitaine 
français, combat les Espa- 
gnols, 7 ; colonel, 15. 

Egypte (l'alliance d') reprochée 
à Salomon, 315. 

Égyptiens (les) cités, 136. 

Elicéiry, capitaine catholique, 
arrive à Bellocq, 215 ; il re- 
prend les armes, 306. 

Elisabeth, reine d'Angleterre. 
Jeanne d'Albret lui écrit , 
. 164 à 167. 

Elisabeth , reine d'Espagne , 
femme de Philippe II. Son 
mariage, 62 ; on la conduit 
jusqu'aux Pyrénées, 76. 

Enée. Sa fuite citée, 155. 

EsGARS (d'). — Voy. Saint-Bon- 
net. 

Escars (François de Peyrusse, 
comte d'), conseiller d Antoi- 
ne de Bourbon. Il le trahit, 
74, 87 ; il sert les Guises, 110; 
envoyé en Espagne par An- 
toine de Bourbon, 113 ; Jean- 
ne d'Albret lui échappe, 156 ; 
il refuse le commandement de 
l'expédition catholique contre 
le Béarn, 180. 

Escot (Pêne d'), montagne (Bas- 
ses-Pyrénées). Les protestants 
y arrivent dans la vallée 
d'Aspe, 290. 

EsGOUT (Guillaume 1'), chirur- 
gien protestant mis à mort à 
Pau, 263. 

Esgoarrabaque. — Voy. Sainte 

GOLOMME. 

Esgoarrabaque (Jacques II de 
Sainte-Golomme, seign. d') , 



ALPHABETIQUE. 



349 



capitaine catholique, gouver- 
neur d'Oloron, 63 ; il apaise 
une sédition, 130 ; se fait re- 
mettre Oloron, 132; Arros 
lui confie la garde d'Oloron, 
181 ; il refuse de lui rendre 
cette place, 192, 193; il est 
emprisonné, 194; sa femme 
défend la ville, 195; Arros 
lui rend la liberté, 197 ; les 
Etats de Béarn rappellent 
son arrestation, 208 ; il pro- 
met de ne pas laisser entrer 
les troupes catholiques à Olo- 
ron, 248; il reçoit le collier 
de Saint-Michei, 252 ; les 
Etats de Béarn lui donnent 
procuration pour faire en Es- 
pagne un emprunt destiné au 
soutien ,de la guerre contre 
les protestants, 253 ; il aban- 
donne Oloron et s'enfuit en 
Espagne, 280 ; ses fausses pro- 
messes rappelées, 282, 
EsLAYOu (Jean de Soulenx , 
seign. d'), capitaine catholi- 
que, refuse l'entrée de Lescar 
à Arros; ouvre cette ville aux 
troupes catholiques, 206. 
Espagne. Les Etats de Béarn y 
font faire un emprunt, 253 ; 
on y craint l'entrée de l'ar- 
mée protestante, 271 ; Esgoar- 
rabaque s'y enfuit, 280 ; Bon- 
nasse y passe, 286 ; captivité 
de François 1" rappelée, 312. 
Espagne. — Voy. Gharles-Quint, 

DuRFORT, Philippe. 
EsPALUNGUE (Bertrand d'), capi- 
taine protestant, commande à 
Nay, 181 ; il protège la re- 
traite d' Arros abandonnant 
Oloron, 196 ; sa compagnie se 
débande à Nay, 202', 203; 
fait partie de là garnison de 
Navarrenx, 244 ; exécute une 
sortie, 249 ; gouverneur d'Os- 
sau, 285 ; il brûle Urdos, 290; 
il fait prisonnier Abbadie d'I- 
zeste, 303. 
EspARROs. — Voy. Foix. 
EsPARSE, espagnol au service 



d'Antoine de Bourbon, arrête 
Gamboa. 66. 

Espoey (Basses-Pyrénées). Tar- 
ride y loge, 219. 

Estella (Navarre espagnole) se 
rend aux Français, 11. 

EsTiENNE (Marc), serviteur du 
capitaine Gobas, tue un pro- 
testant à Nay, 204. 

EsTOUPiGNAN, capitaine protes- 
tant, gouverneur de Saint- 
Sever, 292 ; son lieutenant tué 
au siège de Tarbes, 303. 

Etats-Généraux convoqués par 
François II, 72; à Meaux, 81 ; 
puis à Orléans, 83 ; assemblés 
à Tours sous Louis XI, 96 ; 
les réformés demandent à 
y être librement entendus, 
101. 

Etats de Béarn. Ils délibèrent 
sur le mariage de Jeanne 
d'Albret avec le duc de Glè- 
ves, 32 à 37 ; tenus par le 
cardinal d'Armagnac, 56 ; 
assemblés à Pau, composés de 
catholiques, 133 ; votent des 
subsides contre l'invasion du 
Béarn, 171 ; ils écrivent à 
Tarride, -208 ; convoqués par 
lui à Lescar, 216 à 219 ; ils 
interdisent l'exercice de la re- 
ligion réformée, 222 ; convo- 
qués à Lucq par le roi de 
France, 252 à 254 ; réunis à 
Pau par Jeanne d'Albret, en 
1571, ils demandent l'abolition 
de la religion catholique, 319 
à 327. 

Bigorre , tenus par 
d'Albret à Tarbes , 



États de 
Jeanne 
131. 

États de 



Navarre, réunis à 
Lantabat, 143; à Saint-Palais, 
149 ; assemblés par ordre de 
Charles IX, 169 ; convoqués 
illégalement par les chefs du 
parti catholique, 172; tenus 
par Arros, 311. 
Etchart (Jean d'), procureur 
général en Béarn, puis prési- 
dent du Conseil souverain, en- 



350 



TABLE 



voyé à Oloron pour apaiser 
une sédition, 132; puis en 
Navarre dans le même but, 
141; sa harangue aux Bas- 
ques, 146; son discours aux 
Béarnais, 184 à 191 ; prison- 
nier, il est chargé de traiter 
de la reddition de Pau aux 
troupes protestantes, 277 ; il 
sauve la vie d'un capitaine 
catholique qui avait empêché 
qu'il ne fut pendu, 278 ; les 
catholiques l'oubUenten quit- 

. tant Pau, 280. 

Étie.nne II, pape. Son décret sur 
la succession au trône de 
France, 91. 

ÉVREUX. — Voy. PfflLIPPE. 



F 



Fabas (Jean de) , capitaine pro- 
testant, défend Mont-de-Mar- 
san contre Monluc, 288. 

Faget , capitaine protestant , 
gouverneur de Tartas, 292. 

Falces (Alonso Carillo de Pe- 
ralta, marquis de) , capitaine 
navarrais, prend Tudela, 11. 

Faron , capitaine catholique. 
Mongommery le fait brûler 
dans le château de Sainte- 
Colomme qu'il défendait, 261. 

Faur (Auger du), protestant de 
Beuste, brûlé par les catho- 
liques, 204. 

Fauroux, guidon de la compa- 
gnie de Tarride , envoyé vers 
les États de Béarn, 218 ; ma- 
réchal de camp, 246 ; fait pri- 
sonnier à Orthez, 271. 

Ferdinand , roi de Hongrie , 
donne sa fille en mariage au 
duc de Glèves, 39; renonce au 
titre de roi des Romains, 49. 

Ferdinand - le - Catholique , sa 
conquête de la Navarre, rap- 
pelée, 35. 

Fizes (Simon), baron de Sauves, 
secrétaire du duc d'Anjou , 
217. 



Flamands (les) gouvernent la 
Gastille, 5. 

Flamarexs (Renaud de Gros- 
soles, baron de) , sénéchal de 
Marsan, envoyé par Monluc 
en Béarn pour un désarme- 
ment, 176, 177 ; s'enfuit pré- 
cipitamment de Mont - de - 
Marsan à l'approche de Mon- 
gommery, 286, 287. 

Flandre (la). Charles-Quint y 
appelle Philippe, son fils, 49 ; 
terre vassale du roi de France, 
312. 

Fleur-de-Lys, capitaine catho- 
lique de l'armée de Tarride, 
commissaire des vivres, 246. 

Foix (le comté de). Jeanne 
d'Albret s'y rend pour le vi- 
siter, 139; les troupes protes- 
tantes s'y rassemblent, 255. 

Foix (André de), seign. d'Espar- 
ros, chef de l'armée française, 
6; il traverse les Pyrénées, 7; 
il assiège et prend Pampelune, 
8, 9 ; il refuse des saufs-con- 
duits aux Navarrais infidèles, 
10 ; il s'empare des villes de 
Navarre, 11 ; il licencie les 
Gascons; assiège Logrono, 12; 
livre et perd la bataille de 
Tiebas contre les Espagnols, 
13, 14; rendu aveugle par un 
coup de lance, il» est fait pri- 
sonnier, 15. 

Foix (Jacques de), évêque de 
Lescar, demande en vain à 
Henri II, roi de Navarre, la 
grâce d'un criminel, 43. 

Foix (Monsieur de) vient trouver 
Jeanne d'Albret à Tours, 
331. 

Foix (Odet de), vicomte de Lau- 
trec , son frère, commande 
l'armée française, 6; metFon- 
tarrabie en état de défense, 
24; se retire à Bayonne et 
soutient le siège, 24, 25 ; il 
fait pendre les traîtres, 26; 
commande l'armée française 
devant Naples, 31. 

Fontainebleau (Seine-et-Marne). 



ALPHABÉTIQUE. 



351 



Jeanne d'Albret rappelle à 
Catherine de Médicis les pro- 
messes qu'elle lui a faites en 
ce lieu, 160. 
FoNTARAiLLES (Michel d'Astarac, 
baron de), sénéchal d'Arma- 

fnac, protège le voyage de 
eanne d'Albret, 155/ 

Fontarrabie (Espagne) , menacé 
par Bonnivet, 19; assiégé, 20; 
capitule, 21 ; pris par le prince 
d'Orange par une trahison, 24 
à 26; échec de deux expé- 
ditions d'Antoine de Bour- 
bon, 62 à 66. 

FoNTENiLLEs (Philippe de La 
Roche, baron de», capitaine 
catholique de l'armée de 
Monluc, 264. 

FoRPELAT. — Voy. La.as. 

Fors de Biéarn, renouvelés par 
Henri TI, roi de Navarre, 43. 

Four (Arnaud du), jurât de 
Nay , protestant ; Bonnasse 
en fuyant lui remet les clés 
de la ville, 279 ; il envoie à 
Pau la nouvelle du départ de 
Bonnasse, 280. 

Francfort-sur-le-Mein. Charles- 
Quint y est élu empereur, 4. 

Francisco, valet de chambre de 
Henri U , roi de Navarre , 
prépare et presse la fuite de 
son maître du château de 
Pavie, 30. 

François I^"", roi de France, fait 
venir en France Henri II, roi 
de Navarre , 3 ; déclare la 
guerre à l'Empereur, 4 ; le 
bruit se répand en Navarre 
que la conquête est faite à 
son profit, 9 ; son expédition 
en Italie ; il est fait prisonnier, 
29 ; marie Jeanne d'Albret 
avec le duc de Clèves, 32 à 38; 
il donne le gouvernement de 
Guienne à Henri II, roi de 
Navarre, 46 ; il lui promet de 
lui faire restituer la Navarre, 
62; rappel de sa prison en 
Ei^pagne, 312. 

François II, roi de France. Sa 



tutelle, 67; il est gouverné 
par les Guises, 68 à 70 ; mau- 
vais accueil qu'il fait à An- 
toine de Bourbon, 75; il échap- 
pe aux conjurés d'Amboise , 
79 ; il convoque les États-Gé- 
néraux, 81 ; il envoie le ma- 
réchal Saint-André et le car- 
dinal d'Armagnac vers le roi 
de Navarre, 82 à 85 ; sa colère 
contre les Bourbons, 88, 89; 
il défend à Antoine de Bour- 
bon et au prince de Condé 
d'entrer dans aucune ville 
fermée, 104; les Guises le 
décident à faire mourir le roi 
de Navarre, 105; dispute pré- 
méditée entre eux, 106 ; sa 
mort, 107. 

François-Phcebus , roi de Na- 
varre, 3. 

Franget (Lanusse , dit) , capi- 
taine béarnais, gouverneur de 
Fontarrabie, 23 ; il livre cette 
place aux Espagnols, 25 ; il 
est dégradé de noblesse à 
Lyon, 26. 

Fray-Joan (Jean de La Salle, 
dit), habitant de Navarrenx, 
tente de livrer cette place aux 
catholiques, 244 ; il est mis à 
mort, 245 ; suites de sa trahi- 
son, 250. 



G 



Gachissans. — Voy. Salles. 

Galosse (Gaillard), juge-mage 
de Bigorre , nommé par les 
catholiques, 174; se rend à 
Toulouse pour demander au 
Parlement de saisir le Béarn, 
175. 

Gamarthe ( Basses - Pyrénées ) . 
Henri, prince de Navarre, y 
assemble les Basques, 146. 

Gamboa, valet de chambre d'An- 
toine de Bourbon. Il le trahit. 
64, 65; il est mis à mort, 66. 

Garlin (Basses-Pvrénées). Le 
ministre de ce lieu est mis à 
mort à Pau, 263. 



352 



TABLE 



Garlin', lieutenant du gouver- 
neur de Rabastens, 308. 

Garonne (la), rivière. Des églises 
réformées se fondent en-deça 
et en-delà, 55 ; Audaux vient 
jusqu'à cette rivière au-devant 
de Jeanne d'Albret, 110 ; cette 
reine la passe à Tonneins, 
155; l'armée protestante arrive 
sur ses bords, 256 ; l'armée 
catholique se propose d'en 
défendre le passage , 257 ; 
Mongommery la traverse au 
pont de Miramont, 258. 

Garris (Basses-Pyrénées). Le 
capitaine Lalanne s'y installe, 
144 ; il en est chassé par les 
catholiques , 145 ; trois des 
assiégeants catholiques de ce 
château sont pendus, 149; 
Luxe s'empare du château, 
170; Arros blâme cette saisie, 
172. 

GaRRO. — Voy. ZOLINA. 

Gascogne (la). Des habitants 
viennent au prêche à Mazères 
près Pau, 54 ; le prince de 
Condé s'y rend, 80 ; le maré- 
chal Saint- André y est envoyé 
par la cour de France, 81; les 
Guises y députent aussi vers 
le roi de Navarre, 83, 84; Ca- 
therine de Médicis y envoie 
M. de Grussol, 88 ; Domezain 
y va conférer avec Monluc, 
142; Tarride y rassemble ses 
troupes, 188; ses milices se 
mutinent, 224 ; Monluc ap- 
préhende d'y être défait, 265 ; 
on s'y étonne des succès de 
Mongommery, 271 ; celui-ci 
la traverse , 290 ; Bonnasse 
s'en approche, 298; des Béar- 
nais du parti catholique s'y 
réfugient, 300 ; après la paix, 
les troupes étrangères s'y re- 
tirent, 310. 

Gascons (les) tiennent garnison 
à Fontarrabie , 23 ; joignent 
l'armée française devant Na- 
pies, 31; ils entrent à Lescar, 



206; ils mettent le feu aux 
faubourgs de Pau, 224. 

Gassion (Jean de), procureur 
général en Béarn, destitué par 
les catholiques, 255. 

Gaube, château (Landes), rési- 
dence de Monluc, évêque de 
Valence, 283. 

Gave de Pau '(le), rivière. Des 
protestants y sont noyés, 204; 
les troupes catholiques logent 
sur ses bords entre Nay et 
Pau , 208 ; les troupes de 
Montamat le passent à Goar- 
raze, 259 ; un vieillard protes- 
tant y est noyé à Orthez, 262; 
des 'soldats catholiques s'y 
noient à Orthez, 267; Mon- 
gommery le met entre lui et 
les troupes catholiques, 287 ; 
Bonnasse le traverse près 
d'Asson, 298. 

Gave d'Oloron (le), rivière. Le 
prince d'Orange le traverse, 
26 ; Luxe y installe de l'artil- 
lerie pour le siège de Navar- 
renx, 246 ; l'abbé de Sauvelade 
y fait jeter les corps de deux 
ministres, 248. 

Généalogie des Guises, 91, 92. 

Genève (Suisse). Les officiers 
du roi de Navarre y envoient 
un député pour avoir un mi- 
nistre, 53 ; Le Gay y retourne, 
56; Jeanne d'Albret en fait 
venir Raymond Merlin, 116. 

Genouillac (Jacques Gaiiot de), 
seigneur d'Acier, grand maî- 
tre de l'artillerie, fait partie 
de l'expédition de Navarre, 
17. 

Gerderest (Gabriel de Béarn, 
baron de), l'un des chefs du 
parti catholique, 126; il se 
rend maitre du Vic-Bilh, 202; 
fait prisonnier à Orthez, 270; 
tué à Navarrenx, 282. 

Gerderest (iMonauton , bâtard 
de), abandonne la vallée d'As- 
pe aux Espagnols, 28. 

Gernac. — Vov. Jabnac, 



ALPHABETIQUE. 



353 



Gimont ( Gers ). La Valette 
quitte ce lieu, 305. 

Gnostiques (les). Les protestants 
leur sont comparés par leurs 
ennemis, 54. 

GoHAS (de Biran , seigneur de), 
capitaine catholique, vient à 
Tarbes, 192 ; menace Pontacq, 
198, 201; un protestant infirme 
est pendu à sa fenêtre, 202 ; 
ses domestiques tuent à Nay 
un protestant, 204. 

GoHAS (Gui de), capitaine catho- 
lique , mestre de camp de 
l'armée de Tarride, arrive à 
Tarbes, 177; part d'Orthez , 
246 ; fait prisonnier à Orthez, 
271; tué à Navarrenx, 282. 

GONDRIN. — Voy. MONTESPAN. 

GoNGORA (1q seigneur de) aban- 
donne le roi de Navarre, 10. 

GONTAUT. — Voy. AUDAUX, Bi- 

RON, Saint-Geniez. 

GOUFFIER. — Voy. BONNFVET. 

GooLARD. — Voy. Beauvais. 

GouzE (Jean d'Auga, seign. de), 
capitaine protestant, gouver- 
neur d'Orthez, 181 ; il capitu- 
le, 213. 

Gramont (Antoine de), lieute- 
nant-général en Béarn et Na- 
varre, 120 ; protège la Réfor- 
me ; son portrait, 123 ; sus- 
Send la publication des or- 
onnances de Jeanne d'Al- 
bret, 125 ; résiste aux catho- 
liques pendant la tenue des 
États de Béarn, 139; accom- 
pagne le prince de Navarre 
dans le pays basque, 145; 
plaintes aes' catholiques con- 
tre lui, 148; il exhorte les 
États de Béarn à la fidélité, 
171 ; il bat les troupes catho- 
liques, 173 ; il conseille à Ar- 
ros de faire venir Esgoarra- 
baque, 192; il fait mettre ce- 
lui-ci en liberté, 197 ; ilsesé- 
Sare d'Arros et se retire àBi- 
ache, 199, 200; le Conseil de 
Pau souhaite qu'il reprenne le 
gouvernement, 206 ; son lieu- 



tenant empêche l'entrée de 
Tarride, 207 ; nouvelles plain- 
tes des catholiques contre lui, 
212; cité dans une lettre du duc 
d'Anjou, 216; des protestants 
se réfugient chez lui, 224 ; il 
confère avec Mongommery, 
276 ; il se retire à Bidache, 
277. 

Gramont (Arnaud de) s'enfuit 
d'Espagne à Bayonne, 16. 

Gramont (Charles' de), évêque 
de Couserans, conseiller d'Es- 
parros, 6; empêche celui-ci 
de se renfermer dans Pampe- 
lune, 13; s'enfuit à Bayonne, 
16. 

Gramont (Philibert de). Son ma- 
riage, 149, 

Gratian (Gratien de Lurbe, dit), 
capitaine protestant, com- 
mande le château d'Orthez, 
181 ; il capitule, 213. 

G RA VILLE (la maison de) alliée 
à celle de Lorraine, 92. 

Grenade-sur-l'Adour (Landes), 
indiqué comme étape aux 
troupes catiioliques , 211 ; 
Montamat y arrive, 292. 

Grossoles. — Voy. Flanlarens. 

Gueldres (le duché de) contesté 
par le duc de Clèves à Char- 
les-Quint, 35. 

Gdeldres (le duc de). — Voy. 
Clèves. 

Guenare (don Pedro Belas de) 
soutient le siéa;e dans Logro- 
fio, 12. 

GuENDULAiN (le sclgu. de) aban- 
donne le roi de Navarre, 10. 

Guienne (la). Bonnivet y lève 
de l'infanterie, 18 ; attaquée 
par les troupes impériales, 
23 ; envahie par le prince d'O- 
range , 26 ; son gouverne- 
ment est donné à Henri II, 
roi de Navarre, 46 ; une sédi- 
tion y éclate, 47 à 49 ; des 
églises réformées s'y établis- 
sent, 55; défense faite par 
Monluc aux habitants de tra- 
fiquer avec les Béarnais, 177; 

23 



354 



TABLE 



ses forces réunies dans la 
main de Monluc, 301. 

GuiLLASsoT (Ramonet d'Osta- 
bent, dit), capitaine catholi- 
que , conduit les troupes 
catholiques à Lembeye, 305. 

Guipuzcoa (les seigneurs du) 
s'abouchent avec un serviteur 
d'Antoine de Bourbon, 64. 

Guise. — Voy. Aujiale, Lor- 
raine. 

Guise (Claude, duc de), fils de 
René de Vaudemont, 92. 

Guise (François de Lorraine, 
duc de), aspire à la tutelle du 
roi François II, 67-; ses intri- 
gues contre les Bourbons, 67 
à 90 ; sa généalogie, 91, 92 ; 
il circonvient le roi de P>an- 
ce, 94 à 100 ; menace la vie 
d'Antoine de Bourbon et du 
prince de Gondé, 105; il se 
réconcilie avec eux, 107; se 
ligue avec le roi de Navarre 
contre Jeanne d'Albret, 109 ; 
sa haine contre les Bour- 
bons rappelée dans une lettre 
de Jeanne d'Albret à Cathe- 
rine de Médicis, 159. 

GuYOT, capitaine protestant , 
s'attarde à Nérac, ,292; jeté 
du haut de la tour de Rabas- 
tens, 308. 



H 



Hâ (le château du) à Bordeaux, 
pris par les séditieux, 49. 

Hagetmau (Landes). Henri II, 
roi de Navarre, y meurt, 40 ; 
Gramont s'y retire, 199. 

Hastingues (Landes), biiilé par 
les Espagnols, 27. 

Hendaye (Basses- Pyrénées). Les 
Français veulent s'y fortifier, 
21 ; La Palice y passe, 23 ; les 
troupes d'Antoine de Bour- 
bon s'y arrêtent, 63. 

Henri II, roi de France, marie 
Jeanne d'Albret, 39 ; il dé- 
clare au contrat qu'Antoine 
de Bourbon était, à défaut 



d'hoirs mâles, l'héritier de la 
couronne de France, 40 ; les 
impôtsdont il frappe laGuien- 
ne excitent une sédition, 46 ; 
il écrit avec menaces à An- 
toine de Bourbon, 55; il craint 
de déplaire au roi d'Espagne, 
62 ; sa mort, 67 ; sa maîtresse 
chassée de la cour, 70. 

Henri I^"", roi de Navarre, 51. 

Henri II, roi de Navarre. Il suc- 
cède à sa mère, 3 ; demande 
la restitution du royaume de 
Navarre, 4, 5; Esparros s'em- 
pare de Pampelune en son 
nom, 9; plusieurs Navarrais 
abandonnent sa cause, 10 ; il 
se prépare à marcher sur la 
Navarre, 14 ; ses partisans 
sont poursuivis en Espagne, 
16 ; Bonnivet néglige ses in- 
térêts, 22; il séjourne à Pau, 
28 ; il est pris à Pavie, 29 ; 
s'évade du château de cette 
ville, 30 ; épouse Marguerite 
d'Angoulême, 31 ; hésite à 
marier sa fille au duc de Glè- 
ves, 32 ; les Etats de Béarn 
lui adressent des remontran- 
ces, 33 ; il consent au mariage, 
38 ; sa mort, 40 ; deuil du 
peuple béarnais, 41 ; son ad- 
ministration, 42 à 44 ; il fait 
venir sa fille à Pau pour ses 
couches, 45; François I^' le 
nomme gouverneur et amiral 
de Guienne, 46. 

Henri, prince de Navarre, plus 
tard Henri lll de Navarre et 
IV de France. (Depuis la pa- 
ge 45, son nom est mêlé à 
tous les récits.) Bordenave 
lui dédie son livre, 1. 

Henri. — Voy. Barran. 

Hercule. Henri IV lui est com- 
paré, 1 et 2. 

Hongrie (le roi de). — Voy. 
Ferdinand 

HoNORius III, pape, érige en loi 
l'adoration de l'hostie, 117. 

HoRGUEs, capitaine catholique. 
Tarride l'envoie comme éclai- 



ALPHABETIQUE. 



356 



reur en Bigorre, 259 ; pris à 
Orthez et de nouveau à Tar- 
bes, 293. 
Huoues-Gapet, 91. 



Idhon (Jean d'), chanoine de 
Lescar, va trouver Donnasse 
à Tarbes, 299; les Béarnais 
fugitifs lui écrivent. 300, 301; 
il est tué au siège de Tarbes, 
303. 

Ilharre, capitaine basque ca- 
tholique, arrive à Bellocq, 
215. 

Incamps (Antoine d'), capitaine 
protestant, enseigne de la 
compagnie d'Espalungue , 
charge les révoltés d'Oloron, 
196 ; forme une compagnie 
béarnaise, 272. 

Invasion du Béarn par les trou- 
pes catholiques, 198. 

IsABEAU, fille de Charles, duc 
de Mosellane, 92. 

Italie. Les Français y commen- 
cent la guerre, 4 ; leurs prin- 
cipales forces y sont occupées, 
24 ; Henri II, roi de Navarre, 
y accompagne François 1", 
29. 



Jaca (le merin de) promet des 
troupes aux catholiques, 296. 

Jacobins de Morlàas. Leur cou- 
vent est rendu sans combat 
aux catholiques, 202. 

Jarnac (de). Sa compagnie prend 
part à une expédition contre 
Fontarrabie, 65 ; un de ses 
hommes d'armes commande 
à Pontacq pour les catholi- 
ques, 201. 

Jean, roi de France, 98. 

Jean, . fils de Henri H, roi de 
Navarre, mort en bas âge, 
31. 

Jean d'Albret, roi de Navarte, 
3 ; censuré par le Pape, 85. 



Jeanne I**, reine de France et 
de Navarre, femme de Phi- 
lippe-le-Bel, 51. 

Jeanne H, reine de France et 
de Navarre, femme de Phi- 
lippe d'Évreux, 51 . 

Jeanne d'Albret. (L'ouvrage 
lui étant consacré presque 
en entier, les dimensions de 
cet article de la table auraient 
dépassé toutes proportions.) 

Jeanne de Navarre, fille de 
Henri U de Navarre, meurt 
en bas âge, 31.' 

Joers (Basses-Pyrénées) brûlé 
par les protestants, 290. 

Joyaux de Jeanne d'Albret en- 
gagés en Angleterre, 333 , 
334. 

Jules HI, pape, menace An- 
toine de Bourbon de l'excom- 
munication, 55. 

JuLiERs (duc de). — Voy. Glè- 
vt:s. 

L 

Laas (Per-Arnaud de Forpelat, 
seign. de), capitaine catholi- 
que, tué devant Oloron, 196. 

La Bauthe. — Voy. Thermes. 

Labassère (Jean de Durban, 
seign. de), châtelain de Mon- 
taner. Ses fraudes sur la solde 
des troupes ; refuse de rece- 
voir les soldats protestants, 
205. 

Labatct (Jean de Rivière, vi- 
comte de), capitaine commis- 
saire des vivres, tué par mé- 
garde à Tarbes par les soldats 
catholiques, 300. 

Laborde (Bernard de), capitaine 
protestant, commande au châ- 
teau de Pau, 212 ; puis à 
Montaner, 285 ; repousse l'at- 
taque de l'armée ue Monluc, 
309. 

Laborde (Bertrand de), dit le 
Loup, marchand protestant 
de Lagor, fait prisonnier par 
les catholiques, 132; rendu, 
133. 



356 



TABLE 



Laborde (Guillaume de), con- 
seiller au Conseil souverain 
de Béarn, envoyé à Oloron 

Four apaiser une sédition, 
31. 

Laborde (Louis de), jurât de 
Morlàas, rend le couvent des 
Jacobins aux troupes catho- 
liques, 202. 

Laborde, capitaine protestant, 
enseigne de la compagnie de 
Moret, en garnison à Rabas- 
tens, 308. 

Labourd (le) (Basses-Pyrénées). 
Lautrec y prend des vivres, 
24 ; pillé par les Espagnols, 
29; les Etats de Béarn de- 
mandent qu'il soit réuni au 
ressort du Conseil souverain, 
240, 242. 

Labrosse (Pierre de), conseiller 
de Philippe-le-Hardi, 94. 

La Cassagne (Hautes-Pyrénées), 
attaqué par La Valette, 305. 

La Cassaigne (Gers). Sa garni- 
son attaque les troupes pro- 
testantes, 291. 

La Caze (Pons de Pons, seign. 
de), gouverneur de Henri de 
Navarre, 115. 

La Chapelle (Antoine de La- 
nusse, seign. de), commis- 
saire des vivres de l'armée 
catholique, 211, 246. 

La Ghassaigne (Geoffroy de) , 

ê résident au parlement de 
lordeaux, intervient dans une 
sédition, 47 ; mis malgré lui 
à la tête des révoltés, 48. 
La Gueva. — Voy. Albdquer- 

QUE. 

Ladou, capitaine protestant , 
gouverneur de Rabastens, 
308; néglige les approvision- 
nements, 309. 

La Gaucherie , précepteur de 
• Henri, prince de Navarre, 
menacé d'excommunication, 
86; Antoine de Bourbon le 
prend sous sa protection, 87 ; 
zélé protestant, 115. 

Lagor (Basses-Pyrénées). Un 



de ses habitants pris à Olo- 
ron comme protestant, 132 ; 
deux capitaines catholiques 
se proposent d'y aller boire de 
bon vm clairet, 306. 

Lahet (J. de), procureur géné- 
ral au parlement de Bordeaux, 
signe la lettre du Parlement 
à Tarride, 229. 

Lalanxe. — Voy. SAmT-PÉE. 

Lalaxne , capitaine navarrais 
protestant, maître de l'infan- 
terie de Béarn, commande à 
Garris, 144 ; il capitule et est 
échangé contre un autre pri- 
sonnier, 145. 

La Marque, valet de chambre 
de Charles IX, apporte les 
lettres de convocation des 
Etats de Navarre, 169; celles 
des Etats de Béarn, 252. 

La Mothe-Fénelon (Bertrand de 
Salignac, seign. de), obtient 
le pardon des catholiques na- 
varrais, 149; engage Jeanne 
d'Albret à aller à la cour de 
France, 150; envoyé par le 
roi de France pour empêcher 
la reine de Navarre de se 
joindre aux réformés, 155; sa 
mission échoue, 156 ; retourne 
en France avec la réponse de 
Jeanne d'Albret, 159, 161, 
163. 

La Motte (Jean de), capitaine 

Ërotestant. Son entretien avec 
Isgoarrabaque, 194; attaque 
Oloron, 195; son combat avec 
Làas, 196; quelques-uns de 
ses soldats sont massacrés, 
197; fait partie de la garnison 
" de Navarrenx, 243 ; il est 
blessé au siése de Tarbes, 
303. 

La Motte (Michel de), vice- 
chancelier de Navarre, 144. 

La Motte (Pierre de), capitaine 
protestant, enseigne de la 
compagnie de Gouze, se retire 
à Navarrenx, 213. 

La Motte-Go.ndri.n (Antoine de 
Pardaillan, seign. de). Des 



ALPHABÉTIQUE. 



357 



{(rotestants se réfugient chez 
ui, 224 ; sa compagnie fait 
?artie de l'armée de Tarride, 
64. 

Landes (les). Les officiers favo- 
risent l'expédition catholique 
contre le Béarn, 176; Lons 
les traverse, 246. 

Langeais. — Voy. Bellay (du). 

Languedoc (le).* Mongommery 
ménage ses troupes pour le 
garder, 289. 

Laxsac (Louis de Saint-Gelais, 
seign. de). 11 intervient au- 
près du roi de France pour 
que Jeanne d'Albret pardonne 
aux Navarrais révoltés, 149 ; 
il écrit à Luxe, son gendre, 
de marcher sur le Béarn, 
295. 

LantabatfBasses-Pyrénées). Les 
Etats de Navarre s'y réunis- 
sent, 143. 

Lanusse. — Voy. Fraxget, La 
Chapelle. 

Lanusse (Ferrier de), frère du 
vice-roi d'Aragon. Il attaque 
Oloron, 28, 29. 

Laon (Aisne). Charles, duc de 
Lorraine, y est défait par 
Hugues-Capet, 91. 

La Palicr (Jacques de Cha- 
bannes, seign. de), commande 
une expédition française con- 
tre la Navarre, 22 ; il prend 
Fontarrabie, 23. 

La Pierre. — Voy. Le Gay. 

Larboust (MenauQ d'Aure, sei- 
gneur de) . gouverneur de 
8aint-Jean-Pied-de-Port, 6. 

Larboust (Savary d'Aure, baron 
de), accompagne Henri de 
Navarre dans le pays basque. 
145 ; il se tient près de M. de 
Gramont, 199; cherche à em- 
pêcher Tarride d'entrer en 
Béarn, 207. 

La Renaudie (Godefroy de Bar- 
ry, seign. de), chef avoué de 
la conjuration d'Amboise, 78; 
son indiscrétion, 79. 

La Re.naudie, capitaine protes- 



tant. Son entretien avec Es- 
goarrabaque, 194 ; exécute 
•une sortie de cavalerie à Na- 
varrenx, 250. 

La Rive (Jean de), ministre pro- 
testant basque, envoyé à 
Saint-Palais, 116 ; menacé 
par les catholiques, 140. 

La Roche. — Voy. Fontenilles. 

La Roche (Gornélis de), capi- 
taine protestant, blessé au 
siège de Tarbes, 303. 

La Rochelle (Charente-Infé- 
rieure). Jeanne d'Albret y 
arrive, 164 ; elle y écrit a 
Elisabeth d'Angleterre, 167; 
le roi de France prétend que 
la reine de Navarre y est pri- 
sonnière, 178; elle s'y retire, 
179 ; des capitaines envoyés 
par Arros en reviennent, 
181 ; le prince de Condé s'y 
trouve avec Jeanne d'Albret, 
185; un messager en venant 
est pris par les catholiques 
lorsqu'il voulait entrer à Na- 
varrenx, 251, 252; la reine 
de Navarre y signe une am- 
nistie, 305 ; elle en part pour 
venir en Béarn, 319. 

La Roche-sur-Yon (Charles de 
Bourbon, prince de). Il ac- 
compagne la reine d'Espagne 
jusqu'aux Pyrénées, 76 ; en- 
voyé auprès d'Antoine de 
Bourbon pour l'engager à ve- 
nir à la cour de France , 
84. 

La Roquette, enseigne de la 
compagnie de Gobas, fait pri- 
sonnier à Pau ainsi que son 
frère, ils sont relâchés, 278. 

La Rose (Antoine de), trésorier 
ecclésiastique de Béarn, 117. 

La Rose (Auger de), trésorier 
général de la reine de Na- 
varre. Son serviteur pris de- 
vant Navarrenx, 251. 

Larraga (Navarre espagnole) se 
rend aux Français, 11. 

Lartet, chanoine de Lescar, 
l'un des chefs du parti catho- 



358 



TABLE 



lique, 127 ; chargé de lever 
un impôt de guerre, 128, 
Lartigue (le capitaine), vice- 
amiral de Bretagne. La Pa- 
lice l'attend près de Saint- 
Jean-de-Luz, 23. 
La Salle. — Voy. Candau, 

Fray Joan. 
La Salle, capitaine protestant, 

se noie devant Orthez, 268. 
La Salle (Bertrand de), capi- 
taine basque catholique, ar- 
rive à Bellocq, 215. 
La Taste, capitaine protestant, 
tué au siège de Tarbes, 303. 
La Torte. — Voy. Audéjos. 
Laur (Gabriel de Mauben, seign. 
du), chargé de la conduite 
des troupes protestantes li- 
cenciées, 310. 
Lautreg. — Voy. Foix. 
Lauzun (François Nompar de 
Caumont, comte de) , capi- 
taine catholique de l'armée de 
Bellegarde, 265. 
La Valette (Jean de Nogaret, 
baron de) , capitaine catho- 
lique de l'armée de Monluc, 
264 ; il part de Gimont, 304; 
attaque La Cassagne, 305. 
Lavedan (le) (Hautes-Pyrénées). 

Bonnasse s'y retire, 286. 
Lavedan (Henri de Bourbon- 
Malauze, vicomte de), accom- 
pagne le prince de Navarre 
dans le pays basque, 145 ; re- 
cueille des protestants chez 
lui, 224. 
La VIGNE (Guillaume de), second 
président au Conseil souve- 
rain de Béarn, mis à mort 
par les catholiques, 264. 
Lectoure (Gers), résiste aux 

troupes protestantes, 291. 
Léès-Athas (Basses-Pyrénées), 
brûlé par les troupes protes- 
. tantes, 290. 

Le Frère (Jean), de Laval, 
écrivain catholique. Ses er- 
reurs, 259. 
Le Gay (François), dit Boisnor- 
mand, dit La Pierre, minis- 



tre protestant, vient de Ge- 
nève à la cour de Navarre et 
prêche à Mazères, près Pau, 
54 ; ses calomniateurs con- 
fondus, 55 ; Antoine de Bour- 
bon le renvoie, 56 ; son sé- 
jour à Nérac, 57 ; le roi de 
France se plaint de sa pré- 
sence à la cour de Navarre, 
84 ; il est menacé d'excom- 
m.unication, 86 ; Antoine de 
Bourbon le prend sous sa 
protection, 87. 

Léger (Jean), capitaine protes- 
tant, défend La Cassagne, 
305; porte secours à Rabas- 
tens, 308. 

Leiçarrague. — Voy. Lissara- 

GUE. 

Lembeye(Basses-Pyrénées). Ses 
deux ministres sont pris par 
les catholiques, 202 ; Montes- 
pan s'en empare, 305. 

Léon X, pape, fait alliance avec 
François !«•■, 4. 

Lérln (Louis de Beaumont, 
comte de). Il arrive devant 
Saint- Jean-Pied-dc- Port , 7 ; 
rejoint l'armée espagnole , 
10; entre dans Logroiio, 13. 

Lescar (Basses-Pyrénées). Hen- 
ri II de Navarre y est enterré, 
40 ; entretien de son collège, 
117; son chapitre s'oppose à 
l'introduction de la Réforme, 
127 ; et fournit des fonds pour 
la guerre, 128 ; ferme ses 
portes à Arros et les ouvre 
aux troupes catholiques qui 
mettent la ville au pillage, 
206, 207 ; les États de Béarn 
s'y assemblent, 210, 216; 
Tarride y séjourne, 222 ; des 
troupes catholiques s'y reti- 
rent, 260 ; son ministre est 
mis à mort à Pau, 263; Lons 
s'en empare, 277; Peyre, 
gouverneur de Pau, y envoie 
des parlementaires pour se 
rendre, 277 ; Jeanne d'Al- 
bret demande à y être inhu- 
mée, 334. 



ALPHABETIQUE. 



359 



Lescar (évêques de). — Voy. 
Albret (Louis d'), Foix (Jac- 
ques de). 

Lescrivain. — Voy. Boulogne. 

Lescun (Basses-Pyrénées). Boa- 
nasse y est chassé, 290. 

Lestonnac (Jean de), jurât de 
Bordeaux, exécuté pour s'être 
mis à la tète d'une sédition, 
49. 

Lestrem, lieutenant du com- 
mandant protestant de Lour- 
des, rend cette place ; il est 
pendu à Pau, 288. 

Limousin (le). D'Escars écrit au 
roi de France que les hugue- 
nots ne s'y assembleront pas, 
156. 

LlSSARAQUE U LeIÇARRAGUE 

(Jean d,e), ministre protes- 
tant, envoyé à La Bastide 
Clairence, traduit en basque 
le Nouveau Testament, 11b. 

Lizos, capitaine catholique, ar- 
rive à Pontacq, 201 ; sa com- 
pagnie se mutine, 224 ; son 
enseigne est pris devant Na- 
varrenx, 251. 

Logrono (Navarre espagnole). 
La garnison du château de 
Pampelune s'y réfugie, 8; les 
Français l'assîégent, 12. 

LoMAGNE. — Voy. Saint-Salvy, 
Sérignac, Tarride. 

LoNS (Jean, seign. de), capitaine 

Srotestant, parcourt les Lan- 
es, 245 ; Mongommery l'en- 
voie saisir Lescar, 277 ; nom- 
mé gouverneur de Pau, 285 ; 
il hrùle Mauléon, 288. 

LoRGEs. — Voy. Mongommery. 

Lorraine (le duché) change de 
maîtres, 91. 

Lorraine. — Voy. Antoine, 
Aumale, Charles, Guise. 

Lorraine (Charles, duc de) , 
frère de Lothaire, défait par 
Hugues-Capet, 91. 

Lorraine (Charles de Guise, 
cardinal de). Ses ruses, 68 ; 
ses intrigues contre les Bour- 
bons, 67 à 90 ; sa généalogie, 



91, 92; lui et son frère cir- 
conviennent le roi de France, 
94 à 100 ; il menace la vie du 
roi de Navarre et de son frère. 
105 ; ils se réconcilient, 107 ; 
se ligue avec Antoine de 
Bourbon contre Jeanne d'AI- 
bret, 109 ; sa haine rappelée 
dans une lettre de cette Reine 
à Charles IX, 158; sa tyran- 
nie citée dans une lettre de 
la même à Elisabeth d'An- 
gleterre, 165; ses rapports 
avec les officiers d'Antoine 
de Bourbon, 180 ; il écrit à 
Monluc, 307. 

Lusses (Jean de), gouverneur 
de Henri de Navarre, desti- 
tué par Jeanne d' Albret, 114, 
115; reçoit commission d'en- 
lever la reine de Navarre et 
ses enfants, 152; ce fait rap- 
pelé dans des lettres de Jeanne 
d'Albret, 162, 166; reçoit le 
commandement général de 
l'année catholique, 295 ; il se 
déclare malade, 307. 

Lostau (Pierre de), ministre de 
Lembeye, pris par les catho- 
liques, 202; mis à mort à 
Pau, 222. 

Lothaire, roi de France, 91. 

Louis IL roi de France, 98. 

Louis V, roi de France, 91. 

Louis-LE-HuTiN, roi de France 
et de Navarre, 51. 

Louis XI, roi de France. Mau- 
vais gouvernement de ses mi- 
nistres, 96. 

Louis Xn, roi de France. Sa 
promesse de faire rendre le 
royaume de Navarre à son 
légitime roi, 62. 

Louis UI, duc d'Anjou, 92, 
98. ■• 

Lourdes (Hautes - Pyrénées). 
Rendu aux troupes protes- 
tantes, 286; repris par les ca- 
tholiques, 288 ; Bonnasse 
quitte le château, 299. 

LouviE ( François de Béarn, 
seign. de), sénéchal de Béarn, 



360 



TABLÉ 



gouverneur d'Oloron; défend 
cette ville, 28, 29. 

LouviE (le seign. de), capitaine 
protestant. Son laquais pendu 
devant Navarrenx, 251 ; nom- 
mé gouverneur d'Oloron, 285; 
défend la tour de Moumour, 
296 ; colonel de l'infanterie 
béarnaise, blessé au siège de 
Tarbes, 303. 

Louvie-Juzon (Basses-Pyrénées) 
pillé par Donnasse, 276. 

Luc (J. du), ministre protestant, 
mis à mort à Pau, 222. 

LucBARDÈs, capitaine protestant, 
en garnison à Pau, 212; dé- 
fend Mont-de-Marsan, 288. 

Lucq-de-Béarn (Basses-Pyré- 
nées). Deux ministres y sont 
massacrés, 248 ; les Etats de 
Béarn y sont convoqués, 253. 

LuDE (Jacques de Daillon, seign. 
du), commande à Fontarrabie, 
21 ; il défend cette place, 22; 
rentre en France, 23. 

LuGER (Martin de), syndic de 
Béarn, somme Orthez de se 
rendre à Tarride, 212; va 
faire des remontrances à ce 
général, 219 à 221 ; s'oppose 
aux projets des parlements de 
Toulouse et de Bordeaux, 226, 
227 ; son mémoire au roi de 
France, 229 à 242; sa lettre 
aux jurats d'Ossau, 273 à 275. 

LuRBE. — Voy. Gratian. 

LuBBE (Simon de), capitaine 
protestant, attaque Oloron, 
195, 196; plusieurs de ses 
soldats se révoltent, 197 ; il 
fait partie de la garnison de 
Navarrenx, 244, 

LuRBE (de), frère du précédent, 
capitaine protestant, fait par- 
tie de la garnison de Navar- 
renx, 244 ; enseigne de la co- 
lonelle, exécute une sortie et 
prend un drapeau, 309. 

Lusignan en Poitou. Le Gay 
s'y rencontre avec Antoine de 
Bourbon et Jeanne d'Albret, 
56. 



Luxe (Basses-Pyrénées). Deux 
ministres basques y sont con- 
duits prisonniers, 141. 

Luxe (Jean, baron de), répand 
de faux bruits en Navarre, 9; 
appelle les Espagnols en 
Guienne, 26. 

Luxe (Charles, comte de), l'un 
des chefs de l'armée catholi- 
que, 139 ; Jeanne d'Albret lui 
fait faire des reproches, 142; 
son beau-père obtient son 
pardon, 149 ; il reçoit le col- 
lier de l'Ordre, 150; reçoit 
commission du roi de France 
pour entrer en Béarn, 168; 
il assemble les États de Na- 
varre, 169; il lève des trou- 
pes dans le pays basque, 170; 
Arros lui écrit, 172 ; il a des 
espions parmi les Béarnais, 
173; le parlement de Tou- 
louse lui envoie un messager, 
175 ; Monluc lui écrit, 176; il 
arrive devant Nay, 202 ; ne 
pouvant piller, if quitte Pau 
avec ses troupes, 224; il dresse 
son artillerie à Susmiou con- 
tre Navarrenx, M6 ; Bonnasse 
cherche à le rejoindre, 286 , 
il assiège Mauîéon, 288 ; il 
prépare une nouvelle expédi- 
tion, 293 ; il lève des troupes 
en Navarre, 295 ; il attaque 
Moumour, 296 ; il se fortifie 
à Sainte-Marie d'Oloron, 297; 
il retourne en Navarre, 298 ; 
il écrit aux jurats de Barétons 
pour les faire révolter, 306. 

Luxembourg. — Voy. Marti- 

GUËS. 

Lyon (Rhône). Franget v est 
dégradé, 26 ; arrivée de fienri 
II de Navarre, 30; Charles 
IV, duc d'Alençon, y meurt, 
31 ; un complot des protes- 
tants y est découvert, 87 . 

M 

Mabrun, conseiller au parle- 
ment de Bordeaux, signe la 



ALPHABETIQUE. 



361 



lettre du Parlement aux États 
de Béarn, 229. 

Magret, hameau d'Orthez (Bas- 
ses-Pyrénées). Une escarmou- 
che y a lieu, 266. 

Malras. — Voy. YoLET. 

Manciet (Gers). Des troupes de 
Monluc y séjournent, 264 . 

Mans AN, capitaine catholique, 
défend Vic-Bigorre, 304. 

Marca (Jérôme de), conseiller 
au Conseil souverain de Béarn, 
chargé d'approvisionner Na- 
varrenx, 191 ; ses soldats se 
joignent à Bonnasse, 276. 

Marcadet , quartier d'Oloron 
(Basses-Pyrénées). Les habi- 
tants se défendent contre Ar- 
ros, 195. 

Marchastei^ assassin de Bassil- 
lon, gouverneur de Navar- 
renx, 284. 

Marciac (Gers). Les troupes ca- 
tholiques y arrivent, 305. 

Marguerite, fille de Henri II, 
roi de France, épouse Phili- 
bert, duc de Savoie, 62. 

Marguerite d'Axgoulême, fem- 
me de Henri U, roi de Na- 
varre. Son mariage avec lui, 
31 ; sa mort, 40. 

Marguerite de Valois, femme 
de Henri IH, roi de Navarre. 
Projet de son mariage, 312, 
332. 

Mariages : de Henri H, roi de 
Navarre, 31 ; de Jeanne d'Al- 
bret, 32 à 40 ; de Henri HI , 
roi de Navarre, 312 à 333. 

Marie, duchesse de Clèves, 39. 

Marie Stuart, reine d'Ecosse et 
de France, 67 ; par son influ- 
ence le cardinal de Lorraine 
s'insinue dans les bonnes grâ- 
ces de François H, 68; les 
Guises font espérer sa main à 
Antoine de Bourbon, 110. 

Marigny (Enguerrand de), con- 
seiller de Philippe-le-Bel, 94. 
Marimpoey (Bernard de), canon- 
nier à Navarrenx. Sa trahison, 
250. 



Marsan (le) (Landes). L'armée 
protestante le soumet, 286. 

Marseille (Bouches-du-Rhône). 
L'armée impériale menace 
cette ville, 29. 

Martigues (Sébastien de Luxem- 
bourg, vicomte de), tente de 
saisir d'Andelot, 152. 

Mas d'Agenais (le). Le maré- 
chal Saint-André y trouve 
Antoine de Bourbon et le 
prince de Gondé, 82. 

Mas d'Aire (le) (Landes). Son 
archidiacre ami de Barran, 
58. 

Mauben. — Voy. Laur. 

Mauléon (Basses-Pyrénées), sac- 
cagé par les Espagnols, 27 ; 
son château pris par Charles 
de Luxe, 170; Tarride y fait 
conduire une partie de son 
artillerie, 260 ; brûlé par les 
protestants, 288. 

Mauléon (Charles de), tué à la 
bataille de Tiebas, 15. 

Maya (Navarre espagnole), pris 
par le vice-roi de Navarre, 17 ; 
assiégé par les Français, 18, 
19. 

Mazères (François, seign. de). 
Les premiers prêches en 
Béarn ont lieu chez lui, 54. 

Meaux (Seine-et-Marne). Les 
États-Généraux y sont convo- 
qués, 81, 83. 

Médigis. — Voy. Catherine. 

Méditerranée (la mer), 112. 

Medrano (Jaime de Belas de) 
se réfugie à Maya, 16, 17. 

Melet, capitaine catholique. Ses 
cruautés à Puyôo, 215. 

Mende (l'évêque de). — Voy. 

Dangu. 
Méritein (Basses-Pyrénés). On 
y trame une trahison pour li- 
vrer Navarrenx aux catholi- 
ques, 244 ; les protestants y 
font une sortie, 250. 
Merlin (Raymond), ministre de 
Genève, appelé par Jeanne 
d'Albret, 116. 
Metz (Lorraine). Charles IX y 

23* 



TABLE 



donne commission à Tarride 
pour saisir le Béarn, 232. 

Metzin (le). Des troupes en sont 
tirées par le roi de France, 
95. 

Meuse (la), fleuve, 92. 

MiossENS. — Voy. Samsons. 

MiossENS (Etienne d'Albret, ba- 
ron de), commande à Sauve- 
terre, 27 ; il capitule, 28. 

MiossENS (Henri d'Albret, baron 
de), sort devant Nay contre 
les troupes catholiques, 310. 

MiossENS (Jean d'Albret, baron 
de). Sa femme est la gouver- 
nante de Henri de Navarre, 
53, 56. 

MiRAMBEAU, maison noble de 
Saintonge, 115. 

Miramont ( Haute - Garonne ). 
Mongommery y passe la Ga- 
ronne sur son pont, 258. 

Miramont ou Miremont, avocat 
général au parlement de Tou- 
louse, envoyé pour saisir le 
Béarn, 225 fil écrit à Tarride, 
226. 

MiRANDA (Francisco de Guniga, 
comte de), vice-roi de Na- 
varre, prend Maya et fortifie 
Pampelune, 16, 17. 

Moïse, cité, 314. 

Monbalou, colline près Navar- 
renx (Basses-Pyrénées). L'ar- 
tillerie catholique y est ins- 
tallée pour le siège, 246, 247, 
255. 

MoncayoUe (la tour de) à Na- 
varrenx. Les têtes de trois 
traîtres y sont exposées par 
les protestants, 245. 

MoNGLA (Antoine de Rabastens, 
vicomte de), capitaine protes- 
tant de l'armée de Mongom- 
mery , 256; prend Départ, 
267 ; secourt Mauléon, 288. 

Moncontour (Vienne). Les pro- 
testants y sont défaits, 291. 

MoNDRAGON, Capitaine espagnol, 
rend aux Français le Château- 
Pignon, 18. 

MoNEiN (Tristan de), lieutenant- 



général en Guienne, tué dans 
une sédition à Bordeaux, 47 ; 
son cadavre outragé , 48 ; il 
confie à François d'Arros le 
Château-Trompette, 49. 

MoNGiNOT (Jean), laboureur pro- 
testant. Sa constance étonne 
les catholiques, 215. 

Mongommery '(Gabriel de Lorges, 
comte de), lieutenant-général 
de Jeanne d'Albret, tue dans 
un tournoi le roi Henri H, 67; 
il rassemble des troupes, 255, 
256 ; passe la Garonne, 258 ; 
brûle le château de Sainte- 
Golomme, 260, 261 ; son ar- 
mée est suivie par celle de 
Bellegarde, 264 ; Monluc de- 
mande que Viret lui écrive de 
faire cesser les massacres de 
Pau, 265; il assiège Orthez, 
267 ; prend cette ville, 269 ; 
la vallée d'Ossau reconnaît 
son autorité, 272 ; Luger, syn- 
dic de Béarn, écrit aux jurats 
d'Ossau pour les en empê- 
cher, 274 ; fausse lettre de 
lui, 275 ; son entrevue avec 
Gramont, 276 ; il se dirige 
vers Pau, 277 ; il apprend à 
Artix la reddition de Pau, 
Nay et Oloron, 280 ; il publie 
un pardon général, 284 ; il 
soumet le Marsan, 286 ; ses 
soupçons contre Bassillon, 
287 ;'il passe en Bigorre, 289; 
il quitte le Béarn, 290; son 
départ ranime les espérances 
des catholiques, 293, 295, 
299. 

Monluc (Biaise de). Il accom- 
pagne Antoine de Bourbon 
dans une expédition contre 
Fontarrabie , 65 ; il laisse 
échapper Jeanne d'Albret, 
110 ; ses menaces contre elle , 
111; il confère avec Dome- 
zain, 142 ; il reçoit l'ordre 
d'aider à l'enlèvement de 
Jeanne d'Albret et de son 
fils, 152; les troupes protes- 
tantes se rassemblent à son 



ALPHABÉTIQUE. 



363 



insu, 156; il demande le dé- 
sarmement des troupes béar- 
naises, 176; son ordonnance 
contre le Béarn, 177 ; il re- 
fuse le commandement de 
l'expédition contre ce pays, 
180 ; il demande de l'artille- 
rie, 198 ; il défend le passage 
de la Garonne, 257 ; il arrive 
à Aire et fait connaître ses 
forces à Tarride, 264 ; Belle- 
garde se dispose à le rejoin- 
dre, 266 ; Tarride attend son 
secours, 269; il se rapproche 
de l'armée protestante, 287 ; 
prend Mont-de-Marsan, 288 ; 
se retire à Agen, 290 ; fausse 
nouvelle de sa victoire en Bi- 
gorre, 296 ; il écrit à Bonnasse, 
300 ; il prend Rabastens et v 
est blessé, 307, 308; il quitte 
l'armée. 309. 

MoiNLuc (Fabien de), fils du pré- 
cédent, capitaine catholique, 
264. 

MoNLuc (J. de), frère de Biaise, 
évêque de Valence. Son er- 
reur dans sa harangue aux 
Polonais, 283. 

MoNTAMAT (Bernard d'Astarac, 
baron de), capitaine protes- 
tant , accompagne Jeanne 
d'Albret, 155; son laquais 
entre à Navarrenx, 255 ; il 
fait partie de l'armée de Mon- 
gommery, 256; il s'avance 
jusqu'à IBénéjac, 259 ; il se- 
court Mauléon, 288; son sé- 
jour à La Bastide d'Arma- 
gnac, 291 ; il s'approche du 
Béarn, 292 ; fausse nouvelle 
de sa défaite, 296 ; il bat les 
catholiques au pont d'Osse- 
rain, 297 ; poursuit Bonnasse, 
299 ; assiège Tarbes, 302 ; re- 
tire ses troupes en Béarn, 
305 ; il licencie l'armée pro- 
testante, 310. 

Montaner (Basses- Pyrénées). 
Tromperie du gouverneur du 
château, 205 ; le capitaine La- 
borde y est nommé comman- 



dant, 285 ; résiste à l'armée 
catholique, 309, 310. 

Montauban (Tarn-et-Garonne), 
Mongommery y arrive, 255 ; 
le guidon de Monluc y est 
prisonnier, 265. 

MoNTAULiEu (le seign. de), tué 
dans une sédition à Bordeaux, 
47. 

MoNTAUT. — Voy. Bénac. 

MoNTAUT, capitaine catholique, 
commissaire des vivres de 
l'armée de Tarride, 246. 

Mont-de-Marsan (Landes). Tar- 
ride y envoie une reconnais- 
sance, 245; Monluc y met 
garnison, 264 ; les protestants 
l'abandonnent, 286, 287 ; son 
pillage par les troupes de 
Monluc, 288. 

MoNTESPAN (Antoine de Par- 
daillan, baron de), capitaine 
catholique, s'empare de Lem- 
beye, 305 ; Monluc lui laisse 
le commandement de l'armée, 
309; menace Nay, 310. 

Montesquieu (le sieur de), favori 
de Henri n de Navarre, lui 
demande en vain la grâce 
d'un criminel, 42. 

MoNTESQuiou (de), capitaine des 
gardes du duc d'Anjou, meur- 
trier du prince de Gondé, 
191. 

Montlhéry (bataille de), 96. 

Montmartre, cité dans un pro- 
verbe, 333. 

Montmorency. — Voy. Dam- 
ville. 

Montmorency (Anne de), conné- 
table, entre à Bordeaux pour 
châtier les séditieux, 48 ; il 
avertit le roi de Navarre des 
intrigues des Guises, 70 ; ce 
prince se joint à ses ennemis, 
71 ; il entre dans la ligue 
contre Jeanne d'Albret, 109. 

Montpezat (Melchior des Prez, 
seign. de), sénéchal de Poi- 
tou, défend au roi de Navarre 
d'entrer dans les villes fer- 
mées, 104. 



364 



TABLE 



More (Guillaume), prêtre devenu 
protestant, mis à mort à Pau, 
264. 

MoRET (Jean du ou de), capi- 
taine protestant, commande 
à Morlàas, 181 ; fait partie de 
la garnison de Navarrenx, 
243 ; exécute une sortie, 249 ; 
sa compagnie est surpirise à 
Sainte-Marie-d'Oloron, 297; 
son enseigne assiste au siège 
de Rabastens, 308. 

Morlàas (Basses-Pyrénées). Mo- 
ret est nommé pour y com- 
mander; les troupes catlio- 
liques y sont reçues, 202 ; in- 
diqué comme étape à l'ar- 
mée de Tarride, 211. 

Mosellane. — Voy. Charles. 

Moulins (Allier). Le mariage 
de Jeanne d'Albret y est fait, 
39. 

Moumour (Basses-Pyrénées). La 
tour est attaquée par les ca- 
tholiques, 296. 

MuNEiN (Guillaume de) découvre 
une conspiration contre Jean- 
ne d'Albretj 128; se rend aux 
Eaux-Ghaudes près de la Rei- 
ne, 129. 

Mussidan (Dordogne) , assiégé 
par les catholiques, 198. 



N 



Nàbas (Charles de), Navarrais, 
tué à la bataille de Tiebas, ^6. 

Nagera (Don Antonio Manrique, 
duc de), vice-roi de Navarre, 
appelé en Castille, 7 ; il entre 
à Logrono, 13; soupçonné 
d'être partisan des Français, 
16. 

Naples, assiégé par les Fran- 
çais, 31 ; Charles de Navarre 
y meurt, 32 ; des nobles ita- 
liens en sont bannis, 62; ex- 
pédition de Charles VIU, 
281. 

Naples (royaume de). Restitu- 
tion d'une moitié au roi de 
France, 4; toutes les Reines 



du nom de Jeanne lui sont 
fatales, 51. 
Nassau (Ludovic, comte de), 

È répare l'expédition des Pays- 
las avec Charles IX, 312; il 
quitte La Rochelle avec Jean- 
ne d'Albret, 319. 
Navailles (Basses-Pyrénées). Le 
capitaine Sus, catholique, oc- 
cupe le château, 202. 
Navailles. — Voy. Barraute, 
Pérulh, Peyre , Saist-Sau- 

DENS. 

Navarre. — Voy. Charles , 

Fr A NÇOIS P HOEBUS, HeNRI, JeaN, 

Jeanne, Philippe. 

Navarre (Frédéric de). Sa fuite 
à Bayonne, 16. 

Navarre (Pedro de) s'empare 
de Tafalla et Olite, 11 ; il 
tient garnison à Fontarrahie, 
23 ; il abandonne le parti 
français, 26. 

Navarrenx (Basses-Pyrénées). 
Henri II de Navarre y sé- 
journe, 14; pps par les Espa- 
gnols, 27 ; Henri H de Na- 
varre y construit des fortifica- 
tions, 44 ; Bassillon en est 
gouverneur , 172 ; Jeanne 
d'Albret mande à Arros de 
conserver cette place, 182; on 
y garde le trésor de la 
reine de Navarre, 189; son 
approvisionnement, 191 ; Es- 
goarrabaque y est amené, 
192 ; Arros se propose de s'y 
retirer, 193 ; Gramont y ar- 
rive, 197 ; son magasin d'ar- 
mes, 200 ; Arros s'y enferme, 
205 ; des troupes y arrivent 
de Pau et de Sauveterre, 213, 
214 ; Tarride l'envoie recon- 
naître, 222, 223; son siège, 
243 à 252 ; saisie des biens de 
ceux qui s'y étaient réfugiés, 
253 ; Tarride lève le siège, 
262 ; son artillerie sert au 
siège d'Orthez, 269 ; les pri- 
sonniers d'Orthez y sont con- 
duits, 271; ils y sont tués, 
282; le sieur cle Salles est 



ALPHABÉTIQUE. 



365 



nommé gouverneur, 284 ; ses 
canons sont demandés pour 
le siège d'Oloron, 297 ; et 
pour celui de Tarbes, 301. 

Nay (Basses-Pyrénées ). Rési- 
dence de l'auteur ; son incen- 
die, 45 ; un synode y est tenu 
en 1563, 123; Espalungue y 
commande, 181 ; il capitule, 
203 ; cruautés des catholi- 
ques, 204 ; l'armée protestan- 
te s'en approche, 259; fournit 
quelques soldats aux protes- 
tants ; Bonnasse s'enfuit, 278 
à 280 ; Poqueron est nommé 
gouverneur par les protestants, 
285 ; Charles IX en donne la 
seigneurie à Bonnasse, 294; 
sa garnison ne secourt pas 
Rabastens, 309; l'armée ca- 
tholique menace les troupes 
protestantes qui .y étaient 
renfermées, 310. 

Nays (Samson de) , capitaine 
protestant. Son aventure de- 
vant le château de Montaner, 
205. ^ 

Nébot, capitaine catholique , 
fait prisonnier au siège d'Or- 
thez, 271. 

Nébouzan (le) (Haute-Garonne). 
Jeanne d'Albret y passe, 139. 

Nègrepelisse (Louis de Car- 
main, seign. de) , capitaine 
catholique de l'armée de Tar- 
ride, 246 ; de l'armée de Mou- 
lue, 264 ; une partie de sa 
compagnie prisonnière au siè- 
ge d'Orthez, 271. 

Nemours (le duc de) arrête les 
conjurés d'Amboise, 79 ; ses 
promesses, 101. 

Nérac (Lot-et-Garonne). Le Gay 
y séjourne, 57 ; les députés 
des Eglises réformées y enga- 
gent le roi de Navarre à aller 
en armes aux Etats-Généraux, 
81 ; le cardinal d'Armagnac y 
vient comme légat, 84 ; An- 
toine de Bourbon y fait chan- 
ter la messe, 88 ; Jeanne d'Al- 
bret s'y retire, 152 ; elle en 



part avec ses enfants, 155, 
156; les troupes protestantes 
sy attardent, 292. 

Nicee. Son concile, 102. 

Nico laites (les). Les protestants 
leur sont comparés, 54. 

Nogaret. — Voy. La Valette. 

Nogaro (Gers). Monluc y ras- 
semble ses troupes, 307 . 

Notre-Dame de Paris. Le ma- 
riage de Henri de Navarre 
doit y être célébré, 333. 

Nousty' (Basses-Pyrénées), étape 
indiquée pour les troupes ca- 
tholiques, 210. 

Nouveau-Testament traduit en 
basque, 116, 311. 

Noyers (Loir-et-Cher). La cour 
de Franco veut y faire arrêter 
le prince de Condé, 151, 316. 

Noyon (Oise). Exécution du 
traité qui y avait été conclu 
entre la France et l'Espagne, 
4. 







Olignon (Jean), jardinier de la 
reine de Navarre, pendu par 
les catholiques, 263. 

Olite (Navarre espagnole), se 
rend aux Français, 11. 

Oloron (Basses-Pyrénées), me- 
nacé par les Aragonais, 28, 
29 ; ses fors et coutumes, 43 ; 
une sédition y éclate à l'occa- 
sion de l'établissement de la 
Réforme, 119, 128 à 133 ; nou- 
velle sédition, 181 ; Esgoarra- 
baque refuse de remettre la 
ville à Arros, 192 ; les troupes 
protestantes y combattent , 
194 à 197 ; Bonnasse y est 
rejoint par les troupes de Bi- 
gorre, 198 ; Sainte-Colomme 
lui écrit de rompre le pont, 
199 ; ses ministres sont mas- 
sacrés, 248 ; Tarride y met en 
sûreté une partie de son artil- 
lerie , 260 ; Esgoarrabaque 
l'abandonne aux troupes pro- 
testantes, 280 ; Louvie en est 



366 



TABLE 



nommé gouverneur, 285 ; Ar- 
ros y arrive, 297. 

Oloron (évêqued'j. — Voy. Ré- 
gin. 

Orange (Philibert de Ghalon, 

S rince d'). Le commandement 
e l'expédition de Fontarrabie 
lui est donné par Charles- 
Quint, 23, 24 ; il fortifie cette 
place, 26; il est joint à Sauve- 
terre par les Aragonais, pille 
le Labourd et se retire en Es- 
pagne, 29. 

Organiste (1') . — Voy. Arnaud. 

Orléans (Loiret). Les Etats-Gé- 
néraux y sont convoqués, 83 ; 
Charles, duc de Lorraine, y 
meurt prisonnier, 91 ; les 
Guises y amènent des troupes 
pendant la tenue des Etats, 
95 ; ils y attirent le roi de 
Navarre et le prince de Condé 
désarmés, 99 ; ces princes y 
arrivent, 104. 

Orthez (Basses-Pyrénées). Gou- 
ze y commande, 181 ; sommé 
de se rendre à Tarride, 212 ; 
les archives qui y sont prises 
servent à l'auteur, 243 ; Tar- 
ride y renferme son artillerie, 
245 ; il en part avec son ar- 
mée, 246 ; la femme du mi- 
nistre Buisson y est tuée, 
248 ; Tarride s'y réfugie, 260 ; 
un vieillard protestant y est 
noyé par les catholiques, 262 ; 
Mongommery arrive sous ses 
murs, 366 ; il l'assiège, 267 à 
271 ; Bonnasse apprend sa 
reddition, 276; Brasselay en 
est nommé gouverneur, 285. 

Ossau (vallée d') (Basses-Pyré- 
nées). Ses fors et coutumes, 
43 ; ses milices se mutinent, 
63, 64 ; ses députés s'oppo- 
sent à l'établissement de la 
Réforme, 127; Bonnasse ar- 
rive à Nay avec ses milices, 
202 ; l'autorité de Mongom- 
mery y est reconnue, 272 ; le 
syndic Luger écrit aux jurats, 
273 à 275 ; Bonnasse en pille 



les villages, 276 ; Espalungue 
en est nommé gouverneur, 
285 ; les habitants le chassent 
et prennent son bagage, 286 ; 
ses milices s'arrêtent à Asson, 
298. 

Osse (Basses-Pyrénées), brûlé 
par les protestants, 290. 

Osserain (le pont d') (Basses- 
Pyrénées). Les soldats béar- 
nais refusent de le passer, 63 ; 
les catholiques y sont battus 
par Arros, 173 ; par Monta- 
mat, 297. 

Ostabaret (1') (Basses-Pyrénées). 
Son ministre est fait prison- 
nier par les catholiques, 141. 

OSTABENT. — Voy. GuiLLASSOT. 

Othon II, empereur d'Allema- 
gne, 91. 



Pampelune (Navarre espagnole) 
se révolte contre les Castillans, 
7; les Français s'en emparent, 
8; ils l'abandonnent, 13; la 
garnison de Maya y est con- 
duite prisonnière, il. 

Paradin^ Guillaume). Son erreur 
touchant la sédition de Bor- 
deaux, 48. 

Pardaillan. — Voy. La Motte- 

GONDRIN, MONÏESPAN. 

Pardiac (le) (Gers). D'Arné y 
est nommé lieutenant de Roi, 
289. 

Pardies (Pierre de), receveur 
général nommé par les catho- 
liques, 222. 

Paris. Les Béarnais ne peuvent 
y trouver de ministre, 53; 
Henri IT, roi de France, y est 
tué, 67 ; son siège sous Louis 
XI , 96 ; Henri de Navarre 
doit s'y marier, 332. 

Parlement de Pau. — Voy. 
Conseil Souverain. 

Parlements de Bordeaux et de 
Toulouse. Leurs procédures 
contre le Béarn, 168 et suiv., 
225 à 229. 



ALPHABETIQUE. 



367 



Parthes (les), cités, 317. 

Pau (Basses-Pyrénées). La gar- 
nison de Sauveterre s'y retire, 
28; Jeanne d'Albret y met au 
monde Henri de Navarre, 45; 
la cour de Navarre y séjourne, 
54; présence de Barran. 57; 
Gamèoa y est mis à mort, 66; 
Jeanne d'Albret y abjure le 
catholicisme, 108 ; un synode 
y est tenu en 1563, 117; les 
séditieux d'Oloron y sont 
amenés, 120, 132; les États 
de Béarn y sont convoqués, 
133; Amaro v est détenu, 
145; Jeanne d'Albret y ac- 
corde le pardon des chefs 
basques révoltés, 150; Arros 
y assemble les États, 171; les 
catholiques y tiennent conseil, 
176; Auga est nommé gou- 
verneur, 181; Arros y arrive, 
200 ; il en part pour Navar- 
renx, 205 ; les troupes catho- 
liques logées aux environs, 
208, 209, 211; les troupes 
protestantes se rendent, 212, 
213; lettre du duc d'Anjou 
aux jurats, 210; Tarride l'as- 
siège avec l'artillerie, 223 ; 
séjour des troupes catholiques, 
223, 224 ; départ de Tarride, 
243; des troupes du siège de 
Navarrenx s'y retirent, 260 ; 
exécution des" protestants, 262 
à 264; Peyre s'enfuit, 277; 
les troupes protestantes y ren- 
trent, 278; Mongommery y 
arrive, 280; il y publie un 
pardon général, 284 ; Lons en 
est nommé gouverneur, 285; 
un officier protestant y est 
pendu , 288 ; l'artillerie dés 
protestants y est renfermée, 
304; Jeanne d'Albret y assem- 
ble les États, 319; un synode 
y est convoqué en 1571, 322. 

Paulin (Bertrand de Rabastens, 
vicomte de), capitaine protes- 
tant de l'armée de Mongom- 
mery, 256 ; prisonnier échangé 
contre Tarride, 270. 



Paulon. — Voy. Amou. 

Pavie (Italie). Henri II de Na- 
varre, fait prisonnier, s'évade 
du château, 29 à 31; la bataille 
rappelée, 312. 

Payrol , capitaine catholique , 
défend Rabastens, 289. 

Pays-Bas (les). Une expédition 
y est projetée par Charles IX, 

in, £o: 

Pêne d'Escot. — Voy. Escot. 

Peralta. — Voy. Falces. 

Périgord (le). Des troupes pro- 
testantes s'y assemblent, 156. 

Perrens , capitaine catholique , 
pris au siège d'Orthez, 271. 

Pérulh (Arnaud de Navailles, 
seign. de), enseigne du gou- 
verneur protestant de Rabas- 
tens, 308. 

Pescaire ( Ferdinand - François 
d'Avalos, marquis de), chef 
de l'armée de Charles-Quint 
en Italie, 29. 

Pesquitez, cordelier d'Oloron, 
excite une sédition, 131 , 132. 

Pey (Peyrot de), jurât catholi- 
que de Nay, 199; tué par les 
catholiques, 204, 205. 

Peyre (Henri de Navailles, sei- 
gneur de), l'un des chefs du 
parti catholique, 120; il ras- 
semble des troupes dans le 
Vic-Bilh, 199 ; il arrive à Mor- 
làas, 202; nommé gouverneur 
de Pau, 224; ses cruautés, 
262 à 264 ; Monluc lui écrit, 
265; il s'enfuit de Pau, 277; 
des soldats de sa compagnie 
sont pendus, 280. 

Peyrehorade (Landes), saccagé 
par les Espagnols, 27. 

Peyrelongue ^Bernard de Cas- 
sagnère, seign. de), capitaine 
catholique, envoyé à la cour 
de France par les catholiques, 
254; amène les troupes catho- 
liques à Lembeye, 305. 

Peyrusse. — Voy. Escars. 

Pharnace, cité, 281. 

Philippe-le-Bel, 51, 94. 

Philippe-le-Hardi, 94. 



368 



TABLE 



Philippe II, roi d'Espagne, va 
en Flandre trouver son père, 
49 ; reçoit le serment des Na- 
varrais, 50 ; conclut la paix de 
Càteau-Gambrésis, 61; le roi 
de France craint de lui dé- 
plaire, 62; intrigues d'Antoine 
de Bourbon contre lui, 64; 
son alliance avec les G-uises, 
74 ; il engage le roi de France 
à sévir contre les Réformés, 
85, 89; il trompe le roi de 
Navarre, 112; il fait passer 
des troupes en France contre 
les protestants, 293 ; s'oppose 
au mariage de Henri de Na- 
varre, 328. 

Philippe d'Évreux , roi de Na- 
varre, 51. 

Picardie (la) menacée par les 
Espagnols, 23. 24; on en tire 
des troupes, 95. 

Pie IV, pape. Ses plaintes contre 
Antoine de Bourbon soupçonné 
de protestantisme, 85, 86; il 
fait espérer à ce prince la res- 
titution de la Navarre, HO; 
fulmine contre Jeanne d'Al- 
bret, 120 à 122. 

Piémont (le). Le roi de France 
en tire des troupes, 95. 

Pignon. — Voy. Château-Pi- 
gnon. 

PiND.vRE, cité, 241. 

PiNSUN , capitaine protestant, 
secourt Rabastens, 308. 

Plantier (Augier), ministre à 
Beuste, mis à mort à Pau, 
263. 

PoixET (Du), conseiller au parle- 
ment de Bordeaux , signe la 
lettre du Parlement aux États 
de Béarn, 229. 

Poissy (Seine-et-Oise). Soncol- 
logue, 109. 

Poitiers (Vienne). Antoine de 
Bourbon et le prince de 
Gondé y arrivent, 104; Jeanne 
d'Albret y rencontre le légat 
du Pape, 331. 

Polonais ( les ) harangués par 
l'évêque de Valence, 283. 



Pontacq (Basses-Pyrénées) atta- 
qué par les catholiques, 198, 
201 ; un habitant protestant 
est tué à Goarraze, 203 ; les 
troupes protestantes y logent, 
259; fournit des recrues aux 
protestants, 272 ; pillé par les 
catholiques, 302. 

Pontet (Bertrand de), dit Pon- 
teto, ministre d'Oloron, pris 
par les catholiques, 132; relâ- 
ché, 133; mis à mort, 247. 

Popelinière (La) , historien pro- 
testant, 108. 

PoQUERON ( Jean du Bordiu , 
dit), capitaine protestant, re- 
vient de La Rochelle, 181; 
sergent-major de la garnison 
de Navarrenx, 244 ; exécute 
une sortie , 249 ; arrête deux 
traîtres , 250 ; arrive à Nay, 
280; en est nommé gouver- 
neur, 285; son enseigne est 
blessé au siège de Tarbes, 
303. 

Porcher, conseiller de Théode- 
bert, roi de Metz, 94. 

PoRDiAC, capitaine catholique de 
l'armée de Tarride, pris à Or- 
thez, 271 ; tué à Navarrenx, 
282. 

Port-Sainte- Marie (Lot-et-Ga- 
ronne). L'armée protestante 
en part, 291. 

Portugal, — Voy. Sébastien. 

Poudenx (Grec de), capitaine 
catholique, pris devant Orthez, 
267; il arrive en Bigorre, 298; 
repris au siège de ïarbes , 
303. 

PouRRAT (Antoine), ministre de 
Tarbes, mis à mort à Pau, 
'263. 

Prat (Pierre du), dit Prato, 
syndic de Béarn, trahit Jeanne 
d'Albret, 134. 

Prez (Des). — Voy. Montpezat. 

Provence (la). L'armée espagnole 
y passe, 29. 

Pujol , capitaine protestant , 
meurtrier de Bassillon, 284. 

PuY (Jacques du) reçoit procu- 



ALPHABÉTIQUE. 



360 



ration pour emprunter au 
profit du parti catholique, 254; 
pendu par les protestants , 
281. 
Puyôo (Basses -Pyrénées). Le 
capitaine Melet y tue un pro- 
testant, 215. 



Q 



Quercy (le». Des troupes protes- 
tantes s'y rassemblent, 255. 



R 



Rabastens ( Hautes - Pyrénées ) 
menacé par les troupes pro- 
testantes, 289 ; assiésé et pris 
par Monluc, 307 à 309. 

Rabastens. — Voy. Moncla, 
Paulin.' 

Ranti (le capitaine). Paroles que 
lui adresse Antoine de Boiïr- 
bon, 105, 106. 

Réforme en Béarn et en Na- 
varre (établissement de la), 53, 
116, 117. 

Régin (Claude), évêque d'Olo- 
ron, apaise une sédition, 130; 
assiste aux États de Béarn, 
133; les séditieux s'assem- 
blent chez lui, 134; Gramont 
lui tient tête, 139 ; nommé 
par les catholiques surinten- 
dant des finances, 222 ; pour- 
suit les protestants, 253 ; ré- 
fugié en Espagne, écrit à 
Sonnasse, 301. 

Remy (Pierre), trésorier de 
Oharles-le-Bel, 94. 

René. — Voy. Bar. 

Richard (Christophe) , conseiller 
au parlement de Toulouse, 
envoyé pour saisir le Béarn, 
175. 

Rivière. — Voy. Labatut. 

Rivière-Basse (pays de) (Hautes- 
Pyrénées et Gers). D'Arné y 
est nommé lieutenant de Roi, 
289. 

RocHEFORT (François de), seign. 
de Viviers, facilite l'évasion 



de Henri H de Navarre du 
château de Pavie, 30, 31. 

Rome. Jeanne d'Albret y fait 
placarder son appel de l'ex- 
communication, 122. 

Roncevaux (Navarre espagnole), 
7, 18. 

Roque (Jean Secondât, seign. 
de), maître d'hôtel de Jeanne 
d'Albret, envoyé en Navarre, 
141 ; chargé d'une mission 
près de Catherine de Médicis, 
160. 

RoguELAURE (Bernard, seign. de), 
capitaine catholique, tué de- 
vant Navarrenx, ^51. 

Rouen (Seine-inférieure). An- 
toine de Bourbon est blessé 
pendant le siège, 114. 



Sabatier ou Sabattier (P.) , 
conseiller au parlement de 
Toulouse. Ses lettres à Tar- 
ride, 225 à 228. 

Saint- André (Jacques d'Albon, 
dit le maréchal), cède son lo- 
gement au roi de Navarre, 
75 ; envoyé en Agenais près 
de lui, 81 ; ses remontrances 
à Antoine de Bourbon, 82, 
83 ; les Guises se servent de 
lui, 99, 106; il se ligue avec 
le roi de Navarre contre 
Jeanne d'Albret, 109. 

Saint- André (Pierre de) prend 
part à l'expédition de Na- 
varre, 17, 18. 

Saint-Barthélémy (projet du 
massacre de la), 330. 

Saint-Bonnet (Gabriel d'Escars, 
seign. de), gouverneur de 
Fontarrabie, tué à Sainte- 
Marie, 21. 

Sainte-Colomme (Basses-Pyré- 
nées). Mongommery en brûle 
le château, 260, 261. 

Sainte-Colomme. — Voy. Es- 

GOARRABAQUE. 

Sainte-Colo.mme (Antoine d'Ay- 
die, seign. de), sénéchal de 



v- 



370 



TABLE 



Béarn. Jeanne d'Albret lui 
refuse la confirmation de son 
office, 115; l'un des chefs du 
parti catholique, 179, 180 ; sa 
lettre à Bonnasse, 198, 199; 
fait le siège de Navarrenx, 
246 ; son château est brûlé. 
261 ; pris à Orthez, 271 ; tué 
à Navarrenx, 282. 

Sajnte-Golomme (Jacques I" de) 
seign. d'Esgoarrabaque, prend 
part à l'expédition d'Esparros 
en Navarre, 6 ; colonel de 
l'infanterie, il entre à Pampe- 
lune, 8 ; ses concussions, 12 ; 
s'enfuit à Bayonne, 16. 

Sainte-Golomme (Jacques III de) 
excite la sédition à 'Oloron, 
181, 192, 196; tué au siège 
de Tarbes, 303. 

Sainte-Golouîie (Tristan de) , 
abbé de Sauvelade, excite la 
sédition à Oloron, 129, 130, 
181, 192, 196 ; fait niassacrer, 
puis déterrer deux ministres, 
248 ; pille Pontacq, 302 ; tué 
au siège de Tarbes, 303. 

Sainte-Ligue, gouvernement des 
Navarrais, 5. 

Saint-Eloi à Bordeaux, 47, 48. 

Sainte-Marie ( Navarre espa- 
gnole), 21. 

Sainte-Marie-d'Oloron (Basses- 
Pyrénées). Les Aragonais 
l'attaquent, 28; sédition à 
l'occasion de l'établissement 
de la Réforme, 119, 129, 130; 
les protestants s'en emparent, 
297. 

Sainte - Mesme (de) , capitaine 
français, prend part à l'expédi- 
tion de Bonnivet contre Fon- 
tarrabie, 17. 

Sainte-Vit, capitaine catholique. 
Il arrive à Pontacq, 201. 

Saint-Félix, capitaine catholi- 
que, pris à Orthez, 270. 

Saint-Gaudens (Haute-Garonne). 
Jeanne d'Albret v passe, 139. 

Saint-Gelais. — Voy. Lansac. 

Sal\t-Geniez (Bernard de Gon- 
taut), enseigne des gens d'ar- 



mes du prince de Navarre, 
128 ; il arrête l'abbé de Sau- 
velade, 129. 

Saint-Germain-en-Laye (Seine- 
et-Oise). Jeanne, fille de Hen- 
ri H de Navarre, y meurt en 
bas âge, 31 . 

Saint-Jean-d'Angely (Charente- 
Inférieure). Gharles IX et le 
duc d'Anjou y écrivent à Bon- 
nasse, 294. 

Saint- Jean-de-Luz (Basses-P3rré- 
nées). Bonnivet y arrive, 18 ; 
La Palice y rassemble ses 
troupes, 23 ; les Espagnols y 
entrent, 24 ; pillé par le prince 
d'Orange, 29. 

Saint-Jean- Pied-de-Port (Bas- 
ses-Pyrénées), assiégé par les 
Français, 6 ; Henri de Na- 
varre y poursuit les Basques 
révoltés, 146. 

Saint-Lary. — Voy. Belle- 
garde. 

Saint-Martix (Jean, seign. de), 
capitaine navarrais tué à Tie- 
bas, 15. 

Saixt-Martin (le sieur de) va à 
Genève chercher un ministre, 
53. 

Saintonge (la). Henri II de Na- 
varre en tire des laboureurs, 
41 ; sédition à cause des ga- 
belles. 46. 

Saint-Orens (François de Gassa- 
gnet de Tilladet, seign. de), 
capitaine catholique. Monluc 
lui laisse le commandement 
de l'armée, 309 ; vient en vue 
de Nay, 310. 

Saint-Palais (Basses-Pyrénées). 
Un ministre y est envoyé, 
116; on y prêche paisible- 
ment, 123 ; les catnoliques 
s'y assemblent, 140 ; Jeanne 
d'Albret y réunit les Etats de 
Navarre, 149. 

Saint-Fée (Jean de Lalanne, 
seign. de), capitaine catholi- 
que, prisa Orthez, 271. 

Saint-Pée-de-Gères (Hautes-Py- 
rénées). Sainte-Golomme y 



ALPHABETIQUE. 



371 



écrit à Donnasse, 199 ; celui- 
ci y arrive, 298. 

Saint-Pierre, faubourg d'Oloron 
(Basses-Pyrénées). Les catho- 
liques s'en emparent, 129; 
les troupes de Jeanne d'Al- 
bret y éprouvent un échec, 
196, 197. 

Saint-Romans, capitaine français, 
tué à Sainte-Marie, 21. 

Saint-Salvy (Gabriel de Loma- 
gne, seign. de), capitaine ca- 
tholique, pris à Orthez, 270. 

Saint-Saudens ( Gratianne de 
Navailles, dite de) , femme 
d'Esgoarrabaque, défend l'en- 
trée d'Oloron, 195, 196. 

Saint-Sever (Landes) reçoit une 
garnison protestante , 287 ; 
mis eu état de défense, 292 ; 
les troupes protestantes y sont 
licenciées, 310. 

Saint- Victor, capitaine protes- 
tant de l'armée de Mongom- 
mery, 256. 

Salerne (Ferdinand de San-Se- 
verino, prince de), banni de 
Naplas. 62. 

Salettes (Jean de), président au 
Conseil souverain de Béarn, 
protestant sauvé de la mort 
par Roquette, 278 ; prisonnier 
oublié par les catholiques , 
280. 

Salies (Basses-Pyrénées). Les 
habitants se rachètent du pil- 
lage des troupes catholiques, 
214 ; Mongommery s'y retire, 
287. 

Salies, capitaine catholique, pris 
à Orthez, 271 ; tué à Navar- 
renx, 282. 

Salignag. — Voy. La Mothe- 
Fénelon . 

Salle (la). — Voy. La Salle. 

Salles (Arnaud de Gachissans, 
seign. de), maître d'hôtel du 

E rince de Navarre, arrive de 
la Rochelle, 181 ; fait partie 
de la garnison de Navarrenx, 
244 ; nommé gouverneur de 
cette place, 284. 



Salomon. Sa faiblesse pour sa 
femme, 315. 

Salviati (Bernard), cardinal, en- 
voyé à la cour de France pour 
empêcher le mariage de Henri 
de Navarre, 329. 

Samsons (Bertrand de Miossens, 
seign. de), lieutenant du gou- 
verneur catholique de Pau, 
278 ; protège des protestants 
et obtient la vie lors de la 
prise de la ville par les réfor- 
més, 281. 

Sanguesa (Navarre espagnole). 
Les Aragonais s'en emparent, 
13 ; l'évoque d'Oloron s'y ré- 
fugie, 301. 

San-Severino. — Voy. Salerne, 
Somma. 

Saphira, cité, 324. 

Sara SA (Juan de), capitaine na- 
varrais tué à Tiebas, 16. 

Sardaigne (la). Le roi d'Espagne 

Sromet ce royaume à Antoine 
e Bourbon en échange de la 
Navarre, 112, 113. 

Sarlabol'st (Raymond de Car- 
daillac, baron de), capitaine 
catholique de l'armée de Bel- 
legarde, 265. 

Sarrance (Basses-Pyrénées) brû- 
lé par les protestants, 290. 

Sarron (Landes). Étape indiquée 
pour l'armée catholique, 211. 

Saui.x. — Voy. Ta vannes. 

Saut (de). — Voy. Dessault. 

Sauvelade (l'abbé de). — Voy. 
Sainte-Colomme (Tristan de). 

Sauves. — Voy. Fizes. 

Sauveterre rBasses-Pyrénées) , 
pris par les Espagnols, 27; 
Menaut de Bellocq en est 
nommé gouverneur, 181 ; pris 
et pillé par les catholiques, 
213, 214. 

Savoie. — Voy. Villars. 

Savoie (Louise de), régente en 
France, 30. 

Savoie (Philibert, duc de), épou- 
se Marguerite, sœur de Henri 
II, roi de France, 62. 

Sébastien, roi de Portugal, pro- 



372 



TABLE 



posé comme mari pour Mar- 
guerite de Valois, 329. 

Secondât. — Voy. Roque. 

Ségalas, capitaine catholique, 
pris à Orthez, 271. 

Segousne. (Lettre du duc d'An- 
jou aux Etats de Béarn écrits 
du camp de), 217. 

Sénégas (Charles Durand, baron 
de), capitaine protestant de 
l'armée de Mongommery, 256. 

Sérignag (Géraud de Lomagne, 
vicomte de), capitaine protes- 
tant, 256 ; brûle Mauléon , 
288. 

Serres, capitaine catholique , 
sergent-major de l'armée de 
Tarride, 246. 

Sévignac près Thèze (Basses- 
Pyrénées). Étape indiquée 
pour l'armée catholique, 211. 

Sichémites (les), .317. 

SoLAN ou Soui.AN (de), capitaine 
protestant de l'armée de Mon- 
gommery, 256; ravage la 
vallée d'Aspe, 290. 

Somma (Jean-Bernard de San- 
Severino, duc de), banni de 
Naples, 62, 

SoRBÉRio (Bernard de), avocat, 
nommé conseiller au Conseil 
souverain par les catholiques, 
254. 

Sorde (Landes), brûlé par les 
Espagnols, 26. 

Soûle (le pays de) (Basses-Pyré- 
nées). Des habitants catholi- 
ques s'assemblent à Saint-Pa- 
lais, 140; ses milices vexent 
les protestants, 170 ; les États 
de Béarn demandent sa réu- 
nion au ressort du Conseil 
souverain, 240, 242. 

SOULENX. — Voy. ESLAYOU. 

SouLER (Bertrand du), capitaine 

catholique, défend Vic-Bi- 

gorre, 304. 
Soumoulou (Basses-Pyrénées), 

Étape indiquée pour l'armée 

catholique, 210. 
Stuart. — Voy. Alhany, Marie. 
Supersantis (Jean), avocat, l'un 



des chefs du parti catholique, 
126 ; excite une sédition à 
Oloron, 128, 130 à 133 ; nom- 
mé procureur général par les 
catholiques, 254 ; cherche des 
recrues en Espagne pour l'ar- 
mée catholique, 297. 

Sus (Antoine-Gabriel, seign. 
de), capitaine catholique de 
l'armée de Tarride, pris à 
Orthez, 271 ; tué à Navar- 
renx, 282. 

Sus de Bourgaber , capitaine 
catholique envoyé au château 
de Navailles, 202. 

Susmiou (Basses-Pyrénées). Une 
partie de l'artillerie catholique 
y est installée contre Navar- 
renx, 246. 

Susmiou. — Voy. Auga. 

Synodes : de Nay, 1563, 123 ; de 
Pau, 1563, 117; 1571, 322. 

T 

Tafalla (Navarre espagnole), pris 
par les Français, 1 1 ; leurs 
troupes s'y rassemblent, 15. 

Tanlay (Yonne). La cour de 
France veut y saisir Goligny, 
151,316. 

Tarbes ( Hautes - Pyrénées ). 
Jeanne d'Albret y tient les 
États de Bigorre, 131 ; elle 
en part pour Nérac, 152 ; les 
catholiques y font dresser la 
poste jusqu'à Toulouse, 174; 
ils y rassemblent des troupes, 
177, 192; elles en partent 
pour entrer en Béarn, 198; 
les commissaires du parlement 
de Toulouse y écrivent à Tar- 
ride, 225 à 228 ; l'armée pro- 
testante passe en vue, 259; 
son ministre est mis à mort à 
Pau, 263; Bellegarde y arrive, 
264 ; l'armée protestante y 
entre, 285, 293 ; Bonnasse s'y 
retire, 299 ; on y amasse des 
vivres, 300 ; les protestants en 
font le siège et s'en emparent, 
302 à 303 ; considérations sur 
sa ruine, 304. 



ALPHABETIQUE. 



373 



Tardets fBasses-Pyrénées). Le 
capitaine Lalanne y est con- 
duit prisonnier par les catho- 
liques, 145. • 

Tardets, ministre d'Ostabaret, 
pris par Jes catholiques, 141. 

Tarride ou Terride (Antoine de 
Lomagne, seign. de), chef de 
l'armée catholique, reçoit de 
Charles IX le commandement 
de l'expédition contre le Béarn, 
180 ; il rassemble des troupes, 
188, 192; les catholiques 
hâtent son arrivée, 198, 199 ; 
Larboust cherche à l'arrêter, 
207 ; il blâme les massacres et 
fait connaître aux États sa 
commission, 207, 208, 218 à 
221 ; il jure de conserver les 
fors et coutumes du pays, 221 ; 
il arrive devant Pau, entre à 
Lescar, 222; il prend Pau, 
visite Pierre Viret, 223; les 
commissaires du parlement de 
Toulouse lui écrivent, 225 à 
228 ; il part de Pau, passe à 
Orthez, arrive devant Navar- 
renx, 243 ; il commence le 
siège, 246 ; il le lève, se retire 
dans Orthez, 260 ; il y est 
assiégé, 266 ; il capitule et est 
mis à rançon, 270 ; il meurt à 
Eauze, 29Ô. 

Tartas (Landes). . Le capitaine 
Faget y remplace comme 
gouverneur le capitaine Casa- 
lis, 293. 

Tasta (Alamanet de), avocat, 
excite une sédition contre les 
protestants d'Oloron, 126; il 
est fait prisonnier et conduit 
à Pau, 132; ramené à Oloron 
pour être jugé, 133. 

Ta VANNES (Gaspard de Saulx, 
seign. de), tente de saisir 
Coligny, 151. 

Testament. — Voy, Nouveau- 
Testament. 

Testament de Jeanne d'Albret, 
333, 334. 

Théodebert, roi de Metz, 94. 

Théodose, empereur romain, 136. 



Thermes (Paul de La Barthe, dit 
le maréchal de), rencontre à 
Poitiers Antoine de Bourbon 
et le prince de Condé, 104 ; 
reçoit l'ordre de saisir Jeanne 
d'Albret et ses enfants, 107. 

Thiboville (Claude de), commis- 
saire de l'artillerie de l'armée 
de Tarride, assiège Mussidan. 
198; part d'Orthez, 246. 

Thierry III, roi de France, 
94. 

Tiebas (Navarre espagnole). Les 
Français y sont défaits par les 
Espagnols, 13, 14. 

TiLH (Pierre du), capitaine, en 
garnison à Oloron, 130; y 
arrête Tasta, 132; passe au 
parti catholique à Pau, 213 ; 
tente d'entrer à Navarrenx par 
trahison, 244. 

TiLLADET. — Voy. Saint-Orens. 

TiLLADET (Antoine de Cassagnet, 
seign. de), maître de camp de 
l'infanterie de Monluc, tué à 
Mont-de-Marsan, 288. 

Tolède. — Voy. Albe. 

ToLET, capitaine français du 
château ae Pampelune, 8. 

Tonneins ( Lot - et - Garonne ) . 
Jeanne d'Albret y passe la 
Garonne, 155, 156. 

Toulouse (Haute-Garonne). Pro- 
cédures de son parlement pour 
saisir le Béarn, 168, 176 à 178, 
225 à 228 ; l'armée de Dam- 
ville s'y dirige, 289 ; des Béar- 
nais fugitifs y sont retirés, 
300 ; Monluc y prend des muni- 
tions, 307. 

Tournon (Antoine, seign. de), 
conseiller d'Esparros pendant 
l'expédition de Navarre, 6 ; il 
se rend au capitaine Dona 
Maria à la bataille de Tie- 
bas, 15. 

Tournon (François de), cardinal, 
presse Jeanne d'Albret, le jour 
de son mariage avec le duc de 
Glèves, de dire si elle le veut 
pour mari, 39. 

Tours (Indre-et-Loire). Le ma- 



374 



TABLE 



riage de Jeanne d'Albret y est 
annulé, 39; les États-Généraux 
s'y assemblent, 96 ; l'auteur y 
reçoit un document , 122 ; 
Jeanne d'Albret y arrive, 331. 

Trompette. — Voy. Château- 
Trompette. 

Tudela (Navarre espagnole), pris 

f»ar les Français, 1 1 ; Phi- 
ippe II y reçoit le serment 
des États'de Navarre, 50. 
Turcs (les). Le Pape demande 
en vain à Charles IX de leur 
déclarer la guerre, 329. 



U 



Uhart (Jayme, baron d'), capi- 
taine catholique, arrive à Bel- 
locq, 214. 

Université de Béarn, 326, 327. 

Urbain IV, pape, condamne les 
processions, 117. 

Urdez (Lucas d'), substitut du 
procureur général au parle- 
ment de Toulouse, 175. 

Urdos (Basses-Pyrénées), brûlé 
par les protestants, 290. 

Ubsua (Sanche d'), capitaine 
navarrais, découvre une tra- 
hison au roi de Navarre, 65. 



V 



Vacher de Béarn (Le). — Voy. 
Charles, prince de Navarre. 

Val Carlos (Le) (Navarre espa- 
gnole). Les révoltés basques 
s'y réfugient, 145, 146. 

Valence (l'évèque de). — Voy. 
MoNLuc (J. de). 

Valladolid (Espagne). Une sédi- 
tion s'y élève, 5. 

Vaudemont (Antoine de), 92. 

Vaudemont (Ferry de), fils d'An- 
toine, 92. 

Vaudemont (René de), fils de 
Ferry, 92. 

Vaupillière (Antoine Martel , 
seign. de La), revient de la 
conr de France trouver Jeanne 
d'Albret. 153. 



Vauzé (Bernard de), se rend 

{)rès des commissaires du par- 
ement de Toulouse chargés de 
saisir le Béarn, 226. 

Venaissin (comtat) (Vaucluse). 
Antoine de Bourbon songe à 
s'en saisir, 1 13. 

Vendôme (Loir-et-Cher). Le corps 
de Jeanne d'Albret y est dé- 
posé, 334. 

Vendôme (duc de). — Voy. An- 
toine. 

Vendômois (le). Jeanne d'Albret 
rappelle à Catherine de Médi- 
cis qu'elle y a reçu ses lettres, 
160. 

Vera (Don Diego de), capitaine 
espagnol, se réfugie à Fontar- 
rabie. 20. 

V^erteuil d'Agenais (Lot-et-Ga- 
ronne). Théodore de Bèze y 
quitte Antoine de Bourbon, 
104. 

Vic-Bigorre (Hautes- Pyrénées). 
Bellegarde y écrit au gouver- 
neur de Pau, 266; assiégé par 
les protestants, 304. 

Vic-Bilh(Le) (Basses-Pyrénées). 
Peyre y rassemble des troupes, 
199; il le saccage, 202; l'ar- 
mée protestante le traverse, 
285. 

Viellenave , capitaine catho- 
lique, arrive à Pontacq, 201. 

Viellepinte (Jean, seign. de), 
capitaine catholique, arrive à 
Pontacn, 201 ; il rejoint Bon- 
nasse, z99. 

ViGNAULx (Michel), ministre de 
Pau, député du Synode vers 
Jeanne d'Albret, 123 ; pendu 
à Pau, 263. 

ViLi-AMBiTs, capitaine catholique, 
reçoit de Monluc l'ordre de 
rejoindre Bonnasse, 266, 275 ; 
il parcourt la vallée d'Ossau, 
276; il abandonne Nay, 279. 

Villanueva (Navarre espagnole». 
Esparros y reçoit la soumis- 
sion des Navarrais, 8. 

ViLLARs (Honorât de Savoie, 
marquis de) , vient trouver 



ALPHABÉTIQUE. 



375 



Jeanne d'Albret à Tours , 
331. 

Villecomtal (Grers). Mongom- 
mery y séjourne, 289. 

Villeneuve d'Agen (Lot-et-Ga- 
ronne). Monluc y rassemble 
ses troupes, 156. 

ViBET (Pierre), ministre, prison- 
nier à Pau, visité par Tarride, 
223, 224 ; Monluc demande 

?u'il écrive à Mongommery, 
65; oublié par les catho- 
liques, 280. 
VisPALiE (Jacques de), contrôleur 
des munitions de Navarrenx, 
tente de livrer cette place aux 
catholiques, 244; il est exé- 



cuté, 245 ; suites de sa trahi- 
son, 250. 
Viviers. — Voy. Rochefort. 



Yolande, femme de Ferry de 

Vaudemont, 92. 
YoLET (Pierre de Malras, baron 

d'), capitaine protestant de 

l'armée de Mongommery, 256 ; 

fait prisonnier à Nérac, 292. 



ZoLiNA (Juan de Garro, vicomte 
de), gouverneur d'Estella, 11. 



Xogeat-le-Rotrou, imprimerie de A. Gouverneur. 




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